esprit

On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2

Y a-t-il donc rien au-dessus de la sublimité de notre sort qui nous destine à être le moyen de communication de la Divinité avec l’esprit ? Et pouvons-nous désormais nous permettre un moment de relâche dans une si sainte oeuvre, puisque chacun des moments que nous perdons retarde l’accomplissement de ce trinaire actif qui représente spirituellement et en caractères distincts le ternaire éternel ? Enfin puisque chacun de ces moments que nous perdons nous rend coupables envers Dieu, en ce que nous faisons manquer ses desseins ; envers l’esprit, en ce que nous le laissons sans nourriture ; et envers nous, en ce qu’indépendamment du tort que nous avons de ne pas remplir notre loi, nous nous détruisons nous-mêmes, en nous privant de la double subsistance qui nous est accordée dans cette sainte fonction ; savoir, de la subsistance divine, et de la subsistance spirituelle, lesquelles ne peuvent se passer en nous sans nous vivifier d’une manière secrète et cachée pour nous ? Nouvel Homme 2

Car lorsque la vie divine passe en nous, elle y attire l’esprit, et lorsque l’esprit vient en nous, il y attire la vie divine ; là Dieu se spiritualise, et l’esprit se divinise, et notre être reçoit alors cette nourriture ainsi préparée par la sagesse qui dispose toutes ses opérations pour le plus grand bien des êtres ; sans cela la Divinité nous consumerait, si elle y venait seule, et l’esprit ne nous nourrirait pas assez, s’il y venait seul à son tour, attendu que sans être Dieu, nous sommes cependant plus que l’esprit. Nouvel Homme 2

Il ne resterait donc plus qu’à observer attentivement s’il est vrai qu’il y ait en nous plus d’une seule substance ; c’est-à-dire, si dans nous tout est esprit, si dans nous tout est matière, ou si dans nous il y a de la matière et de l’esprit. Nouvel Homme 3

Ceci est suffisant pour montrer que nous pouvons nous dispenser de nous arrêter plus longtemps aux objections secondaires, avec lesquelles les hommes inférieurs s’aveuglent mutuellement tous les jours ; nous avons un objet plus vaste à remplir que celui de nous occuper des obscurités volontaires qui ne viennent que de la frivole inattention du monde ; et cet objet, c’est de nous occuper des obscurités naturelles qui tiennent essentiellement à l’état terrestre de l’esprit de l’homme, mais bien plus encore de nous occuper des clartés et des lumières qui appartiennent à son indestructible essence ; car il y a plusieurs degrés dans les besoins de l’homme, et ce ne serait pas assez pour lui que de ne songer exclusivement qu’à celui de ses maux qu’il lui est possible de guérir lui-même, soit en se considérant de toute son attention, soit en usant des secours qu’on lui a déjà procurés. Répétons donc sans inquiétude cette assertion que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres. Nouvel Homme 3

De cette sublime vérité, il résulte une vérité qui n’est pas moins sublime, savoir, que nous ne sommes pas dans notre loi, si nous pensons par nous-mêmes, puisque pour remplir l’esprit de notre vraie nature, nous ne devons penser que par Dieu, sans quoi nous ne pouvons plus dire que nous soyons la pensée du Dieu des êtres, mais nous nous déclarons être le fruit de notre pensée ; nous nous annonçons comme si nous n’avions pas d’autre source que nous-mêmes, et comme si nous avions été notre propre principe, de façon qu’en défigurant notre nature, nous anéantissions celui seul de qui nous la tenons : aveugle impiété qui peut éclairer sur la marche qu’ont suivie toutes les prévarications. Nouvel Homme 3

Mais d’où lui vient cette manière d’être si avantageuse et si salutaire ? C’est que s’il parvient à être régénéré dans sa pensée, il l’est bientôt dans sa parole qui est comme la chair et le sang de sa pensée, et que quand il est régénéré dans cette parole, il l’est bientôt dans l’opération qui est la chair et le sang de la parole. Non seulement l’esprit le pénètre, circule dans toutes ses veines, et se revêt de lui pour donner le mouvement à tous ses membres, comme nous faisons mouvoir à notre gré les vêtements dont nous nous couvrons ; mais tout en lui se transforme en substances spirituelles et angéliques, pour le porter sur leurs ailes vers tous les lieux où son devoir l’appelle ; c’est ainsi que le juge souverain viendra un jour au milieu de ses saints, et environné de millions d’anges pour rétablir le règne de la vérité dans toutes les régions qui en seront susceptibles. Nouvel Homme 4

Si, comme nous l’avons vu, la parole est nécessaire pour l’établissement de la parole, et que par conséquent nous ne puissions être ressuscités dans notre parole que par le verbe, nous ne pouvons être ressuscités dans nos autres facultés que par des facultés analogues, dans notre pensée que par la pensée, dans notre mouvement par le mouvement, dans notre vie que par la vie, dans notre esprit que par l’esprit, dans nos vertus que par la vertu, dans nos lumières que par la lumière ; ainsi nous devrions être dans une mobilité et activité continuelles, puisque les plus petits rayons de ce qui est en nous devraient perpétuellement être réactionnés par les étincelles similaires, qui se dardent sans cesse hors du foyer éternel de la vie. Nouvel Homme 5

Tel est l’état de ceux qui après avoir vaincu le dragon, sont montés après leur mort dans la région du repos et du bonheur ; tel est même l’état de ceux qui ici-bas ont rompu les chaînes de leur esclavage, et ont ouvert toutes leurs facultés à celui qui ne demande pas mieux que de les pénétrer et de les remplir ; enfin tel est l’état de ceux sur qui l’esprit a imposé les mains, parce que par cette imposition des mains, il rassemble en eux dans une unité toutes les subdivisions spirituelles qu’ils avaient laissé disséminer ; c’est même par ce moyen, et en vertu de l’unité indivisible dont cet esprit est dépositaire qu’il les met dans le cas d’imposer les mains à leur tour sur leurs semblables, et d’y opérer les mêmes rassemblements qui se sont opérés en eux lors de l’imposition des mains de l’esprit ; et tel est l’objet du sacerdoce ; tels en sont les pouvoirs, tels en sont les fruits pour ceux qui s’en sont rendus dignes, et qui ont été compris dans la divine sélection. Nouvel Homme 5

Voilà pourquoi les actions que la sagesse envoie dans notre région n’y restent point, au moins sous la même forme, et pourquoi l’homme s’abuse quand il regarde ces actions comme devant être sensiblement permanentes ; car dès qu’il leur imprime par sa pensée ce caractère de stagnation, il n’en peut plus retirer de fruit, puisque la stagnation opérerait la mort et que tout doit être esprit et mouvement ; or, le mouvement de l’esprit est comme celui du feu, il se fait en ascension, il se fait dans la ligne droite, et il échappe bientôt à notre vue. Mais cependant ces diverses actions ne tendent qu’à nous conduire un jour par leurs différents degrés temporels, au vrai repos dans le centre de la parole éternelle. Nouvel Homme 5

Mais de même que votre pensée, et votre parole ne peuvent renaître sans la pensée et sans la parole supérieure, de même votre opération spirituelle ne peut vous être rendue que par l’opération de l’esprit sur vous, et c’est ce que nous avons ci-dessus montré comme étant l’imposition des mains ; opération qui est un acte de restauration dans toutes les élections que Dieu a faites, en envoyant son esprit sur des hommes choisis ; mais qui est plus que restauratrice dans ce qui concerne votre essence, puisque c’est cette triple action de la divinité qui vous constitue, et qu’il ne suffit pas que la divinité pense l’homme, et qu’elle parle l’homme, mais qu’il faut encore qu’elle opère l’homme. Nouvel Homme 5

Amertume corporelle, amertume spirituelle, amertume divine, venez vous établir dans notre être, puisque vous êtes devenues l’indispensable aliment de nos ténèbres et de notre infirmité. Que l’amertume spirituelle du calice se joigne à notre amertume spirituelle particulière, et forme ainsi ce médicament actif et salutaire qui doit ronger toutes nos fausses substances pour laisser revivre nos véritables substances amorties ! Malheur à qui voudra repousser de lui ce médicament régénérateur ! Il ne fera qu’accroître ses maux, et les rendre peut-être un jour inguérissables. Car telle est cette pénitence qui seule peut faire ressusciter l’esprit en nous, comme l’esprit peut seul y faire ressusciter la parole, et la parole y faire ressusciter la vie divine, attendu qu’aujourd’hui rien ne peut plus s’opérer que par des concentrations, puisque tel a été le principe de l’origine des choses, tant physiques que spirituelles ; telle est, dis-je, cette pénitence qui donne à l’homme la puissante tranquillité de la confiance, et la terrible force de la douceur, choses si inconnues aux hommes du torrent qui n’ont que le courage du désespoir, et que la force de la colère. C’est là cette pénitence par laquelle le pasteur daigne venir se revêtir de nous qui sommes des loups, afin de sauver de nos dents la malheureuse brebis que nous dévorons ; tandis qu’avec la pénitence humaine et extérieure c’est le loup même qui se revêt de la peau du berger afin de dévorer à la fois, et la brebis et le pasteur en les séparant l’un de l’autre. C’est là cette pénitence qui efface en nous non seulement les taches du péché, mais jusqu’au souvenir et à la connaissance du péché. Nouvel Homme 6

Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6

Ô vous, instituteurs humains, combien vous repentirez-vous un jour d’avoir abusé les âmes en les menant par des voies nulles, figuratives et illusoires qui leur auront donné un calme trompeur, en leur procurant des joies extérieures, et en leur communiquant des ombres de vérités qui les auront empêchées de travailler au renouvellement du centre de leur être ! Toutes vos associations emblématiques ne leur auront point communiqué la vie puisqu’elles ne l’ont point elles-mêmes. Vos associations pratiques leur auront encore été plus funestes, si ce n’est pas l’esprit qui les a convoquées, assemblées, constituées et sanctifiées par ses larmes, et les prières de sa douleur ; et où sont-elles ces associations qui nous seraient si salutaires ! Nouvel Homme 7

Vous resterez vous-mêmes alors sous le joug de ce septénaire temporel, jusqu’à ce que les âmes que vous aurez égarées aient pu recouvrer leur propre centre particulier, afin qu’elles puissent ensuite recouvrer leur centre général : et vous frissonnerez de honte et de désespoir, tandis que si vous aviez eu plus de confiance à l’esprit, vous auriez avoué qu’il n’avait pas besoin de vos moyens factices et détournés pour se répandre ; et que si vous aviez eu plus de bonne foi, vous auriez dit qu’il fallait commencer par chercher vous-mêmes à avoir l’esprit avant de vouloir mener les autres à un esprit que vous n’aviez point. Nouvel Homme 7

Oh ! mes amis, prenons garde à un autre danger qui nous menace tous : c’est d’être traités comme ceux à qui on redemandera le sang des prophètes ; non pas que nous leur ayons ôté la vie temporelle, mais pour n’avoir pas profité de leur esprit plus que les nations auxquelles ils avaient parlé, ni plus que les hommes du torrent ; car cet esprit des prophètes est leur véritable sang que nous versons à tous les instants, quand nous ne suivons pas les leçons qu’ils nous ont données, et qu’au bruit de leurs menaces nous ne rentrons pas sous la domination exclusive du seul, et souverain être qui est jaloux de tout gouverner lui-même, comme étant le seul qui ait pu tout créer ; oui, voilà ce véritable sang qui sera demandé à la famille humaine, non seulement depuis le sang d’Abel, jusqu’à celui de Zacharie mais encore depuis celui de Zacharie, jusqu’à celui qui sera également versé et profané pendant toute la durée des siècles. Voilà ce sang que versent tous les jours les Pharisiens, les Scribes, et les docteurs de la loi qui étouffent sans cesse l’esprit du prophète, non seulement sous le poids de la lettre, mais sous le poids de leurs hypocrites et frauduleuses interprétations, et sous celui de leurs superstitieuses traditions dans lesquelles la vérité va toujours en descendant. Nouvel Homme 7

Veillons donc jour et nuit pour que ce sang de l’esprit nous soit profitable, veillons pour qu’on ne nous reproche pas un jour de l’avoir laissé perdre et couler en vain ; veillons, car c’est ce sang qui doit servir à la formation et à la nourriture du fils spirituel conçu en nous par l’opération de la sagesse sainte. Nouvel Homme 7

8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8

Mais remarquons pour quelle raison cette opération de l’esprit constitue la véritable église ; c’est que c’est la parole éternelle qui se grave elle-même alors sur la pierre fondamentale qu’elle choisit, comme le réparateur gravait sa propre parole sur l’âme de saint Pierre à qui il parlait face à face. Sans l’impression de cette parole Divine sur notre âme, l’église ne s’élève point ; comme nous voyons que dans l’ordre temporel les édifices que les rois se proposent de bâtir ne commencent à s’élever que lorsque, d’après l’usage reçu, le nom du fondateur est inscrit sur la première pierre qu’il est censé par là, avoir posée lui-même. Nouvel Homme 8

Nous pouvons donc déjà apercevoir les biens qui nous sont promis si nous persévérons à nourrir en nous l’esprit de douleur ou plutôt la douleur de l’esprit, c’est-à-dire, cette pénétrante amertume cachée au médicament spirituel par où doit commencer toute notre oeuvre ; car n’oublions pas que nous sommes encore dans les déserts, et que nous n’entrevoyons la terre promise que sur les récits et les images que nous en offrent les fidèles envoyés qui l’ont parcourue ; et s’il est consolant pour nous d’avoir à attendre un si magnifique héritage, ne perdons pas de vue le seul chemin qui puisse nous y conduire. Nouvel Homme 8

9. Comment pourrions-nous cesser de nourrir en nous l’esprit de douleur, ou plutôt la douleur de l’esprit quand nous considérons la voie temporelle et spirituelle de l’homme sur la terre ? L’homme est conçu non seulement dans le péché, comme le disait David de lui-même, mais il est encore conçu par le péché, vu les ténébreuses iniquités de ceux qui l’engendrent. Ces ténébreuses iniquités vont influer sur lui corporellement, et spirituellement jusqu’à sa naissance. Il naît ; il va recevoir intérieurement le lait taché de ces mêmes iniquités, et extérieurement mille traitements maladroits qui vont déformer son corps avant même qu’il soit formé ; des conceptions dépravées, des langues fausses et corrompues vont assaillir toutes ses facultés et les épier au passage pour les infecter dès qu’il les manifestera par le moindre de ses organes. Nouvel Homme 9

Que doit-ce donc être si l’on pénètre dans l’homme intérieur et spirituel, et si l’on réfléchit aux dangers qui le menacent et qui sont incomparablement plus effrayants que ceux qu’il a à craindre de la part des hommes, et des désordres de ce monde ? C’est alors qu’il sent la nécessité d’être jeté d’abord dans le désert par l’esprit, c’est-à-dire, de rectifier en lui toutes les difformités que la maladresse des hommes, et ses propres écarts ont semées dans son être ; afin qu’étant devenu totalement étranger au régime de l’illusion, il puisse s’adonner tout entier au combat de l’esprit, lequel combat ne commence point ici-bas pour ceux qui sont livrés au torrent, parce qu’étant entraînés loin du désert, ils ne savent pas même qu’il y ait un combat à livrer ; aussi voit-on sur cet article combien d’hommes passent leurs jours dans la tranquillité ! Nouvel Homme 9

10. Le moment de la naissance est arrivé. Les puissances supérieures après avoir formé en nous par l’esprit la conception de notre fils spirituel, ont décrété selon leur sagesse que le moment est venu de lui donner le jour. Nous allons donc sortir de ces abîmes dans lesquels nous avons séjourné, dans lesquels, le saint par excellence n’a pas craint de descendre lui-même, et dans lesquels il ne craint pas de descendre tous les jours pour en arracher les victimes, et pour libérer les esclaves ; nous allons recevoir dans la nouvelle atmosphère où nous arrivons, des affections plus vives et plus douces que celles de cette région ténébreuse d’où nous sortons et qui dès lors est censée morte pour nous. Nouvel Homme 10

