fils

Si elle le trouve dans ces dispositions, voici les promesses qu’elle lui fait, et les faveurs qu’elle lui destine. Car, à peine l’intérieur de l’homme s’ouvre-t-il devant elle, qu’elle est saisie d’un transport de joie, non seulement comme la mère la plus tendre pour un fils qu’elle n’avait vu depuis longtemps ; mais comme le plus sublime génie à la vue de la plus sublime production qui, d’abord, lui paraît neuve, étrangère à son esprit, et pour ainsi dire, effacée de sa mémoire, mais qui bientôt lui fait unir l’amour le plus vif à cette profonde admiration, quand ce sublime génie vient à reconnaître que cette sublime production est son ouvrage. Nouvel Homme

Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6

Dès que cette conception est formée en nous, il n’y a pas de soins que nous ne devions prendre pour la conduire heureusement à son terme, comme dans l’ordre matériel nous veillons sur les jours et la santé d’une épouse chérie qui nous donne l’espoir qu’elle deviendra mère. Nous devons épier avec attention tous les mouvements qui se font en nous, et jusqu’aux moindres affections spirituelles et vraies qui nous sont suggérées ; nous devons n’en négliger aucune, et tout sacrifier pour les satisfaire, afin que par nos négligences, ou notre parcimonie qui n’est autre chose que notre paresse, nous ne soyons pas dans le cas de nuire à la croissance de notre fils ; mais défendons-nous aussi soigneusement de tous les mouvements faux qui ne tiennent qu’à la fantaisie ; car nous prêterions par là des puissances à notre ennemi qui ne manquerait pas de s’en servir pour poser ensuite son sceau et son caractère sur quelques parties du corps de notre reproduction. Imitons donc en tout la nature qui emploie tous nos efforts pour faire fructifier ses productions, quand par notre faute nous ne gênons pas ses opérations. Nouvel Homme 6

Ce n’est qu’une seule et même puissance, qu’un seul et même amour qui opère notre reproduction corporelle, et qui prend soin de l’entretenir et de la conserver. Faisons en sorte qu’à son image la puissance et l’amour divin qui opèrent en nous la conception spirituelle nourrissent eux-mêmes leur propre fruit ; que la même main qui aura semé cette plante en nous, l’arrose journellement, et en écarte tout ce qui peut lui être préjudiciable ; ne craignons ni les inquiétudes, ni les dégoûts ni les vomissements, ni les insomnies ; ce sont toutes ces souffrances qui facilitent l’accroissement de notre fils, et il est impossible qu’il acquiert sans cela une juste et solide conformation. Nouvel Homme 6

Veillons donc jour et nuit pour que ce sang de l’esprit nous soit profitable, veillons pour qu’on ne nous reproche pas un jour de l’avoir laissé perdre et couler en vain ; veillons, car c’est ce sang qui doit servir à la formation et à la nourriture du fils spirituel conçu en nous par l’opération de la sagesse sainte. Nouvel Homme 7

10. Le moment de la naissance est arrivé. Les puissances supérieures après avoir formé en nous par l’esprit la conception de notre fils spirituel, ont décrété selon leur sagesse que le moment est venu de lui donner le jour. Nous allons donc sortir de ces abîmes dans lesquels nous avons séjourné, dans lesquels, le saint par excellence n’a pas craint de descendre lui-même, et dans lesquels il ne craint pas de descendre tous les jours pour en arracher les victimes, et pour libérer les esclaves ; nous allons recevoir dans la nouvelle atmosphère où nous arrivons, des affections plus vives et plus douces que celles de cette région ténébreuse d’où nous sortons et qui dès lors est censée morte pour nous. Nouvel Homme 10

Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces qui t’arrivent sur la nature de l’être qui veut te gouverner à ton insu. Il est le Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le soleil plane sur les humbles plantes, et lorsqu’il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m’éclairez, mais dès que je vous vois, vous n’êtes point mon Dieu, vous n’en êtes que les images. Mon Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi, sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et exclusivement dans la main de ce Dieu inconnu qui t’approche secrètement, et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes, et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient de recevoir le jour. Nouvel Homme 10

Tremble Hérode, ton trône est menacé. Il vient de naître un roi des Juifs. Les bergers ont entendu les anges chanter la naissance de ce fils de l’homme ; les mages ont vu son étoile dans l’Orient, ils viennent le visiter, et leur offrir leur or et leur encens. Tu as beau faire exterminer les enfants de Rachel pour calmer tes craintes, ce fils est un fils qui ne s’extermine point par la main de l’homme, parce qu’il n’est point né de la volonté de chair, ni de la volonté de l’homme, ni de la volonté du sang, mais il est né de Dieu ; aussi le Dieu qui l’a formé saura veiller sur ses jours, et il le fera réfugier dans l’Égypte, jusqu’à ce que les temps de ta fureur soient écoulés, et que le temps de la gloire de son fils soit arrivé. Nouvel Homme 10

On nous donne peu d’instruction sur les soins que l’on doit à l’enfance ; cependant, homme, ce temps va être pour ton fils le temps le plus précieux de sa vie, car tu vas être à la fois ton fils, ton père, ta mère, tous les serviteurs qui seront employés à la plus sublime des tâches. Que ce fils nouveau-né devienne donc pour toi l’objet de tes soins les plus assidus. Ce fils est amour, et il est amour Divin, tâche que toutes les lumières qui se développeront en lui ne lui parviennent que par cette même voie ; j’allais presque dire, que par son nom ; ce sera un moyen de le rendre homme dans un âge où tant d’hommes sont, non seulement encore enfants, non seulement pas encore nés, mais même pas encore conçus ; sans compter ceux qui sont nés par avortement, ou qui ont péri depuis longtemps par mille autres accidents, quoique tu les voies marcher devant toi, se bien porter, et remplir parfaitement toutes les fonctions ostensibles de l’homme. Nouvel Homme 10

Mais n’oublie pas que ce fils est aussi le fils de la douleur, que c’est le second né de Rachel, qu’il a coûté la vie à sa mère, qu’il est le seul des douze chefs de tribus qui soit né dans la terre promise, et qu’il y est né après que son père eût offert un sacrifice au Seigneur, et qu’il lui eût érigé un autel à Béthel. Nouvel Homme 10

Si tu veux donc conserver ce précieux rejeton, nourris-le chaque jour des mêmes éléments qui lui ont donné naissance ; fais couler à chaque instant sur lui le sang de l’alliance qui doit le préserver du glaive de l’ange exterminateur ; bien plus, fais pénétrer sans cesse dans toutes ses veines, ce même sang de l’alliance qui doit donner la mort à tous les Égyptiens, et le mettre à même de les dépouiller un jour de leurs vaisseaux d’or et d’argent avec lesquels ils font des festins d’iniquité. Laisse couler dans ses veines ce sang corrosif qui n’aura point de relâche qu’il n’ait rongé jusqu’aux moindres traces du péché ; tu verras par là les membres de ton fils acquérir peu à peu de la force et de la consistance. Nouvel Homme 10

Et pourquoi ce sang accumulera-t-il ainsi la vie dans les membres de son fils ? C’est qu’il est le sang de la douleur, et que la douleur n’est point sans la vie, puisqu’elle n’est qu’une contraction de la mort contre la vie, et de la vie contre la mort ; voilà pourquoi plus il y a de douleurs plus il y a de vie, voilà pourquoi ce sang de l’alliance est si souffrant puisqu’il est composés des ténèbres et de la lumière de la corruption et de la santé, de la nature et de la Divinité, du temps et de l’éternité. Nouvel Homme 10

Fais donc tomber à grands flots ce sang de la douleur sur ton fils, plonge-le dans cette mer de douleur qui seule peut lui donner et lui conserver le sentiment ; qu’il y séjourne plus longtemps que Jonas dans la baleine, plus longtemps que Moïse sur la montagne, plus longtemps que l’arche sur les eaux du déluge, plus longtemps que les Hébreux dans le désert, plus longtemps que ces mêmes Hébreux dans toutes les captivités, qu’il y séjourne pendant toute sa vie terrestre, parce que ce n’est que par ce moyen que ce sang déposera dans son coeur, dans ses os, dans sa moëlle, dans ses veines, dans toutes les fibres de son être le vrai élément sacerdotal d’où doivent naître pour lui la lance et l’épée. Qu’il mange chaque jour de ce pain sacerdotal, et qu’il s’enivre du vin de la colère du Seigneur. Nouvel Homme 10

Oh ! Homme, purifie donc sans cesse cet organe ; l’usage en est si doux, la perspective qu’il t’offre est si sublime, que je ne sais pas comment tu pourrais encore permettre à tes yeux de se fermer après avoir considéré une semblable merveille. Cependant quelqu’admirable qu’elle soit, elle ne te surprendrait plus si tu te rappelais que la Divinité doit nous traverser tout entière, soit dans sa souffrance, soit dans sa gloire : car si elle doit nous traverser tout entière, il n’est plus étonnant pour nous que nous soyons ordonnés, et formés pour en avoir le discernement ; apprends donc ici à simplifier tes idées sur le caractère et l’emploi du prophète ; compare son élection et tout ton être avec ce fils qui vient d’être conçu en toi par l’esprit, et avec tous les autres types que tu as parcourus ; car il faut t’attendre à trouver la même chose à tous les pas. Nouvel Homme 11

