Le premier degré de la contemplation consiste à considérer attentivement ce que Dieu demande de nous, ce qui lui est agréable. Mais parce que nous tombons tous en des fautes nombreuses, et que nos procédés tortueux offensent la rectitude de sa volonté et ne peuvent s’accorder avec elle, humilions-nous sous la main puissante de ce grand Dieu, et empressons-nous de placer notre misère sous les yeux de sa miséricorde, lui disant : « Guérissez-moi, Seigneur, et je serai guéri ; sauvez-moi, et je serai sauvé [[Jérem. XVII, 14.]] ; Seigneur, ayez pitié de moi ; rendez la santé à mon âme, car j’ai péché contre vous »[[Ps. XL, 5.]]. Quand l’œil de notre cœur aura été purifié par de telles pensées, au lieu de trouver l’amertume dans notre esprit, nous goûterons la joie dans celui de Dieu, et au lieu de considérer quelle est sa volonté en nous, nous l’envisagerons en elle-même. Car la vie est dans sa volonté, et, n’en doutons pas, rien ne nous est plus utile, ni plus avantageux que ce qui lui est conforme. C’est pourquoi le désir que nous avons de conserver la vie de notre âme doit nous porter à ne nous détourner jamais de cette divine volonté.
Au reste, quand nous aurons fait quelques progrès dans la pratique de la vie spirituelle, sous la conduite de l’Esprit qui scrute les secrets même de Dieu, songeons combien le Seigneur est doux, combien il est bon. Demandons avec le Prophète à connaître la volonté du Seigneur, à visiter, non plus notre cœur, mais son temple [[Ps. 4.]], disant néanmoins avec ce même Prophète : « Mon âme s’est troublée, c’est pourquoi je me souviendrai de vous » [[Ps. XLI, 7.]]. Toute la vie spirituelle consiste donc en ces deux points : être salutairement troublés et affligés en considérant nos misères et respirer en considérant Dieu ; alors toute notre consolation vient de la joie du Saint-Esprit : de la première considération nous retirons crainte et humilité, de la seconde espoir et charité. {{(Saint Bernard, Sermons divers, V, 5.)}}