Ami, tu es peut-être surpris que je te parle si peu de sciences, et que je te parle tant d’exhortation et d’avertissement. C’est que j’ai sondé la science, et que j’ai sondé l’exhortation. La science est grande, elle est fille de la lumière, elle est l’éclat vivant du soleil éternel ; mais elle ne veut pas connaître d’autre organe et d’autre voie que le coeur de l’homme : quand on la force de se présenter par une autre entrée, elle souffre de se voir prostituée, et elle se sauve aussitôt qu’elle le peut. Aussi, homme, mon ami, si l’on t’avait communiqué le tableau universel de la lumière, et le flambeau de toutes les révélations passées, présentes et futures, tu pourrais encore n’avoir pas fait un pas si tu n’avais commencé par ouvrir ton âme à l’esprit de la vie, et à ce médicament actif dont tout ton être a besoin à tous les instants ; et au contraire, si tu ouvrais un instant ton âme à cet esprit de la vie, tu te sentirais marcher comme naturellement dans le sentier de la lumière et de la science. Nouvel Homme 11

Je voudrais bien qu’ils me crussent, mes malheureux frères, je pourrais leur présenter sur cet objet des vérités bien consolantes. Je leur dirais : vous voyez que votre langue et votre palais ont le discernement des saveurs, et des diverses propriétés des sels ; vous voyez que les substances alimentaires sont soumises à ce discernement de votre organe matériel ; vous voyez que votre intelligence a le discernement des esprits, et que par elle vous pouvez les éprouver, les vérifier, les goûter, et les juger ; EH bien, descendez encore un peu plus au fond de vous-mêmes, vous allez trouver que votre coeur a le discernement des intentions, des facultés, des opérations, et des mouvements de votre Dieu lui-même ; et que vous êtes l’organe sacré auquel il veut bien laisser faire l’épreuve de tout ce qu’il daigne envoyer hors de son éternel centre ; c’est sur cette langue invisible, mais impérissable que se peut faire l’essai de tous les sels Divins que la sagesse envoie continuellement dans l’atmosphère l’esprit. Nouvel Homme 11

Oh ! Homme, purifie donc sans cesse cet organe ; l’usage en est si doux, la perspective qu’il t’offre est si sublime, que je ne sais pas comment tu pourrais encore permettre à tes yeux de se fermer après avoir considéré une semblable merveille. Cependant quelqu’admirable qu’elle soit, elle ne te surprendrait plus si tu te rappelais que la Divinité doit nous traverser tout entière, soit dans sa souffrance, soit dans sa gloire : car si elle doit nous traverser tout entière, il n’est plus étonnant pour nous que nous soyons ordonnés, et formés pour en avoir le discernement ; apprends donc ici à simplifier tes idées sur le caractère et l’emploi du prophète ; compare son élection et tout ton être avec ce fils qui vient d’être conçu en toi par l’esprit, et avec tous les autres types que tu as parcourus ; car il faut t’attendre à trouver la même chose à tous les pas. Nouvel Homme 11

Ne cherchons pas un autre chef. N’est-ce pas lui qui a appelé l’âme de l’homme et qui lui a dit : sur cette pierre je bâtirai mon église ? Mais notre âme embrasse et pénètre tout notre être, comme l’esprit du Seigneur embrasse et pénètre tout l’univers ; ainsi chaque portion de nous, chacune de nos facultés, chacune de nos pensées, chacun de nos mouvements peuvent donc se transformer en autant d’églises où le nom du Seigneur soit perpétuellement honoré ; c’est pour cela que le nom du Seigneur sera loué de l’orient jusqu’à l’occident, du nord au midi, et dans toute l’étendue de la terre. C’est là ce que seront les fonctions de ce nouveau-né à qui l’esprit vient de donner le jour ; car, son ministère circulera dans le quaternaire ; ainsi l’homme aura à vaquer aux fonctions Divines à l’angle d’orient, aux fonctions spirituelles dans l’angle du nord, aux fonctions de l’ordre mixte dans l’angle d’ouest et aux fonctions de la justice, du combat et du jugement dans l’angle du midi. De là il retournera sur ses pas, pour purifier, et sanctifier de nouveau les régions et leur faire part de ses triomphes et venir ensuite en rendre hommage à l’universel triomphateur, sans lequel il n’y aurait aucun conquérant. Nouvel Homme 12

C’est ce qui est arrivé au réparateur qui ne songeait point à la mort de son corps lorsqu’il demandait que ce calice s’éloignât de lui ; enfin c’est le combat de l’esprit, c’est cette douleur à laquelle aucune douleur ne se compare, et qui par sa grandeur même nous met dans le cas de supporter toutes les autres avec une sorte d’indifférence. Nouvel Homme 12

Nous apprendrions là, en peu de temps, toute notre histoire. Nous y apprendrions que nous naissons dans le Divin, que nous prenons forme dans l’esprit, que nous rectifions l’apparence, et que nous séparons l’iniquité, et que ces quatre grandes opérations se font par l’impression de la force, de l’amour et de la sainteté, sur notre corps, notre coeur et notre front ; le tout sous l’aspect du grand nom central qui plane au-dessus de nous, pour nous vivifier, comme il vivifie tous les êtres dont il est à jamais le centre unique et universel. Nouvel Homme 12

Cette idée t’apprendra que ce décret doit te regarder d’une manière encore plus directe ; ainsi tu dois sentir que la délibération de ce grand conseil est que tu sois également dans la souffrance et dans le combat, si tu veux remporter la victoire. Or, ce décret, pris en grand, se subdivise ensuite, et s’étend à tous les détails de ta vie, et de ton existence. Ainsi, songes-y, il n’y a pas un instant où dans ce grand conseil Divin, il ne soit délibéré que tu dois être entièrement dévoué à la loi suprême dont tu dépends, que tu dois être pur, que tu dois être humble, que tu dois être aimant ton frère, que tu dois être ambitieux de te remplir de toutes les vertus de l’esprit et de la vérité, et d’en semer au moins les désirs dans les âmes de ceux qui sont dans l’indigence. Ainsi, pour peu que tu te négliges un instant sur la pratique de ces obligations, tu es réfractaire à la loi, tu es un prévaricateur. Nouvel Homme 13

Enfin, veux-tu offrir ton sacrifice sur l’autel des puissantes vertus de l’esprit dans le temps ? Implore le nom de l’esprit, invoque le nom de l’esprit, conjure le nom de l’esprit, unis-toi au nom de l’esprit, et la nature reprendra pour toi sa mesure, son ordre et son équilibre, et tu ne connaîtras ainsi autour de toi, dans toi, et au-dessus de toi, qu’harmonie, bonheur et perfection. Nouvel Homme 14

Il ne faut point te dissimuler l’énorme différence que tu dois rencontrer dans ces diverses invocations. Nulle comparaison du travail de préservation qu’il nous faut faire, et de celui par lequel la sagesse se sert de nous pour rétablir l’ordre et l’harmonie, dans la classe élémentaire ; nulle comparaison de ce travail-là à celui que nous avons à faire pour nous unir aux fonctions de l’esprit ; nulle comparaison de ce travail là à celui que nous avons à faire pour aller puiser dans la source Divine elle-même. Plus nous nous élevons, plus ces divers travaux nous paraissent doux, simples et naturels, ce qui est une des plus vives démonstrations que nous sommes nés pour la paix et le bonheur, et que les horribles révolutions par lesquelles nous passons dans les diverses régions de ce monde sont absolument l’opposé de ce dont nous serions occupés, si nous étions dans notre loi, et dans la jouissance des privilèges de notre destination primitive. Nouvel Homme 14

Ame humaine, ta seule expérience t’instruira plus sur cela que toutes les doctrines. Essaie de t’élever dans la région pure, simple, et Divine ; tâche d’y rester assez longtemps pour t’y pénétrer de l’éternelle, et douce influence qui la remplit, tu goûteras alors des joies si pénétrantes, mais en même temps si calmes et si paisibles que l’univers entier, malgré la beauté de ses lois et les puissances spirituelles qui le gouvernent, te paraîtra une sorte de superposition étrangère à la nature Divine ; tu sentiras que tu n’as pas besoin de la présence de l’esprit pour être heureux quand tu es en présence de Dieu, et que, par conséquent, c’est Dieu et non l’Esprit qui est ta source. Nouvel Homme 14

Lors donc que de cette région suprême tu redescendras à cette région de l’esprit, tu sentiras déjà une manière d’être dont ta vraie nature pourrait se passer, et qu’elle ne peut même se rendre douce qu’en regardant cette situation comme une suite des décrets supérieurs qui t’appliquent à une oeuvre secondaire, et qui ont droit de t’employer comme il leur plaît. Lorsque tu redescendras à la région élémentaire, ta situation te paraîtra encore plus étrangère ; enfin juge ce que ce sera quand tu descendras à la région ténébreuse. Nouvel Homme 14

Présente-toi avec la même assurance à la région de l’esprit et la vertu attachée à l’arche sainte établira des rapports avec toi, et les ministres du Seigneur qui te dirigeront dans les combats contre tes adversaires, qui te donneront connaissance de la terre promise, qui t’instruiront des lois sacrées qu’il faudra que tu y mettes en pratique, si tu veux en conserver la possession, et qui, le jour comme la nuit, marcheront en ta présence, pour que tu ne t’écartes point des voies du Seigneur. Nouvel Homme 16

17. Cet enfant annoncé en toi par l’ange, cet enfant conçu en toi par obombration, et l’opération de l’esprit, cet enfant né de toi sous les auspices de l’éternel, cet enfant, dis-je, approche de sa douzième année. Il laisse ses parents terrestres suivre le chemin de ceux qui s’en retournent après être venus, selon l’usage, célébrer la fête à Jérusalem. Pour lui, il s’arrête dans le temple ; il s’assoit au milieu des docteurs, les écoutant, et les interrogeant, et tous ceux qui l’écoutent sont ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses. Nouvel Homme 17

Si tu cultives soigneusement l’éducation de ce fils nouveau-né qui t’est accordé, tu le verras de même en peu d’années étonner les docteurs qui l’écouteront dans toi en silence ; et ces docteurs ce seront les doutes que la matière et les ténèbres des faux éducateurs avaient élevés dans ton sein ; ce sont ces continuelles insinuations que l’esprit de mensonge t’avait suggérées tous les jours de ta vie, tant que ce nouveau-né n’avait pas vu le jour ; mais à peine aura-t-il fait les premiers pas dans la sagesse, qu’il renversera en toi, par sa doctrine et ses réponses, toutes les incertitudes, et toutes les inquiétudes dont tu t’étais laissé remplir, et qui, malheureusement, ne s’étaient converties que trop souvent pour toi en persuasions, en démonstrations, en convictions. Nouvel Homme 17

Rappelle-toi cette loi des Hébreux, Lévitique 27-28. Tout ce qui est consacré une fois au Seigneur, sera pour lui comme étant une chose très sainte. Ce fils chéri pouvait-il n’être pas consacré au Seigneur puisque sa conception avait été annoncée par l’ordre du Seigneur, puisqu’il avait été conçu par l’obombration et l’opération de l’esprit du Seigneur, puisqu’enfin il était né sous les auspices et par la puissance du Seigneur ? Ce fils n’était-il pas naturellement consacré au Seigneur, comme un fils est naturellement consacré à son père ? Car le réparateur ne fut offert au temple et consacré au Seigneur que comme fils de l’homme, et comme revêtu de l’habit de l’esclave qui venait réclamer sa délivrance. Ton fils au contraire est le fils de la femme libre ; il est l’homme régénéré ; il est l’enfant spirituel né dans la région de l’esprit et de la vie ; comme tel il est présenté au temple, et consacré au Seigneur par le droit même de sa naissance, comme le verbe éternel est consacré à l’ancien des jours avant la formation des siècles, puisque c’est ce verbe qui a formé les siècles. Nouvel Homme 17

Ainsi ce fils chéri qui t’est accordé n’est point présenté aux temples qui ne sont bâtis que de la main des hommes, il n’est point consacré sur les autels figuratifs, et sous les yeux des prêtres qui ne reçoivent leur caractère que dans le temps ; mais étant consacré à son père Divin, et sous les yeux du prêtre éternel qui, en opérant sa conception même, lui a imposé les mains de l’esprit, il n’est pas étonnant qu’il n’ait eu d’autre nourriture que l’esprit et le verbe ; il n’est pas étonnant qu’il croisse en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes ; il n’est pas étonnant que ceux qui l’entendent soient ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses. Nouvel Homme 17

Tu ne comprends pas plus que Marie ces paroles ; mais fais comme elle, conserve toutes ces choses dans ton coeur. Elles t’apprendront que ce qu’il y a encore de matériel en toi ne peut rien comprendre aux choses de l’esprit, et qu’il doit naître de ton propre sein, une lumière à laquelle les ténèbres qui t’enveloppent et qui te constituent, sont extraordinairement étrangères, tant que ton oeuvre n’est pas parvenue au complément de sa maturité. Tu aperçois bien une immense différence entre ton existence ténébreuse, et ce fils chéri qui t’est né, comme Marie ne put méconnaître les grâces divines, et les prodiges qui accompagnaient la naissance de son fils ; mais tu ne peux pas plus qu’elle concevoir la marche cachée de ce fils de J’esprit et il est pour toi un continuel mystère, jusqu’à ce qu’il ait rempli le cours de toutes les manifestations auxquelles il est destiné. Nouvel Homme 17

Sais-tu pourquoi ? C’est que tu ne le connaîtras jamais parfaitement, que lorsqu’il pourra dire à pleine voix : saint, saint, saint. Et ici nous allons entrevoir un nouveau rayon sur la nature de l’homme, c’est-à-dire, sur la nature de l’esprit. Nouvel Homme 17

L’homme ou l’esprit est l’extrait actif de toutes les puissances divines, puisque Dieu est vivant ; et cet extrait actif des puissances de Dieu, comme nous l’avons vu ci-dessus, est une parole, puisque Dieu est la parole éternelle. Mais Dieu est saint ; Dieu est l’éternelle sainteté toujours se prononçant elle-même ; il faut donc que l’homme, l’esprit, ou la parole extraite de cette parole éternelle, représente activement son principe, et que son existence soit réellement la sainteté prononcée, de façon que Dieu ne produise pas un seul être hors de son sein sans faire entendre hors de soi, par ce seul acte, le mot saint qui se prononce éternellement dans son centre divin. Nouvel Homme 17

Voilà pourquoi ce fils chéri que l’esprit a conçu en toi, et qui t’est né, ne sera vraiment connu de toi et de tous les tiens, que quand il aura atteint de nouveau ce complément primitif. Nouvel Homme 17

Ici nous considérons cette apparition au temple comme le premier degré de l’oeuvre de l’esprit en nous, après qu’il y a conçu, et opéré la naissance de notre fils ou du nouvel homme. Nouvel Homme 18

Les temps viendront où l’oeuvre trine s’accomplira sur ce nouvel homme, où l’action et le nom de l’esprit, l’action et le nom du fils, l’action et le nom du père se communiqueront, et se réuniront dans ce nouvel homme, de manière à n’offrir à la fois, dans toutes les dimensions de son être, qu’une seule action, qu’un seul nom, qu’une seule opération, qu’une seule multiplication qui placera l’homme continuellement au milieu de l’atmosphère de la vie, et qui le rendra si redoutable à ses ennemis, qu’ils fuiront devant lui, comme les ténèbres fuient devant l’astre du jour, et vont toujours se cachant, comme étant frappés par la terreur de sa puissance, et éblouis par la splendeur de sa lumière. Nouvel Homme 18

Dieu de force, Dieu de vie, Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer par la constante activité de ma pénitence l’empreinte sacrée de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l’unité est un feu dévorant qui consume tout ce qui n’est pas né de l’esprit, de ce triple sceau qui n’abandonne plus l’âme humaine, dès qu’il a imprimé profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau qui transporte aussitôt l’homme hors de cette sphère de langueur et de dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé la naissance, et toi, sagesse sainte, qui devrais être notre aliment de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné attacher sur l’homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies, et qu’elles en fassent pénétrer les sucs et les esprits régénérateurs jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste reprenne ses forces, et que mes membres reprennent leur agilité. Nouvel Homme 18

