Conférences — 7,6. Nous reconnaîtrons par notre propre expérience que nous devons et que nous pouvons rester intimement uni au Seigneur, si nous mortifions notre volonté et si nous retranchons les désirs de ce monde. Nous en serons encore instruits par le témoignage de ceux qui lui disent avec confiance, dans un intime entretien : « Mon âme s’est attachée à vous» ( Ps 62,9 ), «Je me suis attaché, Seigneur, à vos témoignages» ( Ps 118,31 ), «Etre uni au Seigneur, c’est pour moi le bonheur» ( Ps 72, 28 ), «Qui s’unit au Seigneur est un même esprit avec lui» ( 1 Cor 6, 17 ). Ainsi, que les divagations de l’âme et la fatigue qu’elles engendrent ne nous fassent point abandonner ce saint exercice, car «celui qui cultive sa terre aura le pain en abondance, tandis que celui qui aime l’oisiveté sera dans une profonde indigence» ( Prv 28, 19 ). Il ne faut pas davantage qu’un funeste désespoir brise notre application à suivre l’observance, parce que « quiconque prend de la peine connaîtra l’abondance, mais celui qui vit dans les douceurs et sans souffrances sera dans le dénuement» ( Prv 14, 23 (LXX) ), et encore: «L’homme parmi les douleurs travaille pour lui-même et empêche de force sa propre perte» ( Prv 16, 26 (LXX) ) ; enfin: «Le royaume des cieux est emporté de force, et les violents s’en emparent» ( Mt 11,12 ). Sans labeur nulle vertu ne s’achève ; il n’est possible à personne de s’élever à la stabilité de pensée qu’il convoite, sans une immense contrition de cœur Car « l’homme naît pour le travail » ( Job 5, 7 ). Pour « parvenir à l’état d’homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ» ( Eph 4, 13 ), il doit veiller toujours avec une application extrême, déployer, son énergie dans une sollicitude sans relâche.