Hom. 3, n. 11. Les pauvres sont les médecins de nos âmes, nos bienfaiteurs, nos protecteurs. En effet vous leur donnez moins que vous ne recevez d’eux : vous leur donnez de l’argent, et vous recevez le royaume des cieux ; vous éloignez d’eux la pauvreté, et vous vous réconciliez le Seigneur. Voyez-vous que l’échange n’est point égal ? Ici les biens de la terre, là ceux du ciel ; les uns passent, les autres demeurent ; les uns périssent, les autres sont à l’abri de tout accident. Nos pères ont placé les pauvres à la porte des églises afin que leur vue éveille chez les plus durs et les plus inhumains le souvenir de l’aumône. En présence d’une foule de vieillards courbés par l’âge, couverts de haillons, sales, sordides, appuyés sur des bâtons et se soutenant à peine, souvent aveugles et estropiés de tous leurs membres, quel cœur de pierre ou d’airain serait insensible à leur vieillesse, à leur faiblesse, à leur cécité, à leur pauvreté, à leur méchant vêtement, en un mot a ce spectacle de pitié, et ne se sentirait fléchir ? Voilà pourquoi ils se tiennent à nos portes, où leur aspect, plus puissant que toutes les paroles, provoque à la pitié ceux qui en passent le seuil. De même qu’il est établi qu’il doit y avoir des fontaines devant les oratoires, afin que ceux qui viennent prier Dieu commencent par purifier leurs mains avant de les lever pour la prière, ainsi les pauvres furent placés comme les fontaines devant les portes des églises, afin que nous puissions purifier nos âmes par la charité, de même que nous purifions nos mains par l’eau, avant d’adresser à Dieu nos prières.
12. Car l’eau a moins de puissance pour laver les taches du corps que l’aumône pour effacer les souillures de l’âme. Vous n’osez point aller prier sans avoir lavé vos mains : ce serait pourtant une faute assez légère ; de même n’allez jamais prier sans avoir fait l’aumône.