La loi du sort est infaillible quand elle vient visiter les prévaricateurs contre les ordonnances sacrées du Seigneur, et contre celles que l’homme de Dieu peut prononcer au nom de son souverain meure ; et si les hommes aveugles ont introduit cet usage dans leurs ténébreux jugements sur les simples prévarications inférieures, ils nous ont au moins montré qu’ils avaient conservé l’idée de ce redoutable pouvoir du sort, quoi-qu’ils ne pussent plus en faire qu’un usage faux, et abusif, dès qu’ils n’en possédaient plus l’esprit. Nouvel Homme 18

Songe donc que cette loi du sort, administrée par l’homme de Dieu, met par là l’esprit dans sa voie directe, au moyen de quoi elle ne peut manquer de conduire cet esprit à son but, comme un puissant remède que le savant médecin sait appliquer à propos, de manière que ce remède ne manque point d’aller chercher le mal dans ses plus profondes retraites, de le rencontrer, et de le frapper, quelque mélangé, et quelque combiné que ce mal soit avec des parties saines. Cette loi du sort de l’esprit est toujours en activité sur toi, et elle ne manquera point de découvrir d’abord quelle est celle de tes tribus qui se sera laissée aller à violer l’ordonnance de l’anathème, ensuite quelle est la famille de cette tribu qui renferme le prévaricateur, et enfin quel est l’individu de cette famille qui sera lui-même le coupable ; cette recherche ne cessera jamais ni pour toi, ni pour aucun homme, et c’est dans la grande vallée d’Achor qu’un jour à venir seront conduits les prévaricateurs, avec tout ce qu’ils auront réservé de l’anathème, et là ils seront lapidés par tout le peuple. Nouvel Homme 18

19. Faites place à l’esprit. Ne voyez-vous pas comme il se presse de fendre la foule ; c’est qu’il a à faire une oeuvre si importante, et il a tant de zèle qu’il craint de perdre un instant. Il a d’ailleurs un si grand espace à parcourir, qu’il craint de ne pas arriver jusqu’au terme, avant que le temps qui lui est donné pour cet objet ne soit expiré. Il faut qu’il se rende du lieu de sa demeure jusque dans les dernières profondeurs de l’homme ; faites place à l’esprit, et laissez-le arriver jusque dans les profondeurs de l’homme. Il n’y vient que pour y placer la parole de la sainteté, d’où l’homme verra croître en lui à la fois les sept vertus, qui seront les sept colonnes de cet édifice fondé sur le roc vif, et qui doit être l’éternelle église de notre Dieu. Nouvel Homme 19

Faites place à l’esprit ; il vient apporter à la base du temple tous les moyens d’élever à demeure son édifice, et de le faire subsister intact malgré la jalousie des Samaritains, et il fera que ce temple s’attirera le respect et l’admiration de tous les peuples. Comment cette admiration pourrait-elle avoir lieu, comment cet édifice pourrait-il être si majestueux, si l’éternel architecte n’en avait lui-même fourni les plans, et tracé les diverses distributions, et s’il ne l’engendrait continuellement de sa propre source ? C’est pour cela que son esprit vient apporter jusqu’à notre centre le plus intérieur, les paroles vivantes qui se réactionnent mutuellement par leurs diverses puissances et propriétés, et font sortir d’elles-mêmes cette lumière, et cette vie qui assure une éternelle durée à ce temple qu’elles ont bâti de leurs propres mains. Nouvel Homme 19

Car si l’homme a le bonheur de voir naître en lui le fils de l’esprit ou le nouvel homme, il aperçoit bientôt la différence de ce nouvel état pour lui à son état antérieur ; et cette différence consiste en ce que, dans ce nouvel état, il est sûr, par ses efforts et la persévérance dans sa prière, d’obtenir les fruits de ses désirs purs, soit des lumières et des développements, soit des consolations, soit des dons de l’esprit pour la manifestation de la gloire de son maître, toutes choses que nous pouvons maintenant regarder comme autant de révélations. Mais dans son état antérieur, il n’avait pas la même certitude, et malgré toutes les entreprises les plus courageuses, il ne pouvait se flatter du même succès, et les espèces de révélations dont il était susceptible alors, lui parvenaient d’une manière plus voilée, plus figurative, et qui le laissaient souvent comme dans l’attente des biens qu’on ne faisait que lui montrer. Nouvel Homme 20

Ainsi, unité dans l’amour, unité dans l’oeuvre de la pénitence, unité dans l’humilité, unité dans le courage, unité dans la charité, unité dans le dépouillement de l’esprit de la terre, unité dans la résignation, unité dans la patience, unité dans la soumission à la volonté suprême, unité dans le soin de nous revêtir de l’esprit de vérité, unité dans l’espérance de recouvrer les biens que nous avons perdus, unité dans la foi que notre volonté purifiée et unie à celle de Dieu doit avoir son accomplissement dès ce monde, unité dans la détermination à dissiper les ténèbres de l’ignorance dont notre séjour nous enveloppe, unité dans la vigilance, unité dans la constance à la prière, unité dans la continuelle culture des écritures saintes, enfin unité dans tout ce que nous sentons être propre à nous purifier, à nous alléger de ce bas monde, et à nous avancer dans notre royaume qui est le royaume de l’esprit, et le royaume de Dieu ; voilà la loi que nous devons nous imposer. Nouvel Homme 21

Lorsque nous avons peint antérieurement quels seraient les délices que nous éprouverions, si toutes les puissances divines se transformaient pour nous en autant de verbes brûlants, nous avons supposé que l’esprit de l’homme aurait déjà fait tous ces travaux préliminaires, toutes ces collections d’unités partielles dont son unité intérieure lui donne la règle et la mesure, et le met en rapport, et en correspondance avec l’unité suprême, et universelle ; sans cela, malheur à lui, si cette unité suprême faisait un mouvement si marqué, et si important ! Malheur à lui si elle lui découvrait toute sa gloire ! Nouvel Homme 21

Mais gardons-nous de vouloir agir avant cette heureuse époque, et par les mouvements de notre impatience. Avant de croire aux fruits de la loi, il faut commencer par croire à la loi ; car, selon l’Évangile, comment croire au réparateur si l’on ne croit pas d’abord à Moise, et à la loi qui ont parlé de ce réparateur ? Or la loi de l’homme de l’esprit est de ne pas faire un mouvement dans la carrière supérieure, sans que ce mouvement ne soit ordonné, et précédé par une parole, qui devient pour lui ce que Moïse, et les prophètes étaient pour les appelés, et les élus à la loi de grâce. Et si l’homme ne croit pas que telle doit être sa marche respectueuse, et soumise, il ne croirait pas davantage aux merveilles que désirerait son impatience, parce que c’est de ces merveilles-là que la parole doit prophétiser. Nouvel Homme 22

Car si ce nouvel homme naissait jamais pour notre ruine au lieu de naître pour notre salut, comment pourrions-nous jamais entrevoir et connaître le royaume qui ne peut se montrer réellement qu’à ce nouvel homme, et à cet enfant chéri conçu en nous par l’esprit du Seigneur ? Nouvel Homme 22

C’est donc à extraire les pierres des carrières, à les tailler, à les transporter, à les poser à demeure dans la place qu’elles doivent occuper dans l’édifice, que la sagesse et l’esprit du Seigneur s’occupent journellement à notre égard ; et les instruments qu’ils emploient pour cela, ce sont les mêmes obstacles, et les mêmes contrariétés spirituelles que nous rencontrons dans notre carrière, et dont l’homme novice aux secrets de Dieu ne connaît pas assez le prix pour sentir qu’il n’y a pas une de ces épreuves soutenues avec foi et courage, qui ne doive se terminer pour lui par la naissance et le développement d’une unité ; et que c’est par ces accumulations d’unités acquises par autant d’épreuves, et de victoires, qu’il doit voir s’élever en lui le nouvel homme ou l’édifice des élus. Nouvel Homme 22

Armons-nous donc de courage, et de confiance quand l’esprit juge à propos d’employer ses instruments sur notre être spirituel, et ne nous scandalisons point, ne nous rebutons point quelle que soit la forme sous laquelle ces instruments se présentent, et s’approchent de nous. Ayons continuellement devant les yeux le psaume 68:7-8, etc. : Que ceux qui attendent après toi, ô Seigneur, ne rougissent point à cause de moi, que ceux qui te cherchent ne soient point confondus à mon sujet, ô Dieu d’Israël ! Parce que c’est à cause de toi que j’ai supporté les reproches, et que la honte a couvert ma face. Nouvel Homme 22

S’il est donc vrai que l’esprit, que le Réparateur lui-même se soient cachés et se cachent tous les jours sous la forme de ces instruments salutaires, ne les repoussons pas à cause de l’âpreté ou de la bassesse des couleurs qu’ils empruntent ; ne nous laissons point gagner par la confusion malgré leur abjection ; parce que c’est à cause de Dieu que la honte couvre ainsi leur face, et que si nous manquons l’occasion qu’ils nous offrent de partager un jour la gloire qu’ils ont de vivre dans la grande unité, en partageant avec eux, ici-bas, les fatigues, et les reproches qu’ils essuient pour nous élever jusqu’à eux, nous ne jouirons ni de la même communion qu’eux avec la grande unité, ni du développement merveilleux de notre unité intérieure, ni de celui de nos unités particulières ; c’est-à-dire, que nous ne formerons point ce temple éternel dont l’homme trouve en soi tous les matériaux. Nouvel Homme 22

23. Quand les hommes considèrent les objets soit naturels, soit artificiels qui se présentent à eux pour la première fois, leur premier mouvement n’est-il pas de se demander quel peut être l’emploi de ces objets et pour quelle fin ils ont l’existence ? C’est par là qu’ils parviennent bientôt à connaître quel est le but ou l’esprit de toutes les choses utiles, nécessaires ou agréables qui les environnent. Pourquoi donc ne se demandent-ils pas avec le même soin quel doit être l’emploi de l’homme ? Ou plutôt pourquoi leur répond-on si mal lorsqu’ils font cette question ? C’est qu’ils sont encore faibles, et comme dans l’enfance lorsqu’ils auraient envie de s’interroger eux-mêmes, et que ceux à qui ils s’adressent ensuite, sont tombés même au-dessous de cet état d’enfance par rapport à cette grande question. Nouvel Homme 23

Alors ce nouvel homme sera réellement sorti de l’état d’enfance où est encore ce fils chéri de l’esprit que nous avons déjà vu naître, et même patente au milieu des docteurs à son âge de douze ans, mais qui n’est point encore parvenu à cet état de virilité que nous peignons par anticipation, et qu’il ne faut point confondre avec l’état heureux qui nous attend après notre mort corporelle, si nous avons suivi les lois de la sagesse. Nouvel Homme 24

Car c’est à toi particulièrement qu’il est réservé de le voir dans sa gloire ; non pas dans une gloire terrestre et humaine, comme l’ignorance et la cupidité ne cessent de t’en flatter, mais dans la gloire de l’esprit, de la parole, et de la puissance, puisque c’est par ces divins caractères que tu l’as connu le premier parmi tous les peuples de la terre, et que c’est une loi irréfragable que les choses finissent par où elles ont commencé. Nouvel Homme 24

Nouvel homme, nouvel homme, instruis-toi à ces grands exemples. Soumets-toi humblement à toutes les servitudes qu’il plaira au Seigneur de t’envoyer. Ne te livre point de toi-même au mouvement ; tu serais comme Moab, tu emporterais ta lie avec toi, et le mouvement ne te servirait de rien ; laisse agir sur toi cette main vigilante, elle ne te fera jamais faire de mouvements qui te soient nuisibles, et elle ne te fera réellement entrer dans les grandes épreuves de l’esprit, que quand elle t’aura donné le temps de déposer ta lie, parce qu’alors tu te sépareras de cette lie sans retour, et que tu porteras la vie, la santé, et la bonne odeur dans les vaisseaux où elle te versera. Nouvel Homme 24

Pourquoi de si grandes promesses sont-elles attachées à la fidélité des Juifs à observer sa loi ? C’est que sa loi est le fruit, et l’esprit de son nom, et c’est que son nom est le fruit, et l’esprit de son essence ; or, que pouvons-nous connaître qui attire plus son action suprême sur nous, que ne le fait sa propre essence ? Il nous donne donc la clef de son amour quand il nous dit partout dans les écritures, qu’il se souviendra des tribus d’Israël à cause de son nom, qu’il ne perdra point de vue Jérusalem parce que son nom a été invoqué sur elle ; enfin qu’il ne permettra point que son nom soit méprisé par les nations, et qu’il déploiera toute sa puissance pour le venger des insultes qu’il aura reçues. Nouvel Homme 25

C’est ainsi qu’Ezéchiel, uni à une de ces réalités, se transporte de Babylone à Jérusalem pour y voir les abominations que les prêtres commettaient dans le temple, et les effrayer ensuite par les terribles menaces de la justice du Seigneur; c’est ainsi qu’Habacuc, uni à l’une de ces réalités, se transporte à Babylone pour porter de la nourriture au prophète Daniel ; c’est ainsi que Philippe, uni à l’une de ces réalités, est transporté sur le chemin de l’eunuque de la reine d’Éthiopie, pour lui dessiller les yeux de l’esprit des écritures saintes. C’est ainsi que saint Paul, uni à l’une de ces réalités, est transporté au troisième ciel où il entend des choses ineffables ; enfin c’est ainsi que Job, David, et tous les prophètes du Seigneur, unis à ces réalités, passaient leurs jours et leurs nuits dans les contemplations des merveilles de Dieu, dans la jubilation du sentiment de la grandeur de l’homme et même dans les nourrissantes douleurs de la charité quoiqu’elles soient mille fois plus aiguës que les douleurs qu’enfante le monde, font cependant l’ambition de l’homme de Dieu, parce qu’il sait qu’il y doit trouver la consolation et la vie. Nouvel Homme 26

La matière se précipite au-dessous de l’esprit, l’esprit s’élève au-dessus de notre corps ténébreux ; il se fait en nous un partage du pur et de l’impur, et une unité supérieure nous découvre un vaste champ. Sans son divin secours, l’homme rampe comme dans la fange. À peine, du fond de son antique demeure, peut-il découvrir au loin quelques rayons de la céleste clarté, et son oreille épaisse et dure ne soupçonne pas même l’harmonieux concert que les enfants de la lumière forment devant le trône de l’Eternel. Mais, dès que cette vie suprême a laissé tomber sur l’homme sa rosée vivifiante, quelles paroles peindraient les douceurs et les consolations qui l’attendent ? Quelles paroles pourraient faire comprendre l’état de la pensée du nouvel homme, lorsqu’il se trouve livré à la contemplation des oeuvres de la sagesse, et à la jouissance des ineffables ravissements qui saisissent son âme, pour peu qu’elle approche de l’atmosphère de l’éternité ! Nouvel Homme 26

Nouvel homme, ô toi enfant chéri de l’esprit, lorsqu’il t’arrivera « de mettre le pied dans cette terre promise, après que Dieu t’aura rendu maître de ce peuple d’une taille haute et surprenante, de ces enfants d’Enac que tu auras vus toi-même, que tu auras entendus, et à qui nul homme ne peut résister ; tu sauras que c’est le Seigneur lui-même qui passera devant toi comme un feu dévorant et consumant, qui les réduira en poudre, qui les perdra, qui les exterminera en peu de temps devant ta face, selon qu’il te l’a promis. Après que le Seigneur ton Dieu les aura détruits, devant tes yeux, ne dis pas dans ton coeur : c’est à cause de ma justice que le Seigneur m’a fait entrer dans cette terre, et qu’il m’en a mis en possession, puisque ces nations ont été détruites à cause de leurs impiétés, car ce n’est ni par ta justice, ni la droiture de ton coeur qui sera cause que tu entreras dans leur pays pour le posséder, mais elles seront détruites à ton entrée, parce qu’elles ont agi d’une manière impie, et que le Seigneur voulait accomplir ce qu’il a promis, avec serment, à tes pères Abraham, Isaac et Jacob ». Nouvel Homme 26

