Le lecteur y trouvera que la nature physique et élémentaire actuelle n’est qu’un résidu et une altération d’une nature antérieure, que l’auteur appelle l’éternelle nature ; que cette nature actuelle formait autrefois dans toute sa circonscription, l’empire et le trône d’un des princes angéliques, nommé Lucifer ; que ce prince ne voulant régner que par le pouvoir du feu et de la colère, et mettre de côté le règne de l’amour et de la lumière divine, qui aurait dû être son seul flambeau, enflamma toute la circonscription de son empire ; que la sagesse divine opposa à cet incendie une puissance tempérante et réfrigérante qui contient cet incendie sans l’éteindre, ce qui fait le mélange du bien et du mal que l’on remarque aujourd’hui dans la nature ; que l’homme formé à la fois du principe de feu, du principe de la lumière, et du principe quintessentiel de la nature physique ou élémentaire, fut placé dans ce monde pour contenir le roi coupable et détrôné ; que cet homme, quoiqu’il eût en soi le principe quintessentiel de la nature élémentaire, devait le tenir comme absorbé dans l’élément pur qui composait alors sa forme corporelle ; mais que se laissant plus attirer par le principe temporel de la nature que par les deux autres principes, il en a été dominé, au point de tomber dans le sommeil, comme ledit Moïse ; que se trouvant bientôt surmonté par la région matérielle de ce monde, il a laissé, au contraire, son élément pur s’engloutir et s’absorber dans la forme grossière qui nous enveloppe aujourd’hui ; que par là il est devenu le sujet et la victime de son ennemi ; que l’amour divin qui se contemple éternellement dans le miroir de sa sagesse, appelée par l’auteur, la vierge SOPHIE, a aperçu dans ce miroir, dans qui toutes les formes sont renfermées, le modèle et la forme spirituelle de l’homme ; qu’il s’est revêtu de cette forme spirituelle, et ensuite de la forme élémentaire elle-même, afin de présenter à l’homme, l’image de ce qu’il était devenu et le modèle de ce qu’il aurait dû être ; que l’objet actuel de l’homme sur la terre est de recouvrer au physique et au moral sa ressemblance avec son modèle primitif ; que le plus grand obstacle qu’il y rencontre est la puissance astrale et élémentaire qui engendre et constitue le monde, et pour laquelle l’homme n’était point fait ; que l’engendrement actuel de l’homme est un signe parlant de cette vérité, par les douleurs que dans leur grossesse les femmes éprouvent dans tous leurs membres, à mesure que le fruit se forme en elles, et y attire toutes ces substances astrales et grossières ; que les deux teintures, l’une ignée et l’autre aquatique, qui devaient être réunies dans l’homme et s’identifier avec la sagesse ou la SOPHIE, (mais qui maintenant sont divisées), se recherchent mutuellement avec ardeur, espérant trouver l’une dans l’autre cette SOPHIE qui leur manque, mais ne rencontrent que l’astral qui les oppresse et les contrarie ; que nous sommes libres de rendre par nos efforts à notre être spirituel, notre première image divine, comme de lui laisser prendre des images inférieures désordonnées et irrégulières, et que ce sont ces diverses images qui feront notre manière d’être, c’est-à-dire, notre gloire ou notre honte dans l’état à venir, etc. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais si, sans avoir percé dans toutes les profondeurs qu’il peut offrir à ton intelligence, tu n’es pas au moins affermi sur les principaux points que j’ai fait passer en revue devant tes yeux ; si tu doutes encore de la sublime nature de ton être, quoiqu’au simple examen que tu en voudras faire, tu puisses en apercevoir en toi des signes si tranchants ; si tu n’es pas également convaincu de ta dégradation écrite en lettres de feu dans les inquiétudes de ton coeur, aussi bien que dans les ténébreux délires de ta pensée ; si tu ne sens pas que ton oeuvre absolue et exclusive, est de consacrer tous tes moments à la réhabilitation de ton être dans la jouissance active de tous ces antiques domaines de la vérité qui devraient t’appartenir par droit d’héritage, ne va pas plus loin, mon écrit n’a point pour objet d’établir de nouveau toutes ces bases ; elles l’ont été précédemment avec solidité. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
