fruits (Orígenes)

Après avoir « fait au début le ciel et la terre », Dieu fit ensuite le firmament et l’élément sec ; il appela le firmament Ciel, lui donnant le nom du ciel qu’il avait créé auparavant, et il appela l’élément sec : Terre, car il lui donna le pouvoir de donner des fruits. Si donc il en est qui restent encore délibérément secs, s’ils ne produisent aucun fruit, s’ils portent « des épines et des ronces » « bonnes à alimenter le feu », ils sont eux aussi, à voir ce qu’ils produisent, « bons à alimenter le feu ». Mais qu’un zèle attentif les ait séparés des eaux de l’abîme, qui sont les sens du démon, et qu’ils se montrent une terre fertile, ils doivent dès lors espérer que Dieu les introduira dans « une terre où coulent le lait et le miel ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

– Voyons ensuite quels sont les fruits que Dieu ordonne de Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Selon le sens littéral, on nous montre ici les fruits que produit la Terre alors qu’elle n’est plus l’élément sec. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Mais, comme tout à l’heure, revenons encore à nous. Nous voici désormais nous-mêmes « terre » et non plus « élément sec ». Apportons donc à Dieu des fruits abondants et variés, pour être, nous aussi, bénis par le Père qui dit : « Voici l’odeur de mon fils comme l’odeur d’un champ fécond que le Seigneur a béni », et pour que s’accomplisse en nous la parole de l’Apôtre : « Une terre recevant la pluie qui tombe souvent sur elle et produisant une herbe utile à ceux qui la cultivent a part à la bénédiction de Dieu. Mais celle qui produit des épines et des ronces est jugée de mauvaise qualité, près d’être maudite et l’on finit par y mettre le feu ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Dieu ordonne que la terre produise non seulement des herbes de gazon, mais aussi la semence, pour pouvoir ne pas cesser de porter du fruit ; non seulement des arbres à fruit, mais des arbres produisant des fruits qui aient en eux leur semence selon leur espèce, pour pouvoir, grâce à cette semence, ne pas cesser de porter du fruit. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Nous donc, semblablement, nous devons à la fois porter du fruit et avoir en nous-mêmes nos semences, c’est-à-dire garder dans notre coeur les semences de toutes les bonnes oeuvres et de toutes les vertus ; ainsi enfoncées dans nos esprits, elles nous feront accomplir avec justice tous les actes qui se présenteront. Car les fruits de ces semences, ce sont nos actes qui proviennent « du bon trésor de notre coeur ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Si nous écoutons la parole et si, après l’avoir entendue, notre terre produit aussitôt de l’herbe, et si cette herbe, avant d’être mûre et de porter du fruit, vient à se dessécher, notre terre sera appelée « caillouteuse ». Mais si la parole s’implante dans notre coeur avec des racines si profondes qu’elle produise le fruit des bonnes oeuvres et porte la semence des biens à venir, alors vraiment chacune de nos terres porte son fruit, l’une cent, l’autre soixante, l’autre trente pour un, selon ce qu’elle peut. Et remarquons bien que notre fruit ne doit comporter nulle zizanie ou ivraie, qu’il ne doit pas se trouver sur les bords du chemin, mais qu’il doit être semé dans le chemin lui-même, dans ce Chemin qui dit « Je suis la Voie », pour que les « oiseaux du ciel » ne grappillent pas nos fruits ni notre vigne. Et même, s’il est donné à tel d’entre nous d’être une « vigne », que celui-là se garde de porter des épines au lieu de grappes : sinon cette vigne ne sera « ni taillée, ni cultivée » et les nuées n’auront pas l’ordre de « laisser tomber la pluie sur elle » ; elle deviendra un désert où croîtront les épines. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Au sens historique, cette phrase indique clairement que c’est Dieu qui, au début, permit de se servir comme aliment des herbes, c’est-à-dire des légumes, et des fruits des arbres. Ce n’est que plus tard, après le déluge, quand Noé reçut l’alliance, que Dieu permit à l’homme de se nourrir de viande. Mais nous en expliquerons plus à propos les raisons en son lieu. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Au sens allégorique, l’herbe et les fruits de la terre qui sont concédés à l’homme en nourriture, peuvent être interprétés des passions corporelles. Ainsi la colère et la convoitise sont des rejetons du corps. Le fruit de ce rejeton, c’est-à-dire l’accomplissement de l’action (opus) nous est commun, à nous être raisonnables, avec les bêtes de la terre. Car quand nous nous emportons justement, pour corriger un coupable et travailler à son salut, nous nous nourrissons de ce fruit de la terre et notre nourriture est l’emportement corporel qui réprime le péché et répare la justice. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Les chrétiens mangent tous les jours les chairs de l’agneau, c’est-à-dire qu’ils prennent chaque jour la chair de la parole divine. « Car le Christ, notre Pâque, a été immolé. » La loi de la Pâque prescrit que la pâque soit mangée le soir : aussi le Seigneur a-t-il souffert au soir du monde ; et vous qui vivez dans un soir continuel, jusqu’à ce que vienne le matin, vous ne devez pas cesser de manger de la chair de la parole (de carnibus verbi). Si, au cours de cette soirée, vous avez été vigilants, si durant votre vie vous vous êtes appliqués « aux jeûnes, aux pleurs » et à toutes les oeuvres de justice, vous pourrez dire, vous aussi : « Le soir, viennent les pleurs, et, le matin, l’allégresse. » Car vous vous réjouirez au matin, c’est-à-dire dans le siècle à venir, à condition que dans le siècle présent vous recueilliez, dans les pleurs et dans la peine, « les fruits de justice ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Je pense que l’on peut dire de chacun de nous qu’il y a également au dedans de lui « deux nations et deux peuples ». Car, s’il y a le peuple des vertus en nous, il n’y a pas moins le peuple des vices : « c’est de notre coeur, en effet, que viennent les mauvaises pensées, les adultères, les vols, les faux témoignages », et aussi « les tromperies, les rivalités, les hérésies, les jalousies, les orgies et autres choses semblables. » Vous voyez par là l’importance du peuple du mal en nous. Mais si nous pouvons mériter de dire cette parole des saints : « Par l’effet de votre crainte, Seigneur, nous avons conçu, nous avons enfanté et nous avons fait paraître sur la terre l’esprit de votre salut », alors il y a en nous un autre peuple, de génération spirituelle celui-là. Car « les fruits de l’esprit sont la charité, la joie, la paix, la patience, l’humilité, la douceur, la continence, la charité ». Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.