{{Instructions spirituelles I,1.}} Quand au commencement, Dieu créa l’homme, « il le plaça dans le paradis », comme dit la sainte Écriture (Gen. 2, 15), après l’avoir orné de toute vertu, et il lui donna le précepte de ne pas manger de l’arbre qui se trouvait au milieu du paradis (Gen. 2, 16-17). Et l’homme vivait dans les délices du paradis, dans la prière et la contemplation, comblé de gloire et d’honneur, possédant l’intégrité de ses facultés, dans l’état naturel où il avait été créé. Car Dieu a fait l’homme à son image (Gen. 1, 27), c’est-à-dire immortel, libre et paré de toute vertu. Mais quand il eut transgressé le précepte en mangeant de l’arbre dont Dieu lui avait interdit de manger, il fut chassé du paradis (cf. Gen. 3, 23). Déchu de son état naturel, il se trouvait dans l’état contre nature, c’est-à-dire dans le péché, l’amour de la gloire, l’attachement au plaisir de cette vie et dans les autres passions qui le dominaient, puisqu’il s’en était fait l’esclave par sa transgression. Dès lors, le mal augmenta progressivement et « la mort régna » (Rom. 5, 14). Nulle part on ne rendait de culte à Dieu, partout on l’ignorait. Comme l’ont dit les Pères, seuls quelques hommes, inspirés par la loi naturelle, connaissaient Dieu : tels Abraham et les autres Patriarches, Noé et Job. Bref, ils étaient peu nombreux et fort rares ceux qui connaissaient Dieu. Alors l’Ennemi déploya toute sa méchanceté et « ce fut le règne du péché » (Rom. 5, 21). Alors parurent l’idolâtrie, le polythéisme, la sorcellerie, les meurtres et les autres maléfices du diable.