C’est là où, par tes gémissements et tes souffrances, tu attires sur toi la substance du sacrifice, sur laquelle le feu du Seigneur ne peut manquer de descendre, et doit à la fois consumer la victime et vivifier le sacrificateur en le remplissant de puissants appuis, ou de continuelles virtualités pour poursuivre l’universalité de son oeuvre. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Car tous ces principes actifs de notre être sont tellement oppressés par le poids de l’univers, et tellement desséchés par le feu qui les brûle intérieurement, qu’ils attendent, dans l’ardeur de leur impatience, le seul rafraîchissement qui puisse leur rendre le mouvement et l’activité. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Par là il éviterait cet inconvénient si funeste et si fréquent dans nos ténèbres, par lequel nous étouffons de plus en plus cette faim divine en nous, par nos aliments, tandis que nos aliments ne seraient censés devoir nous servir qu’à renouveler nos forces corporelles, pour chercher ensuite plus ardemment cette faim divine, et pour en supporter le feu lorsqu’elle viendrait à s’allumer en nous dans toute sa vigueur, et à tellement nous substanter, que notre faim corporelle en devînt moins pressante à son tour. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais quoique la nature soit condamnée à l’ennui et au silence, observe cependant qu’elle parle plus haut le jour que la nuit ; vérité que la moindre expérience te confirmera, et ton intelligence t’en apprendra aisément la raison ; elle t’apprendra que le soleil est le verbe de la nature, que quand il la prive de sa présence, elle ne jouit plus de l’usage de ses facultés ; mais que quand il vient lui rapporter la vie par sa parole de feu, elle redouble ses efforts pour manifester tout ce qui est en elle. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Elle cherche dans vous le feu vivant qui s’exhale de cette parole, et qui veut apporter par vous un baume salutaire dans toutes ses plaies. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La troisième forme, il l’appelle l’angoisse, parce que la vie est comprimée par la violence des deux puissances antérieures ; mais, dans leur choc, l’astringence s’atténue, s’adoucit, et se tourne en eau, pour livrer le passage au feu qui était renfermé dans l’astringence. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La quatrième forme, il l’appelle le feu, parce que du choc et de la fermentation des trois premières formes, il s’élève au travers de l’eau comme un éclair qu’il nomme éclair igné, chaleur, etc. : ce qui s’accorde avec ce qui se passe sous nos yeux, lorsque le feu s’élance en éclairs au travers de l’eau de nos nuées orageuses. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La cinquième forme, il l’appelle la lumière, parce que la lumière ne vient qu’après le feu, comme nous l’observons dans nos foyers, dans la pyrotechnie, et dans d’autres faits physiques. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
La sixième forme, il l’appelle le son, parce qu’en effet le son vient après la lumière, comme nous le voyons lorsqu’on tire une arme à feu, ou, si l’on veut, comme nous sommes censés ne parler qu’après avoir pensé. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Il le regarde comme étant la seule lumière naturelle de ce monde, et prétend que, hors ce soleil, il n’y a plus aucune véritable lumière dans la maison de la mort ; et que, quoique les étoiles soient encore les secrets dépositaires d’une partie des propriétés de la nature primitive et supérieure, et quoiqu’elles luisent à nos yeux, cependant elles sont fortement enchaînées dans le bouillonnement âpre du feu, qui est la quatrième forme de la nature ; aussi elles portent tout leur désir vers le soleil, et prennent de lui tout leur éclat. (Il ne connaissait point alors l’opinion reçue, qui fait de toutes les étoiles autant de soleils ; opinion toutefois