Si tu as aperçu précédemment que l’annonciation de l’ange peut se répéter pour toi, ainsi que la conception et la naissance du fils de la promesse, tu ne seras pas surprise que la résurrection de Lazare puisse se répéter pour toi également ; mais aussi par la même raison, tu sens que cette opération préliminaire te devient indispensable, puisque tu es morte depuis quatre jours ; c’est-à-dire, dans tes quatre grandes institutions primitives que tu ne saurais plus remplir, et puisque tu répands partout l’infection. La voix du Réparateur s’approche de ta tombe et te crie : Lazare, levez-vous ; ne fais pas comme les Juifs dans le désert ; n’endurcis pas ton coeur à cette voix, et jette-toi promptement hors de ton cercueil ; il ne manquera pas de gens serviables pour délier tes bandelettes. Souviens-toi ensuite qu’il ne t’a été dit : Lazare, levez-vous ; qu’afin que tu répètes à ton tour librement à toutes tes facultés endormies : Lazare, levez-vous ; et qu’afin que cette parole circule continuellement dans toutes les parties de ton être. C’est alors que tu pourras espérer être à table avec le Seigneur. Nouvel Homme 13

Lorsque tu voudras offrir ton sacrifice sur l’autel de la régénération spirituelle pour sanctifier ton être, le purifier, et le remplir des trésors de l’amour, implore le nom du fils, invoque le nom du fils, conjure le nom du fils, unis-toi au nom du fils, et ton coeur sera changé en une victime de consolations, de façon qu’il ne croira plus même aux pouvoirs affligeants de ton ennemi, et que tu sentiras ton vaisseau porté légèrement sur les vagues par les vents les plus favorables, sans la moindre apparence de dangers ni d’écueils. Nouvel Homme 14

Si tu cultives soigneusement l’éducation de ce fils nouveau-né qui t’est accordé, tu le verras de même en peu d’années étonner les docteurs qui l’écouteront dans toi en silence ; et ces docteurs ce seront les doutes que la matière et les ténèbres des faux éducateurs avaient élevés dans ton sein ; ce sont ces continuelles insinuations que l’esprit de mensonge t’avait suggérées tous les jours de ta vie, tant que ce nouveau-né n’avait pas vu le jour ; mais à peine aura-t-il fait les premiers pas dans la sagesse, qu’il renversera en toi, par sa doctrine et ses réponses, toutes les incertitudes, et toutes les inquiétudes dont tu t’étais laissé remplir, et qui, malheureusement, ne s’étaient converties que trop souvent pour toi en persuasions, en démonstrations, en convictions. Nouvel Homme 17

Alors tous ces docteurs qui t’avaient séduit et égaré, seront eux-mêmes dans l’étonnement en apercevant l’empire de la parole de ton fils, et combien la lumière qu’il répand a d’analogie avec notre clarté naturelle. Chaque jour ils feront eux-mêmes de nouvelles découvertes à la lueur de ce flambeau qui brillera devant eux et tu auras le plaisir de voir bientôt en toi mille peuples se convertir par ses discours et ses instructions, et devenir de sincères adorateurs de la vérité, de façon que tu ne tarderas pas d’être à toi seul une grande famille de fidèles qui ne cesseront d’élever jour et nuit des temples à la gloire du suprême auteur, dominateur et régulateur de tout ce qui existe. Nouvel Homme 17

Tu ne sens pas surpris que ce fils chéri manifeste de si grands privilèges, quand tu réfléchiras que depuis sa naissance il n’aura cessé de manger du verbe, et que par conséquent, il pourra en faire manger à son tour à tous ceux qui ouvriront l’oreille à ses paroles ; tu ne seras pas surpris qu’il t’en fasse manger en abondance, puisque ce fils chéri sera toi-même, et qu’il n’aura d’autre oeuvre que de convertir en toi tout ce qui avait cessé d’être toi. Nouvel Homme 17

Rappelle-toi cette loi des Hébreux, Lévitique 27-28. Tout ce qui est consacré une fois au Seigneur, sera pour lui comme étant une chose très sainte. Ce fils chéri pouvait-il n’être pas consacré au Seigneur puisque sa conception avait été annoncée par l’ordre du Seigneur, puisqu’il avait été conçu par l’obombration et l’opération de l’esprit du Seigneur, puisqu’enfin il était né sous les auspices et par la puissance du Seigneur ? Ce fils n’était-il pas naturellement consacré au Seigneur, comme un fils est naturellement consacré à son père ? Car le réparateur ne fut offert au temple et consacré au Seigneur que comme fils de l’homme, et comme revêtu de l’habit de l’esclave qui venait réclamer sa délivrance. Ton fils au contraire est le fils de la femme libre ; il est l’homme régénéré ; il est l’enfant spirituel né dans la région de l’esprit et de la vie ; comme tel il est présenté au temple, et consacré au Seigneur par le droit même de sa naissance, comme le verbe éternel est consacré à l’ancien des jours avant la formation des siècles, puisque c’est ce verbe qui a formé les siècles. Nouvel Homme 17

Ainsi ce fils chéri qui t’est accordé n’est point présenté aux temples qui ne sont bâtis que de la main des hommes, il n’est point consacré sur les autels figuratifs, et sous les yeux des prêtres qui ne reçoivent leur caractère que dans le temps ; mais étant consacré à son père Divin, et sous les yeux du prêtre éternel qui, en opérant sa conception même, lui a imposé les mains de l’esprit, il n’est pas étonnant qu’il n’ait eu d’autre nourriture que l’esprit et le verbe ; il n’est pas étonnant qu’il croisse en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes ; il n’est pas étonnant que ceux qui l’entendent soient ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses. Nouvel Homme 17

Tu ne comprends pas plus que Marie ces paroles ; mais fais comme elle, conserve toutes ces choses dans ton coeur. Elles t’apprendront que ce qu’il y a encore de matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l’esprit, et qu’il doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres qui t’enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères, tant que ton oeuvre n’est pas parvenue au complément de sa maturité. Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse, et ce fils chéri qui t’est né, comme Marie ne put méconnaître les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils ; mais tu ne peux pas plus qu’elle concevoir la marche cachée de ce fils de J’esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu’à ce qu’il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné. Nouvel Homme 17

Voilà pourquoi ce fils chéri que l’esprit a conçu en toi, et qui t’est né, ne sera vraiment connu de toi et de tous les tiens, que quand il aura atteint de nouveau ce complément primitif. Nouvel Homme 17

Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier degré de l’oeuvre de l’esprit en nous, après qu’il y a conçu, et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme. Nouvel Homme 18

Les temps viendront où l’oeuvre trine s’accomplira sur ce nouvel homme, où l’action et le nom de l’esprit, l’action et le nom du fils, l’action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront dans ce nouvel homme, de manière à n’offrir à la fois, dans toutes les dimensions de son être, qu’une seule action, qu’un seul nom, qu’une seule opération, qu’une seule multiplication qui placera l’homme continuellement au milieu de l’atmosphère de la vie, et qui le rendra si redoutable à ses ennemis, qu’ils fuiront devant lui, comme les ténèbres fuient devant l’astre du jour, et vont toujours se cachant, comme étant frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur de sa lumière. Nouvel Homme 18

Car si l’homme a le bonheur de voir naître en lui le fils de l’esprit ou le nouvel homme, il aperçoit bientôt la différence de ce nouvel état pour lui à son état antérieur ; et cette différence consiste en ce que, dans ce nouvel état, il est sûr, par ses efforts et la persévérance dans sa prière, d’obtenir les fruits de ses désirs purs, soit des lumières et des développements, soit des consolations, soit des dons de l’esprit pour la manifestation de la gloire de son maître, toutes choses que nous pouvons maintenant regarder comme autant de révélations. Mais dans son état antérieur, il n’avait pas la même certitude, et malgré toutes les entreprises les plus courageuses, il ne pouvait se flatter du même succès, et les espèces de révélations dont il était susceptible alors, lui parvenaient d’une manière plus voilée, plus figurative, et qui le laissaient souvent comme dans l’attente des biens qu’on ne faisait que lui montrer. Nouvel Homme 20

Alors ce nouvel homme sera réellement sorti de l’état d’enfance où est encore ce fils chéri de l’esprit que nous avons déjà vu naître, et même patente au milieu des docteurs à son âge de douze ans, mais qui n’est point encore parvenu à cet état de virilité que nous peignons par anticipation, et qu’il ne faut point confondre avec l’état heureux qui nous attend après notre mort corporelle, si nous avons suivi les lois de la sagesse. Nouvel Homme 24

