Si les sacrifices sanglants agissaient par leurs correspondances, ils tiraient cependant radicalement leur vertu du désir du ministre et de celui du fidèle qui s’unissait à lui ; car alors le désir divin même venait s’allier au leur. Or, comme dans aucune circonstance ce désir, qui est la vraie foi, ne peut se passer d’une base, le sang des animaux lui en tenait lieu, et l’aidait à atteindre plus haut, en attendant que ce désir pût se reposer sur la base complète et sur le coeur divin qui dirigeait en secret tous ces sacrifices, et devait finir par les couronner. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car on peut remarquer en passant que la nécessité d’une base pour faire reposer notre vraie foi ou notre désir, est la clef de toutes les diversités des sacrifices, soit sanglants, soit non sanglants, ainsi que des diverses idoles, et des divers cultes qui sont en honneur sur la terre : toutes choses où l’on voit que les nations ont au fond la même foi, et ne se trompent que sur la base ; mais que le choix de cette base étant si important, puisqu’elle doit tenir, par des correspondances fixes à un centre vrai, soit naturel, soit spirituel, soit divin, il n’est pas étonnant que les erreurs des nations étant si grandes en ce genre, leurs ténèbres soient si universelles. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Or, la circoncision ne pouvait servir de base à ce désir ou à la foi, puisqu’elle s’opérait dans les premiers jours de la naissance ; et elle ne fut opérée sur Abraham, dans son âge fait, que parce que ce patriarche n’aurait pas été choisi enfant pour être le chef de la race élue, et qu’en outre il devait entrer librement dans l’alliance. Aussi, il ne fit par là que représenter les premiers degrés de sa réconciliation. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Cependant, quoique l’enfant ne puisse avoir de désir ou de vraie foi, sans doute que le sang de l’homme versé dans la circoncision des enfants avait un effet ; mais cet effet se bornait, pour ainsi dire, à opérer sur eux une espèce d’ablution, comme les retranchant en quelque sorte de ce régime de sang, dans lequel le crime de l’homme nous a tous plongés ; et les initiant par là à l’oeuvre active et efficace à laquelle leur désir ou leur foi devait les employer un jour volontairement. C’était aussi plutôt un effet figuratif de la grande circoncision ou de leur délivrance corporelle, qu’un effet vivificateur et régénérateur, comme l’était celui des holocaustes où la foi avait au moins une sorte d’action, où la victime pure était immolée, et où l’entier développement de toutes les correspondances d’actions régulières avait le pouvoir de rétablir l’homme dans une partie de ses droits et de ses jouissances. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Combien d’opérants n’ont-ils pas été les dupes et les victimes de ces mensongères apparitions, et combien de ces opérants n’ont-ils pas gouverné les peuples par ces attrayantes séductions, après s’en être laissés gouverner eux-mêmes ? Cette action irrégulière leur communiquait des vérités, puisqu’il y en a qui lui sont connues par les imprudences de l’homme ; elle leur prédisait des faits qui arrivaient, elle répondait souvent juste à leurs questions ; cela suffisait pour qu’ils se prosternassent devant elle de bonne foi, quelle que fût la forme qu’elle empruntât, et quels que fussent les ordres qu’elle leur prescrivît. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il faut penser en outre que si la plupart des hommes vivent de bonne foi sous le joug de ces illusions et de ces iniquités, par ignorance, et faute d’instruction, il en est au moins un aussi grand nombre qui y portent leurs passions et leurs cupidités, au lieu d’y porter leur vertu, et qui, se rapprochant par là des abominations du premier genre, nous montrent combien dans tous les temps ont été et seront fondées les lamentations des prophètes. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
En effet, la vertu éteinte des sacrifices passa alors dans la voix des prophètes, et ils prirent aux yeux de l’esprit la place des victimes qui ne s’offraient plus que selon la forme extérieure, et sans la foi du sacrificateur. Le sang versé de ces prophètes devenait l’holocauste de propitiation, sur lequel l’action de l’esprit opérait d’une manière à la fois plus terrible et plus salutaire qu’il n’avait opéré sur le sang des animaux. