Mais voyons ce que nous enseignent les paroles de cette prophétie : La parole du Seigneur se fil entendre à moi en ces termes : Fils d’homme, commence une lamentation sur le prince de Tyr et dis-lui: Voici ce que dit le Seigneur Dieu: Tu as été le sceau de la ressemblance et une couronne éclatante dans les délices du paradis de Dieu. Tu as été orné de toute sorte de pierres et de gemmes précieuses, tu as été revêtu de sardoine, de topaze, d’émeraude, d’escarboucle, de saphir, de jaspe, sertis dans l’argent et l’or, d’agate, d’améthyste, de chrysolithe, de béryl et d’onyx; tu as rempli d’or tes trésors et tes coffres en toi-même. Depuis le jour où tu as été créé avec les Chérubins, je t’ai placé sur la montagne sainte de Dieu. Tu t’es trouvé au milieu des pierres de feu, tu as été immaculé pendant tes jours, depuis que tu as été créé, jusqu’à ce qu’on ait trouvé en toi l’iniquité. Par l’ampleur de ton commerce, tu as rempli tes coffres d’iniquité; lu as péché et tu as été blessé et rejeté de la montagne de Dieu. Et le Chérubin t’a précipité du milieu des pierres de feu. Ton coeur s’est élevé à cause de ta magnificence, ta doctrine s’est corrompue avec ta beauté. A cause de la multitude de tes péchés je t’ai jeté à terre devant les rois; je t’ai donné en spectacle et en dérision à cause de la multitude de tes péchés et de tes iniquités ; de ton commerce tu as souillé tes sanctuaires. Je ferai sortir le feu du milieu de toi, il te dévorera et je te réduirai en cendre et poussière sur terre devant ceux qui te voient. Et tous ceux qui te connaissaient parmi les nations pleureront sur toi. Tu es devenu objet de perdition et tu ne subsisteras plus pour l’éternité. Traité des Principes: LIVRE I: Second traité (I, 5-8): Première section
Celui qui est délaissé l’est donc en vertu d’un jugement divin et ce n’est pas sans raison que Dieu patiente à l’égard de certains pécheurs, mais parce qu’il leur sera utile, étant donné l’immortalité de l’âme et l’éternité sans fin, de ne pas recevoir trop vite d’assistance en vue de leur salut, mais d’y être menés plus lentement après avoir éprouvé beaucoup de maux. Il arrive que des médecins, alors qu’ils pourraient guérir rapidement quelqu’un, soupçonnent que le venin subsiste secrètement dans le corps et s’arrangent pour ne pas le guérir : ils agissent ainsi parce qu’ils veulent le guérir plus sûrement et ils pensent qu’il vaut mieux maintenir plus longtemps leur patient dans les inflammations et les souffrances pour qu’il puisse récupérer la santé d’une manière plus solide, que de lui redonner trop rapidement des forces apparentes, l’exposant ainsi à des rechutes postérieures et à une amélioration trop hâtive qui serait passagère. Dieu agit de même, lui qui connaît les secrets des coeurs et qui prévoit le futur : il permet peut-être par sa patience et aussi par les événements extérieurs de faire sortir le mal caché pour purifier celui qui a en lui, à cause de sa négligence, les semences du péché ; en maintenant le pécheur plus longtemps dans ses maux, il fait venir ainsi ces semences à la surface, ce dernier les vomit et, ayant été purifié de sa malice, il peut parvenir ensuite à la régénération. Traité des Principes: Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:
Car Dieu gouverne les âmes non seulement dans la perspective des cinquante ans, pour ainsi parler, de la vie d’ici-bas, mais dans celle de l’éternité sans fin, car il a rendu incorruptible la nature intelligente qui lui est apparentée et l’âme raisonnable n’est pas écartée de ses soins comme dans cette vie. Traité des Principes: Livre III: Sixième traité (III, 1): Philocalie 21:
Quand on dit que la chair combat contre l’esprit, les partisans de cette dernière explication comprennent par là que l’usage, les besoins ou le plaisir de la chair, quand ils excitent l’homme, le distraient et le détournent des réalités divines et spirituelles. Lorsque nous sommes attirés par les besoins du corps, nous n’avons plus le moyen de vaquer aux réalités divines qui nous seront utiles pour l’éternité, et en revanche l’âme qui s’adonne au divin et est unie à l’Esprit de Dieu combat la chair, comme on dit, car elle ne la laisse pas s’amollir dans les délices et nager dans les plaisirs qui sont sa délectation naturelle. Ceux dont nous rapportons l’opinion expliqueront l’affirmation : La sagesse de la chair est ennemie de Dieu, sans penser que la chair ait vraiment une âme ou une sagesse propre, mais par une signification impropre, comme lorsque nous disons couramment que la terre a soif ou qu’elle veut boire de l’eau – le mot vouloir, nous ne l’employons pas au sens propre mais au sens large, comme