Ce lieu, tu l’as déjà connu, tu l’as déjà vu, dès que tu as reçu la naissance ; car ce lieu est ce même fils chéri, conçu de l’esprit en similitude de celui qui est le fils unique du Seigneur son éternelle génération. Nouvel Homme 27

Mais, c’est dans ce fils chéri et conçu de l’esprit, c’est sur cette pierre fondamentale que tu dresseras ton autel au seul vrai Dieu, parce que c’est là seulement où il puisse être honoré, puisque ce n’est que là où il peut trouver un être qui soit réellement son image et sa ressemblance, et qui ait les facultés nécessaires pour entendre sa langue divine, et comprendre les oracles de sa sagesse éternelle : aussi ce n’est que là où tu pourras entendre sa voix sacrée, recevoir des réponses qui remplissent ton intelligence, et satisfassent à tous les désirs de ton coeur et à tous les besoins de ton esprit. Nouvel Homme 27

Avec le Dieu unique qui a choisi son sanctuaire unique dans le coeur de l’homme, et dans ce fils chéri de l’esprit que nous devons tous faire naître en nous, tu n’as point les mêmes dangers à craindre, et tu n’auras que des fruits salutaires à recueillir, parce qu’il est l’être simple, l’être vrai, le seul être qui soit impassible à toute influence qui ne serait pas celle de la vérité ; aussi s’est-il réservé à lui seul le pouvoir de la faire connaître, et de la manifester dans toute sa pureté ! Nouvel Homme 27

Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28

On peut, à certains de ces signes, reconnaître que ces temps sont déjà ouverts sur la terre, par la multitude de visions, d’inspirations, d’associations spirituelles qui s’élèvent de toutes parts, et qui, se dévorant les unes et les autres, se précipitent mutuellement vers la destruction. On peut le reconnaître aussi à ce que la plupart de ces prodiges éloignent d’autant plus l’esprit de l’homme, de la seule route simple et intérieure qui puisse le sauver. Aussi nous est-il dit dans l’Evangile que malgré toutes ces merveilles prédites pour la fin des temps, il n’y aura cependant point de foi sur la terre. Nouvel Homme 29

Mortels, ensevelis dans le sommeil, relevez-vous, et voyez combien cette fureur sera terrible puisqu’elle doit balancer, et emporter le poids des iniquités qui se seront accumulées pendant toute la durée des siècles, et apprenez d’avance que c’est vous qui déterminez vous-mêmes la mesure des fléaux et des vengeances que vous devez faire un jour tomber sur vous ; apprenez, dis-je, à ne plus blasphémer votre Dieu, parce que si vous devez vous attendre à trouver en lui une justice, et une puissance supérieures à toutes vos abominations, pourquoi ne croiriez-vous pas également y rencontrer une douceur, et des bienfaits supérieurs à vos vertus, et à vos mouvements les plus purs, et les plus animés du feu de l’esprit ? Si vous déterminiez vous-mêmes la mesure de vos maux et de vos tourments, vos avez également le droit de déterminer vous-mêmes la mesure de vos joies et de vos récompenses, et ne doutez pas que le coeur de votre Dieu n’aimât mieux mille fois vous récompenser que de vous punir. Nouvel Homme 29

Or, pourquoi ces figures prophétiques si éloquentes, et ces formes si pittoresques que l’esprit prend sans cesse, ont-elles si peu d’empire sur l’esprit des hommes, si ce n’est parce qu’ils ont entièrement perdu de vue les modèles et les grandes vérités et qu’ils se sont ensevelis dans les images qui ne demandaient pour leur part aucun effort de leur intelligence, ni de leurs autres facultés morales et divines ? Nouvel Homme 29

En effet, le nouvel homme est celui qui gardera soigneusement en lui la parole du Seigneur, de peur qu’il ne la transporte ailleurs. Il travaillera jour et nuit pour conserver dans son coeur la chaleur de l’esprit, et pour en conserver la lumière dans les trésors de son intelligence. Il regardera le corps de l’homme comme un vase d’un puissant métal, qui soutient l’action du feu sans se briser, et sans se fondre. Il se dira : avant que j’eusse reçu sensiblement pour moi cette naissance spirituelle qui m’éclaire si puissamment sur ma vraie nature, le Seigneur me comblait cependant de ses biens. Comment m’abandonnera-t-il après m’avoir donné l’existence ? Il m’a enseigné à distinguer la joie que nous goûtons en lui ; comment ne viendrons-nous pas tout entiers pour la posséder ? Comment nous contenterions-nous de la joie qui ne serait attachée qu’aux images, quand nous pouvons goûter la joie attachée aux réalités, et surtout quand les images nous sont offertes comme au milieu d’un abîme, et au sein des plus profondes ténèbres ? Nouvel Homme 29

Nous voyons bien, à la vérité, dans la nature, le même air, la même source de vie se communiquer à toutes les plantes, et cependant les unes nous le rendent rempli de baumes et de parfums, tandis que d’autres ne le rendent que corrompu et plein d’infection ; mais ce n’est point cette image pénible qui fait la véritable affliction du nouvel homme, c’est de voir que le malheureux homme offre à nos yeux le même tableau, et avec des couleurs cent fois plus choquantes et propres à jeter la désolation dans toutes les substances de l’esprit. Nouvel Homme 30

Voyez ce nouvel homme; il a laissé jusque dans lui, par 1’organe de ses prières, l’antidote puissant qui seul peut détruire ces animaux malfaisants dont le coeur de l’homme est le repaire. Il a raclé chaque jour, comme Job, la sanie de ses ulcères, avec le morceau, de pot de terre qui lui restait ; aussi, l’esprit du Seigneur est venu renouveler son sang et lui rendre la santé. Aussi, son âme deviendra un jour le trône du Seigneur. Du haut de ce siège superbe, il étonnera les nations dans sa gloire, il lancera la foudre contre ses ennemis, il tracera les lois de sa puissance aux peuples innombrables qui habiteront dans ses domaines ; il publiera des lois de grâce pour ceux qui voudront rentrer dans les voies de la vérité ; il distribuera des prix et des récompenses à ceux qui se seront dévoués au service de son maître, et qui n’auront respiré que pour la gloire de la maison du Seigneur. Nouvel Homme 30

Le nouvel homme ne veut pas d’un Dieu qui soit ainsi l’ouvrage de ses mains ; voilà pourquoi il n’a d’autre soin, d’autre désir que de laisser agir sur lui la main du Seigneur. Il la sent pénétrer jusque dans l’intérieur de son être. Elle commence par réveiller en lui la sensibilité spirituelle par son approche ; elle lui communique une nourriture douce et vivifiante, qui flatte son goût et qui répand des parfums délicieux pour son odorat ; ce sont là les premiers sens spirituels qui prennent naissance dans l’homme, par la main de l’esprit. Nouvel Homme 30

Enfin, cette main divine délie la langue même de ce nouvel homme, afin qu’il puisse prouver à ceux qui lui parlent, qu’il a le bonheur de les entendre, et qu’il n’a point laissé tomber leurs paroles. Dès lors, la vie entière de ce nouvel homme va être un accroissement continuel, et un développement de tous ses sens et de toutes ses facultés spirituelles, par lesquels il témoignera que l’esprit est venu en lui, et qu’il l’a rendu son organe ; il tâchera de persuader ses semblables que cette main l’esprit est exclusivement la seule qui puisse faire toutes ces diverses opérations dans son âme, comme nous voyons que la nature est la seule qui les opère dans les sens physiques de notre corps, et que nous ne pouvons que nuire à notre conformation à notre régularité, si nous gênons, en la moindre chose, cette opération de la main divine ; il leur apprendra aussi que le don de la parole est le dernier de nos sens spirituels que la main divine délie dans notre âme, comme nous voyons que la parole matérielle est le dernier développement que reçoivent les enfants. Nouvel Homme 30

Ce sont tous ces mouvements-là qui se sont passés dans saint Jean-Baptiste, lorsque le Réparateur vint le trouver près du Jourdain pour être baptisé par lui ; il savait que celui qui serait envoyé devait baptiser dans l’esprit, et dans le feu ; il savait qu’il n’était pas digne de dénouer les cordons de ses souliers ; il n’osait par humilité, baptiser le Seigneur ; ce ne fut que quand il en eut reçu l’ordre de sa pari, qu’il s’y détermina ; et ce saint Jean nous est donné dans l’Évangile comme marchant dans l’esprit, et la vertu d’Elie, ou comme étant Elie lui-même, c’est-à-dire, l’esprit du Seigneur : aussi était-il le précurseur. Nouvel Homme 31

Lorsque ce baptême corporel est opéré sur nous par l’eau de l’esprit, alors le nouvel homme sort des eaux où il avait été plongé, et c’est quand il a mis le pied sur la terre qu’une voix du ciel se fait entendre, et dit : C’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection. Jusque-là ce nouvel homme était bien le fils de Dieu, puisqu’il avait été conçu par l’esprit et que par ce même esprit, il avait reçu la naissance ; mais son nom, et sa famille divine n’avaient point été promulgués, et tant que cette barrière qui devait céder à l’eau de l’esprit n’aurait point été rompue, le nouvel homme n’aurait pu recevoir de la part de son père cet aveu authentique par lequel il le reconnaît pour son fils, et lui assure par là, non seulement son existence parmi les nations, mais aussi les droits les plus constants à son légitime héritage. Nouvel Homme 31

C’est pour cela qu’il va se jeter dans le désert ; non pas seulement dans le désert matériel des circonscriptions locales et terrestres, mais dans le désert de l’esprit, et dans le désert de bleu ; c’est-à-dire que, sentant combien il est peu digne de s’approcher encore de cet esprit, et de ce Dieu dont il a été rejeté si loin par le crime, il va se replier dans lui-même pour rassembler ses forces, et ses lumières dispersées, afin que quand il aura eu le bonheur de leur faire reprendre leur unité, il puisse s’offrir dans de plus justes mesures à celui qui est la mesure même. Nouvel Homme 32

Par cette réponse simple et prise dans l’esprit de la vraie foi, il éloigne insensiblement de lui tous les enchanteurs, qui ne peuvent résister à une pareille marche, et qui peut-être sont plus aisément dispersés par là que par une résistance ouverte et par des combats déclarés. C’est à mesure que ce nouvel homme fortifie le rempart de la citadelle, qu’il acquiert de ces vastes et simples développements instructifs pour l’administration de l’intérieur. Nouvel Homme 32

N’oublie pas qu’il y a deux portes dans le coeur de l’homme ; l’une inférieure, et par laquelle il peut donner à l’ennemi l’accès à la lumière élémentaire, dont il ne peut jouir que par cette voie ; l’autre, supérieure, et par laquelle il peut donner à l’esprit renfermé avec lui l’accès à la lumière divine qui ne peut ici-bas lui être communiquée que par ce canal. Si au lieu d’ouvrir la porte supérieure pour la consolation de l’ami qui est renfermé avec toi dans ta prison, tu ouvres la porte inférieure, et que tu donnes accès en toi à ton adversaire, tu deviens un champ de bataille où ton ami fidèle, déjà en privation par sa charité pour toi, est encore exposé tantôt à un combat cruel, tantôt à des attaques déchirantes, quand il voit que tu te déclares aussi contre lui, et toujours à une situation lamentable par l’horrible voisinage que tu lui as procuré, et par la malheureuse nécessité où il est par ta négligence, ou par tes crimes, de demeurer auprès de son ennemi, et du tien, de se trouver renfermé dans la même enceinte, de le voir journellement te corrompre par son infection, et d’être obligé de respirer ces influences pestilentielles. Nouvel Homme 33

Tel était l’esprit des trois tentations par lesquelles il attaqua le Réparateur ; il ne cherchait, sous l’apparence de la piété et de la foi, qu’à faire descendre les vertus divines dans sa région, et à les faire employer à un usage faux, afin que les fruits en fussent tous à l’avantage de ses vues cupides et criminelles. Tel était, dis-je, l’esprit de ces trois tentations, parce que ce prince dés ténèbres ne marchant point dans la lumière, ne peut connaître que la même route erronée qu’il a suivie dès le commencement, et il attaquait le Réparateur, comme il avait attaqué le premier homme, et comme il attaque journellement tous les mortels. Nouvel Homme 34

Tel fut l’esprit de sagesse et d’humilité qui dicta la réponse du Réparateur à sa mère lorsqu’elle lui dit : Ils n’ont point de vin. Car lorsque le Réparateur lui répondit : Femme, qu’y a-t-il de commun entre vous et moi ? Mon oeuvre n’est pas encore venue ; il contempla sa grande puissance par laquelle il devait un jour ouvrir la source des eaux vives dans le ciel, et voir le fruit nouveau de la vigne dans le royaume de son père ; mais les hommes n’étant point encore préparés à partager divinement ces avantages, puisqu’ils sont encore sous le joug de l’apparence, il déclare que son heure n’est point encore venue, et il se borne à laisser opérer son action, devant eux, sur des substances élémentaires ; opération assez frappante pour les remplir d’étonnement, et de respect pour celui qui en est l’auteur ; tandis que la sublime opération divine dont elle est l’image, eût échappé à leurs regards, et fût devenue entièrement inutile pour eux. Nouvel Homme 35

Le sens de cette réponse peut en effet annoncer la différence du règne de la matière, et du règne de l’esprit, parce que le règne de la matière ne va jamais qu’en dégénérant, puisque son principe, ses moyens, son terme, tout est borné en elle, et finit par le néant ; au lieu que le règne de l’esprit ne peut aller qu’en s’accroissant continuellement, et promet toujours à l’homme de nouvelles jouissances ; or cette différence était clairement indiquée, puisque c’est le Réparateur lui-même qui avait agi directement, et spirituellement sur l’eau dont il avait fait remplir les urnes. En outre, le sens de l’observation du maître d’hôtel annonçait avec encore plus de clarté le caractère, et le terme de la loi ancienne, et l’esprit de la loi nouvelle que l’amour divin venait apporter sur la terre. Nouvel Homme 35

Lisons ici une seconde raison pour laquelle le nouvel homme a acquis tant de droits et de propriétés si puissantes, et si merveilleuses. C’est que pendant le séjour qu’il a fait dans le désert, il a appris à connaître le nom de l’ennemi qui était attaché à sa poursuite ; il a connu sa région, ses facultés, sa puissance, les causes éloignées ou prochaines qui l’ont placé près de lui, le nom et l’autorité des chefs sous lesquels il agit, ses rapports, ses correspondances, les plans généraux et particuliers qui lui sont tracés, et les moyens qu’il emploie chaque jour pour tâcher de parvenir à ses fins désastreuses ; plus le nouvel homme a fait de profondes découvertes sur le mobile, et la marche de ce malfaiteur, plus il a été en état de déranger ses plans et de faire manquer tous ses pièges, parce que comme l’esprit de l’homme ne peut rester dans le néant, et dans le vide d’action, il ne peut non plus éloigner de lui l’influence fausse, sans que l’influence vraie ne le remplisse. Nouvel Homme 35

« Bienheureux ceux qui soupirent après la paix de l’esprit, et qui y marchent par le sentier des oeuvres pacifiques, en ne se livrant à aucun des partis opposés et furieux qui se battent journellement dans l’homme ! En se délivrant ainsi de la tourbe tumultueuse de leur propre monde, ils prendront pour leur père le souverain auteur de la tranquillité suprême, et de l’éternelle paix, et deviendront par là les légitimes enfants de Dieu, puisqu’ils manifesteront le caractère distinctif de cette source où ils ont puisé la naissance et qui ne peut manquer d’être calme, puisqu’elle est perpétuellement remplie du sentiment inaltérable de son infinité, de son éternité, de son universalité. Ainsi ils pourront dire à leurs ennemis : tremblez, fuyez, vous ne pouvez rien contre moi, parce que je porte en moi un nom qui signifie le fils de votre Dieu. » Nouvel Homme 36

« Vous pouvez honorer Dieu par vos prières, mais vous pouvez l’honorer encore plus par les services que vous vous rendrez à vous-mêmes en son nom, et dans l’esprit de sa gloire et de la manifestation de sa lumière, car ces sortes de services seront pour lui, au lieu que vos prières sont principalement pour vous, et comme des préservatifs contre les dangers qui vous menacent et des appuis contre les faiblesses qui vous rongent. » Nouvel Homme 37