qui n’étant point susceptible d’être soumise à un calcul rigoureux, laisse la carrière libre à d’autres opinions). PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Il prétend que par ce moyen la chaleur fut captivée, et que son foyer, qui est le lieu du soleil, fut changé en une convenable douceur, et ne se trouva plus dans l’horrible angoisse ; qu’en effet, la chaleur étant embrasée par la lumière, déposa sa terrible source de feu, et n’eut plus le pouvoir de s’enflammer davantage ; que l’éruption de la lumière, au travers de la barrière de séparation, ne s’étendit pas plus loin dans ce lieu, et que c’est pour cela que le soleil n’est pas devenu plus grand, quoique après cette première opération, la lumière ait eu d’autres fonctions à remplir, comme on le verra ci-dessous. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Le point central, ou le coeur de cette masse terrestre conglomérée, appartenait primitivement au centre solaire. Mais maintenant cela n’est plus. La Terre est devenue un centre particulier. Elle tourne, en vingt-quatre heures sur elle-même, et en un an autour du soleil dont elle reçoit la vivification, et dont elle recherche la virtualité. C’est le feu du soleil qui la fait tourner. Lorsque à la fin de son cours elle aura recouvré sa plénitude, elle réappartiendra de nouveau au centre solaire. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
MARS. Mais si la lumière contint le feu dans le lieu du soleil, cependant le choc et l’opposition de cette lumière occasionna aussi dans ce même lieu une terrible éruption ignée, par laquelle il s’élança du soleil comme un éclair orageux et effrayant, et ayant avec soi la fureur du feu. Lorsque la puissance de la lumière passa de l’éternelle source de l’eau supérieure au travers de l’enceinte de séparation dans le lieu du soleil, et enflamma l’eau inférieure, alors l’éclair s’élança hors de l’eau avec une violence effrayante : c’est de là que l’eau inférieure est devenue corrosive. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Mais cet éclair de feu n’a pu s’élancer que jusqu’à la distance où la lumière qui se portait aussi après lui et le poursuivait, a eu le pouvoir de l’atteindre. C’est à cette distance-là qu’il a été emprisonné par la lumière. C’est là qu’il s’est arrêté, et il a pris possession de ce lieu ; et c’est cet éclair de feu qui forme ce que nous appelons la planète de Mars. Sa qualité particulière n’est autre chose que l’explosion d’un feu vénéneux et amer qui s’est élancé du soleil. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
JUPITER. Lorsque l’âpre éclair de feu fut emprisonné par la lumière, cette lumière, par son propre pouvoir, pénétra encore plus avant dans l’espace, et elle atteignit jusqu’au siège rigide et froid de la nature. Alors la virtualité de cette lumière ne put pas s’étendre plus loin, et elle prit ce même lieu pour sa demeure. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Or, la puissance qui procédait de la lumière, était bien plus grande que celle de l’éclair de feu ; c’est pour cela aussi qu’elle s’éleva bien plus haut que l’éclair de feu, et qu’elle pénétra jusqu’au fond dans la rigidité de la nature. Alors elle devint impuissante, son coeur étant comme congelé par la rigidité âpre, dure et froide de la nature. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
(Uranus ou Herschell, qui n’était pas connu du temps de l’auteur, et qui est encore plus enfoncé dans l’espace de la rigidité et du froid que Saturne, aura pu avoir, suivant la doctrine qu’on vient de voir, la même origine que cette planète. Quant aux deux nouvelles planètes, Cérès et Pallas qui sont entre Mars et Jupiter, elles peuvent tenir plus ou moins de la cause originelle de leurs deux voisins, c’est-à-dire, de la lumière et du feu). PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
De là sont provenus la douceur et l’amour dans les sources de la vie. Car lorsque la lumière du Soleil eut imprégné le corps entier du Soleil, la puissance de la vie qui s’éleva de la première imprégnation, monta au-dessus de soi comme quand on allume du bois, ou bien lorsqu’on fait jaillir du feu d’une pierre. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
