Moïse est une de ces étoiles : il luit en nous, ses actes nous illuminent. De même Abraham, Isaac, Jacob, Isaïe, Jérémie, Ezéchiel, David, Daniel et tous ceux dont « l’Écriture a rendu témoignage parce qu’ils ont mérité les complaisances de Dieu ». Car, de même qu’ « une étoile diffère en éclat d’une autre étoile », ainsi chaque saint répand à sa mesure sa lumière sur nous. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Veillons plutôt et disons avec le prophète : « Je n’accorderai de sommeil à mes yeux, d’assoupissement à mes paupières et de repos à ma tête, que lorsque j’aurai trouvé un lieu pour le Seigneur, une demeure pour le Dieu de Jacob. » « A lui la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. » Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
N’y a-t-il que là où la seconde ébauche soit plus ferme que la première ? En bien des endroits, vous trouverez l’esquisse de semblables mystères. Moïse brisa et rejeta les premières tables de la Loi qui étaient selon la lettre : il reçut une seconde Loi qui est selon l’esprit, et la seconde est plus ferme que la première. Moïse encore, après avoir renfermé toute la Loi en quatre livres, écrivit le Deutéronome, qu’on appelle la seconde Loi. Ismaël est premier, et Isaac second ; mais c’est encore dans le second que réside la supériorité. Ce qui a lieu aussi pour Ésaü et Jacob, pour Éphraïm et Manassé, et vous le trouverez encore signifié dans mille autres exemples semblables. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
– Le Christ est bien la descendance d’Abraham et le fils d’Abraham. Voulez-vous vous en convaincre par les paroles de l’Écriture ? Écoutez ce qui est écrit dans l’Évangile : « Livre de la généalogie de Jésus-Christ fils de David, fils d’Abraham. » C’est donc en lui que s’accomplit cette parole de l’Écriture : « Ta descendance recevra en héritage les cités de nos ennemis. » Comment le Christ a-t-il reçu en héritage les cités de ses ennemis ? Sous ce biais sans doute que « toute la terre est couverte du bruit » des Apôtres et « l’univers entier de leurs paroles ». Aussi la colère s’empara-t-elle de ces anges qui tenaient tous les peuples sous leur domination. « Car lorsque le Très-Haut sépara les peuples d’après le nombre des anges de Dieu, Jacob devint sa portion et Israël le lot de son héritage. » Le Christ, en effet, auquel son Père avait dit : « Demande-moi et je te donnerai les nations en héritage, les extrémités de la terre comme possession », excite la colère des anges en leur ôtant la puissance et la domination qu’ils avaient sur les peuples. Aussi est-il écrit : « Les rois de la terre se sont dressés et les princes se sont coalisés contre le Seigneur et contre son Christ. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Ainsi, en aucun cas, on ne s’éloigne des puits ; en aucun cas, on ne cesse de puiser de l’eau. C’est près d’un puits que l’on trouve Rébecca. C’est près d’un puits qu’elle, à son tour, trouve Isaac. C’est là qu’elle l’aperçoit pour la première fois, c’est là qu’elle « saute de son chameau », c’est là qu’elle voit Isaac que lui désigne le serviteur. Peut-être pensez-vous que l’Écriture ne s’en tient qu’à cela sur les puits ? Mais c’est à un puits aussi que vient Jacob et qu’il trouve Rachel ; c’est là que Rachel lui paraît « belle de taille et belle de visage ». C’est encore près d’un puits que Moïse trouve Séphora, fille de Raguel. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Au sujet de la mort d’Abraham, que pouvons-nous ajouter à ce que contient la parole du Seigneur dans les Évangiles : « A propos de la résurrection des morts, n’avez-vous pas lu ce que Dieu dit dans le passage du buisson : Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob ? Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants car tous sont vivants devant lui » ? Souhaitons donc pour nous-mêmes une mort de ce genre, pour qu’ « étant morts au péché, comme dit l’Apôtre, nous vivions pour Dieu ». Car ainsi faut-il comprendre la mort d’Abraham : elle a dilaté son sein dans une telle mesure que tous les saints qui viennent des quatre coins du monde « sont portés par les anges dans le sein d’Abraham ». Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.