38. « Vous savez qu’il est écrit que vous ne devez point jeter vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, et qu’ils ne se tournent contre vous. Ce précepte regarde en particulier l’homme qui soupire après sa régénération ; il prend une telle idée de la grandeur des trésors qui lui sont promis, et une idée si horrible de la souillure de son être, qu’il craint toujours de laisser en lui quelque substance corrompue qui, comme les pourceaux, aille fouler aux pieds les perles qu’on lui présenterait, et qui ne se tourne contre celui qui lui aurait offert tous ces trésors. Lorsque vous deviendrez des hommes nouveaux, ne parlez point de la vérité à ce qui, dans vous, ne sera pas encore régénéré dans l’innocence, et dans la foi de l’esprit ; contemplez-vous pour savoir s’il n’y a pas encore en vous quelque chose qui soit à un tel point de faiblesse, et de ravalement, qu’on doive lui laisser ignorer même qu’il y a un remède universel ; savoir, celui de l’amertume. » Nouvel Homme 38

« Ce n’est qu’aux facultés, déjà dans le sentier de la vie, que vous devez communiquer l’utile mystère des douleurs de la pénitence de l’esprit, qui seule nous découvre si clairement les deux êtres qui sont en nous, et qui, seule, offre à l’homme comme autant d’échelons, pour l’aider à monter sur l’autel du sacrifice, jusqu’à ce que le feu de l’esprit descende sur lui, comme au temps de la loi des holocaustes, et l’enlève ensuite avec lui dans la région de la vie. » Nouvel Homme 38

« Pressez-vous de faire votre oeuvre, fût-ce même avant son temps, s’il était possible ; non seulement vous acquerrez par là les moyens d’obtenir de plus grandes richesses dans les possessions de la lumière, et de l’esprit, mais vous pourrez encore jouir paisiblement du repos pendant la chaleur du jour, tandis que ceux qui auront été moins actifs, ainsi que ceux qui se seront abandonnés à l’insouciance, et à la négligence, seront obligés de supporter tant de fatigues, que peut-être ils n’y résisteront pas, et finiront par être réduits à la disette, et à une effroyable misère. » Nouvel Homme 38

« Donnez donc un libre cours aux paroles du salut, et de la régénération qui ont été accordées au nouvel homme. Aidez-le à exterminer les agents de l’iniquité, à précipiter dans la mer les animaux impurs qui auront servi d’asile aux esprits de ténèbres, et à faire ouvrir à demeure les sept canaux de la sainteté ; la vie qui en descendra vous communiquera un nom dont vous ne pouvez concevoir les merveilleuses puissances, et les richesses ineffables ; faites-vous seconder du feu du ciel pour que tout ce qui est en vous tremble devant le Seigneur, et pour que vous marchiez sur les traces du fils du grand Azarias, en qui la parole sainte et divine consumait toutes les substances qui sont étrangères à l’esprit. » Nouvel Homme 38

« Il est écrit que si votre main droite vous est un sujet de scandale, et de chute, vous la devez couper, et la jeter loin de vous, parce qu’il vaut mieux qu’une partie de votre corps périsse, que non pas que tout votre corps soit jeté dans l’enfer. Ces paroles ne tombaient alors que sur les crimes où les désordres de votre matière pouvaient vous entraîner. Mais elles frappaient secrètement aussi sur les cupidités de l’esprit, et sur ces faux prophètes qui vous portent perpétuellement à rompre l’alliance que vous avez faite avec votre Dieu, et à en contracter avec des dieux qui ne sont point des dieux, qui se présentent à vous vêtus comme des brebis, et qui au-dedans, sont des loups ravissants. Car la porte de la vie est étroite, et il y en a peu qui la trouvent ‘ et qui y entrent, tandis que la porte de la perdition est large, et le chemin qui y mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y passent. » Nouvel Homme 38

39. Le nouvel homme entrera dans son temple aux jours septenaires, ou aux jours du sabbat de l’esprit, parce qu’il sera fidèle à la loi ; quand il sera entré et qu’il se lèvera pour lire, on lui présentera le livre du prophète Isaïe: et il l’ouvrira (61:1) où sont écrites ces paroles : L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi. C’est pourquoi il m’a consacré par son onction. Il m’a envoyé pour prêcher l’Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour annoncer aux captifs qu’ils vont être délivrés, et aux aveugles qu’ils vont recouvrer la vue, pour renvoyer libres ceux qui sont accablés sous leurs fers ; pour publier l’année des miséricordes, et des grâces du Seigneur, et le jour auquel Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres. Nouvel Homme 39

Il fermera le livre et dira : C’est de moi que ces paroles ont été écrites. J’ai attiré sur moi l’esprit du Seigneur par les désirs, et les larmes de mon esprit ; j’ai attiré sur moi les vertus du Seigneur par ma soif de sa justice, et mon ardeur pour sa sagesse ; j’ai attiré sur moi la mission du Seigneur en faveur des affligés par mon zèle pour sa gloire, et pour le soulagement de mes frères ; j’ai attiré sur moi la parole du Seigneur par la constance, et l’importunité de ma parole, parce que nous ne pouvons rien obtenir du Seigneur qu’en lui présentant des similitudes sur lesquelles il puisse faire descendre, et reposer son action. Nouvel Homme 39

Malheur à l’âme humaine qui, après avoir ainsi renouvelé son alliance avec l’esprit, et la parole du Seigneur, ne tremble pas de respect pour la mission dont elle est chargée, et ne remplit pas avec une sainte faveur, toutes les fonctions de son ministère ! Malheur à elle si, ayant obtenu de nouveaux pouvoirs, et des dons plus vastes pour faire descendre plus abondamment sur elle, et dans sa région, les grâces, et les frayeurs de la parole, .et de l’esprit du Seigneur, elle use de ces dons avec des désirs qui ne soient pas ceux de l’esprit même, avec une foi qui ne soit pas celle de l’amour et de la lumière, et avec des facultés qui ne soient pas entièrement, et exclusivement dévouées à l’oeuvre qu’elle doit accomplir sur la terre ! Elle se rendra coupable du corps et du sang du Seigneur (1ère Corinth. 11:27) ; elle mangera et boira sa propre condamnation, elle deviendra faible et malade, et tombera dans le sommeil. Nouvel Homme 39

Mais si elle n’écoute que les désirs de l’esprit de vérité, quelque dures que ses paroles puissent paraître à tous ceux de la synagogue, elle ne doit point craindre leur colère, ni les vengeances dont ils la menacent. Elle prospérera malgré eux, parce qu’elle sera soutenue par la main du Seigneur, ils auront beau la chasser de leur ville, et la mener jusque sur la pointe de la montagne où leur ville est bâtie, afin de la précipiter, elle passera au milieu d’eux, et se retirera. Nouvel Homme 39

Mais ayant commencé à user des droits originels de l’âme humaine (qui étaient de remettre les péchés) par remettre les péchés au paralytique, en récompense de la foi qui l’animait, il voudra encore frapper les yeux matériels des docteurs de la loi par un prodige corporel, et par la guérison matérielle du malade ; et sachant combien les puissances sur l’esprit s’élèvent au-dessus des puissances qui ne tombent que sur le corps, il prouvera la guérison intérieure, ou le pouvoir qu’il a eu de remettre les péchés par la guérison extérieure, puisqu’une puissance moindre est nécessairement comprise dans une puissance supérieure, ce qui nous enseigne combien nos maux sont liés à nos désordres moraux, et que si notre intérieur était mieux réglé, nous aurions infiniment moins d’infirmités corporelles. Pénétré de ces principes, le nouvel homme, ayant délié dans le paralytique les chaînes du péché qui suspendraient l’action de tous ses organes, dira, avec assurance, à ces organes délivrés de leurs entraves : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez en votre maison. Le paralytique se lèvera, emportera son lit, et s’en ira en sa maison au grand étonnement de ceux qui seront les témoins de ce glorieux événement. Nouvel Homme 39

Le nouvel homme sera si constamment occupé de son oeuvre, qu’il pourra ramener ainsi tout son être à ses éléments primitifs, en travaillant sans relâche, à réaliser ce qui est dit dans les prophètes : Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est-à-dire, en faisant en sorte que chaque portion de son être exprime activement la sainteté de Dieu, et dise : saint, saint, saint, comme nous avons vu précédemment, que telle était la vraie propriété que nous découvrait l’analyse divine de notre être ; c’est-à-dire enfin, que tous les points de cet être qui est en nous, devaient être mûs par les consciences vives, et progressives des diverses régions de l’esprit, par où nous pouvons, et devons passer, jusqu’à ce que nous soyons universellement pleins de la conscience divine. Or, si l’être intérieur du nouvel homme arrivait à cet heureux terme, quels maux physiques pourraient, dans son corps, résister à sa puissance ? Et ne pourrait-il pas dire avec assurance, à tout ce qui sera paralytique, en lui : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez votre maison ? Nouvel Homme 39

40. Voici le moment où le nouvel homme à l’instar des disciples du Réparateur, va aller prêcher dans les villes et dans les villages d’Israël qui est la terre de l’homme ; voici le moment où au nom de l’esprit, il pourra retracer l’élection de douze disciples, en développant en lui les dons qui brillèrent dans les douze envoyés par le Réparateur. Il offrira, en lui-même, un reflet de cette élection, en raison du pouvoir secret, et de l’opération continue quoiqu’invisible d’une ancienne loi qui a établi primitivement douze canaux pour la communication de la lumière, de l’ordre, et de la mesure parmi les nations ; loi à laquelle tous les dispensateurs des lois divines ont été fidèles, et qui a été observée dans tous les temps, même de la part des simples sectateurs des sciences élémentaires qui ont universellement consacré douze signes dans les régions du firmament matériel. Nouvel Homme 40

L’esprit qui envoie ainsi le nouvel homme dans sa propre terre le préviendra qu’il l’envoie comme une brebis au milieu des loups, en lui recommandant d’être prudent comme le serpent, et simple comme la colombe. Il le préviendra de toutes les résistances qu’il éprouvera de la part des hommes, c’est-à-dire des nations impies et incrédules qui habitent dans le royaume de ce nouvel homme. Il lui dira : Ces nations vous feront comparaître dans leurs assemblées, ils vous feront fouetter dans leurs synagogues, et vous serez présentés à cause de moi aux gouverneurs et aux rois pour me rendre témoignage devant eux, et devant les Gentils. Lors donc que l’on vous mettra entre leurs mains, ne vous mettez point en peine comment vous leur parlerez, ni de ce que vous leur direz ; ce que vous leur devez dire vous sera donné à l’heure même car ce n’est pas vous qui parlez, mais l’esprit de votre père qui parle en vous… Vous serez haïs de tous à cause de mon nom… Nouvel Homme 40

Tel sera le sort du nouvel homme lorsqu’il parcourra les diverses régions de son être, parce qu’il trouvera partout en lui des hommes d’iniquité qui le repousseront, qui chercheront à le faire tomber en confusion ; mais l’esprit du Seigneur sera avec le nouvel homme ; et il sentira naître en lui les réponses qu’il aura à faire pour le triomphe de celui qui l’aura envoyé, car le nouvel homme ne viendra de la part de l’esprit que pour en combattre les ennemis. Nouvel Homme 40

Mais que dire de ces nations impies au milieu desquelles cet homme nouveau et son précurseur sont envoyés? « Elles sont semblables à ces enfants qui sont assis dans la place, et qui crient à leurs compagnons, et leurs disent: nous avons joué de la flûte pour vous réjouir, et vous n’avez point dansé ; nous avons chanté des airs lugubres pour vous exciter à pleurer, et vous n’avez point témoigné de deuil. » Car le précurseur de l’homme nouveau, ou notre fidèle compagnon est venu dans la douleur, et dans les larmes, comme étant né des femmes, et les nations impies ont dit : Il est possédé du démon. L’homme nouveau est venu dans la joie et dans la consolation, comme étant né de l’esprit, et de l’amour, et elles ont dit : c’est un homme de bonne chère, et qui aime à boire ; c’est un ami des Publicains, et des gens de mauvaise vie. Elles ont traité le nouvel homme, et le fidèle compagnon qui a été son précurseur, comme elles ont traité le Réparateur, et celui qui marchait devant lui dans la vertu et l’esprit d’Élie, pour préparer les voies à la miséricorde. Nouvel Homme 41

C’est ainsi qu’elles ont traité les deux lois, et les deux alliances. La première de ces alliances était la voie des travaux, des afflictions, et des cérémonies pénibles et laborieuses, parce qu’elle était la figure des précurseurs, et comme eux était née des femmes, puisque ses ministres étaient descendus de la race charnelle du péché répandu, par la première femme, sur toute la postérité humaine. La seconde était l’alliance de la paix, et du repos, puisque celui qui venait l’apporter sur la terre, était né de son propre amour, de sa propre volonté, de sa propre charité, et venait développer devant nous, sa génération éternelle, afin d’élever notre esprit, jusqu’à cette sublime et pure région où cessent toutes les fatigues, et toute la tristesse de l’esprit. Nouvel Homme 41

Si par l’examen qu’il en fera, il les trouve non seulement chancelants sur ces bases fondamentales, mais encore disposés à en nier l’existence, et ne s’approchant de lui que par l’esprit du doute, et comme pour l’éloigner lui-même des sentiers de sa foi, et le faire tomber en confusion, il ne leur répondra rien ; ou il leur dira, comme le Réparateur disait aux Juifs qui lui demandaient des prodiges et des miracles : Ils n’en auront point d’autres que celui du prophète Jonas. Parce que ce miracle est visible dans l’âme de l’homme qui est ici-bas emprisonné pendant trois jours élémentaires, pour n’avoir pas voulu remplir sa mission auprès des anciens Ninivites, et que, par conséquent, l’homme a, en lui-même, un miracle suffisant pour être inexcusable de n’avoir pas de foi. Nouvel Homme 42

Il en est aussi qui n’avaient pas même besoin de lui donner semblables démonstrations pour que leur foi lui fût connue, parce que, comme étant le suprême modèle du nouvel homme, il lisait plus clairement que lui encore dans leur intérieur, puisque le premier caractère et le premier droit de l’esprit est de lire dans l’esprit, de communiquer, et de pénétrer dans tout ce qui est esprit. Mais il attendait toujours pour développer les trésors de sa sagesse et de ses pouvoirs, qu’il se fût assuré de la foi de ceux qui en étaient l’objet, soit par ses questions, soit par leurs témoignages visibles, soit par sa vue intime et pénétrante, trois modes d’éclaircissement qui doivent également être à la disposition du nouvel homme, selon ses proportions et ses mesures, et qui sont tracés d’après la triple enceinte qui nous environne, puisque nous sommes plus ou moins élevés dans notre foi, selon que nous sommes liés à l’une ou l’autre de ces trois enceintes. Mais quand le réparateur ne trouvait dans ceux qui l’approchaient, aucune espèce de foi, ni dans leurs réponses à ses questions, ni dans les démonstrations de leur zèle, ni dans leur intérieur, il les renvoyait sans les satisfaire, et il fermait soigneusement ses trésors pour ne pas les exposer à l’insulte et à la profanation. Nouvel Homme 42

Mais ce nouvel homme donnant lui-même l’exemple de l’humilité rendra même hommage à la loi temporelle et aux canaux visibles qui lui auront transmis ses droits et sa puissance ; puisqu’il est écrit que le salut vient des Juifs… Aussi au milieu de tous ces prodiges, il dira à ceux qu’il aura guéris : « Gardez-vous bien de parler de ceci à personne, mais allez vous montrer au prêtre, et offrez le don prescrit par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage » ; c’est-à-dire, rendez hommage avec moi à la loi, et aux voies de celui de qui nous tenons tout. Comme le nouvel homme sait que c’est par la foi que s’entretient et se conserve l’humilité, il sait aussi que c’est par l’humilité que la foi se conserve et s’entretient, et que sans ces deux vertus tous les dons de l’esprit se retirent. C’est pour cette raison sainte, et de première nécessité, qu’à l’image du Réparateur il ne se laissera toucher que par les désirs qu’il saura être nés de la foi et de l’humilité, puisqu’il en donnera lui-même le premier exemple, n’ayant obtenu sa renaissance qu’au prix de cette foi et de cette humilité qu’il manifeste dans ses oeuvres les plus glorieuses. Car c’est aussi pour cette raison que le Réparateur n’a cessé de recommander la foi et l’humilité dans toutes les instructions qu’il a répandues. Nouvel Homme 42

