{{Conférences — 23, 9.}} Je comparerais volontiers, et non sans justesse, les saints aux danseurs de corde et funambules. Lorsqu’ils s’efforcent de garder fidèlement le souvenir de Dieu, ne semble-t-il pas qu’ils marchent dans le vide sur des cordes tendues dans les hauteurs de l’air ? Or, les funambules, qui jouent leur vie sur un passage aussi étroit qu’est une corde, savent que la mort les attend, cruelle, instantanée, si le moindre défaut d’équilibre les fait dévier et quitter la direction d’où dépend leur salut. Tandis qu’avec une habileté merveilleuse ils dirigent leur marche dans le vide, quelle prudence, quel soin ne leur faut-il pas pour tenir ce sentier plus étroit que le pas d’un homme! Autrement, la terre, qui est pour tous la base naturelle, le fondement solide et sûr, devient leur perte immédiate et manifeste ; non qu’elle change de nature, mais parce qu’ils y sont précipités par le poids de leur corps. De même la bonté infatigable et l’immuable substance de Dieu ne blessent sans doute personne ; mais c’est nous qui nous donnons la mort en nous écartant des cimes du ciel pour tendre vers les bassesses de la terre. Que dis-je ? L’écart lui-même est notre mort.