On voit d’abord de la lueur, et de la lueur sort l’explosion du feu ; après l’explosion du feu vient la puissance du corps enflammé ; la lumière, avec cette puissance du corps enflammé s’élève à l’instant au-dessus de l’explosion, et règne beaucoup plus hautement et plus puissamment que l’explosion du feu ; et c’est ainsi qu’il faut concevoir l’existence du Soleil et des deux planètes Mars et Jupiter. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Alors la puissance de la lumière, qui dans le lieu du Soleil avait rendu souples et expansives comme de l’eau, les qualités ou formes astringentes et amères, descendit au-dessous de soi comme ayant un caractère opposé à ce qui s’élève dans la fureur du feu. C’est de là qu’est provenue la planète Vénus, car c’est elle qui dans la maison de la mort introduit la douceur, allume l’onctuosité de l’eau, pénètre suavement dans la dureté, et enflamme l’amour. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Ce Mercure, qui est le séparateur dans tout ce qui a vie ; qui est le principal ouvrier dans la roue planétaire ; qui enfin est comme la parole de la nature, ne pouvait dans l’enflamement prendre un siège éloigné du Soleil qui est le foyer, le centre et comme le coeur de cette nature, parce qu’étant né dans le feu, ses propriétés fondamentales s’y opposaient et le retenaient auprès de ce Soleil, d’où il exerce ses pouvoirs sur tout ce qui existe dans ce monde. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
D’ailleurs le système exposé ci-dessus, s’il était réel, pourrait nous aider à concevoir l’origine de ces comètes et leur destination. Car l’auteur nous fait assez entendre que la puissance de la lumière a joué un grand rôle dans la formation de notre système planétaire, comme la puissance du feu en a joué un principal dans la formation des étoiles que l’auteur regarde comme étant dans le bouillonnement âpre du feu. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Or, l’harmonie ne pouvant exister que dans l’union de la puissance du feu et de celle de la lumière, les comètes auraient pu être originairement composées de l’une et de l’autre, mais en degrés divers, comme on pourrait le présumer à la grande variété de leurs apparences et de leurs couleurs. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature
Au contraire, en se préservant de toute iniquité, l’homme met son huile sainte à même de se développer. Or, quand l’huile sainte qui est en nous se développe, elle s’approche du feu, et en s’approchant du feu, elle ne peut manquer de s’enflammer. Dès lors toutes nos voies sont éclairées, et l’hypocrisie n’a plus de place. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Malheureusement il n’est que trop vrai que l’homme peut, par des actes mal dirigés, et en s’ouvrant à de fausses contemplations, allumer en lui un feu qui soit à la fois préjudiciable et à lui-même et à toutes les régions où il doit exercer son ministère ; car tout est puissance, et c’est la force respective de ces diverses puissances qui fait le danger, la souffrance, et l’épouvantable résistance de tous les êtres qui se combattent ici-bas. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Ce n’est qu’à mesure qu’il se délivre de cet enfer passif que les trésors du contrat divin pénètrent en lui, et sortent de lui pour aller vivifier les autres hommes, soit vivants, soit morts. C’est par là que l’homme devient non seulement l’organe, mais encore en quelque sorte l’objet de l’admiration en manifestant ces inépuisables merveilles dont son coeur peut se remplir et se gonfler ; qui peuvent en effet sortir de lui, et qui nous sont représentés par ces brillants prodiges que la lumière nous fait découvrir à mesure qu’elle s’élance hors de sa source de feu. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Car l’idolâtrie du feu vient de plus loin ; elle n’a pu s’engendrer qu’autant que, par une suite des droits primitifs de l’homme, quelques mortels auront connu sensiblement l’origine du feu (ce qui n’est pas seulement voir briller des éclairs, et tomber la foudre), parce que c’est une vérité fondamentale, que chaque chose doit faire sa propre révélation, comme il n’y a rien de ce qui s’opère dans l’universalité des êtres qui n’en soit la preuve. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Qu’on se rappelle la prévarication du premier homme, dont les suites ont été un changement absolu pour lui, et l’ont fait passer de la région de la lumière, à la demeure ténébreuse que nous habitons ; qu’on se rappelle les abominations de sa postérité jusqu’au déluge, et qu’on juge par l’immensité des coupables que ce déluge a engloutis, combien de crimes énormes ont été dérobés par là à notre connaissance ; qu’on se rappelle les abominations des Égyptiens et des peuples de la Palestine, qui ont attiré sur ces régions la colère de Dieu, au point de le forcer d’armer contre elles tous les éléments, toutes les puissances de la nature, et jusqu’au feu du ciel pour les exterminer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Quand même cette plaie ne prendrait pas au-dehors un semblable caractère, nous n’ignorons pas que nous portons au sein des substances qui nous constituent depuis le crime, un venin corrupteur qui consume secrètement toutes nos chairs, et que ce venin, l’homme ne peut s’en délivrer ; qu’il ne peut en corriger la malignité ; qu’il ne peut arrêter un seul instant ses progrès, car ce venin lui-même est ce feu dévorant sur lequel repose aujourd’hui notre existence, et qui est reconnu des sciences humaines, au moins par ses effets, comme le principe de notre destruction, puisqu’elles avouent que notre respiration animale n’est qu’une combustion lente. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Il n’est pas besoin de dire non plus que pour contenir ce feu qui nous dévore, nous n’avons à notre disposition que des aliments corrosifs comme lui, et qui déposent journellement en nous leurs sédiments, et ne nous donnent la vie comme lui qu’en nous donnant la mort. SECONDE PARTIE. De l’Homme.
Voici un moyen sûr de ne pas laisser s’éteindre en toi ces premiers éléments de ta vie ; prends garde de sortir un instant de dessus le feu radical et central sur lequel tu reposes, et qui ne doit cesser de te travailler dans la douleur, pour que cette douleur s’étende dans toutes tes facultés et leur fasse produire leurs fruits. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est ce feu là qui doit sans cesse te préparer et te tenir en crainte ; et sans cette préparation continuelle qu’il opère sur ton être, la parole vive de l’angoisse n’entrera point en toi ; tu deviendras pour elle un objet de dégoût, et quand elle voudra t’embrasser, elle sera obligée de détourner la tête parce qu’elle se sentira infectée de l’haleine de ta bouche ; car si l’Homme-Esprit est si souvent infecté de l’haleine qui sort de la bouche de l’homme, comment Dieu pourrait-il la supporter ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Demeure donc constamment sur ce feu radical et central, comme un enfant reste dans le sein de sa mère, jusqu’à ce qu’il ait atteint les forces nécessaires pour se présenter à la lumière du jour ; ou, si l’on peut employer une comparaison moins distinguée, comme un mets reste en cuisson jusqu’à ce qu’il soit à point. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Voilà pourquoi il n’y a pas trop du feu de l’abîme embrasé au-dessous de nous pendant toute notre vie, pour dissoudre les épaisses coagulations qui nous obstruent. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Car si ce feu de l’abîme ne prépare pas ainsi les voies, la parole de l’angoisse divine n’entrera point en nous, et si la parole de l’angoisse n’entre point en nous, nous ne pourrons rien comprendre aux angoisses de l’universalité des choses, et nous ne pourrons pas leur tenir de consolateur. Oui, si nous n’avons pas en activité en nous la substance de vie, comment pourrons-nous juger et sentir ce qui est mort autour de nous ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
