La pensée de la mort.

{{L’Echelle du paradis. — 6.}} La pensée précède toute parole. Le souvenir de la mort et de nos péchés précède les gémissements et la douleur. C’est pourquoi ces deux sujets sont ici traités dans leur ordre naturel. Le souvenir de la mort est une mort quotidienne, mais la pensée de notre trépas est un gémissement de toutes les heures. La crainte de la mort est propre à notre nature, et elle provient de la désobéissance; mais l’effroi que nous en ressentons est une preuve que nous n’avons pas fait pénitence de nos péchés. Le Christ craint la mort, mais il ne tremble pas devant elle, montrant ainsi clairement les propriétés de ses deux natures. De même que de tous les aliments le pain est le plus nécessaire, ainsi de toutes les pratiques la plus utile est la pensée de la mort. Chez ceux qui vivent réunis, le souvenir de la mort les porte à supporter peines et travaux, et même à trouver de la douceur dans le mépris. Quant à ceux qui vivent éloignés du tumulte, elle produit en eux l’abandon des soucis, la prière perpétuelle et la vigilance sur les pensées… Il est impossible à des hommes, dira-t-on, de passer saintement le jour présent, si l’on ne se le représente pas comme le dernier de la vie. Et il est vraiment admirable de voir comment les Grecs ont dit une chose semblable, quand ils ont donné la méditation de la mort comme définition de la philosophie ou amour de la sagesse.