19. Faisons en sorte que notre mémoire soit comme le grenier de la Mère de Dieu. Comment cela ? Elle était vierge, et elle aime les vierges ; elle était pure, et elle aime les purs. Donc si avec notre corps nous gardons pure aussi notre mémoire, nous obtiendrons ses constantes bonnes grâces. Elle fuit toute fange et se détourne de toutes les vilaines passions. Elle a en horreur la gloutonnerie; elle est l’ennemie de l’horrible passion de la luxure; elle fuit comme une race de vipères les pensées impures; elle répudie les paroles vilaines et moqueuses ainsi que les mauvaises chansons ; elle secoue les parfums qui sentent la prostitution ; elle hait le gonflement de la colère et n’admet pas l’inhumanité ni les discordes ; elle se détourne de la vaine gloire qui se donne une peine inutile ; elle résiste avec hostilité au faste de l’orgueil ; elle a en horreur la rancune, ennemie du salut ; elle regarde tous les vices comme des poisons mortels, mais se délecte de tout ce qui leur est opposé. Les contraires se guérissent par leurs contraires. Le jeûne, la continence, le chant des psaumes la réjouissent ; la pureté, la virginité, la tempérance l’enchantent. Elle fait avec elles une paix éternelle et les embrasse amicalement. Elle serre entre ses bras la paix et la douceur d’esprit, et presse sur son cœur la charité, la miséricorde et l’humilité, comme ses propres enfants. Pour le dire en un mot, elle ne supporte sans tristesse aucun vice, mais est heureuse de toute vertu comme de ce qu’elle a donné elle-même. Si donc nous évitons avec soin les vices et poursuivons avec ardeur toutes les vertus, les prenant pour nos compagnes, elle viendra souvent vers ses serviteurs, entraînant à sa suite le cortège de tous les biens, et prendra avec elle son Fils, le Christ, le Roi et le Seigneur de l’univers, qui habite en nos cœurs. (Homélies sur la dormition de Marie 2)