lorsque nous disons de même qu’une maison veut être restaurée et d’autres expressions semblables – ; c’est donc ainsi qu’il faut entendre la sagesse de la chair et l’expression : La chair convoite contre l’esprit. Ils y ajoutent d’ordinaire cette expression : La voix du sang de ion frère crie vers moi de la terre. Ce qui crie vers Dieu, ce n’est pas à proprement parler le sang répandu, mais on dit au sens large que le sang crie, car il est demandé à Dieu de tirer vengeance de celui qui a répandu le sang. La phrase de l’Apôtre : Je vois une autre loi dans mes membres, ils l’entendent ainsi : celui qui veut vaquer à la parole de Dieu est distrait, dissipé et gêné par les besoins et l’usage du corps, présents en lui comme une sorte de loi : il ne peut s’adonner à la sagesse de Dieu et contempler les mystères divins. Traité des Principes: Livre III: Septième traité (III, 2-4): Troisième section
5, 8. Mais cette soumission s’accomplira selon des manières, des normes et en des temps déterminés, ce qui veut dire que ce n’est pas forcé par une nécessité ou par suite de la violence que le monde entier se soumettra à Dieu, mais par l’action de la parole, de la raison, de l’enseignement, de l’imitation des meilleurs, des bonnes moeurs et aussi des menaces méritées et adaptées qui pèsent justement sur ceux qui négligent de prendre soin de leur salut et de leur intérêt et de veiller à leur guérison. Ainsi, nous aussi, les hommes, dans l’éducation de nos serviteurs et de nos fils, tant qu’ils ne sont pas encore d’âge raisonnable, nous faisons pression sur eux par des menaces et par la crainte : mais lorsqu’ils ont reçu l’intelligence de ce qui est bon, utile et honnête, alors cesse la crainte des coups et, persuadés par la parole et la raison, ils acquiescent à tout ce qui est bon. Mais de quelle manière chacun doit être dirigé en respectant le libre arbitre dans toutes les créatures raisonnables, c’est-à-dire quels sont ceux que la parole de Dieu trouve prêts et capables et ainsi instruits, ceux qu’elle retarde un certain temps, ceux à qui elle se cache complètement, faisant en sorte que leur oreille se tienne loin d’elle, ceux en revanche que, pour avoir méprisé la parole de Dieu qui leur a été indiquée et prêchée, elle accable de ses réprimandes et des châtiments qu’ils subissent en vue de leur salut, exigeant et leur arrachant en quelque sorte la conversion, ceux à qui elle fournit quelques occasions de salut pour que parfois quelqu’un puisse recevoir un salut non douteux à la suite d’une réponse inspirée par la seule foi, pour quelles causes et à quelles occasions tout cela a lieu, que constate en eux la sagesse divine ou quels mouvements de leur volonté voit-elle pour son gouvernement de l’univers : tout cela est su par Dieu seul et par son Fils Unique, par qui a été créé et restauré l’univers, ainsi que par l’Esprit Saint qui sanctifie toutes choses, procède du Père lui-même, possède la gloire dans l’éternité des siècles. Amen. Traité des Principes: Livre III: Huitième traité (III, 5-6): Première section
Toute intelligence qui participe à la lumière intellectuelle doit être sans aucun doute d’une seule nature avec toute autre intelligence qui participe également à la lumière intellectuelle. Si donc les puissances célestes ont participation à la lumière intellectuelle, c’est-à-dire à la nature divine, parce qu’elles participent à la sagesse et à la sanctification, et si l’âme humaine a participation à cette même lumière et à cette même sagesse, les unes et les autres seront d’une seule nature et d’une seule substance. Or les puissances célestes sont incorrompues et immortelles : sans aucun doute la substance de l’âme humaine sera incorrompue et immortelle. Il ne faut pas s’arrêter là, mais, puisque la nature même du Père, du Fils et du Saint Esprit, qui est la seule lumière intellectuelle dont toute la création tire sa participation, est incorrompue et éternelle, il est très logique et nécessaire que toute substance qui tire sa participation de cette nature éternelle demeure elle-même toujours incorruptible et éternelle, de sorte que l’éternité de la bonté divine soit perçue aussi dans le fait que sont éternels ceux-là mêmes qui reçoivent ses bienfaits. Mais de même qu’on a vu par des exemples que la lumière est perçue de façon diverse, selon que la vue de celui qui regarde est qualifiée de plus émoussée ou de plus aiguë, de même, quand il s’agit du Père, du Fils et du Saint Esprit, il faut respecter la diversité dans la manière de participer à eux selon l’intention de la pensée et la capacité de l’intelligence. Traité des Principes: Livre IV: Neuvième traité (IV, 1-3): Deuxième section