{{Hom. 53, n. 3.}} Si donc nous voulons lire avec soin l’Ecriture, et non pas à la légère, nous pourrons acquérir le salut ; si nous l’étudions avec assiduité, nous apprendrons la vraie doctrine et la manière de bien vivre. Qu’on soit dur et violent, qu’on ait une âme molle, qu’autrefois on n’ait jamais profité de cette lecture, maintenant du moins on en profitera et on en retirera quelque utilité, fût-elle imperceptible. En effet si quelqu’un entre dans la boutique d’un parfumeur et s’y arrête un peu, même malgré lui il répandra une agréable odeur : à plus forte raison celui qui fréquente l’Eglise. Car comme de la paresse naît la paresse, de même du travail naît la vigueur. Encore que vous soyez chargé d’une multitude de péchés, que vous soyez impur, ne vous éloignez pas pour cela de nos saintes assemblées. A quoi bon, direz-vous, si je ne fais pas ce que j’y entends ? Ce ne sera pas un gain négligeable, si vous vous reconnaissez pécheur ; ce n’est pas là une crainte inutile, une frayeur mal placée. Si seulement vous gémissez de ne pas pratiquer ce que vous avez entendu, un jour viendra que vous le pratiquerez. Car il est impossible que celui qui s’entretient avec Dieu et l’écoute, n’en retire pas quelque profit… Appliquons-nous donc, chers auditeurs, à la lecture des Ecritures ; du moins recherchons avec empressement les Evangiles et ayons-les en main. A peine aurez-vous ouvert ce livre, que vous y verrez le nom de Jésus-Christ et que vous l’entendrez parler : « Ainsi advint la naissance de Jésus-Christ. Marie, sa mère, étant fiancée à Joseph, elle se trouva enceinte par la vertu du Saint Esprit» ( Mt 1,18 ). Or celui qui entend ces paroles est tout à coup épris de l’amour de la virginité, il admire ce merveilleux enfantement, il s’élève au-dessus de la terre. Ce n’est pas déjà une chose sans importance que de voir l’Esprit remplir de grâce une vierge, et un ange s’entretenir avec elle. Et ceci n’est qu’un commencement. Mais si vous continuez votre lecture jusqu’à la fin, bientôt vous rejetterez toutes les choses du siècle, vous rirez de tout ce qui est terrestre ; si vous êtes riche, vous ne ferez point de cas des richesses, quand vous aurez appris que cette femme d’un charpentier, logée dans une pauvre maison, est la mère du Seigneur ; si vous êtes pauvre, vous ne rougirez point de votre pauvreté, lorsque vous apprendrez que le Créateur du monde n’a point rougi d’habiter une humble chaumière. Si vous méditez ces choses, vous ne volerez point, vous ne serez point avare, vous n’envahirez pas le bien d’autrui, mais plutôt vous aimerez la pauvreté et vous mépriserez les richesses. Par là vous éloignerez de vous toutes sortes de maux. Et encore lorsque vous verrez Jésus couché dans une crèche, vous n’aurez plus envie de donner à votre fils un habit tissu d’or, ni à votre femme un lit orné d’argent ; et une fois libre de ces préoccupations, vous ne vous livrerez plus à l’avarice et aux rapines.