25. Quelles étaient les menaces que Dieu faisait au peuple d’Israël en cas qu’il s’éloignât des préceptes, et des ordonnances que le Seigneur lui avait donnés par ses envoyés ? C’est qu’il serait déçu dans toutes ses espérances; c’est qu’il bâtirait des maisons, et qu’il ne les habiterait point, c’est qu’il épouserait des femmes, et que des étrangers les déshonoreraient, c’est qu’il aurait des fils et des filles et qu’il ne les élèverait point, c’est qu’il planterait des vignes et sèmerait des champs et qu’il n’en recueillerait point les récoltes. Nouvel Homme 25

Mais le septième jour est le jour du repos consacré au Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez en ce jour aucun ouvrage, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, ni l’étranger qui sera dans l’enceinte de vos villes. Nouvel Homme 25

Mais ne te livre point à l’impatience, comme les Hébreux dans le désert, si tes succès ne sont pas aussi rapides que tes désirs seront ardents ; souviens-toi « de tout le chemin par où le Seigneur, leur Dieu, les a conduits pendant quarante ans, pour les punir et pour les éprouver, afin que ce qui était caché dans leur coeur, fût découvert, et que l’on connût s’ils seraient fidèles ou infidèles à observer ses commandements ; souviens-toi qu’il les a affligés de la faim, et qu’il leur a donné pour nourriture la manne qui était inconnue à leurs pères, pour leur faire voir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ; souviens-toi enfin que le Seigneur, leur Dieu, s’est appliqué à les instruire et à les régler, comme un homme s’applique à instruire et à corriger son fils. » Nouvel Homme 26

Ce lieu, tu l’as déjà connu, tu l’as déjà vu, dès que tu as reçu la naissance ; car ce lieu est ce même fils chéri, conçu de l’esprit en similitude de celui qui est le fils unique du Seigneur son éternelle génération. Nouvel Homme 27

Mais, c’est dans ce fils chéri et conçu de l’esprit, c’est sur cette pierre fondamentale que tu dresseras ton autel au seul vrai Dieu, parce que c’est là seulement où il puisse être honoré, puisque ce n’est que là où il peut trouver un être qui soit réellement son image et sa ressemblance, et qui ait les facultés nécessaires pour entendre sa langue divine, et comprendre les oracles de sa sagesse éternelle : aussi ce n’est que là où tu pourras entendre sa voix sacrée, recevoir des réponses qui remplissent ton intelligence, et satisfassent à tous les désirs de ton coeur et à tous les besoins de ton esprit. Nouvel Homme 27

Avec le Dieu unique qui a choisi son sanctuaire unique dans le coeur de l’homme, et dans ce fils chéri de l’esprit que nous devons tous faire naître en nous, tu n’as point les mêmes dangers à craindre, et tu n’auras que des fruits salutaires à recueillir, parce qu’il est l’être simple, l’être vrai, le seul être qui soit impassible à toute influence qui ne serait pas celle de la vérité ; aussi s’est-il réservé à lui seul le pouvoir de la faire connaître, et de la manifester dans toute sa pureté ! Nouvel Homme 27

Souviens-toi donc, nouvel homme, à quel prix tu devras te maintenir dans le poste que le Seigneur t’aura donné. Moïse disait aux Hébreux : « Si votre frère, fils de votre mère, ou votre fils, ou votre femme qui vous est chère, ou votre ami que vous aimez comme votre âme, vous veut persuader, et vous vient dire en secret : allons et servons les dieux étrangers qui nous sont inconnus, comme ils l’ont été à vos pères, les dieux de toutes les nations, dont nous sommes environnés, soit de près ou de loin, depuis un bout de la terre jusqu’à l’autre, ne vous rendez point à ses persuasions, et ne l’écoutez point, et ne soyez touché d’aucune compassion sur son sujet, ne l’épargnez point, et ne tenez point secret ce qu’il aura dit ; mais tuez-le aussitôt. Que votre main lui donne le premier coup, et que tout le peuple le frappe ensuite. » Nouvel Homme 28

Nouvel homme, c’est dans toi-même que se peuvent trouver tous ces parents infidèles, auxquels il t’est défendu de pardonner. N’en ménage aucun. Quand ce serait le plus cher d’entre eux qui tâcherait de s’insinuer dans ton esprit, et de t’attirer à un culte trompeur pour quelqu’autre portion de toi-même que celle où la voix de ton Dieu s’est fait entendre, lorsqu’il a allumé lui-même sa lampe vivante dans le sanctuaire de ton propre temple, rejette-le loin de ta fureur. Plus tu exerceras de sévérité envers ces parents séducteurs, plus tu assureras le règne et la gloire de ton maître, parce que plus tu conserveras par là l’unité, la simplicité et la sainteté de ce fils chéri qui doit le représenter sur la terre. Nouvel Homme 28

Lorsque ce baptême corporel est opéré sur nous par l’eau de l’esprit, alors le nouvel homme sort des eaux où il avait été plongé, et c’est quand il a mis le pied sur la terre qu’une voix du ciel se fait entendre, et dit : C’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection. Jusque-là ce nouvel homme était bien le fils de Dieu, puisqu’il avait été conçu par l’esprit et que par ce même esprit, il avait reçu la naissance ; mais son nom, et sa famille divine n’avaient point été promulgués, et tant que cette barrière qui devait céder à l’eau de l’esprit n’aurait point été rompue, le nouvel homme n’aurait pu recevoir de la part de son père cet aveu authentique par lequel il le reconnaît pour son fils, et lui assure par là, non seulement son existence parmi les nations, mais aussi les droits les plus constants à son légitime héritage. Nouvel Homme 31

Ce baptême invisible dont le baptême visible du Réparateur nous donne l’intelligence, opère un double effet sur le nouvel homme. Non seulement ce nouvel homme entend, comme le Réparateur, ces paroles consolantes : c’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection ; mais il aperçoit, comme lui, dans la profondeur de son être, des trésors cachés dont il n’ignorait pas toute la valeur, mais qui ne lui étaient pas encore découverts, et qui ne pouvaient l’être que par l’organe de ce baptême invisible qui ne peut lui être administré que par son guide. Dès l’instant que ce baptême invisible lui est administré, la voix divine peut entrer en lui comme dans sa propre forme, et le pénétrer dans toutes les facultés qui le constituent ; et c’est à mesure qu’elle le pénètre ainsi de toutes ses facultés, qu’il découvre en lui-même les richesses dont il est doué par sa nature divine, et l’emploi qu’il doit faire de ces richesses pour la gloire de celui dont il les a reçues. Nouvel Homme 31

Ô nouvel homme, combien tu deviens respectable à tes propres yeux quand tu sens ce qu’opère pour toi l’auteur des choses ! Il est le Dieu unique, tu es son fils ; peut-il y avoir quelque chose qui ne soit divin dans l’oeuvre qui s’opère en toi et lui ! Peut-il y avoir quelque chose qui ne soit pas l’acte même de ton Dieu ! Aussi tu ne vivrais pas, et tu serais déjà mort, si tu ne croyais pas à celui qu’il a envoyé en toi. Nouvel Homme 34

« Bienheureux ceux qui soupirent après la paix de l’esprit, et qui y marchent par le sentier des oeuvres pacifiques, en ne se livrant à aucun des partis opposés et furieux qui se battent journellement dans l’homme ! En se délivrant ainsi de la tourbe tumultueuse de leur propre monde, ils prendront pour leur père le souverain auteur de la tranquillité suprême, et de l’éternelle paix, et deviendront par là les légitimes enfants de Dieu, puisqu’ils manifesteront le caractère distinctif de cette source où ils ont puisé la naissance et qui ne peut manquer d’être calme, puisqu’elle est perpétuellement remplie du sentiment inaltérable de son infinité, de son éternité, de son universalité. Ainsi ils pourront dire à leurs ennemis : tremblez, fuyez, vous ne pouvez rien contre moi, parce que je porte en moi un nom qui signifie le fils de votre Dieu. » Nouvel Homme 36

« Vous avez appris du Réparateur, à dire : notre père ; et vous ne pouviez l’apprendre que de lui, puisque, jusqu’à lui, vous étiez sans Dieu en ce monde (Ephésiens 2:12) vu que vous n’étiez venus en ce monde que pour vous être séparés de Dieu ; et s’il ne s’était pas rendu fils de Dieu pour vous enseigner par ces paroles consolantes, et par sa personne, que l’homme est le fils de Dieu, vous auriez oublié à jamais, que Dieu est votre père. Vous n’auriez pu prononcer ce nom qu’il fallait reconnaître pour ouvrir la porte à votre réconciliation, et vous auriez été assimilés à celui qui ne se souvient plus qu’il a porté autrefois le glorieux titre de fils de Dieu. » Nouvel Homme 37

« Ne vous attachez qu’aux désirs que la sagesse vous envoie : vous les connaîtrez au calme qu’ils feront naître dans votre coeur, et à la lumière qui les accompagnera, puisqu’ils seront les fils de la lumière, et que la sagesse n’envoie jamais des désirs au coeur de l’homme, sans lui envoyer, en même temps, tous les moyens de les satisfaire, parce qu’elle est l’unité, parce qu’elle n’opère, et n’engendre que l’unité, et qu’elle ne peut agir que dans ses propres lois qui sont toutes liées dans cette unité. Défiez-vous donc des désirs qui ne viendront que de votre propre sagesse. Vous les reconnaîtrez aux mouvements impétueux, et inquiets qu’ils exciteront en vous, de même qu’aux innombrables difficultés dont leur accomplissement se trouvera hérissé, et qui ne pourra jamais avoir lieu sans retarder, au moins pour un temps, votre avancement dans la carrière simple et libre de la vérité. » Nouvel Homme 38

