Mais je distingue dans la condition de l’homme quelque chose de plus éminent encore, qui ne se trouve dit nulle part ailleurs : « Dieu fit l’homme et il le fit à son image ». Cela ne se trouve mentionné ni pour le ciel, ni pour la terre, ni pour le soleil ou la lune.
Or, cet homme qui, d’après l’Écriture, a été « fait à l’image de Dieu », ce n’est évidemment pas l’homme corporel. Car le corps matériel apparent ne contient pas l’image de Dieu ; et, selon le texte, l’homme corporel n’a pas été « fait », mais « façonné », comme porte l’Écriture dans la suite. En effet il est dit : « Et Dieu façonna l’homme », c’est-à-dire le pétrit « du limon de la terre ».
Celui qui a été « fait à l’image de Dieu », c’est notre homme intérieur, invisible, incorporel, incorruptible et immortel. Car c’est à ces qualités-là vraiment que l’image de Dieu se reconnaît. S’imaginer que c’est l’être corporel qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, c’est laisser supposer que Dieu lui-même est corporel et possède une forme humaine : une telle idée de Dieu est de toute évidence une impiété. Aussi quand ces hommes charnels qui méconnaissent la nature spirituelle de la divinité, lisent l’Écriture qui fait dire à Dieu : «le ciel est mon trône et la terre, l’escabeau de mes pieds », ils croient que Dieu possède un corps si grand que, du ciel où il est assis, il peut étendre les pieds jusque sur la terre. S’ils ont ces idées, c’est qu’il leur manque les oreilles qu’il faut pour écouter dignement les paroles de Dieu sur Dieu rapportées dans l’Écriture. La parole : « le ciel est mon trône », doit convenablement s’interpréter de Dieu en sachant que Dieu repose et réside en ceux dont « la demeure est dans les cieux » ; quant à ceux qui nourrissent encore des désirs terrestres, en eux se trouve la partie la plus reculée de sa providence, comme c’est indiqué en figure par la mention des pieds.