Jean Borella — SEMEION Excertos de LE MYSTÉRE DU SIGNE
Le corpus des écrits que l’Eglise désigne sous le nom de Nouveau Testament ne contient pas le mot symbolon. On y rencontre, en revanche, de nombreux termes dont la signification est voisine, voire identique. L’un d’eux, employé une fois par saint Paul, était appelé à une grande fortune, puisqu’il s’agit d’allègoria. Quant aux autres, il ne nous appartient pas de les répertorier dans une enquête consacrée au seul symbolon. Signalons seulement, à titre indicatif, les termes suivants : eïkôn (= image, employé 23 fois), charaktèr (= empreinte, 1 fois), morphè (= forme, image, 3 fois), mysterion (= mystère, arcane, signe, sacrement, que la Vulgate transcrit en mysterium ou quelle rend par sacramentum, 28 fois), omoïôma ou omoïôsis (= ressemblance, 6 fois et 1 fois), parabolè (= parabole, employé déjà par les Septante pour traduire l’hébreu mâchâl, avec le sens également de figure et de symbole, 50 fois), paroïmia (que saint Jean préfère à parabole, avec le même sens, 5 fois), sèmeïon (= signe, 77 fois), schéma (= figure, 2 fois), typikos (= en figure, 1 fois), typos (= figure, image prophétique, 15 fois).
De tous ces termes, aucun n’a prévalu sur les autres au point de les éliminer, ni même, ce qui est beaucoup plus remarquable, n’a évincé le terme de symbolon, qui, pourtant ne jouissait pas de la caution néo-testamentaire. Allègoria ou typos, dont on a voulu faire les désignations officielles du symbolisme chrétien (Pépin pour le premier, Daniélou pour le second) sont le plus souvent employés en concurrence avec symbolon. C’est précisément ce que nous allons constater dans notre enquête à travers la littérature grecque du christianisme. Assurément, cette enquête sera lacunaire et dépendra beaucoup du hasard de nos lectures, puisqu’il n’existe aucun dépouillement systématique des occurrences de symbolon dans la littérature chrétienne. Mais elle sera cependant suffisamment démonstrative, et même, parfois, de manière surprenante.