« Donnez donc un libre cours aux paroles du salut, et de la régénération qui ont été accordées au nouvel homme. Aidez-le à exterminer les agents de l’iniquité, à précipiter dans la mer les animaux impurs qui auront servi d’asile aux esprits de ténèbres, et à faire ouvrir à demeure les sept canaux de la sainteté ; la vie qui en descendra vous communiquera un nom dont vous ne pouvez concevoir les merveilleuses puissances, et les richesses ineffables ; faites-vous seconder du feu du ciel pour que tout ce qui est en vous tremble devant le Seigneur, et pour que vous marchiez sur les traces du fils du grand Azarias, en qui la parole sainte et divine consumait toutes les substances qui sont étrangères à l’esprit. » Nouvel Homme 38

Aussi ces contradicteurs diront-ils que c’est par le prince des démons que tous ces ouvriers chassent les démons, aimant mieux se couvrir eux-mêmes de confusion par cette réponse insensée, que d’avouer leur défaite, et la supériorité de celui qui vient manifester leur ignorance. Car ils verront des hommes muets possédés du démon ; ils verront que c’est par la parole du nouvel homme que ces hommes muets recouvreront l’usage de leur langue, après qu’il les a délivrés de leur démon ; et cependant ils ne craindront pas de confondre celui qui guérit, avec celui qui occasionne la maladie; celui qui ôte la parole, avec celui qui la rend. Bien plus, ils ne craindront point de tomber en contradiction devant ces démons même qu’ils veulent regarder comme les princes de ces oeuvres puissantes, et merveilleuses, puisque ces démons reconnaîtront eux-mêmes la force, et le nom de celui qui les chasse, et lui diront : Vous êtes 1e nouvel homme, vous êtes le Christ, vous êtes le fils de Dieu (Luc, 4:41). Nouvel Homme 39

Mais le nouvel homme, connaissant d’avance leurs pensées, aura commencé par la guérison intérieure du malade, afin d’avoir l’occasion de leur donner une instruction salutaire, et lumineuse, en leur représentant qu’il n’est pas plus difficile de dire levez-vous, et marchez, que de dire vos péchés vous sont remis ; parce qu’aux yeux du fils de l’homme, toutes les puissances émanent de la même source, et que, sûrement, le premier service qu’il puisse se rendre à lui-même, c’est d’employer celles qui tombent sur la guérison de ses facultés intérieures, et de ne s’occuper de la guérison de son corps, que quand son intérieur est rétabli, sans quoi, loin d’avancer son perfectionnement, et sa régénération, il ne ferait que rendre ses facultés plus coupables, en les dispensant de la coulpe de leurs péchés, tandis qu’il leur laisserait la substance de leurs péchés. Nouvel Homme 39

Tous les hommes peuvent faire cette observation sur eux-mêmes, étant bien sûrs qu’avec du soin et de l’attention, ils entendraient toutes les réponses qu’ils auraient à faire dans toutes les circonstances s’ils étaient plus dans l’habitude de scruter, et de profiter des lumières du nouvel homme ; et à l’imitation des disciples du Réparateur, ils pourraient compter que si, étant persécutés dans une ville, ils se retiraient dans une autre, ils n’auraient pas achevé de parcourir toutes les villes d’Israël que le fils de l’homme ne fût venu, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas parcouru ainsi toutes les maisons de l’homme que le nouvel homme ne se fit connaître en eux, et ne les récompensât par sa venue de toutes les humiliations qu’ils auraient souffertes. Nouvel Homme 40

Il nous a appris que notre essence qui est le nom et la parole du Seigneur pouvait communiquer à nos facultés le droit d’être aussi le nom, et la parole du Seigneur, comme l’Eternel communique son nom, sa parole, et ses puissances à tous les êtres émanés de lui, et employés comme les ministres de ses volontés, et les dispensateurs de ses bienfaits ; et par là, cet ami fidèle nous apprend que les portes de la vie sont encore ouvertes pour nous, puisque les portes de la vie sont en nous. « Je vous rends gloire, mon père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux savants, et que vous les avez révélées aux simples, et aux petits. Oui, mon père, cela est ainsi, parce que vous l’avez voulu. Mon père m’a mis toutes choses entre les mains, et nul ne connaît le fils que le père, comme nul ne connaît le père que le fils, et celui à qui le fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux, et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux, et mon fardeau est léger. » Nouvel Homme 41

Il leur parla plus fortement encore au sujet des épis que ses disciples, passant le long des blés un jour de sabbat, avaient rompus et mangés : « N’avez-vous point la dans la loi que les prêtres, au jour de sabbat, violent le sabbat dans le temple et ne sont pas néanmoins coupables ? Et cependant je vous dis que celui qui est ici est plus grand que le temple. Que si vous saviez bien ce que veut dire cette parole : J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice, vous n’auriez pas condamné des innocents, car le fils de l’homme est maître du sabbat même. » Nouvel Homme 43

Il sentira par ce moyen que non seulement le fils de l’homme est au-dessus du sabbat temporel, mais que le temple même a aussi ce magnifique privilège, puisque ce temple n’est autre chose que le nouvel homme, et que le nouvel homme participe à tous les droits et à toutes les propriétés de l’esprit du Seigneur ; il reconnaîtra alors que de même l’esprit du Seigneur est le chef et le maître du nouvel homme, de même le nouvel homme devient par lui le chef et le maître de la loi ; que si c’est au nouvel homme à attendre et à recevoir de l’esprit du Seigneur les lumières, la sainteté et la vie, c’est au temple bâti par la main des hommes à attendre et à recevoir du nouvel homme l’administration de toutes ces choses, et qu’ainsi l’esprit du Seigneur se trouve à la fois par là, le maître du nouvel homme, la maître du temple, le maître du sabbat, le maître de la loi, puisqu’il comprend tout, puisqu’il dirige tout, puisqu’il pénètre tout, et que ce n’est que dans lui que les propriétés des choses, leurs vertus, leurs figures, et leur esprit peuvent trouver leur explication, et leur véritable accomplissement. Nouvel Homme 43

Il sait que « tout péché, et tout blasphème sera remis aux hommes, mais que le blasphème contre l’esprit, ne leur sera point remis, Il sait que si quelqu’un parle contre le fils de l’homme, il lui sera remis, mais que s’il parle contre l’esprit, il ne lui sera remis ni en ce monde-ci, ni en l’autre. » Or il croirait blasphémer contre l’esprit, que de ne pas amasser continuellement avec l’esprit, puisque ce serait comme s’il croyait à une autre puissance qu’à celle de l’esprit. Il croirait parler contre l’esprit que de ne pas se lier perpétuellement avec l’esprit, parce que ce serait comme s’il croyait pouvoir vivre d’une autre vie que de la vie de l’esprit. Nouvel Homme 43

Ainsi non seulement il s’abstiendra de tous les blasphèmes contre le fils de l’homme, qui pourront être susceptibles de pardon, en ce qu’ils ne tombent que sur l’homme temporel, ou sur l’enveloppe de l’esprit ; mais ce nouvel homme ne laissera pas même subsister en lui les moindres traces d’offenses encore plus secondaires, et plus susceptibles de rémission, tant il sera occupé à se prémunir contre les blasphèmes irrémissibles, ou à se remplir si bien de l’activité de 1’esprit, qu’un jour à venir on ne puisse pas lui reprocher de n’avoir pas été dévoué exclusivement à l’esprit, et qu’on ne lui fasse pas payer jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire tous les moments qu’il n’aurait pas passés dans cette confiance entière et absolue que l’homme doit avoir à l’esprit, et c’est ici que se vérifie cette terrible parole : beaucoup d’appelés, et peu d’élus ; car tous les hommes étaient nés pour accomplir cette importante loi. Nouvel Homme 43

La première et la plus pénible de ces trois résurrections que le nouvel homme aura à opérer en lui, est d’arracher de toutes les substances fausses dont il est environné, celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui s’y sont englouties, et pour ainsi dire amalgamées, et qui y sont comme dans un vrai tombeau, où, non seulement, elles ne jouissent point du jour, et de la lumière, mais où elles tendent continuellement vers une effroyable putréfaction ; en effet, il est impossible de concevoir une opération plus douloureuse que celle de séparer ainsi les différents métaux que nous avons laissé souder ensemble, puisqu’il n’y a qu’une fusion entière qui puisse nous y faire parvenir ; niais ce qui paraît au-dessus des forces ordinaires, n’est point au-dessus des forces du nouvel homme, puisqu’il est le fils de l’esprit, et qu’il a bu le médicament salutaire, ou ce puissant dissolvant que Jérémie compare à un marteau qui brise les pierres (23:29). Nouvel Homme 44