“Ne faut-il pas que nous devenions un jour comme autant de torrents enflammés, et lançant à tout moment des éclairs vifs et brillants, de tous les points de toutes nos substances ? Pourquoi nous aurait-on dit que notre Dieu est un feu dévorant, et que nous sommes destinée à être son image et sa ressemblance ?” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Mais ce qui devrait nous tenir dans une surveillance active et continuelle, c’est que par la nature de notre être dont le feu ne peut s’éteindre, nous sommes à tout instant pressés de contracter l’une ou l’autre de ces alliances. Bien plus, nous ne sommes jamais sans en contracter quelqu’une, soit d’un genre, soit de l’autre. Enfin, nous ne sommes jamais sans engendrer des fruits quelconques, puisque nous sommes sans cesse en contact avec les uns ou les autres de ces foyers divins, spirituels, sidériques, terrestres, infernaux qui nous environnent. Or, c’est à bien examiner les paroles qui correspondent à ces fruits et à ces pensées, ou à ces alliances, que consiste généralement la tâche de l’homme, et particulièrement celle de l’homme de vérité qui aspire à devenir ministre de Dieu, et ouvrier du Seigneur ; et voici ce qui se passerait dans cet homme s’il était rétabli dans ses mesures divines, par l’effet de sa régénération. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Le feu de ces nuages fermente ; il éclate : la source s’entrouvre, et il en découle mille ruisseaux de rosée divine qui descendent sur l’homme et qui l’inondent ; ces ruisseaux vivifiants s’introduisent en lui et le pénètrent, comme font les pluies matérielles pour les champs terrestres. C’est le zèle et le désir de l’homme qui est le premier centre et le premier noyau de ces nuages si salutaires ; c’est lui qui attire et fixe les vapeurs divines et spirituelles qu’il a le pouvoir de convoquer et de mander, pour ainsi dire, de toutes les contrées où Dieu agit, c’est-à-dire de l’entière universalité des choses. C’est là un des plus beaux privilèges de l’homme, et celui qui lui montre de la manière la plus convaincante comment il a été investi du droit d’être l’image et le représentant de la Divinité. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
A mesure que nous nous élevons sur cette montagne, nous nous revêtons du manteau d’Élie, dont nous pouvons hériter dès notre vivant, et par l’organe duquel nous pouvons faire tomber le feu du ciel, diviser les eaux du fleuve, guérir les maladies, ressusciter les morts ; car il n’y a que ce manteau d’Élie, ou notre vêtement pur et primitif, qui puisse conserver la parole en nous, comme un manteau terrestre conserve notre chaleur corporelle. L’être animal ne peut point contenir en soi cette parole vive : il n’y a que notre corps virginal qui puisse la fixer. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Je ne le suis pas des fureurs du doux Jean voulant faire descendre le feu du ciel sur un village samaritain où son maître n’avait pu être reçu, parce qu’il paraissait qu’il allait à Jérusalem. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Pour toi, l’homme de désir, tels sont les sentiers que tu suis, et non seulement tu conserves des traces réelles de ta véritable destination, mais tu sais par expérience, autant que par persuasion, que tous ceux de nos instants qui ne sont pas pour Dieu sont contre Dieu, puisque le seul objet de notre existence est d’aider à Dieu à rentrer dans son royaume, et à se rétablir universellement sur son trône. Aussi tu ne cesses de dire : “Pleurez, pleurez, prophètes ; pleurez, âmes de désir, de ce que le moment n’est pas encore venu, où ta parole puise verser sur la terre toutes ses richesses ; elle pleure encore plus que vous de se voir ainsi contrariée dans son amour. ” — “Ma pensée s’est déterminée, par une sainte et ferme résolution, à se porter toute entière à l’avancement de son oeuvre ; elle s’y est fixée, et a juré de ne jamais plus s’en détourner. Ma pensée posera son feu sur toutes les matières combustibles et étrangères à mon essence. ” — “Elle l’y laissera jusqu’à ce qu’elles s’échauffent et qu’elles