Il ne faut pas entrer dans la vie monastique sans réfléchir.

{{Discours sur la renonciation au monde, n. 1.}} Celui qui s’est décidé à obéir au Christ et est tout occupé à vivre pauvre, loin des tiraillements du monde, est vraiment digne d’admiration et d’envie. Mais je lui conseille de ne pas s’y engager sans examen. Qu’il ne s’imagine pas une vie facile et un salut sans combat, qu’il fasse plutôt des efforts pour venir à estimer la patience devant les peines du corps ou de l’esprit. Il est à craindre, s’il se lance en des combats qu’il n’a pas prévus ou s’il est incapable de tenir devant les combats qui surviennent, qu’on ne le voie revenir de nouveau à sa vie antérieure, couvert de honte et de ridicule, et que ce retour ne devienne pour lui un sujet de condamnation et pour beaucoup un objet de scandale, donnant à supposer à tous qu’il est impossible de vivre selon l’idéal du Christ… C’est pourquoi Dieu qui aime les hommes, soucieux de notre salut, a partagé la condition humaine en deux genres de vie, le mariage et la virginité, afin que celui qui ne peut porter le combat de la virginité s’en aille habiter avec une femme, sachant bien qu’on lui demandera compte de sa continence, de sa sainteté et de la manière dont il aura imité les saints qui furent mariés et élevèrent des enfants.