fardeau

Disons à notre ennemi : c’est le Dieu souffrant qui veut lui-même élever en moi son édifice ; c’est le Dieu souffrant qui veut le soutenir lui-même, tu ne pourras jamais le renverser. Plus le Dieu souffrant s’approchera de moi, plus je serai en sûreté contre tes attaques, parce qu’il prendra lui-même sur lui le fardeau que je ne pourrais pas porter ; quoique je sois suspendu au-dessus de l’abîme comme par un fil, quoique j’habite au milieu des lions voraces et des serpents sifflants et meurtriers, il est près de moi ce Dieu souffrant, il est conçu en moi ce Dieu souffrant, et d’un seul de ses mouvements, quelque faible qu’il soit, il me séparera lui-même de tous ces insectes, et reptiles venimeux dont tes iniques séductions ont fait revêtir corporellement la malheureuse postérité de l’homme. Ce Dieu souffrant ne cherche qu’à faire entrer en moi sa chair, son sang, son esprit, sa parole, pour y introduire enfin le nom puissant qui a tout créé, et qui veut aussi créer tout dans moi ; il veut me faire planer avec lui dans la région de la vie, afin que je sois dans l’impossibilité de retomber dans les précipices et dans les régions de la mort. Nouvel Homme 6

Il nous a appris que notre essence qui est le nom et la parole du Seigneur pouvait communiquer à nos facultés le droit d’être aussi le nom, et la parole du Seigneur, comme l’Eternel communique son nom, sa parole, et ses puissances à tous les êtres émanés de lui, et employés comme les ministres de ses volontés, et les dispensateurs de ses bienfaits ; et par là, cet ami fidèle nous apprend que les portes de la vie sont encore ouvertes pour nous, puisque les portes de la vie sont en nous. « Je vous rends gloire, mon père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que vous avez caché ces choses aux sages et aux savants, et que vous les avez révélées aux simples, et aux petits. Oui, mon père, cela est ainsi, parce que vous l’avez voulu. Mon père m’a mis toutes choses entre les mains, et nul ne connaît le fils que le père, comme nul ne connaît le père que le fils, et celui à qui le fils aura voulu le révéler. Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués, et qui êtes chargés, et je vous soulagerai. Prenez mon joug sur vous, et apprenez de moi que je suis doux, et humble de coeur, et vous trouverez le repos de vos âmes ; car mon joug est doux, et mon fardeau est léger. » Nouvel Homme 41

Oh ! Homme, retourne, retourne vers l’unité ; elle seule te tiendra au-dessus de tous les dangers, parce qu’elle te tiendra au-dessus de toutes les lois, par l’abondance de sa sagesse, et l’immensité de sa lumière. N’imite pas cet aveugle tyran qui tient les nations le col courbé sous son joug. Tu vois que le monde est content, parce que l’esprit se tait en lui, et ne lui demande rien, attendu que le corps y trouve tout ce qu’il demande. N’oublie pas que dans l’ordre vrai, ce serait à l’esprit à avoir tout ce qu’il demanderait, et qu’au contraire ce serait au corps à ne pas oser élever sa voix, et à ne rien demander, mais à attendre, comme un vil esclave, qu’on voulût bien lui donner son nécessaire. Sans cela l’esprit se dégrade en se rendant, lui-même, le serviteur de cet esclave. Ne sommes-nous pas déjà assez dégradés par les soins forcés que nous devons journellement à cette forme matérielle qui nous environne, et par l’obligation où nous sommes réduits de panser honteusement cette bête de somme ? Sang de l’homme, prophétise contre son injustice, et contre son crime ; prophétise que tu es le fardeau de son iniquité. Il paie avec usure ses premiers écarts, depuis que le sang est devenu son vêtement. Ce sang lui avait été donné pour qu’il y noyât tous les sujets de Pharaon, après y avoir passé lui-même à pied sec, comme Israël dans la Mer Rouge ; mais au lieu de se séparer journellement de ce vêtement qui le déshonore, il ne cesse d’y attacher encore de nouvelles marques d’infamies qui puissent achever de rendre l’homme un objet d’opprobre. Nouvel Homme 48

Non, imitons le Cyrénéen qui l’aide à porter sa croix afin que le fardeau en soit moins pesant pour lui. Ouvrons-lui en nous une voie large et spacieuse, laissons-le marcher à son gré au milieu de tous les voleurs qui sont en nous, et baisons dans une sainte et tremblante désolation tous les pas qu’il voudra bien faire en nous, jusqu’à notre Calvaire, afin que par lui et avec lui nous puissions briser et dissoudre toutes les iniquités qui nous environnent, et devenir ensuite des types de sa gloire et de sa lumière, après avoir été si honteusement les instruments de ses humiliations et de ses souffrances. Nouvel Homme 66