Le nouvel homme, après s’être convaincu de ces vérités, non seulement par sa persuasion intime, mais encore par sa propre expérience, verra une douce surprise, que le Réparateur n’a pas eu d’autre dessein que de faire ouvrir les yeux aux hommes sur ces devoirs indispensables, et si salutaires, lorsqu’il a employé sa puissance à ressusciter trois morts au milieu du peuple d’Israël. Car c’est une chose frappante, et qu’on ne saurait trop remarquer que la différence des lieux où chacun de ces morts a été rappelé à la vie. Lazare fut ressuscité dans le tombeau où il était depuis quatre jours, et où il sentait déjà mauvais. Le fils unique de la veuve de Naïm fut ressuscité dans le chemin, et pendant qu’on le portait dans le sépulcre, la fille de Jaïre, chef de la synagogue, étant âgée de douze ans, fut ressuscitée dans la maison de son père. Comment n’apercevrions-nous pas, dans ces trois résurrections opérées par le Réparateur, cette triple résurrection que nous devons faire tous en nous-mêmes, et qui est à la fois, et l’oeuvre principale, et la récompense du nouvel homme. Nouvel Homme 44

En effet, ce Lazare ressuscité dans le tombeau, et déjà livré à la putréfaction, est le type de nos actes dépravés, et des prévarications que nous avons portées jusqu’à l’oeuvre, et à la consommation, c’est-à-dire, jusque dans la demeure de la mort, et de la corruption, qui nous est figurée ici-bas par les sépulcres matériels. Le fils unique de la veuve de Naïm, ressuscité dans le chemin du tombeau, est le type de nos volontés criminelles qui ont adhéré aux plans faux de notre pensée, mais qui n’ont été arrêtées dans la voie du tombeau, c’est-à-dire, avant d’arriver à leur consommation, et aux actes iniques qui en auraient complété la corruption, et leur auraient fait connaÎtre la putréfaction sépulcrale. Enfin la fille du chef de la synagogue, ressuscitée dans la maison, est le type de cette mort que nous pouvons éprouver dans notre pensée, quand nous la laissons infecter de plans coupables, et injurieux à l’esprit de vérité, qui ne veut pas que nous adoptions d’autres plans que les siens, qui a daigné choisir la pensée de l’homme pour être le chef de la synagogue universelle, et qui désire sans cesse que cette pensée de l’homme, et tous les enfants qui peuvent émaner d’elle, répandent partout la vie qui les anime. Nouvel Homme 44

La racine de ces sources sacramentelles se trouvant donc la pierre fondamentale de notre temple, nous portons en nous-mêmes le témoignage et le caractère vivant qui doit nous faire respecter des nations ; et le nouvel homme peut dire à l’imitation du Réparateur : « Comme le père a la vie en lui-même, il né aussi au fils d’avoir la vie en lui-même, et il lui a donné la puissance d’exercer le jugement parce qu’il est fils de homme… » Aussi il peut dire comme le Réparateur: « Je ne reçois point le témoignage d’un homme… j’ai un témoignage plus grand que celui de Jean… et mon père qui m’a envoyé a rendu lui-même témoignage de moi. » Nouvel Homme 46

Le nouvel homme peut, dis-je, tenir ce langage, parce que quand il a découvert en lui la pierre fondamentale du temple, il a reconnu également qu’elle n’était que le fruit, l’extrait, le produit et le témoin de l’unité même, et que si cette pierre fondamentale était le témoin de l’unité, l’unité à son tour était le témoin de cette pierre fondamentale, puisque le fils est le témoin du père, comme le père est le témoin du fils. Nouvel Homme 46

Il place la constance à l’orient, il place la purification à l’occident, il place la confiance au nord, il place la sainte audace au midi, et ainsi il marche à son oeuvre, toujours au milieu des vertus ; il ne se laisse pas même affaiblir par la tendresse de ses frères qui veulent le retenir, et l’empêcher d’aller à Jérusalem où il doit souffrir, et être mis à mort ; il ne connaît que les choses du ciel, et se « plaint vivement à ses frères de ce qu’ils ne renoncent pas à eux-mêmes pour le suivre, et de ce qu’ils n’ont de goût que pour les choses de la terre. Et que servirait à un homme de gagner tout le monde, et de se perdre soi-même ? Par quel échange se pourrait-il racheter, lorsque le fils de l’homme viendra dans la gloire de son père, avec ses anges, pour rendre à chacun selon ses oeuvres ? » Nouvel Homme 47

48. L’homme de Dieu est obligé de se diminuer sans cesse, et de se proportionner, comme Élie, à la petitesse du fils de la veuve de Sarepta pour le ressusciter. C’est là ce qui rend son ministère si laborieux ; il faut que cet homme de Dieu soit toujours en contradiction, pour approprier les vertus divines à notre demeure impure, et souillée. Car l’homme de Dieu est établi pour être perpétuellement l’organe de ces vertus, soit dans la prière, soit dans l’instruction, soit dans les oeuvres. Nouvel Homme 48

Aussi il disait dans sa douleur : « Pourquoi les nations se sont-elles soulevées avec un grand bruit, et les peuples ont-ils formé de vains desseins ? Les rois de la terre se sont opposés, et les princes se sont assemblés contre le Seigneur, et contre son Christ. Rompons, disent-ils, leurs liens, et rejetons loin de nous leur joug. Celui qui demeure dans les cieux se rira d’eux, et le Seigneur s’en moquera. Il leur parlera dans sa colère, et les remplira de troubles, et de fureur. Mais pour moi, j’ai été établi roi par lui sur Sion, sa sainte montagne, afin que j’annonce ses préceptes. Le Seigneur m’a dit : Vous êtes mon fils, je vous ai engendré aujourd’hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour votre héritage, et j’étendrai vos possessions jusqu’aux extrémités de la terre. Vous les gouvernerez avec une verge de fer, et les briserez comme le vaisseau du potier. Et vous maintenant, ô rois, ouvrez votre coeur à l’intelligence : recevez les instructions, vous qui jugez la terre. » Nouvel Homme 50

Mais l’homme intérieur ainsi accompagné visiblement de la droite, et de la gauche de Dieu entend encore, au-dessus de lui, la Voix divine qui prononce ces paroles consolantes : C’est mon fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis toute mon affection. Ecoutez-le ; de façon que, se trouvant placé entre le ternaire divin et supérieur dont il émane, et dont il est fils et le ternaire spirituel de ses propres facultés, ou de ses trois disciples, il découvre en lui-même le tableau universel de toutes les régions, des lois d’action, et de réaction qui ont agi pour l’émanation de l’homme et qui agissent journellement pour sa sanctification, et pour sa glorification. Et voilà les trésors qui se dévoilent aux yeux du nouvel homme. Nouvel Homme 51

Il leur fera le commandement de ne parler de cette vision à personne, jusqu’à ce qu’il soit ressuscité d’entre les morts ; car si leur vue avait eu tant de peine à en soutenir l’éclat, eux qui y avaient été préparés, comment des oreilles impures et grossières en auraient-elles soutenu le récit ? Il suffit, d’après cette transfiguration, que les disciples du nouvel homme le regardent comme étant le fils de la Divinité, et qu’ils s’attachent à son service avec autant de zèle que s’ils étaient en présence un Dieu. Instruction que le nouvel homme ne peut trop graver en eux pour les maintenir dans la vigilance, et pour que, travaillant de concert avec lui, ils emploient continuellement tous leurs efforts à conserver la mesure, l’ordre, l’activité, et l’amour dans toutes leurs oeuvres, et dans tous leurs mouvements, afin que lui avec eux, et eux avec lui, manifestent de plus en plus, dans une représentation toujours plus parfaite cette unité suprême, dont le nouvel homme, et ses trois facultés sont l’image. Nouvel Homme 51

Le fils d’Isaïe était le type de ce sabbat, non seulement parce qu’il était le dernier des huit enfants de son père, mais encore parce qu’il prit cinq pierres avec sa fronde, et qu’il attaqua et vainquit le géant. Il ne voulait point se servir des armes étrangères, elles embarrassaient sa marche et ses mouvements qui devaient être libres comme ceux de l’esprit et de la sainteté. Nouvel Homme 53

Malheureux mortel, n’oublie donc plus que la Divinité doit passer en toi tout entière ; avant ton crime, elle n’y aurait passé qu’avec gloire, au lieu qu’aujourd’hui elle n’y peut passer qu’avec humiliation. Apprends à reconnaître au moins, par là, la grandeur de ton origine et de tes droits ; apprends à reconnaître ce que tu vaux, en considérant que le Dieu s’est rendu ton fils, afin de devenir ton père une seconde fois. Apprends à reconnaître la dignité et la sainteté de tes alliances, et si tu n’es pas assez plein de respect pour toi-même, pour ne point t’égarer sentiers de la justice, rentres-y promptement par l’honneur, et par vénération pour ceux à qui tu appartiens. Nouvel Homme 54