s’embrasent, et jusqu’à ce qu’il se fasse au milieu de toutes ces matières combustibles une explosion universelle qui, à chaque instant de mon existence, fasse entendre les sons les plus imposants.” — “Pourquoi le feu de ma pensée n’opérerait-il pas une semblable explosion ? Ne vois-je pas un feu périssable se poser sur les nuages et les faire voler en éclats ? ” — “Et toi, pensée de l’homme ; toi, rayon vivant, sorti d’un feu plus vivant encore que toi-même, tu aurais moins de privilège que le feu de la nature, de qui un jour les yeux de la Divinité se détourneront et il ne sera plus ! ” — “Non, non, sens ta dignité, sens ta grandeur, porte-toi toute entière vers le but de ton oeuvre et de ton avancement. Ils sont là, les ennemis de ton oeuvre et de ton avancement : quand même ils ne seraient plus identifiés avec toi, ils se sont emparés du seul poste qui soit fait pour toi, et ils n’oublient rien pour t’empêcher d’y rentrer.” — “Ne te détourne point de ton oeuvre, jusqu’à ce que tu aies tellement nettoyé ce poste, que toi seule y conserves de l’autorité, et que jusqu’aux moindres traces de tous les pas de l’ennemi en soient effacées.” — “Aie soin même d’allumer des feux purificateurs dans tous les lieux où il aura habité et par lesquels il aura passé, parce que ce poste, après avoir été un champ de meurtre et de carnage, doit devenir le temple de la paix et de la sainteté.” — “LA SAINTETÉ DE LA PAROLE, voilà le feu qu’il faut allumer dans tous les lieux où l’ennemi aura habité et par lesquels il aura passé ; et même ce mot seul le fera fuir et lui fera abandonner son poste.” — “N’en prononce plus d’autre le reste de tes jours ; ne séjourne plus parmi les ténébreuses opinions des hommes, laisse-là leurs obscures recherches. Tu es sûr d’être dans la ligue de vie, dès que ton coeur aura prononcé ce mot, LA SAINTETÉ DE LA PAROLE !” — “Les ténébreuses opinions des hommes et leurs obscures recherches t’imprégneraient de leurs confuses ignorances ; ne tourne plus la tête derrière toi, dès l’instant que tu as mis la main sur le timon de la charrue” — “Que la paix règne entre toi et tous ceux qui croiront à LA SAINTETÉ DE LA PAROLE, et que toutes les diversités d’opinions disparaissent. Naaman, général du roi de Syrie, avait cru à LA SAINTETÉ DE LA PAROLE : aussi, quand il demande à Élisée, qui l’avait guéri de la lèpre, s’il lui sera permis désormais d’aller, avec le roi, adorer dans le temple de Remmon, le prophète lui répond : Allez en paix. ” — “Que les fantômes, que les illusions de tous les mondes, que les puissances déchaînées des abîmes se présentent devant toi : il faut désormais qu’elles s’y présentent en vain, parce qu’il faut qu’elles te trouvent à ton poste, et qu’elles sachent que tu y veux demeurer pour l’éternité” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Il faudra que la parole éternelle repompe et reprenne dans son sein toutes les paroles fausses, nulles et infectes de l’homme, et qu’en les faisant passer au feu puissant de son ineffable jugement, elle refonde celles qui en seront encore susceptibles, qu’elle mette de côté celles qui auront été viciées, et qu’elle jette dans l’étang corrosif celles qui d’avance se seront remplies d’infections. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
Prends le flambeau vivant qui peut tout consumer, puisqu’il peut tout produire, et va mettre le feu à toutes les essences corrompues de cet univers qui le rendent un obstacle à ta prière. N’est-ce pas toi, homme, qui as été cause que toutes les essences corrompues de cet univers se sont ainsi pesamment entassées et accumulées sur toi ? N’est-ce donc pas toi qui dois concourir à leur clarification ? TROISIÈME PARTIE. De la Parole.
C’est en son nom que je te solliciterai de changer tes jours de joie en des jours de tristesse, de laisser se couvrir de deuil le radieux séjour de ta gloire, et de venir plonger dans un climat aride et froid tes regards pleins de feu, et dans la région de la mort ta source d’amour qui porte éternellement avec elle-même la source universelle de la vie.” TROISIÈME PARTIE. De la Parole.