43. Le propre de l’esprit de ténèbres est de tenir l’homme dans la défiance de ses propres droits ; ou s’il ne peut empêcher qu’il en acquière quelquefois la connaissance, il a soin de les envelopper de couleurs illusoires qui retiennent ce malheureux homme toujours au-dessous de sa vraie mesure, et qui lui font continuellement immoler la réalité aux images et aux apparences. C’est par là qu’il est parvenu presque par toute la terre à faire substituer les traditions à la loi, la lettre à l’esprit, et les ténébreuses passions humaines aux lumières de vérité qui ont éclairé les prophètes. L’homme, depuis le crime, s’est trouvé entraîné dans la pente de cette région terrestre et morte qui ne tend qu’à s’affaisser, et qui ne peut qu’affaisser l’homme avec elle quand il cesse de se rappeler son illustre origine ; l’ennemi de l’homme ajoute encore journellement à ce poids déjà si qui faisait dire à Salomon : Cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité de ses soins. (Sagesse 9:15). Nouvel Homme 43

Ce n’est donc que par la plus ardente vigilance, que le nouvel homme saura résister à tant d’obstacles. Car il va trouver en soi-même, et la tradition qu’a reçue sa mémoire, et la loi qu’a reçue son esprit ; et s’il se livre aux oeuvres de sa loi, ou aux oeuvres de l’esprit, la voix de la tradition s’élèvera contre lui, et cherchera à le troubler et à lui faire paraître criminelles les oeuvres de la loi et de l’esprit. Nouvel Homme 43

Il sait que sa nature spirituelle et divine l’appelle à opérer des oeuvres de paix et à travailler au rétablissement de l’ordre universel ; il sait que cette même nature divine et spirituelle qui l’anime est au-dessus du temps, et est faire pour ne point connaître de temps ; ainsi toutes les fois que l’occasion se présentera de remplir son oeuvre, il la saisira, fut-ce même le jour de sabbat terrestre. Mais alors cette voix du sabbat s’élèvera contre lui, et voudra transformer son bienfait en une véritable prévarication ; c’est probablement pour nous retracer ce symbole de l’homme, et de cet affligeant assemblage qui se trouve en lui, que le Réparateur guérit un jour de sabbat, au milieu de la synagogue, cet homme qui avait une main sèche ; car en effet cette synagogue représenta parfaitement alors la réunion de la lumière et des ténèbres, où d’un côté agissait la vertu active de celui qui venait rendre aux hommes de l’esprit l’usage de leur main desséchée ; et de l’autre l’opposition d’un peuple matériel et grossier qui s’appuyait sur la lettre même de sa loi pour combattre l’esprit de la véritable destination de notre être. Nouvel Homme 43

Le nouvel homme éclairé de la même lumière, expliquera sans cesse la tradition par la loi, la lettre par l’esprit, et l’esprit par a volonté du suprême auteur des choses. Ce nouvel homme n’oubliera donc pas que ce n’est point au temple à prescrire la loi et les formes des sacrifices qui doivent s’opérer dans son sein, que c’est au temple à recevoir cette loi et ces sacrifices, tels qu’il convient au prince des prêtres selon l’ordre de Melchisédech de les lui prescrire ; que ce temple n’a d’autre obligation que de se maintenir toujours dans l’ordre convenable, et d’être prêt à toutes les heures où il plaira à ce prince des prêtres d’y venir offrir son encens. Nouvel Homme 43

Aussi il aura la sage précaution de ne jamais oser commencer lui-même à s’approcher des cérémonies saintes, sans qu’il sente que le temple est prêt, que toutes les lampes y sont allumées, que le feu de l’esprit a pénétré ses murs, ses fondements, ses colonnes, et a décoré toutes les parties de ce temple d’une manière digne du sacrificateur qui doit s’y rendre, et des saints mystères qui s’y doivent opérer. Nouvel Homme 43

Il sentira par ce moyen que non seulement le fils de l’homme est au-dessus du sabbat temporel, mais que le temple même a aussi ce magnifique privilège, puisque ce temple n’est autre chose que le nouvel homme, et que le nouvel homme participe à tous les droits et à toutes les propriétés de l’esprit du Seigneur ; il reconnaîtra alors que de même l’esprit du Seigneur est le chef et le maître du nouvel homme, de même le nouvel homme devient par lui le chef et le maître de la loi ; que si c’est au nouvel homme à attendre et à recevoir de l’esprit du Seigneur les lumières, la sainteté et la vie, c’est au temple bâti par la main des hommes à attendre et à recevoir du nouvel homme l’administration de toutes ces choses, et qu’ainsi l’esprit du Seigneur se trouve à la fois par là, le maître du nouvel homme, la maître du temple, le maître du sabbat, le maître de la loi, puisqu’il comprend tout, puisqu’il dirige tout, puisqu’il pénètre tout, et que ce n’est que dans lui que les propriétés des choses, leurs vertus, leurs figures, et leur esprit peuvent trouver leur explication, et leur véritable accomplissement. Nouvel Homme 43

Il se trouvera peut-être dans le nouvel homme des Juifs, qui lui demanderont, comme autrefois les docteurs de la loi et les Pharisiens demandaient au Réparateur : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains lorsqu’ils prennent leur repas. Lorsqu’ils ne seront pas susceptibles de s’élever à ces sublimes régions de l’esprit qui expliquent tout, il les fera tomber en confusion, en leur objectant leur propre conduite sur des points d’une plus grande importance ; et il leur dira : « Pourquoi vous-mêmes, violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition ? Car Dieu a fait ce commandement : honorez votre père, et votre mère ; et cet autre : que celui qui outrage de paroles son père ou sa mère, soit puni de mort. Cependant vous dites : quiconque dira à son père ou à sa mère : tout don que je fais à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore qu’après cela il n’honore, et n’assiste point son père ou sa mère, et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites que vous êtes, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : ce peuple est proche de moi en paroles, et il m’honore des lèvres, mais son coeur est bien éloigné de moi… toute plante qui n’aura point été plantée par mon père qui est dans le ciel, sera arrachée. » Nouvel Homme 43

Il n’y a point de vérité au-dessus de ces dernières paroles, et qui mérite plus l’attention du nouvel homme, parce que ces paroles embrassent à la fois toutes les lois, tous les temps, et tout le jugement ; voilà pourquoi ce nouvel homme s’en fera comme une armure avec laquelle il brisera sans cesse les traits de l’ennemi ; voilà pourquoi il commencera par lier le fort, afin de pouvoir entrer dans sa maison, et piller ses armes ; ayant sans cesse devant les yeux que s’il ne s’associe pas continuellement avec l’esprit, s’il ne s’efforce pas de naître continuellement de l’esprit, s’il ne met pas tous ses soins à être planté par l’esprit, enfin s’il n’est pas avec l’esprit, il sera contre l’esprit ; et s’il n’amasse point avec l’esprit, il dissipera. Nouvel Homme 43

Il sait que « tout péché, et tout blasphème sera remis aux hommes, mais que le blasphème contre l’esprit, ne leur sera point remis, Il sait que si quelqu’un parle contre le fils de l’homme, il lui sera remis, mais que s’il parle contre l’esprit, il ne lui sera remis ni en ce monde-ci, ni en l’autre. » Or il croirait blasphémer contre l’esprit, que de ne pas amasser continuellement avec l’esprit, puisque ce serait comme s’il croyait à une autre puissance qu’à celle de l’esprit. Il croirait parler contre l’esprit que de ne pas se lier perpétuellement avec l’esprit, parce que ce serait comme s’il croyait pouvoir vivre d’une autre vie que de la vie de l’esprit. Nouvel Homme 43

Ainsi non seulement il s’abstiendra de tous les blasphèmes contre le fils de l’homme, qui pourront être susceptibles de pardon, en ce qu’ils ne tombent que sur l’homme temporel, ou sur l’enveloppe de l’esprit ; mais ce nouvel homme ne laissera pas même subsister en lui les moindres traces d’offenses encore plus secondaires, et plus susceptibles de rémission, tant il sera occupé à se prémunir contre les blasphèmes irrémissibles, ou à se remplir si bien de l’activité de 1’esprit, qu’un jour à venir on ne puisse pas lui reprocher de n’avoir pas été dévoué exclusivement à l’esprit, et qu’on ne lui fasse pas payer jusqu’à la dernière obole, c’est-à-dire tous les moments qu’il n’aurait pas passés dans cette confiance entière et absolue que l’homme doit avoir à l’esprit, et c’est ici que se vérifie cette terrible parole : beaucoup d’appelés, et peu d’élus ; car tous les hommes étaient nés pour accomplir cette importante loi. Nouvel Homme 43

Or qui ne frissonnera pas sur le petit nombre, qui puisse être traité comme lui ayant été fidèle, et sur la multitude que l’ennemi en a éloignés depuis l’origine, et qu’il en éloignera jusqu’à la fin par ses illusions de tout genre, et surtout, en leur faisant sacrifier la loi à la tradition, l’esprit à la lettre, et la réalité à l’apparence ? Qui ne frissonnera pas, dis-je, de voir à quel petit nombre seront réduits ceux qui feront, avec assez de fidélité, la volonté de l’esprit, pour qu’un jour on dise de chacun d’eux : celui-là est le frère, la soeur, et la mère de l’esprit. Nouvel Homme 43

44. Le vieil homme est tombé sous le joug d’une triple mort, que l’on désigne sous le nom de la mort du corps, la mort de l’âme, et la mort de l’esprit ; mais qui, ayant eu primitivement pour cause, et pour principe, la mort ou l’abolition de ses titres de pensée, parole, et opération de l’Eternel, doit se considérer sous le nom de la mort de son être divin, qui, en effet, est aujourd’hui comme enseveli dans un sépulcre, en comparant sa déplorable situation avec l’état glorieux dont il a joui ; il faut donc que le nouvel homme ait pour tâche de se procurer une triple résurrection, c’est-à-dire, qu’il arrache sa pensée, sa parole, et son action aux ténébreuses régions où elles sont en esclavage, qu’il retienne sa pensée, sa parole, et son action sur le bord du précipice, dans lequel l’ennemi cherche journellement à les entraîner, et qu’il prévienne pour l’avenir la mort de sa pensée, de sa parole, et de son action, dans toutes les circonstances où l’ennemi pourra les menacer. Nouvel Homme 44

Car, cette grande oeuvre, embrassant tous les temps, toutes les régions, et toutes les générations de la famille humaine, a dû agir dès l’origine pour arracher la proie à l’ennemi, qui l’avait déjà emportée dans la maison de servitude, ou dans le tombeau ; elle a dû agir depuis pour reprendre des mains de cet ennemi, les victimes qu’il saisissait journellement, et qu’il emmenait également dans ses sombres demeures ; enfin elle agira encore dans l’avenir, pour empêcher que cet ennemi ne puisse s’emparer si aisément de nouvelles victimes, ou qu’au moins il ne puisse venir les saisir jusque dans le bercail ; et ne doutons pas que ne se trouve là l’esprit des trois époques des lois de restauration parmi les hommes, l’esprit de la triple manifestation de la sagesse éternelle dans le temps, et le trinaire qui caractérise essentiellement toutes les opérations qui ont été ou accomplies, ou simplement annoncées, et figurées par les divers élus que cette sagesse éternelle a envoyés, en différentes fois, sur la terre, pour la délivrance des mortels, pour leur soulagement, et pour leur instruction. Nouvel Homme 44

La première et la plus pénible de ces trois résurrections que le nouvel homme aura à opérer en lui, est d’arracher de toutes les substances fausses dont il est environné, celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui s’y sont englouties, et pour ainsi dire amalgamées, et qui y sont comme dans un vrai tombeau, où, non seulement, elles ne jouissent point du jour, et de la lumière, mais où elles tendent continuellement vers une effroyable putréfaction ; en effet, il est impossible de concevoir une opération plus douloureuse que celle de séparer ainsi les différents métaux que nous avons laissé souder ensemble, puisqu’il n’y a qu’une fusion entière qui puisse nous y faire parvenir ; niais ce qui paraît au-dessus des forces ordinaires, n’est point au-dessus des forces du nouvel homme, puisqu’il est le fils de l’esprit, et qu’il a bu le médicament salutaire, ou ce puissant dissolvant que Jérémie compare à un marteau qui brise les pierres (23:29). Nouvel Homme 44

La troisième résurrection sera celle qu’il opérera d’avance sur celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui, à l’avenir, pourraient être exposées aux attaques de l’ennemi, et qu’il voudrait essayer de corrompre afin de les engloutir avec lui dans ses abîmes, parce qu’il ne suffira pas au nouvel homme de n’embrasser que les époques passées, et présentes, dans la manifestation de sa puissance, et de sa sagesse ; il lui faudra embrasser même les époques qui ne sont pas encore, puisque tel est le plus grand privilège de l’esprit ; aussi travaillera-t-il sans relâche pour obtenir que la main suprême l’environne, le soutienne, et le protège de manière à ce que l’ennemi ne puisse plus désormais avoir sur lui aucun empire, et il y parviendra lorsqu’il aura subjugué tout ce qui est en lui, et qu’il pourra dire de lui, ce que le Réparateur disait de la corruption extérieure : J’ai vaincu le monde. Nouvel Homme 44

En effet, nous pouvons mourir dans nos oeuvres, si nous portons nos pensées fausses, et nos volontés criminelles, jusqu’à la consommation ; nous pouvons mourir dans nos volontés corrompues, si elles se lient aux plans désordonnés que nos pensées peuvent adopter, quand même nous n’irions pas jusqu’à les réaliser dans nos oeuvres ; enfin nous pouvons mourir dans nos pensées, si nous les laissons remplir de tableaux contraires à la vérité, et à la gloire de l’esprit, quand même nous ne les adopterions pas dans nos volontés, et quand même nous ne les laisserions point se transformer en actes. Nouvel Homme 44

Voilà donc la triple résurrection que chaque homme doit opérer sur soi-même, s’il veut parvenir à la dignité du nouvel homme ; et jamais nous ne pourrons avoir la moindre idée de nos droits primitifs et de notre véritable renaissance, si nous ne rétablissons pas à demeure en nous une source d’actions régulières, une source de mouvements vrais, et une source de pensées saines, parce que ces trois sources découlent ensemble de la source unique, et éternelle de l’esprit. Nouvel Homme 44

En effet, ce Lazare ressuscité dans le tombeau, et déjà livré à la putréfaction, est le type de nos actes dépravés, et des prévarications que nous avons portées jusqu’à l’oeuvre, et à la consommation, c’est-à-dire, jusque dans la demeure de la mort, et de la corruption, qui nous est figurée ici-bas par les sépulcres matériels. Le fils unique de la veuve de Naïm, ressuscité dans le chemin du tombeau, est le type de nos volontés criminelles qui ont adhéré aux plans faux de notre pensée, mais qui n’ont été arrêtées dans la voie du tombeau, c’est-à-dire, avant d’arriver à leur consommation, et aux actes iniques qui en auraient complété la corruption, et leur auraient fait connaÎtre la putréfaction sépulcrale. Enfin la fille du chef de la synagogue, ressuscitée dans la maison, est le type de cette mort que nous pouvons éprouver dans notre pensée, quand nous la laissons infecter de plans coupables, et injurieux à l’esprit de vérité, qui ne veut pas que nous adoptions d’autres plans que les siens, qui a daigné choisir la pensée de l’homme pour être le chef de la synagogue universelle, et qui désire sans cesse que cette pensée de l’homme, et tous les enfants qui peuvent émaner d’elle, répandent partout la vie qui les anime. Nouvel Homme 44