C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55

Ce nouvel homme a aussi le pouvoir d’expliquer le nom du Réparateur puisqu’il ne peut expliquer le nom du père sans expliquer le nom du fils ; aussi en ouvrant ce nom il versera les consolations dans tout son être et dans sa propre terre, comme ce nom a versé les consolations dans la terre universelle. Nouvel Homme 55

56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56

Nouvel homme, nouvel homme, viens dissiper ces sombres nuages ; nous t’avons vu tout à l’heure expliquer le nom du père, expliquer le nom du fils, expliquer le nom de l’esprit, c’est-à-dire, développer activement toutes les merveilles renfermées dans ces riches trésors. Pour quelle raison nous as-tu expliqué ou développé tous ces trésors ? C’est que ces trésors se sont eux-mêmes expliqués ou développés sur toi, c’est qu’ils ont fait briller sur ta tête le signe éclatant de leur lumière, et qu’ils ont embrasé de leur feu tout ton être ; c’est qu’ils ont expliqué et développé le germe sacré qui te constitue, et qu’ils ont rendu la voix à cette pierre fondamentale qui est en toi, et sur laquelle l’éternel Dieu des êtres a promis de fonder son église ; c’est qu’ils ont rendu la voix à tout ce qui te compose, afin que tout ce qui te compose pût célébrer la gloire du Seigneur, à l’image de la créature universelle qui dans chacun de ses mouvements, à chacun des actes de son existence, manifeste la puissance et la glorieuse domination de l’éternel souverain des êtres. Nouvel Homme 56

N’oublions plus que telle est la tâche de la postérité humaine, et que c’est pour cela que le nouvel homme s’appelle aussi fils de Dieu. Car, il a fallu pour qu’il devînt un nouvel homme que les puissances suprêmes se rassemblassent, se concentrassent dans leur force et dans leur unité, et qu’elles se résolussent à prononcer hautement leur nom sur lui. Nouvel Homme 56

57. Le moment s’avance où le salut des nations va faire son entrée dans Jérusalem. Déjà il est à Jéricho où le publicain Zachée va, pour remédier à sa petitesse, s’élever sur un sycomore afin de pouvoir contempler celui dont il attend tout ; déjà l’esprit du nouvel homme a pénétré tous les publicains qui sont en lui, ils ne se bornent point à une foi inactive et morte, mais ils descendent promptement de dessus leur arbre, et reçoivent avec joie ce nouvel homme qui leur demande à loger chez eux ; leur foi fait éclater en eux d’autres vertus, et ils disent au nouvel homme : Nous allons donner la moitié de notre bien aux pauvres, et si nous avons fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, nous lui en rendrons quatre fois autant. C’est ce qui leur mérite de la part du nouvel homme ces douces paroles : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi d’Abraham ; car le fils de l’homme est venu pour chercher, et pour sauver ce qui était perdu. Puis s’entretenant avec eux, le nouvel homme leur rapporte la parabole des dix talents, et leur en enseigne le vrai sens. Nouvel Homme 57

Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58

« Ne prenez pas même pour les signes infaillibles de votre régénération les choses étonnantes, et les grands prodiges que vous pourrez opérer ; car il peut s’élever en vous de faux christs, et de faux prophètes qui en opèrent de semblables, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus mêmes. Ne vous rendez donc point à toutes les voix qui vous diront intérieurement : « Je suis le Christ ; car comme un éclair qui sort de l’orient, paraît jusqu’à l’occident, ainsi sera dans votre être l’avènement du fils de l’homme. » Chassez seulement de vous avec le plus grand soin tous les corps morts, car partout où le corps mort se trouvera, les aigles s’y assembleront. » Nouvel Homme 59

« Quand est-ce que le signe du fils de l’homme paraîtra dans votre ciel particulier ? Quand viendra-t-il en vous avec une grande puissance, et une grande majesté ? Quand enverra-t-il ses anges faire entendre la voix éclatante de leur trompette dans toutes vos régions, et rassembler ses élus des quatre coins de votre propre monde, depuis une extrémité de votre ciel jusqu’à l’autre ? C’est quand votre soleil d’apparence sera rentré dans son obscurité, c’est quand votre lune ne donnera plus sa lumière, c’est quand les étoiles de votre faible firmament tomberont, c’est quand les vertus de vos cieux individuels seront ébranlées ; et que tous les peuples de votre terre de douleur déploreront leur misère, qu’ils s’enfonceront dans les fentes des montagnes, et qu’ils diront à l’univers : couvrez-nous, et dérobez-nous à la colère et à la vengeance du Seigneur. » Nouvel Homme 59

« Il n’y a personne qui puisse vous apprendre quand est-ce que ce jour et cette heure arriveront ; car il est écrit que nul autre que notre père ne sait ce jour et cette heure, et que les anges mêmes du ciel ne les savent point. Mais il vous est donné d’en connaître les signes, et de savoir que le fils de l’homme sera près de vous et qu’il sera à votre porte lorsque ces signes se seront manifestés en vous ; comme vous jugez que l’été est proche quand les branches du figuier sont déjà tendres, et qu’il pousse ses feuilles. » Nouvel Homme 59

« Aussi que fera le fils de l’homme lorsqu’il viendra dans sa majesté accompagné de tous ses saints anges, qu’il s’assoira sur le trône de sa gloire, et que toutes les nations de la terre seront assemblées devant lui ? Il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs. Il mettra les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche, et il dira à ceux qui seront à sa droite : venez, vous qui êtes bénis par mon père, possédez comme votre héritage le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde… Car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’ai eu besoin de logement, et vous m’avez logé ; j’ai été sans habit, et vous m’avez revêtu ; j’ai été malade et vous m’avez visité ; j’ai été en prison, et vous m’êtes venu me voir. Alors les justes lui diront : Quand est-ce que nous vous avons fait toutes ces choses ? Et le roi leur répondra : Je vous dis, en vérité, qu’autant de fois que vous avez rendu ces devoirs de charité aux moindres de mes frères, c’est à moi-même que vous les avez rendus. Parce que ces petits enfants ne font qu’un avec moi par leurs souffrances. » Nouvel Homme 59

Le nouvel homme n’ignore pas cette trahison qui se trame contre lui, puisqu’il a dit d’avance aux siens : Vous savez que la Pâque se fait dans deux jours, et que le fils de l’homme sera livré pour être crucifié. Mais comme il sait aussi que le complément de sa régénération est attaché à ce sacrifice, comme il sait en outre que ce sacrifice doit rendre la vie aux habitants de son propre royaume, il dit à quelques-uns des siens : « Allez-nous apprêter ce qu’il faut pour la Pâque. Lorsque vous entrerez dans la ville, vous rencontrerez un homme portant une cruche d’eau, suivez-le dans la maison où il entrera, et dites au maître de cette maison que le maître vous envoie dire : Où est le lieu où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? Et il vous montrera une grande chambre haute toute meublée. Préparez-nous-y ce qu’il faut. » Nouvel Homme 60

Aussi à son imitation, l’esprit qui vient s’immoler en nous pour nous régénérer, ne craint point de « mettre la main au plat avec celui même qui le trahit, et qui soit le livrer au prince des prêtres ; » parce que cet esprit « qui vient s’immoler en nous, s’en va, selon ce qui a été écrit de lui… Mais malheur à celui par qui ce fils de l’homme est trahi ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne fût jamais venu au monde… Mais pour vous, je vous prépare le royaume comme mon père me l’a préparé. » Nouvel Homme 60

Aussi l’oeuvre étant déjà commencée pour lui, puisque le traître ayant reçu son morceau était déjà sorti, il annonce que maintenant le fils de l’homme est glorifié, et que Dieu est glorifié en lui ; et c’est alors qu’il leur donne les principales instructions relatives à l’oeuvre qu’il va consommer, et qu’ils doivent partager avec lui : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns et les autres, afin que vous vous entr’aimiez comme je vous ai aimés. C’est en cela que tous connaîtrons que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Afin qu’ils comprissent que l’oeuvre de ce maître était l’oeuvre de l’amour, et qu’ils ne pouvaient jamais être image et ressemblance de leur principe, qu’autant qu’ils se rendraient par leurs oeuvres, et par leur sacrifice, l’image et la ressemblance de cet amour. Nouvel Homme 60

Vous savez bien où je vais, et vous en savez la voie. Je suis la voie, la vérité, et la vie. Nul ne vient au père que par moi. Parce que nous avons vu que s’il ne naissait pas un fils en nous, jamais notre être ne serait ni connu, ni manifesté ; et tous les êtres de désir qui s’élèvent en nous, n’atteindraient jamais jusqu’à notre être fondamental et constitutif, sans l’intermède de ce fils qui doit naître en nous, si nous voulons que l’harmonie universelle s’y rétablisse. Nouvel Homme 61

« Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est en moi ? Ce que je vous dis, je ne vous le dis pas de moi-même, mais mon père qui demeure en moi, fait lui-même les oeuvres que je fais. Ne croyez-vous pas que je suis dans mon père, et que mon père est dans moi ? Croyez-le au moins à cause des oeuvres que je fais. » Comment ne croirions-nous pas à notre être essentiel, et fondamental, si nous lui voyons naître un fils en nous ? En même temps ce fils peut-il offrir de réels témoignages de son père, s’il n’est pas continuellement dans ce père, et si son père n’est pas continuellement en lui ? Observation qui aurait pu agir sur ceux qui doutent de la divinité du Réparateur, et qui dans le vrai, ne doutent tant de la divinité de ce Réparateur, que parce qu’ils ne doutent pas assez de la divinité de la matière, et parce qu’ils n’ont pas eu soin de travailler à faire naître un fils en eux, puisque si l’homme ne renaît de nouveau, il ne peut entrer dans le royaume des cieux. Nouvel Homme 61

Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61

« Je ne vous laisserai point orphelin, je viendrai à vous. Encore un peu de temps, et le monde ne me verra plus. Mais pour vous, vous me verrez parce que je vis, et que vous vivrez aussi. En ce jour-là, vous connaîtrez que je suis en mon père, et vous en moi, et moi en vous. » L’âme de l’homme nourrit son propre fils. Car comme le père a la vie en lui-même, il a donné aussi au fils d’avoir la vie en lui-même. Aussi ce consolateur ne doit laisser en nous aucun orphelin, parce qu’il a la vie en lui, et qu’il peut la communiquer à tous les siens ; aussi tout ce qui est en nous peut voir ce consolateur puisqu’il vit, et qu’il donne à tout ce qui est en nous le pouvoir de vivre comme lui. C’est alors que tout ce qui est en nous reconnaît que le consolateur est dans son père, que tout ce qui est en nous est dans ce consolateur, et que ce consolateur est dans tout ce qui est en nous. Nouvel Homme 61

Celui qui a reçu mes commandements, et qui les garde, est celui qui m’aime. Celui qui m’aime sera aimé de mon père ; et je l’aimerai aussi, et je me découvrirai à lui. Tout ce qui en nous est fidèle à la voix de notre consolateur particulier, et observe ses commandements, aime ce consolateur, et sera aimé du père de ce consolateur, et ce consolateur l’aimera, et se découvrira à lui. Mais comme ce consolateur, ou le fils qui doit naître en nous, possède tout ce qui est dans son père, quelles merveilles ne doit-il pas communiquer à ceux à qui il veut bien se découvrir en nous, c’est-à-dire, à tous ceux qui l’aiment, et qui observent ses commandements ? Nouvel Homme 61

Le mot de conscience a sans doute de grands droits à nos hommages, et c’est le plus grand mot que la sagesse vulgaire puisse employer ; mais il est infiniment inférieur au nom de ce fils, et de ce consolateur spirituel qui peut naître en nous, et nous éclairer. Nouvel Homme 61

« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons en lui notre demeure. Celui qui ne m’aime point ne garde point mes paroles, et la parole que vous avez entendue n’est point ma parole, mais celle de mon père qui m’a envoyé. » Non seulement ce consolateur ou ce fils spirituel qui doit naître en nous se découvre à tout ce qui l’aime en nous, non seulement il communique à ce qui l’aime en nous, et qui observe ses commandements, tout ce qu’il reçoit de son père ; mais il fait que le père aime lui-même en nous tout ce qui aime ce consolateur, et qu’ils viennent ensemble en nous, et qu’ils y font leur demeure. Car la parole de ce consolateur, ou de ce fils qui doit naître en nous n’étant point sa parole, mais la parole de son père, il ne peut se montrer nous, que son père ne s’y montre, et n’y naisse avec lui. Nouvel Homme 61

62. Je suis la vraie vigne, et mon père est le vigneron. Il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il taillera toutes celles qui portent du fruit, afin qu’elles en portent davantage. Ce que le Réparateur opère sur toute la famille humaine, l’esprit l’opère sur notre fils spirituel pour lui procurer une saine et robuste constitution, et pour lui faire produire des fruits nombreux ; et à son tour ce fils spirituel le doit opérer en nous sur tout notre être. Car ce fils spirituel est notre vraie vigne dont nos facultés sont les branches, comme tout notre être est une branche de la vigne universelle ou de l’éternel Réparateur. Nouvel Homme 62

« Comme la branche de la vigne ne peut point porter de fruit par elle-même, mais qu’il faut qu’elle demeure attachée au cep ; ainsi vous n’en pouvez point porter si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep de la vigne, et vous en êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » C’est une chose douce et consolante de sentir véritablement que c’est de notre adhérence à l’esprit et à la parole que dépend notre fructification ; de sentir qu’il doit se former en nous un mariage réel de la parole avec notre être divin, et que c’est de là que résulte ce fils spirituel, et ce nouvel homme qui nous fait revoir les belles campagnes de la terre promise. Nouvel Homme 62

Nous ne pouvons sentir cette délicieuse et active vérité sans reconnaître la certitude de ces paroles : « Vous ne pouvez rien faire sans moi… celui qui ne demeure pas en moi sera jeté dehors comme un sarment inutile. Il sèchera, il sera ramassé et jeté au feu, et il brûlera. » Voulez-vous éviter cet effroyable danger ? Evitez que tout votre être ne passe ses jours dans la stérilité, et dans la sécheresse. Voulez-vous, dis-je, éviter ce danger ? Placez devant vous le nom du Seigneur ; que cet autel soit toujours dressé, et toujours prêt à recevoir vos offrandes. Ne prenez pas une résolution, n’accordez pas un mouvement à votre être sans venir auparavant le présenter au temple, comme la loi des Hébreux l’ordonnait pour les prémices de toutes les productions de la terre ; ayez sans cesse l’encensoir à la main pour honorer celui de qui vous tenez ce fils de l’homme, ce premier-né en vous qui devient votre guide pendant vos pénibles voyages, et qui doit vous apprendre à célébrer ce nom du Seigneur, dans vos triomphes, dans vos besoins, dans vos consolations, dans vos détresses, puisque sans lui toutes les branches de votre arbre spirituel demeureraient dans la sécheresse et seraient condamnées au feu, et que sans lui vous seriez sans activité, sans pénitence, sans courage, sans humilité, sans amour, sans confiance ; puisqu’enfin sans lui, tout en vous serait sans parole. Nouvel Homme 62

« Si vous gardez mes commandements vous demeurerez dans mon amour; comme j’ai gardé aussi les commandements de mon père, et que je demeure dans son amour. » Telle est en effet la véritable demeure du nouvel homme, parce qu’il ne peut habiter qu’avec son père, puisque c’est de lui qu’il reçoit continuellement la vie, et c’est une semblable demeure que le nouvel, homme ou notre fils spirituel nous promet si nous demeurons dans son amour, comme il demeure dans l’amour de son père. Or demeurer dans l’amour du Seigneur, c’est n’en pas sortir, c’est ne pas aller ailleurs, c’est ne pas même bouger de la place ; et si cet amour du Seigneur pouvait demeurer en nous avec la même constance, notre félicité ne serait-elle pas dès lors imperturbable ? Oh combien sont grands et puissants ceux qui sont calmes, fixes, et paisibles comme l’est la vie de l’unité et dans l’unité? Nouvel Homme 62

« Si je n’étais point venu, et que je ne leur eusse point parlé, ils n’auraient point de péché, mais maintenant ils n’ont point d’excuse de leur péché. Celui qui me hait, hait aussi mon père. » Voir le fils et ne pas reconnaître le père, c’est manquer à la fois, et d’intelligence et de volonté. C’est manquer d’intelligence, parce que qui voit le fils, voit le père ; puisqu’il en est de cette manifestation comme de celle de notre parole, dans laquelle ceux à qui nous la manifestons peuvent voir notre pensée qui est le père ; c’est manquer de volonté, puisque cette parole qui Nouvel Homme 62

C’est pour cela que le Réparateur ajoute : « Si je n’avais point fait parmi eux des oeuvres que nul autre n’a faites, ils n’auraient point de péché ; mais maintenant ils les ont vues, et ils ont haï et moi, et mon père. » Puisque si celui qui voit le fils, voit le père, si celui qui aime le fils, aime le père, il est impossible par la même raison de haïr le fils sans haïr le père, attendu que le père est dans le fils, comme le fils est dans le père. Nouvel Homme 62

« Mais quand le consolateur que je vous enverrai de la part de mon père sera venu, comme l’esprit de vérité qui procède du père, il rendra témoignage de moi. » Malheureusement ceux qui n’auront pas vu le père dans le fils, pourront n’y pas voir l’esprit davantage, et c’est alors que leur faute sera tellement constatée et confirmée, qu’ils seront sans aucune excuse, et que pour eux la justice, au lieu de se convertir en miséricorde et en amour, se convertira en jugement (Ps. 93:15). Nouvel Homme 62

Mais pour vous, vous en rendez aussi témoignage, parce que vous êtes dès le commencement avec moi. Comment ceux qui auront vu le fils, et qui auront été avec lui dès le commencement ne lui rendraient-ils pas témoignage devant le consolateur, puisqu’ils peuvent même, ayant vu le fils, rendre également témoignage du père ? Et c’est un semblable témoignage que le nouvel homme attendra de tout ce qui est en lui, puisque sa pensée, sa parole, et son action seront intimement liées, et que rendre témoignage à l’une, c’est nécessairement rendre témoignage aux deux autres. Nouvel Homme 62

