INSTRUCTION CONCERNANT LA PRIERE À L’EGLISE ET EN CELLULE.

Lève-toi courageusement, mon frère bien aimé, pour assister à la prière de minuit, qui précède les matines et laudes, tiens-toi devant Dieu et adresse-lui avec un coeur pur ta prière durant quelques minutes comme il est dit plus bas.

Lorsqu’est arrivée l’heure des matines, lève-toi avec diligence et rends-toi sans tarder à l’église pour le début de l’office divin. Etant accouru à l’église pour la prière conventuelle, tiens-toi à la place qui convient, recueille en toi toutes les énergies spirituelles de ton âme, afin qu’elles ne vagabondent pas et ne s’envolent pas de tous côtés après des images et des objets mauvais ou propres à exciter les passions.

Efforce-toi autant que possible de faire pénétrer profondément dans ton coeur les lectures et les chants liturgiques et de les graver sur les tables de ton coeur…

Si en écoutant tu ne peux comprendre le chant et la lecture qui se fait à l’église, dis alors avec piété, tout bas, une prière à Jésus : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur. »

L’office divin terminé, en quittant l’église pour ta cellule, garde-toi, si c’est possible, de t’attarder auprès de quelqu’un d’aucune manière ou de lui adresser une parole. Mais surtout garde-toi de dire des fadaises ou de rire ; tout cela est nuisible ; va sans retard à ta cellule sans laisser échapper
de tes lèvres et de ta pensée la prière au nom de Jésus.

En rentrant dans ta cellule, ferme la porte et, si tu en as la force, tiens-toi debout, puis avec ferveur, application et reconnaissance, prie pour toi-même, tes parents, les bienfaiteurs et pour le monde entier ; accompagne ces prières de quelques métanies jusqu’à terre ou seulement du haut du corps.

Après cela, prends un livre et mets-toi à lire…

Après un moment de repos, ayant agi conformément à cette instruction, si une charge t’a été confiée ou une occupation commune de travail manuel, mets-toi à cette tâche comme si le Christ lui-même te l’avait imposée et pas un homme. Vas-y avec ardeur, attache-toi avec amour à ton service, peine sans murmure, pour mâter ta chair.

Si aucune obédience ne t’a été imposée, occupe-toi de ton travail manuel (journalier), ou bien édifie et instruis ton âme par la lecture ou par une autre occupation qui ne fait pas obstacle au salut.

Applique-toi fortement à n’être jamais oisif, car l’oisiveté est la maîtresse principale du vice ; si elle s’implante en quelqu’un, il aura beaucoup de mal à l’extirper.

Travaillant des mains et dans les services indiqués plus haut, retiens de toutes tes forces sur tes lèvres, dans ton âme et dans ta pensée, la prière et le silence, qui sont les choses les plus précieuses et les plus salutaires. En outre abstiens-toi tant que tu peux de jeter les yeux de tous côtés, ce qui distrait l’entendement, séduit les sens, souvent charge ton âme et ta conscience d’une faute.

Efforce-toi dans la mesure du possible d’appliquer une grande attention à ton âme et à tes sentiments, à ton travail et aux obédiences auxquelles tu t’adonnes.

Prends bien garde que d’aucune manière tu ne provoques une tentation en fixant un objet ou une personne ou que tu juges ton prochain en quelque chose, ou de lui faire inconsidérément un tort. Fuis la témérité comme un poison : elle fait un grand tort à tout homme et conduit à se montrer hautain.

Fais ce qui t’est commandé, ou ce qui est admis depuis toujours ou ce qu’on te demande de faire ; de toi-même ne te permets pas d’entreprendre quelque chose qui ne te regarde pas, quelle qu’en soit l’importance.