45. Sans doute ce ne sera qu’après avoir ainsi purifié tout son être, et opéré en soi cette triple résurrection, que le nouvel homme fera, en lui-même, l’élection dont nous avons parlé d’avance, ou l’élection des douze vertus qui doivent le manifester dans toute l’étendue de ses propres régions ; avant cette époque il était si incapable de faire une pareille élection, qu’il n’aurait même jamais pu en concevoir l’idée, et encore moins l’exécuter, si l’esprit de vérité n’était venu prendre en lui la place de toutes ses substances de mensonge. Aussi il sent plus que jamais combien nous nous exposons, quand nous osons marcher par nous-mêmes dans la carrière spirituelle ; et c’est 1’esprit qui le dirige, c’est dans le prince des justes, c’est dans ce Réparateur qu’il apprend de nouveau à s’attacher à cette sainte réserve, puisque le Réparateur lui-même, ou le prince des justes ne veut pas faire par soi l’élection de ses douze apôtres mais qu’il passe toute une nuit en prières avant de les choisir (Luc 6:12). Nouvel Homme 45

Ce ne sera pas seulement cette ordonnance intérieure de lui-même qu’il soumettra au mouvement de l’esprit ; mais dans toutes les circonstances de sa vie, il aura sans cesse à la bouche ces paroles du psaume 101:3 : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Il ne voudra pas même d’une vertu qui né vienne que de lui, parce qu’il sait combien elle serait fragile ; mais il ouvrira en lui les substances de ses vertus afin que l’esprit vienne s’en emparer, les vivifier, et les gouverner dans toutes les circonstances. Nouvel Homme 45

Ainsi il priera sans cesse l’esprit de venir demeurer dans sa pénitence, dans son humilité, dans son courage, dans sa résignation, dans sa prière, dans sa foi, dans son amour, dans ses lumières, dans son espérance, dans sa charité, dans toutes les affections pures de son âme, et dans tous les mouvements de son essence spirituelle et divine, afin qu’il ne puisse plus être vaincu dans les combats qu’il aura à soutenir. Nouvel Homme 45

Le nouvel homme ne mettra pas en doute que l’esprit n’ait les mêmes pouvoirs dans les régions où sa pure essence et sa suprématie l’appellent à régner en maître et en souverain ; il ne doutera pas que cet esprit ne possède, selon sa classe, incomparablement plus de dons, de prévoyance, et de sagesse, que n’en peut jamais posséder l’homme qui est réduit à la région élémentaire, quelle que soit l’industrie que cet homme ait pu y déployer. Il ne doutera pas que cet esprit n’ait à sa disposition des nombres incalculables de propriétés, et de substances de sa propre nature, en comparaison de ce peu de substances élémentaires que nous pouvons employer ici-bas, à la conservation de notre matière, et à la production comme à l’entretien des oeuvres de nos mains. Nouvel Homme 45

Plein de cette salutaire persuasion, le nouvel homme quand il sera faible et fatigué, dira à l’esprit : apposez une de vos forces sur ma faiblesse, et elle la fortifiera. Quand il sera lâche et froid, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances ardentes sur ma froideur, et elle la réchauffera. Quand il sera emporté par son ardeur impétueuse il dira à l’esprit : apposez une de vos substances calmes sur mon impétuosité, et elle la tempérera. Quand il sera dans les ténèbres, il dira à l’esprit : apposez une de vos substances lumineuses sur mon obscurité, et elle l’éclairera. Quand il sera ébloui par la lumière, il dira à l’esprit : apposez sur mes yeux une de vos substances intermédiaires, et je ne craindrai plus de perdre la vue ; quand il sera environné de ses ennemis, il dira à l’esprit, mettez entre eux et moi un de vos boucliers, et je serai à l’abri de toutes leurs attaques. Quand il se sentira comme suspendu par un fil au-dessus des abîmes, il dira à l’esprit : étendez jusqu’à moi une de vos mains, et je marcherai sur ces abîmes comme sur le plus ferme terrain. Nouvel Homme 45

Voilà de quelle manière le nouvel homme se liera à l’industrie de l’esprit pour se guérir de tous ses maux, pour se préserver de tous ses dangers, et pour subvenir à tous ses besoins ; car nous ne devons point craindre de répéter une vérité si essentielle, et si consolante ; savoir, que l’esprit se prête mille fois plus aisément encore à ce soulagement de nos besoins spirituels, que la nature ne se prête à celui de nos besoins matériels, parce qu’il nous aime, et que la nature ne peut nous aimer, mais qu’elle ne peut que nous abandonner aveuglément toutes les substances qu’elle engendre, pour que nous nous occupions ensuite à les employer à notre avantage, selon notre sagesse, et selon nos lumières. C’est donc ainsi que se conduira Ie nouvel homme envers l’esprit ; il tâchera de tellement captiver sa bienveillance, qu’il puisse, avec une entière confiance, lui dire : En quelque jour que je vous invoque, exaucez-moi. Nouvel Homme 45

La meilleure manière de pouvoir arriver à cet heureux terme, et de pouvoir réellement dire avec confiance à l’esprit : En quelque jour que je vous invoque exaucez-moi, c’est de mettre bien soigneusement à profit les substances salutaires qu’il veut bien nous remettre pour le soulagement de nos infirmités. Plus nous en retirerons d’utilité, plus il nous en distribuera d’autres avec abondance, de façon que notre prière pourrait à 1a fin se transformer en une invocation active et perpétuelle, et qu’au lieu de dire cette prière, nous pourrions la réaliser, et l’opérer à tout moment, par une continuelle préservation et guérison de nous-mêmes. Nouvel Homme 45

Considérons donc ce nouvel homme environné de toutes les substances de l’esprit, et les appliquant par sa foi effective, ou par sa prière en actes, à tous les besoins qu’il peut éprouver dans son oeuvre ; voyons-le à tous les pas qu’il fait dans sa carrière, se procurer des nouvelles grâces, de nouveaux appuis, de nouveaux bienfaits, et par cette fidélité, et ce vif dévouement, s’identifier tellement avec l’esprit que ces mêmes grâces, ces mêmes appuis, ces mêmes bienfaits descendent sur lui comme gratuitement, mais d’une manière qui lui soit comme naturelle, qu’il les reçoive à tout instant, sans qu’il les cherche, et sans qu’il soit surpris cependant de les voir ainsi prévenir même tous ses besoins. Nouvel Homme 45

Tous ces faits ne sont que des témoignages, et des fruits des dons que l’esprit a fait germer dans le nouvel homme ; ils ne font qu’annoncer cette nourriture spirituelle, active, et physique que ce nouvel homme peut sans cesse multiplier en lui en faveur des divers peuples qui habitent les diverses régions de son être ; car s’il est uni à la source de la vie, il n’y a plus rien en lui où il ne puisse faire parvenir des ruisseaux de cette source vivante, et où ces ruisseaux ne puissent tellement accumuler leurs eaux fécondes, que la fertilité s’y établisse, et fournisse abondamment la subsistance à tout ce qu’il y aura dans ses domaines légitimes, d’indigent, et d’affamé. Nouvel Homme 45

Cette pierre est carrée, et taillée par le ciseau de l’esprit, et elle doit servir de base à ce temple divin destiné à remplacer dans le nouvel homme les tentes qui, jusqu’alors, ont été le seul asile de l’arche sainte, ou de la vérité. C’est là cette porte du temple qui était carrée, selon le prophète Ezéchiel (41:21) et à laquelle répondait la face du sanctuaire, étant en regard l’une devant l’autre. C’est par cette porte que les oracles du sanctuaire doivent se promulguer au peuple, selon Isaïe (9:8) : Le seigneur a envoyé sa parole à Jacob, et elle a été vérifiée dans Israël, tout le peuple le saura, Ephraïm, et les habitants de Samarie. C’est par cette même porte que doivent entrer les nations pour venir adorer dans le temple de Jérusalem, et ce sont les sept colonnes élevées dans le temple qui font que ce temple est parfaitement solide, et que les nations peuvent y habiter en sûreté, puisque Salomon nous dit (Proverbes 9:1) que la sagesse elle-même s’est bâtie une maison, et qu’elle a taillé sept colonnes. Nouvel Homme 46

Nouvel homme, contemple-toi donc avec respect. Tu as, en face de toi, le sanctuaire ou l’unité éternelle et divine ; tu as, au fond de ton être, la base fondamentale du temple, et tu trouves en activité dans ce temple, les sept sources sacramentelles qui, étant vivifiées par la source de vie, doivent à jamais fertiliser toutes les régions qui te composent. C’est à toi de veiller sans cesse pour que les eaux de cette source de vie ne se détournent point de leur cours naturel, et qu’elles viennent journellement se rendre dans tes sept canaux spirituels. Jamais elles ne se détourneront d’elles-mêmes, parce que, par leur propre pente, elles tendent à venir chercher leur repos en toi : mais si tu n’as pas un soin continuel de leur préparer les voies, en faisant tailler, et polir par l’esprit la pierre fondamentale de ton temple, et en la maintenant exactement dans son aplomb, ces eaux divines se répandront, au lieu d’entrer dans tes sept canaux spirituels, et elles ne te procureront aucun avantage ; parce que c’est cette pierre fondamentale de ton temple qu’elles ont choisie, comme étant la seule mer assez immense pour leur servir de réservoir. Nouvel Homme 46

Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47

Car le nouvel homme peut d’avance déclarer qu’à l’image du Réparateur il doit être livré entre les mains des hommes, qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il faut qu’il soit rejeté par les sénateurs, par les princes des prêtres, et par les docteurs de la loi, et qu’enfin il soit mis à mort, et qu’il ressuscite le troisième jour. Mais ce nouvel homme dévoué au service de son maître ne voit que les consolations qui l’attendent, et n’est point arrêté par les maux qu’il doit souffrir, parce qu’il a bu le médicament d’amertume, que par ce moyen son coeur lui a engendré l’intelligence, et que l’intelligence lui a engendré la parole avec laquelle il a une vive confiance qu’il renversera à la fin ses ennemis. En conséquence, voici de quelle manière il emploie les différents secours qui lui sont accordés par l’esprit, et qu’il trouve en lui par les divers développements de son être. Nouvel Homme 47

Le devoir est à côté de la loi, la fatigue à côté du devoir, le découragement à côté de la fatigue, et la misère à côté du découragement : dans l’ordre même des jouissances légitimes de ce bas monde, et dans tout ce que nous pouvons appeler ici-bas les douceurs, et le bonheur de l’esprit, nous ne sommes guère plus en sûreté, tant que ce n’est pas l’unité, elle-même, qui nous dirige, qui nous domine, et qui nous maîtrise ; car le plaisir est à côté du bonheur, l’erreur à côté du plaisir, le crime à côté de l’erreur, et la mort à côté du crime. Nouvel Homme 48

Oh ! Homme, retourne, retourne vers l’unité ; elle seule te tiendra au-dessus de tous les dangers, parce qu’elle te tiendra au-dessus de toutes les lois, par l’abondance de sa sagesse, et l’immensité de sa lumière. N’imite pas cet aveugle tyran qui tient les nations le col courbé sous son joug. Tu vois que le monde est content, parce que l’esprit se tait en lui, et ne lui demande rien, attendu que le corps y trouve tout ce qu’il demande. N’oublie pas que dans l’ordre vrai, ce serait à l’esprit à avoir tout ce qu’il demanderait, et qu’au contraire ce serait au corps à ne pas oser élever sa voix, et à ne rien demander, mais à attendre, comme un vil esclave, qu’on voulût bien lui donner son nécessaire. Sans cela l’esprit se dégrade en se rendant, lui-même, le serviteur de cet esclave. Ne sommes-nous pas déjà assez dégradés par les soins forcés que nous devons journellement à cette forme matérielle qui nous environne, et par l’obligation où nous sommes réduits de panser honteusement cette bête de somme ? Sang de l’homme, prophétise contre son injustice, et contre son crime ; prophétise que tu es le fardeau de son iniquité. Il paie avec usure ses premiers écarts, depuis que le sang est devenu son vêtement. Ce sang lui avait été donné pour qu’il y noyât tous les sujets de Pharaon, après y avoir passé lui-même à pied sec, comme Israël dans la Mer Rouge ; mais au lieu de se séparer journellement de ce vêtement qui le déshonore, il ne cesse d’y attacher encore de nouvelles marques d’infamies qui puissent achever de rendre l’homme un objet d’opprobre. Nouvel Homme 48

49. Ce n’est point par la répétition des paroles dans sa prière que le nouvel homme est arrivé à cette union avec l’esprit, c’est par le feu intérieur de son être qui s’est enflammé, et qui a répandu autour de lui, une lumière semblable à celle où il a pris son origine. La loi de l’affinité a opéré le reste ; et même ce feu de son être intérieur ne s’est allumé que par le souffle doux de la sagesse, qui ne cherche qu’à rendre à chaque chose leurs propriétés. Nouvel Homme 49

En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49

50. C’est une vérité, déjà souvent exposée que, quoique l’homme soit né pour l’esprit, il ne peut cependant jouir des douceurs et des lumières de l’esprit, qu’autant qu’il a commencé par se faire esprit. Voilà pourquoi la sagesse active et invisible fait descendre continuellement son poids sur l’homme, afin qu’il rassemble ses forces et ses principes de vie spirituelle. D’ailleurs cette sagesse active et invisible ne fait point ainsi descendre son poids sur l’homme, sans verser dans son coeur quelques-unes de ces influences vives dont elle est l’organe et le ministre, et parmi lesquelles elle fait éternellement sa demeure. Nouvel Homme 50

Quand elle a ainsi préparé l’homme, et que l’homme ne l’a point contrariée dans ses desseins, alors elle transporte l’esprit de l’homme dans le séjour de cette lumière où il a pris son origine ; et là, l’homme s’abreuve à longs traits des douceurs qui appartiennent à son existence ; il s’en abreuve sans trouble, et sans inquiétude, comme la sagesse elle-même, parce que, par les soins qu’elle lui a rendus, son coeur est devenu pur comme elle, et indépendant des mouvements si incertains de la fragile roue du temps ; le supérieur, et l’inférieur, se trouvant pour lui dans une parfaite analogie, il sent que la paix qu’il découvre dans ces régions invisibles, se trouve également en lui-même ; il ne sait si son intérieur est dans cet extérieur divin, ou si cet extérieur divin est dans son intérieur ; ce qu’il sent, c’est que tout cela semble n’être qu’un pour lui, c’est que toutes ces choses et lui ont l’air de n’être qu’une seule et même chose. Nouvel Homme 50

Le fils d’Isaïe était le type de ce sabbat, non seulement parce qu’il était le dernier des huit enfants de son père, mais encore parce qu’il prit cinq pierres avec sa fronde, et qu’il attaqua et vainquit le géant. Il ne voulait point se servir des armes étrangères, elles embarrassaient sa marche et ses mouvements qui devaient être libres comme ceux de l’esprit et de la sainteté. Nouvel Homme 53

Mais, remplissez-vous de confiance, vous tous, hommes de l’esprit, songez que celui qui a bien voulu régénérer le nouvel homme a payé lui-même cette rétribution au prince, et qu’il l’a payée pour tous ceux qui s’unissent à lui dans l’esprit de justice et d’équité dont il a donné l’exemple. N’a-t-il pas dit à ses disciples : Allez-vous en à la mer, et jetez votre ligne ; et le premier poisson qui s’y prendra, tirez-le, et lui ouvrez la bouche, vous y trouverez une pièce d’argent de quatre drachmes, que vous prendrez et que vous leur donnerez pour vous et pour moi ? Nouvel Homme 53

