idolâtrie (Orígenes)

Celse dit ensuite : Les uns – il veut dire les chrétiens – proposent celui-ci, les autres celui-là, et tous n’ont à la bouche qu’un mot: « Crois si tu veux être sauvé ou va-t-en ! » Que feront donc ceux qui désirent vraiment être sauvés ? Est-ce à un coup de dés qu’ils devineront de quel côté se tourner et à qui s’attacher ? A cela, pressé par l’évidence même, je réponds : si l’histoire attestait qu’il y en ait eu plusieurs comme Jésus à venir à l’existence humaine en se disant fils de Dieu, et que chacun d’eux ait attiré assez de disciples pour que, tous se proclamant fils de Dieu, il y ait incertitude sur celui à qui va le témoignage de ses fidèles, il y aurait lieu de dire : les uns proposent celui-ci, les autres celui-là, et tous n’ont à la bouche que ce mot : « Crois si tu veux être sauvé, ou va-t-en ! » etc. Mais en fait par toute la terre Jésus est prêché comme le seul Fils de Dieu venu au genre humain. Car ceux qui, comme Celse, le soupçonnent d’avoir usé de prestiges, et pour ce motif ont voulu en user à leur tour pour jouir eux aussi de la même puissance sur les hommes ont été convaincus de n’être rien : Simon le magicien de Samarie et Dosithée originaire du même pays, l’un s’affirmant la puissance de Dieu qu’on nomme la Grande, l’autre se disant lui-même Fils de Dieu. En aucun lieu de la terre, il n’y a de Simoniens ; et cependant, pour accroître le nombre de ses disciples, Simon écartait d’eux le risque de mort que les chrétiens ont appris à choisir, car suivant sa doctrine l’idolâtrie était chose indifférente. LIVRE VI

Ensuite, dans son propos de vilipender les passages de nos Écritures relatifs au Royaume de Dieu, il n’en cite aucun, comme s’ils étaient indignes même d’une mention, ou peut-être parce qu’il n’en connaissait pas. Mais il cite des passages de Platon tirés des Lettres et du Phèdre; il les donne comme des paroles inspirées, tandis que nos Écritures n’auraient rien de tel. Prenons-en quelques exemples pour les comparer aux sentences de Platon qui ne manquent pas de puissance persuasive, mais n’ont pourtant pas disposé le philosophe à vivre d’une manière digne de lui dans la piété envers le Créateur de l’univers ; il n’aurait dû ni adultérer ni souiller cette piété par ce que nous nommons l’idolâtrie, ou d’un terme courant, par la superstition. Il est dit de Dieu, dans le psaume dix-septième : « Dieu a fait des ténèbres sa retraite. » Cette tournure hébraïque signifie que les idées de Dieu qui seraient dignes de lui restent secrètes et inconnaissables ; car il s’est comme voilé lui-même d’obscurité pour les esprits qui ne supportent pas l’éclat de sa connaissance, incapables de le voir, en raison soit de la souillure qui affecte l’intelligence liée au corps de misère des hommes, soit de sa trop faible capacité de comprendre Dieu. LIVRE VI