Qui peut connaître et pénétrer la vision « qu’eut Isaïe, fils d’Amos » ? Qui peut connaître la vision de Nahum ? Qui peut pénétrer le contenu de la vision qu’eut Jacob à Béthel lorsqu’il allait en Mésopotamie et où il dit : « Voici la maison de Dieu et la porte du ciel » ? Celui qui peut connaître et pénétrer chacune des visions qui sont dans la loi ou dans les prophètes, celui-là habite « près du puits de vision ». Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.
Il serait trop long d’examiner en détail l’agitation des enfants au sein de leur mère. Il serait trop long de proposer à ce sujet les explications et les allégories de l’Apôtre avec les mystères et les problèmes qu’elles soulèvent ; trop long d’expliquer pourquoi, « avant que les enfants ne naissent et qu’ils n’aient fait en ce monde bien ou mal », il est dit à leur sujet : « Un peuple l’emportera sur l’autre et le plus grand servira le plus petit » ; trop long d’expliquer pourquoi, avant qu’ils ne fussent sortis du sein de leur mère, il est dit par le prophète : « J’ai aimé Jacob et j’ai haï Ésaü ». Tout cela dépasse notre pouvoir et votre entendement. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Et on le nomma Ésaü. Ensuite sortit son frère, tenant dans sa main le talon d’Esaü ; et on le nomma Jacob. » Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Un autre passage de l’Écriture rapporte que « Jacob lutta contre son frère dans le sein de sa mère », et le signe qu’elle en donne, c’est que la main de Jacob tenait le talon d’Esaü. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Ésaü sortit donc du sein de sa mère « tout entier comme un manteau de poil », Jacob au contraire lisse et nu. La lutte et la dispute valurent à celui-ci le nom de Jacob. Quant à Ésaü, au dire de ceux qui expliquent les noms hébreux, il aurait été ainsi nommé soit à cause de sa rousseur, soit à cause de la terre, et signifierait roussâtre ou terreux, ou encore, selon d’autres interprètes, fabriqué (factura). Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Pourquoi Jacob a-t-il supplanté son frère ; pourquoi est-il né lisse et nu, alors que tous les deux ont été conçus, comme dit l’Apôtre, « d’un seul homme, d’Isaac notre Père ; pourquoi Ésaü est-il au contraire tout entier velu et hirsute et comme recouvert de la saleté du péché et de l’injustice, ce n’est pas mon intention d’expliquer ces privilèges de naissance. Car, si je veux creuser profond et découvrir les filets d’eau vive qui se cachent, les Philistins ne vont pas manquer de me chercher querelle, ils vont me susciter des disputes et des chicanes et se mettront à remplir mes puits de leur terre et de leur boue. Si ces Philistins me laissaient faire, moi aussi, je m’approche-rais de mon Seigneur, de mon très patient Seigneur, qui dit : « Je ne repousse pas celui qui vient à moi » ; je m’approcherais, et, semblable à ses disciples qui lui demandaient : « Seigneur, qui a péché, lui ou ses parents, pour qu’il soit aveugle ? », je l’interrogerais de la sorte : Seigneur, qui a péché, Ésaü ou ses parents, pour qu’il soit né tout velu et hirsute et pour qu’il soit supplanté par son frère dans le sein de sa mère ? Mais si je fais mine d’interroger et de scruter là-dessus la parole divine, les Philistins ne manquent pas de s’en prendre à moi et de me chicaner. Aussi nous abandonnerons ce puits, nous l’appellerons « inimitié » et nous en creuserons un autre. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Mais quand il y a des choses que les foules ne peuvent recevoir, les conservons-nous et les ramassons-nous dans des « paniers et des corbeilles » ? Et tout à l’heure, quand nous avons rompu le pain de Jacob et d’Esaü, combien en est-il resté de morceaux ? Occupons-nous de ces morceaux, que nous avons recueillis avec soin pour qu’ils ne se perdent pas et que nous conservons dans des « paniers » et des « corbeilles », jusqu’à ce que le Seigneur nous dise ce qu’il faut en faire à leur tour. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
