Exhortation aux vierges.

{{Poèmes moraux, 3.}} O vierge, épouse du Christ, glorifiez toujours votre époux. Purifiez-vous dans !a doctrine et la sagesse, afin que vous viviez dans tous les siècles, brillante avec votre brillant époux. Cette union l’emporte beaucoup sur l’union terrestre et périssable. Vous avez dans votre corps imité les puissances spirituelles, mené sur terre une vie angélique… Vous suivez une belle route, ô vierge ; faites votre salut en montant sur la montagne. Ne détournez pas les yeux vers Sodome pour n’être pas changée en statue de sel. Ne craignez pas trop votre nature charnelle, mais n’ayez pas trop d’audace, pour ne pas risquer de vous égarer. Une étincelle met le feu à la paille, mais l’eau éteint le feu. Vous possédez les remèdes abondants de la sainte virginité : la crainte de Dieu qui vous fortifiera, le jeûne qui vous affaiblira, les veilles, les prières, les larmes, le coucher à terre, l’amour sincèrement dirigé tout entier vers Dieu et apaisant tout désir autre que celui des choses d’en-haut. Que celui qui est tombé se relève ; que celui qui a fait naufrage excite la pitié. Quant à vous, naviguez heureusement, déployez la voile de l’espérance. Ce ne sont pas ceux qui sont à terre qui tombent, mais de ceux qui s’élèvent : dans les hauteurs les uns perdent des plumes, mais la plupart font une heureuse course. Lucifer est tombé, mais le ciel est aux anges. Judas a trahi, mais les onze sont des astres. O vierge, ne faites que vous garder entièrement pure, et ne maculez en aucune manière la robe sans tache du Christ. Que votre œil soit pudique, votre langue, virginale. Pas d’inconvenance en votre esprit, en votre rire ; que vos pieds ne vous entraînent pas au mal. Je fais plus de cas de votre vêtement malpropre et de votre chevelure négligée que des perles et des ornements de soie. C’est une belle fleur que la pudeur, une grande parure que la pâleur, et rien n’est beau comme de tresser une couronne avec toutes les vertus.