« C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est en moi, et il vous l’annoncera ; tout ce qu’a mon père est à moi, c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera. » Lorsque l’esprit prendra de ce qui est au fils, il prendra de ce qui est au père, puisque tout ce qui est au père, est au fils ; voilà pourquoi il glorifiera le fils, puisqu’il développera, et manifestera comme appartenant au fils, les merveilles dont le père est le dépositaire et la source. Voilà pourquoi la gloire du nouvel homme sera si grande quand toutes ses facultés auront été renouvelées par l’esprit, puisque cet esprit témoignera par là que le nouvel homme est lui-même rempli des merveilles du père, et que cette Divinité suprême a réellement passé en lui tout entière. Nouvel Homme 63

« Lorsqu’une femme enfante, elle est dans la tristesse parce que son heure est venue, mais après qu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de ses maux dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. » C’est cette joie que le nouvel homme seul peut connaître quand il sent qu’il est sorti de l’esclavage, et du lieu de ténèbres, et que l’esprit lui a donné la naissance ; il la sentira cette joie bien plus vivement encore lorsque cette naissance sera confirmée en lui par la présence du consolateur. Nouvel Homme 63

« Vous êtes donc maintenant, vous autres, dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Parce que l’homme que vous aurez mis au monde ne sera né ni de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté de l’esprit, et qu’ainsi cet homme sera nommé le fils de Dieu. Nouvel Homme 63

En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus de rien. Car comment pourriez-vous avoir besoin de m’interroger, puisque celui qui doit venir et vous enseigner toute vérité sera pour vous la continuelle expression du père, et du fils, et qu’il développera sans cesse à votre coeur et à votre esprit tous les trésors de la sagesse, et toutes les merveilles de l’unité. Nouvel Homme 63

« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63

Mon père, l’heure est venue, glorifiez votre fils, afin que votre fils vous glorifie, parce que la gloire, et l’intérêt de la louange de notre père, et notre maître doivent nous animer plus que notre propre gloire, et malheur à celui qui dans sa pensée, dans son amour, ou dans ses oeuvres, se compte lui-même un seul instant, puisque cet instant est perdu pour lui comme pour son maître ! Les temps antérieurs ont été sacrifiés à la consommation de notre vanité ; mais l’heure est venue où doivent se faire connaître à la fois la puissance du maître, la faiblesse de l’ennemi, la fidélité du serviteur. Nouvel Homme 64

« Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les conservais en votre nom. J’ai conservé ceux que vous m’avez donnés, et nul d’eux ne s’est perdu, mais celui-là seulement qui était enfant de perdition, afin que l’Ecriture soit accomplie. » La présence du nouvel homme, parmi les siens, est suffisante pour les préserver, aussi si l’homme veillait dans la sainteté sur son cercle, il ne perdrait aucun de ceux qui sont en lui, excepté le fils de perdition qui est également en nous, qui doit même assister à notre régénération, comme il a assisté à notre perte, mais qui ayant assisté avec triomphe à notre perte ne doit pouvoir assister qu’avec honte et confusion à notre délivrance, afin que la justice prononcée contre lui dès l’instant du crime, et promulguée par les Ecritures, soit exécutée dans notre sanctification, comme cela est arrivé à Iscariot qui assista bien à la cène célébrée par le Réparateur, et qui triompha en le livrant aux princes de la synagogue, mais pour qui le sacrifice glorieux de ce Réparateur, ne fût ensuite qu’une honte, et qu’un fléau de plus. Nouvel Homme 64

Tu reviendras jusqu’à trois fois vers les tiens, et les trouvant chaque fois endormis, comme s’endormirent jadis les trois facultés du premier coupable, tu leur diras : Voici l’heure qui proche, et le fils de l’homme va être livré entre les mains pêcheurs. Dès lors tu recevras le baiser de Juda ; baiser semblable à celui que le premier coupable reçut de l’ennemi dans les fausses promesses d’une grandeur illusoire dont il berça son espérance ; et tu tomberas comme ce premier homme coupable, de celui qui te trahit. Mais le premier homme ne tomba ainsi au pouvoir de ses ennemis que parce qu’il suspendit ses puissances ; et toi, nouvel homme, c’est pour retomber au pouvoir de Dieu que tu vas suspendre les tiennes afin, que tous les ressorts de l’expiation puissent être mis en mouvement. Nouvel Homme 65

Tant que le grand prêtre n’emploiera avec toi que la voix de ces faux témoignages, tu garderas le silence, non seulement parce que tu t’es dévoué, mais encore parce que tu sais que l’homme ayant lui-même faussé le témoignage qu’il devait rendre autrefois à la Divinité suprême, c’est une loi de la justice qu’il éprouve la peine du talion, et qu’il soit l’objet des faux témoignages. Mais quand le grand prêtre te commandera par le Dieu vivant, de lui dire si tu es le Christ fils de Dieu, tu montreras ton respect pour ce nom ineffable, et tu lui répondras que tu es l’oint du Seigneur pour opérer ta régénération particulière, comme le Réparateur est l’oint du Seigneur pour la régénération universelle. Tu ajouteras même pour lui faire connaître ta tranquillité au milieu de ses menaces, et ton espérance au milieu de tes tribulations, qu’un jour il verra le fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, qui viendra sur les nuées du ciel. Nouvel Homme 65

Toutes tes autres substances qui auront été témoins de ton sacrifice seront dans l’étonnement ; et à l’image de ce centenier, et de ceux qui étaient avec lui pour garder le corps du Réparateur, elles diront : Cet homme était vraiment le fils de Dieu. Car ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui se passera en toi, elles seront saisies d’une extrême crainte. Il n’y a pas une portion de toi-même qui ne doive éprouver cette extrême crainte à la vue des prodiges qui s’opéreront à ton supplice, et qui ne doive dire : Cet homme était vraiment le fils de Dieu, puisque lors de la prévarication, il n’y a pas eu une portion de toi-même qui n’ait été dans une orgueilleuse sécurité, et qui n’ait refusé alors de reconnaître Dieu pour ton père. Nouvel Homme 67

Le nouvel homme sachant donc que le monde ne le peut connaître, loin de se montrer au monde après sa résurrection, ne se montrera même d’abord que par les deux précurseurs qui l’ont assisté lors de sa glorification ; ils ne cesseront point de se joindre à son oeuvre, pendant et après sa résurrection, pour instruire l’âme simple et aimante qui sera dans la consternation, dans l’attente de sa venue, et qui, saisie de frayeur, tiendra les yeux baissés contre terre, « parce que ces deux précurseurs lui seront apparus tout d’un coup, avec des robes brillantes. » Ces précurseurs diront donc à cet ami : « Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité ; souvenez-vous de quelle manière il vous a parlé, lorsqu’il était encore en Galilée, et qu’il disait : Il faut que le fils de l’homme soit livré entre les mains des pécheurs, qu’il soit crucifié, et qu’il ressuscite le troisième jour. » Nouvel Homme 69

Mais ce nouvel homme, ce fils de l’esprit, et de la sagesse éternelle, ce fils divin que l’âme humaine a le pouvoir d’engendrer, et par la naissance duquel elle doit se sauver, comme ses femmes qui, selon Paul à Timothée, se sauveront par les enfants qu’elles mettront au monde, ce nouvel homme, dis-je, sera bien plus empressé de régner sur l’âme humaine par son amour, que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Ame humaine, ne t’afflige point si le nouvel homme te presse ainsi de lui déclarer ton amour, il n’a d’autre but que de t’unir à lui par cet amour, comme il est uni par ce même amour, à l’esprit dont il est le fils ; il ne répète cette tendre, et touchante question, que parce que tu lui as donné lieu avant son sacrifice, de suspecter ton amour pour lui ; et il la répète trois fois, parce que trois fois tu l’as renié lorsque tu l’as vu livré aux mains de ses adversaires, et que tu as craint de partager avec lui les épreuves et les dangers. Nouvel Homme 69

Ce nouveau fils qui t’est né va poursuivre son cours. Il a descendu dans les abîmes, il s’est remontré dans ton être apparent ; à présent le moment est venu où il va remonter vers son père pour envoyer sur toi le don qui t’a été promis, et au moyen duquel tu pourras instruire tous les peuples qui sont en toi, et les baptiser au nom du Père, et du fils, et du Saint-Esprit, et leur apprendre à observer toutes les choses qui t’ont été commandées. C’est pourquoi, tu ne sortiras point de ta propre Jérusalem que tu ne sois revêtue de la force d’en haut, et que le consolateur ne soit venu te remplir de la force divine, comme tu l’as pu être de la force spirituelle par toutes les opérations précédentes, afin que tu sois sûre que ce fils qui t’est né, et qui s’est immolé pour toi, sera toujours avec toi jusqu’à la consommation des siècles. Nouvel Homme 70

« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71