Vous trouverez donc écrit que ce sont les descendants d’Abraham qui « descendirent » en Egypte et, par contre, que ce sont les fils d’Israël qui « montèrent » de l’Egypte. D’Abraham lui-même il est dit : « Abraham monta de l’Egypte dans le désert avec son épouse et tout ce qui lui appartenait, et Lot avec lui ». Et, dans la suite, il est dit d’Isaac : « Le Seigneur lui apparut et lui dit : Ne descends pas en Egypte ». Mais les Ismaélites, eux aussi descendants d’Abraham, qui portaient « des parfums, de la résine et du baume », « descendirent » en Egypte, et c’est avec eux que l’Écriture dit de Joseph : « qu’il descendit en Egypte. » Après quoi l’Écriture dit : « Jacob, voyant qu’on vendait du blé en Egypte, dit à ses fils : Pourquoi restez-vous sans rien faire ? Voici que j’apprends qu’il y a du blé en Egypte ; descendez-y, achetez-nous de quoi manger pour que nous vivions et que nous ne mourions pas. » Et un peu plus loin : « Les frères de Joseph descendirent en Egypte pour se procurer du blé. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
D’ailleurs, lorsque Siméon fut retenu prisonnier en Egypte et que ses neuf frères, une fois relâchés, revinrent, chez leur père, il n’est pas écrit qu’ils « montèrent » d’Egypte, mais qu’ « ils mirent le blé sur leurs ânes et s’en allèrent ». Il ne convenait pas de dire qu’ils « montèrent », puisque leur frère était retenu captif en Egypte et qu’eux, l’esprit et le coeur anxieux, lui restaient pour ainsi dire douloureusement attachés par les liens de l’amour. Mais quand ils ont recouvré leur frère, quand Joseph s’est fait connaître et que Benjamin lui a été présenté, quand ils repartent dans la joie, c’est alors qu’il est dit « qu’ils montèrent d’Egypte et vinrent dans la terre de Canaan chez leur père Jacob ». C’est le moment où ils disent à leur père : « Ton fils est vivant et c’est lui qui commande à toute la terre d’Egypte. » On ne peut en effet éviter de dire que ceux qui annoncent que Joseph est vivant et qu’il commande à toute l’Egypte montent de préoccupations bien humbles et bien basses à d’autres extrêmement élevées. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Je ne pense pas que cette parole ait été dite dans le sens ordinaire. Supposons, par exemple, que Joseph eût pu être vaincu par la passion et qu’il eût péché avec la femme de son maître, je ne pense pas que les patriarches eussent annoncé à leur père Jacob : « Ton fils Joseph est vivant. » Car, après un tel forfait, assurément il n’aurait plus été vivant : « L’âme qui pèche, mourra. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Voilà ce qu’il y avait à dire sur cette parole des fils d’Israël à Jacob : « Ton fils est vivant. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Dans la suite, l’Écriture rapporte des paroles analogues, quand elle dit : « Et l’esprit de Jacob leur père se ranima, et Israël dit : C’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit encore vivant. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
C’est donc quelque chose de semblable en Jacob que paraît indiquer cette manière de parler. Car tant que Jacob fut loin de Joseph et tant qu’on ne lui avait pas annoncé que celui-ci était vivant, son esprit baissait en quelque sorte en lui, et la lumière qui était en lui, manquant d’aliment, commençait déjà de s’éteindre. Mais quand arrivèrent ceux qui lui annonçaient que Joseph était en vie – c’est-à-dire ceux qui disaient que « la vie était la lumière des hommes », – il ralluma en lui-même son esprit et la vraie lumière reprit en lui tout son éclat. – Le feu divin peut parfois s’éteindre même parmi les saints et les fidèles. Écoutez donc le conseil de l’Apôtre Paul : à ceux qui méritaient de recevoir la grâce et les dons de l’Esprit, il disait : « N’éteignez pas l’esprit. » Comme si Jacob avait éprouvé quelque chose de pareil à ce que Paul prescrit d’éviter, et comme s’il avait repris des forces à la nouvelle que Joseph était vivant, il est écrit de lui : « Jacob ranima son esprit, et Israël dit : c’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit encore vivant ». Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Il faut remarquer que celui qui « ranime son esprit », cet esprit qui semblait presque éteint, est appelé Jacob ; mais celui qui dit : « C’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit vivant », montrant par là qu’il pressent que la vie enclose en la réalité spirituelle de Joseph est une grande chose, n’est plus appelé Jacob, mais Israël, parce qu’il semble voir en esprit la vraie, vie, c’est-à-dire le Christ Dieu véritable. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Donc ce n’est plus Jacob mais Israël à l’esprit ranimé qui dit : Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
– Nous avons dit que Jacob est celui qui « ranime son esprit » et Israël celui qui dit : « C’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit vivant. » Vous qui m’écoutez, vous pouvez donc, en partant du passage où il est écrit : « Et il dit : Ton nom ne sera plus Jacob mais Israël, car tu t’es affermi auprès de Dieu et tu es devenu puissant parmi les hommes », vous pouvez donc en parcourant toute l’Écriture découvrir la différence entre ces appellations. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Ainsi, par exemple, quand il est dit : « Fais-moi connaître ton nom », celui qui ignore le nom, dans ce passage, n’est pas appelé Israël mais Jacob. Par contre, dans le passage où les patriarches « ne mangent pas le grand nerf qui est à l’articulation de la hanche », ils ne sont pas appelés fils de Jacob, mais fils d’Israël. De même, celui qui « levant les yeux vit venir Ésaü et avec lui quatre cents hommes », puis qui se prosterna sept fois devant le Prévaricateur, l’impie, l’homme qui pour un repas « avait vendu son droit d’aînesse », n’est pas appelé Israël, mais Jacob. Quand il lui offre des présents et qu’il dit : « Si j’ai trouvé grâce à tes yeux, accepte ces présents de ma main, car c’est pour cela que j’ai vu ta face comme on voit la face de Dieu », il n’était pas Israël, mais Jacob. Et quand il apprit que Dina, sa fille, avait été outragée il n’est pas appelé Israël, mais l’Écriture dit : « Jacob garda le silence jusqu’au retour de ses fils. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Dans la lecture d’aujourd’hui, donc, ce n’est pas Jacob, mais Israël qui dit : « C’est une grande chose pour moi que mon fils Joseph soit encore vivant. » – Et quand il arrive au puits du serment et « qu’il offre un sacrifice au Dieu de son père Isaac », il n’est pas appelé Jacob, mais Israël. – Si vous demandez pourquoi Dieu, lui parlant en songe la nuit, ne lui dit pas « Israël, Israël », mais « Jacob, Jacob », c’est sans doute parce qu’il faisait nuit et qu’il en était toujours à mériter d’entendre la voix de Dieu en songe et non pas encore directement. – Quand il se rend en Egypte, l’Ecriture ne dit pas Israël, mais Jacob « et ses fils avec lui ». – Quand il est en présence de Pharaon pour le bénir, il est appelé Jacob et non Israël. – C’est Jacob et non pas Israël qui dit à Pharaon que « les jours de sa vie ont été courts et mauvais », ce que ne dirait certes jamais Israël. – Ensuite, au contraire, ce n’est pas de Jacob mais d’Israël qu’il est dit : « Il appela son fils Joseph et il lui dit : si j’ai trouvé grâce à tes yeux, mets la main sous ma cuisse et use envers moi de bonté et de fidélité ». – Celui qui se prosterna vers le sommet du bâton de Joseph, n’était pas Jacob, mais Israël. – Puis, quand il bénit les fils de Joseph, il est appelé Israël. – Quand il réunit ses fils autour de lui, il dit : « Rassemblez-vous, que je vous annonce ce qui vous arrivera à la fin des jours. Rassemblez-vous, fils de Jacob, et écoutez Israël votre père. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Vous vous demandez peut-être ici pourquoi l’on appelle « fils de Jacob » ceux qui se réunissent, tandis que l’on appelle Israël celui qui bénit. Prenez garde que cela ne veuille indiquer que leurs progrès ne les avaient pas encore menés au niveau des mérites d’Israël : aussi sont-ils appelés « fils de Jacob » en signe d’infériorité, tandis que Jacob, pour lors parfait et bénissant en fonction de l’avenir qu’il voyait, est appelé Israël. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Si l’Écriture dit que les ensevelisseurs égyptiens ensevelirent Israël et non Jacob, cela paraît assez embarrassant. Mais je pense que l’Écriture veut indiquer par là l’état détestable de ceux qui ont avili en eux tout sens du bien et toute pénétration dans l’intelligence spirituelle. Elle leur attribue pour cela l’ensevelissement d’Israël, car il y a des saints morts et ensevelis au milieu des impies. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Voilà donc, autant que les choses ont pu se présenter à notre esprit pour le moment, ce que nous pouvions dire de la différence entre Jacob et Israël. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Mais je crois qu’il se cache un mystère encore plus profond dans ce texte. Car elle me frappe, cette parole de l’Écriture : « Je ferai de toi une grande nation ; je descendrai avec toi en Egypte et moi-même à la fin je t’en ferai revenir. » Quel est en effet celui qui est devenu une grande nation en Egypte et qui à la fin en a été rappelé ? On pense qu’il s’agit de Jacob, et pourtant ce n’est pas vrai. Car, à la fin, Jacob n’est pas revenu d’Egypte, puisqu’il y est mort. Et il serait sot de dire que Dieu a fait revenir Jacob, du fait que son corps a été ramené. Sinon, il serait faux que « Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants ». Il ne faut donc pas entendre ce retour d’un mort, mais bien reconnaître qu’il concerne des hommes vivants et valides. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
Cependant Dieu n’abandonne pas ceux qui se trouvent dans ce combat, il est toujours avec eux. Il se plaît en Abel, il reprend Caïn ; il vient à l’appel d’Enoch ; au déluge, il fait construire à Noé l’arche du salut ; il fait sortir Abraham de son pays et de sa famille ; il bénit Isaac et Jacob ; il fait sortir de l’Egypte les fils d’Israël ; par Moïse, il écrit la Loi de la lettre, et, par les Prophètes, il la complète dans ses insuffisances. Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
C’est de la sorte, plus réellement qu’en Jacob, que s’accomplira la parole : « Je t’en ferai revenir à la fin. » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
– Mais voyons encore comment il faut entendre le texte : « Joseph posera ses mains sur tes yeux. » Sous le voile de cette phrase, je pense qu’il se cache beaucoup de mystères et de sens secrets qu’il n’est pas le moment d’aborder ni de poursuivre. Pourtant il ne sera pas mutile de dire que certains de nos prédécesseurs ont cru voir là une prophétie. Car il était de la tribu de Joseph, ce Jéroboam qui fit deux veaux d’or et voulut entraîner le peuple à les adorer : aussi Joseph, en mettant les mains sur les yeux d’Israël, lui boucha les yeux pour ainsi dire et l’aveugla pour qu’il ne vît pas son impiété. Sur quoi l’Écriture de dire : « Tout cela à cause de l’impiété de Jacob et à cause du péché de la maison d’Israël. Quelle est l’impiété de Jacob ? N’est-ce pas Samarie ? » Homélies sur la Genèse: XV – LES FRÈRES DE JOSEPH REMONTENT DE L’EGYPTE – JACOB APPREND QUE JOSEPH EST VIVANT Le premier jour.