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Le peuple juif eut l’esprit trop grossier pour pénétrer dans cette simple et profonde intelligence. Couvert d’ailleurs de toutes les iniquités dont il s’était souillé antérieurement par sa négligence à observer les lois et les ordonnances de Moïse, et par l’effusion du sang des prophètes, la loi de grâce, dont l’époque était arrivée pour le genre humain, opéra pour la réprobation du peuple qui en avait été, avec si peu de succès, le représentant ; et au lieu de se laver de ses crimes dans la foi à cette nouvelle victime qui venait s’offrir, il combla ses iniquités en la regardant comme son ennemi, et il épaissit ainsi pour lui-même le voile qui venait de se déchirer pour toute la postérité d’Adam. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Son fils Isaac approcha du sacrifice, et ne le consomma point, parce que l’homme n’était encore qu’à l’époque des figures, et que la foi du père produisit son effet pour la consolidation de l’alliance, sans qu’il fût besoin de la souiller par l’atrocité de l’infanticide. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Enfin, ce n’est plus le temps où nous devions attendre que le salut des nations descende près de nous, puisqu’il y est descendu une fois, et qu’étant lui-même le principe et la fin, nous ne pourrions, sans lui faire injure, nous conduire comme s’il y avait encore après lui un autre Dieu, et ne pas donner à celui qui s’est fait connaître à nous, une foi sans borne et une confiance universelle, qui ne peut réellement et physiquement reposer que sur lui, puisque lui seul est l’universalité. Consummatum est. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Or, sous ce rapport, le vrai génie du christianisme serait moins d’être une religion que le terme et le lieu de repos de toutes les religions et de toutes ces voies laborieuses, par lesquelles la foi des hommes, et la nécessité de se purger de leurs souillures, les obligent à marcher tous les jours. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le christianisme porte notre foi jusque dans la région lumineuse de l’éternelle parole divine ; le catholicisme borne cette foi aux limites de la parole écrite ou des traditions. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le christianisme ne marche que par des expériences certaines et continues : le catholicisme ne marche que par des autorités et des institutions. Le christianisme n’est que la loi de la foi : le catholicisme n’est que la foi de la loi. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Ils attendent, avec une foi vive et une délicieuse espérance, que les eaux s’écoulent par tous ces canaux qui s’ouvrent en eux, que la terre reprenne autour d’eux sa fertilité, que l’olivier arrive apporté par la colombe qui est la parole, et qu’ils puissent restituer aux régions stériles et désertes tous les animaux qu’ils ont recueillis dans leur arche sainte, et dont ils sont si empressés de voir perpétuer les races. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Quelquefois cet homme de désir se complaît dans ses douces perspectives que lui montre sa pensée, et qui ne vont rien moins qu’à lui persuader que ce grand oeuvre doit être possible d’après la promesse. Quelquefois même il se sent ému par de saints élans qui l’entraînent à croire qu’il pourrait, par sa foi, parvenir à réaliser quelques parties de ces plans sublimes ; et il n’y a pas de joies alors qui ne s’emparent de lui. Mais quand il se consulte scrupuleusement sur ce point, voici la réponse qu’il reçoit : Toutes les voies divines sont dirigées par l’amour : les puissances de Dieu sont sans bornes à la vérité, et elles peuvent tout, excepté ce qui contrarie l’amour. Or, c’est par amour que Dieu temporise ; c’est parce qu’il aime tout qu’il veut donner à tous les moyens et les temps nécessaires pour se remplir de lui, et pour que rien ne revienne à lui vide de lui. En brusquant les opérations et les temps, il pourrait sûrement faire disparaître toutes les apparences fausses et ténébreuses qui retiennent l’esprit comme captif ; mais il pourrait aussi par là faire disparaître l’esprit même qui seraient entraîné avec l’apparence, s’il n’était pas encore saturé de la teinture divine ; or cette teinture ne peut s’y infiltrer que par degrés. Si elle y pénétrait subitement et tout à la fois, elle le porterait dans des mesures si violentes qui excéderaient ses forces, et auxquelles il ne pourrait pas résister. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Aussi je serais inconsolable si Paul avait été chancelant dans sa foi après son élection, parce que cette élection avait été faite après la clôture du temple terrestre, et après l’ouverture du temple divin ; au lieu que je ne le suis pas du reniement de S. Pierre, qui eut lieu avant l’une et l’autre. Je ne le suis pas non plus des fureurs du doux Jean, empêchant un homme de chasser les démons au nom de son maître que cet homme ne suivait point. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.