Gregório de Nissa: non-être

Ceci posé, quand pour ce motif il s’élance à la création de notre nature, il ne manifeste pas à demi sa bonté toute puissante, donnant d’un côté de ses biens, pour se montrer jaloux par ailleurs de la participation qu’il en fait. Mais la perfection de sa bonté consiste à faire passer l’homme du non-être à l’être et à ne le priver d’aucun bien. XVI

La différence qui tient à cette particularité entraîne après elle d’autres particularités. Universellement on admet le caractère immuable et toujours identique à lui-même de la nature incréée, tandis que la nature créée ne peut avoir de consistance que dans le changement. Le passage même du non-être à l’être est un mouvement et une modification pour celui que la volonté divine fait passera l’existence. Lorsque l’Évangile nous présente les traits empreints sur le bronze comme l’image de César, il nous fait entendre que si intérieurement il y a une ressemblance entre la représentation et César, il y a de la différence dans le sujet ; de la même manière, dans le raisonnement qui nous occupe, si, au lieu de nous attacher aux traits extérieurs, nous considérons la nature divine et la nature humaine, dans le sujet de chacun nous découvrons la différence qui est que l’un est incréé, l’autre créé. Alors donc que l’un est identique et demeure toujours, l’autre, produit par une création, a commencé à exister par un changement et se trouve naturellement enclin à se modifier de la sorte . XVI

Mais ces considérations sont hors de notre sujet. Il nous faut revenir à la foi : d’elle nous recevons que l’univers tire son origine à partir du non-être et grâce à elle, quand l’Écriture nous apprend qu’il sera à nouveau établi dans un nouvel état, nous l’admettons sans hésiter. XXIV