J’irai même plus loin et je dirai que vous trouverez quelque chose de semblable dans le gouvernement divin, au sujet notamment de ce que dit Moise : « Quand le Très Haut sépara les nations et fixa les limites des peuples, il les fixa d’après le nombre des anges de Dieu, et Jacob devint la portion du Seigneur et Israël le lot de son héritage. » Par quoi vous voyez que c’est en fonction des mérites des anges qu’est attribuée à chaque peuple sa souveraineté, mais que « la portion du Seigneur », c’est le peuple d’Israël. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.
Il y a là, me semble-t-il, un reproche pour les Égyptiens. Car, quand il s’agit des Hébreux, on ne trouve pas facilement dans l’Écriture que « la faim les pressait ». Bien qu’il soit écrit que la famine s’appesantit sur le pays, il n’est cependant pas écrit que la faim pressa Jacob ou ses fils ; mais il est dit que la faim pressa les Égyptiens. Car la faim atteint les justes mais elle ne les presse pas; aussi s’en glorifient-ils, comme fait Paul que l’on voit rendre grâces de bon coeur au milieu d’épreuves de ce genre, quand il dit : « Dans la faim et la soif, dans le froid et la nudité. » Car ce qui est exercice de la vertu pour les justes est punition du péché pour les méchants. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.
Quoi qu’il en soit, il est écrit qu’à l’époque d’Abraham « il y eut une famine dans le pays et Abraham descendit habiter en Egypte, car la famine s’était appesantie sur le pays». Si l’Écriture divine s’exprimait en une langue maladroite et qui ne se surveille pas, comme le veulent quelques-uns, elle aurait dû dire qu’Abraham descendit habiter en Egypte parce que la famine s’était appesantie sur lui. Or, regardez plutôt la précision et la prudence du langage divin. Quand il s’agit des saints, l’Écriture dit que la famine « s’appesantit sur le pays » ; quand il s’agit des méchants, elle dit que ce sont eux qui sont pressés par la famine. Or, ni Abraham, ni Jacob, ni ses fils ne sont pressés par la famine ; mais si la famine « s’appesantit », il est dit que c’est sur le pays qu’elle le fait. – A l’époque d’Isaac, aussi, est-il écrit, «il y eut une famine dans le pays, outre la première famine qui avait eu lieu du temps d’Abraham ». Et cette famine presse si peu Isaac que le Seigneur lui dit : « Ne va pas en Egypte, mais habite le pays que je te montrerai. Séjourne dans ce pays et je serai avec toi ». Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.
Quant à vous, veillez à n’être pas des Égyptiens que presse la faim. Ne vous laissez pas prendre aux occupations du siècle ni enchaîner aux liens de l’avarice ni amollir par les excès de la luxure. Ne vous privez pas des nourritures de la Sagesse toujours servies dans les églises de Dieu. Car si vous fermez vos oreilles à ce qu’on lit ou explique à l’église, il est hors de doute que vous avez « faim de la parole de Dieu ». Mais si, descendant de la souche d’Abraham, vous conservez la noblesse de la race Israé-lite, alors c’est la loi, ce sont les prophètes qui ne cessent de vous nourrir, et les Apôtres vous servent de somp-tueux festins. Alors les Évangiles vous invitent à prendre place dans le sein d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, « dans le royaume du Père », pour que « vous mangiez là de l’arbre de vie » et buviez du vin de « la vraie vigne », le « vin nouveau avec le Christ dans le royaume de son Père ». Car ces nourritures ne peuvent manquer aux « fils de l’époux », qui ne peuvent souffrir de la faim «tant que l’époux est avec eux » Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.