Hommes de Dieu, consolez-moi, consolez-moi, mon coeur est gonflé d’affliction, consolez-moi, il est plein de douleurs comme le coeur des prophètes ; car il embrasse la vaste étendue du crime, et les abîmes s’entrouvent devant moi. J’y vois les victimes qui y sont immolées journellement sur l’autel de l’iniquité ; j’y vois ces infâmes sacrificateurs égorger eux-mêmes les victimes malheureuses qu’ils ont séduites sous l’appât des plus grands triomphes, et des plus douces consolations. J’y vois les satellites de ces sacrificateurs parcourir tous les sentiers de la terre pour surprendre de nouvelles proies, et les entraîner dans la caverne du lion féroce, et je ne vois personne qui les défende, et qui les arrache à la mort. Hommes de Dieu, que ce soient vos pleurs qui coulent dans toutes mes veines en place de mon sang. Donnez-moi votre force, et j’irai prendre tous ces prophètes de mensonge qui s’emparent de l’esprit des rois d’Israël, et comme Elie sacrifia les faux prophètes de Baal et d’Astarté, je les précipiterai dans le torrent de Cison. Je foulerai aux pieds ces habitants d’Edom ; je les foulerai comme dans un pressoir, et leur sang rejaillira sur mes vêtements, et rougira les bords de ma robe (Isaïe 63). Nouvel Homme 53

Car il n’a point désespéré de voir couronner ses travaux, et, dès qu’il s’apercevait qu’il lui manquait une vertu, il se mettait en oeuvre pour s’en procurer la possession ; comme un homme qui s’aperçoit qu’il s’est fait une ouverture à sa maison, n’a point de repos que cette brèche ne soit fermée ; c’est-à-dire, qu’il ne s’est occupé qu’à rebâtir cette ancienne maison que nous occupions autrefois, et dont l’enceinte était formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, ce qui nous maintenait à couvert de toutes les entreprises de nos ennemis. C’est aussi parce que nous occupions autrefois cette enceinte formée par les vertus de l’esprit, et du nom du Seigneur, que nous étions assez spiritualisés, pour être chacun un des signes du Seigneur ; parce que tous les rayons de l’esprit, et du nom du Seigneur, se réunissaient sur nous, et nous faisaient réfléchir son image. Nouvel Homme 54

C’est ce mouvement de l’action divine qui a préparé la naissance du nouvel homme, et c’est aussi ce mouvement de 1’action divine qui l’a opérée ; puisqu’il n’y a rien dans l’ordre des choses de l’esprit où le mouvement de l’action divine ne doive présider. Cette naissance du nouvel homme a été pour lui, comme ce jour qu’Abraham désira voir avec ardeur, qu’il eut le bonheur de voir, et dont il se réjouit (Jean 8:56), et c’est là aussi ce que signifiait cette parole du Réparateur à ses disciples (Luc 10:24). Je vous déclare que beaucoup de prophètes et de rois ont souhaité voir ce que vous voyez et ne l’on point vu, et entendre ce que vous entendez et ne l’ont point entendu. Car de même que, nul ne connaît qui est le fils que le père ; ni qui est le père que le fils ; de même, nul ne connaît qui est le nouvel homme que l’action divine, ni qui est l’action divine que le nouvel homme, ou celui à qui il a donné le pouvoir de le révéler. Nouvel Homme 55

Le nouvel homme expliquera aussi le nom de l’esprit, puisqu’il ne peut expliquer le nom du père, et le nom du Réparateur sans expliquer le nom de celui qui est leur véritable et essentielle opération ; et c’est par l’explication de ce triple nom qu’il se rendra le fidèle serviteur du Seigneur, parce qu’il ne s’appliquera jamais à l’explication active de ce triple nom, sans être saisi d’une sainte frayeur que les canaux de son être ne soient pas assez purifiés pour que la vérité passe en lui sans y éprouver de la gêne et de la douleur. Nouvel Homme 55

56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56

Le nouvel homme ne monte ces degrés que dans un tremblement continuel, parce qu’il sait que le feu de l’esprit peut s’enflammer jusqu’à nos mauvaises substances, et que par conséquent rien n’est comparable aux précautions que nous devons prendre pour ne pas faire entrer Dieu en nous, sans avoir mis hors de nous toutes ces substances fausses et susceptibles de s’enflammer pour notre destruction, au lieu de s’enflammer pour notre véritable perfectionnement. D’ailleurs s’il n’en résulte pas toujours un si funeste embrasement, il en peut résulter au moins un terrible danger ; celui de ne pas recevoir l’action de l’esprit en nous dans son abondance et dans sa plénitude. Si vous voulez être parfait, disait le Réparateur au jeune homme de l’Evangile, allez, vendez ce que vous avez, et le donnez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et me suivez. Nouvel Homme 56

Ces mots tombent en effet sur toutes les substances étrangères à notre être que nous devons vendre si nous voulons être parfaits, c’est-à-dire, si nous voulons que l’esprit circule en nous dans sa plénitude et dans sa parfaite abondance ; et alors sans sortir même de ce monde nous avons un trésor dans les cieux, ou plutôt les cieux apportent eux-mêmes leurs trésors en nous, et nous font part de leurs vivantes richesses, en nous faisant éprouver continuellement leur stimulante activité. Nouvel Homme 56

Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu ! disait un de ceux qui se trouvaient un jour à table avec le Réparateur (Luc 14:15). Mais que lui dit le Réparateur pour lui montrer combien peu d’hommes savaient non seulement chercher l’esprit dans sa plénitude, mais même le laisser entrer en eux quand il se présentait, et vendre ce qu’ils avaient pour lui faire place ? Il lui rapporte la parabole du festin et du grand souper auquel un homme avait invité plusieurs personnes ; il lui rapporte comment toutes ces personnes s’excusèrent sous divers prétextes, l’un pour une maison qu’il vient d’acheter, l’autre pour une femme qu’il vient d’épouser, etc. Il lui rapporte comment il dit à son serviteur de faire entrer alors les pauvres, les estropiés, les aveugles, et même tous ceux qu’il rencontrera dans les chemins et le long des haies, parce qu’il veut que sa maison soit pleine. Nouvel Homme 56

Il va même une autre fois jusqu’à louer l’industrie des enfants des hommes à la honte des enfants de lumière qui ne savent pas, comme eux, mettre leurs richesses à profit, et s’en faire des amis pour les temps de détresse. Car si cet économe était coupable par ses injustices, il était remarquable par son adresse, et par son industrie ; et c’était là tout ce que le Réparateur cherchait à réveiller dans l’esprit des hommes, afin qu’après avoir fait usage des dons qui étaient à leur disposition, il leur en fût confié de plus considérables. Nouvel Homme 56

On nous dira : Malheur à vous qui vous êtes saisis de la clef de la science, et qui n’y étant point entrés vous-mêmes, l’avez encore fermée à ceux qui voulaient y entrer. Parce que, semblables aux faux docteurs, nous aurons couru par mer et par terre pour chercher en nous des approbateurs, sous prétexte d’y chercher des prosélytes, et que quand nous les aurons trouvés, nous les rendrons cent fois plus coupables qu’auparavant ; et parce que non seulement nous ne serons point entrés avec eux dans l’esprit de vérité, mais encore nous l’aurons empêché d’entrer en nous, malgré toutes les sollicitations que nous ne cessons d’en recevoir de sa part. Nouvel Homme 56

Nouvel homme, nouvel homme, viens dissiper ces sombres nuages ; nous t’avons vu tout à l’heure expliquer le nom du père, expliquer le nom du fils, expliquer le nom de l’esprit, c’est-à-dire, développer activement toutes les merveilles renfermées dans ces riches trésors. Pour quelle raison nous as-tu expliqué ou développé tous ces trésors ? C’est que ces trésors se sont eux-mêmes expliqués ou développés sur toi, c’est qu’ils ont fait briller sur ta tête le signe éclatant de leur lumière, et qu’ils ont embrasé de leur feu tout ton être ; c’est qu’ils ont expliqué et développé le germe sacré qui te constitue, et qu’ils ont rendu la voix à cette pierre fondamentale qui est en toi, et sur laquelle l’éternel Dieu des êtres a promis de fonder son église ; c’est qu’ils ont rendu la voix à tout ce qui te compose, afin que tout ce qui te compose pût célébrer la gloire du Seigneur, à l’image de la créature universelle qui dans chacun de ses mouvements, à chacun des actes de son existence, manifeste la puissance et la glorieuse domination de l’éternel souverain des êtres. Nouvel Homme 56

57. Le moment s’avance où le salut des nations va faire son entrée dans Jérusalem. Déjà il est à Jéricho où le publicain Zachée va, pour remédier à sa petitesse, s’élever sur un sycomore afin de pouvoir contempler celui dont il attend tout ; déjà l’esprit du nouvel homme a pénétré tous les publicains qui sont en lui, ils ne se bornent point à une foi inactive et morte, mais ils descendent promptement de dessus leur arbre, et reçoivent avec joie ce nouvel homme qui leur demande à loger chez eux ; leur foi fait éclater en eux d’autres vertus, et ils disent au nouvel homme : Nous allons donner la moitié de notre bien aux pauvres, et si nous avons fait tort à quelqu’un en quoi que ce soit, nous lui en rendrons quatre fois autant. C’est ce qui leur mérite de la part du nouvel homme ces douces paroles : Cette maison a reçu aujourd’hui le salut, parce que celui-ci est aussi d’Abraham ; car le fils de l’homme est venu pour chercher, et pour sauver ce qui était perdu. Puis s’entretenant avec eux, le nouvel homme leur rapporte la parabole des dix talents, et leur en enseigne le vrai sens. Nouvel Homme 57

Il leur apprend que si l’âme de l’homme est dépositaire des sept puissances sacramentelles qui sont les canaux de la vie de l’esprit, elle l’est aussi des dix sources de cette même vie spirituelle qui ne peut couler dans ces canaux de l’esprit qu’après être sortie de la fontaine éternelle à laquelle l’âme de l’homme est unie par une alliance indissoluble. Nouvel Homme 57

Il leur montre que pour être coupable, il n’est pas besoin de laisser perdre ce talent, de le dissiper, ou de le prostituer ; mais que même celui qui le laisse enfouir offense l’esprit, puisqu’il semble croire que l’esprit n’est pas actif, fécond, et générateur ; aussi il ne se contente pas de faire retirer le talent au paresseux, et de le donner à celui qui en avait gagné dix autres. Il condamne encore ce serviteur inutile, à être jeté dans les ténèbres extérieures ; mais pour ceux qui se déclarent ses ennemis, et qui ne veulent pas le reconnaître pour roi, il les fait exterminer en sa présence : loi sévère que le nouvel homme exerce sur lui-même, avec toute rigueur, sans quoi son règne ne s’établirait point. Nouvel Homme 57

A l’instar du Réparateur, le nouvel homme va entrer dans son propre temple, en chasser à coups de fouets les changeurs et les vendeurs de colombes, en leur reprochant que de la maison de son père qui était une maison de prière, ils ont fait une caverne de voleurs. Si les princes des prêtres, les docteurs de la loi, et les sénateurs lui demandent par quelle autorité il fait ces choses, il ne leur répondra point, parce qu’ils ne peuvent pas dire si le baptême de Jean était des hommes, où s’il était du ciel ; parce qu’ils ne connaissent point l’union de l’âme humaine avec l’esprit du Seigneur, qui fait que le baptême de Jean tenait à la fois à ces deux mondes, et par là était l’image de l’autorité du Réparateur qui provenait aussi de la réunion des puissances de ces deux mondes. Nouvel Homme 57

58. Les réponses de ce nouvel homme n’auraient pas tant de force, et tant de justesse, si l’esprit de sagesse ne fût parvenu à lui communiquer la plénitude de son activité. Ce n’est qu’avec douleur que cette communication peut s’opérer, vu l’affaissement où sont tous les interstices de notre être, dans lesquels l’action de l’esprit doit se glisser avec violence ; mais cette violence n’est rien en comparaison de celle que la renaissance doit nous occasionner ; car après que cette action de l’esprit nous a ainsi pénétrés, il faut qu’elle nous emmène, et nous fasse sortir avec elle hors de cette prison, et de cette demeure ténébreuse où nous ne jouissions ni de la respiration, ni d’aucun des autres avantages de la vie. Nouvel Homme 58

Il n’en est pas moins vrai que ce n’est qu’au moment où cette puissance, et cet ordre ont pris forme en nous, que notre renaissance est commencée, et qu’elle peut nous être sensible ; comme il est vrai aussi que dès que cette puissance d’action, et d’ordre spirituel a pris forme en nous, nous devons nous remplir d’espérance que l’oeuvre arrivera à son terme ; vérités dont un oeil attentif pourra même trouver de nombreux exemples dans la nature. C’est alors que nous nous sentons successivement sanctifiés dans tout notre être, pourvu que nous ayons grand soin de recueillir précieusement ces actions pures, vives, et initiatives lorsqu’elles se font connaître en nous, et pourvu que nous ayons toujours présent devant les yeux que l’activité est leur principal caractère, qu’ainsi toutes les frayeurs que nous pouvons recevoir, ne doivent tourner qu’au profit de notre sainte et spirituelle activité, et que tant que nous ne portons pas toutes nos forces vers cette activité complète et constante dans laquelle seule, l’oeuvre de notre renaissance peut véritablement se manifester, loin de renaître, nous mourons de nouveau, et nous faisons mourir l’esprit avec nous. Nouvel Homme 58

Comment l’homme peut-il s’abuser si longtemps sur la destination de son être ? C’est qu’il la cherche ailleurs que dans lui-même, tandis que c’est là où il apprendrait tous les secrets. Une voûte épaisse semble se former entre l’esprit de l’homme et sa région inférieure. Mais il devrait siéger sur cette voûte, comme sur un trône, pour établir l’ordre dans toutes ses possessions, et y manifester à la vue de toutes les puissances l’agent suprême dont il est l’image. Il pourrait être assis sur ce trône comme ayant déjà ses ennemis sous ses pieds ; et comme, ayant fermé le puits de l’abîme, après y avoir précipité tous les prévaricateurs. Voilà où le conduirait l’activité de l’esprit, s’il y répondait avec fidélité ; elle lui ferait sentir physiquement ce but sublime pour lequel la nature et lui, ont reçu l’existence, et là, il apprendrait à reconnaître comment il fut établi pour être le ministre, et le roi de la nature. Nouvel Homme 58

« Vous ne connaîtrez point ce temps par aucune des révolutions de votre être naturel et physique, puisque c’est lui qui doit être immolé aux ténèbres et leur servir de victime ; aussi comme il ne connaît rien aux choses de l’esprit, il suivra aveuglément sa voie obscure jusqu’au jour de son sacrifice, comme au temps de Noé, un peu avant le déluge, les hommes suivaient toutes les lois de la matière, sans penser seulement à ce qui allait arriver. Mais lorsque votre heure sera arrivée, des deux hommes qui vous composent, l’un sera pris et l’autre laissé. Des deux femmes qui sont occupées à moudre en vous, l’une sera prise et l’autre laissée, parce que dans vous l’une de ces deux femmes, ou l’un de ces deux hommes est le partage de l’esprit et de la lumière, et l’autre le partage de la matière et des ténèbres. Veillez donc parce que vous ne savez à quelle heure votre Seigneur doit venir, « car sachez que si le père de famille était averti de l’heure à laquelle le voleur doit venir, il est sans doute qu’il veillerait, et qu’il ne laisserait pas percer sa maison. » Nouvel Homme 59

« Tâchez au contraire de surpasser encore s’il est possible les vierges sages de l’Evangile, et de procurer par vos travaux et vos efforts une suffisante provision d’huile aux vierges folles pour qu’elles soient admises aux noces de l’époux avec vous ; car c’est là le dernier terme de la charité, puisque c’est celle que l’esprit même exerce à votre égard, n’ayant pas craint de pénétrer dans tous les abîmes de votre existence pour venir partager son huile avec vous, et rétablir par là la perfection de ce nombre de dix talents que vous aviez altérés dans l’origine, et que la sagesse suprême désire si ardemment revoir briller dans sa justesse, et dans toute sa vertu. » Nouvel Homme 59

Qu’est-ce que c’est que cet homme portant une cruche d’eau ? C’est le précurseur de la sainte alliance qui ne peut se contracter qu’après la purification parfaite. Qu’est-ce que c’est que cette chambre haute où la Pâque doit se célébrer ? C’est la pensée de l’homme qui est revêtue du privilège de se montrer parmi les nations comme la région la plus sublime du temple immortel que l’esprit saint s’est proposé d’habiter. Qu’est-ce que c’est que ce maître qui envoie demander où est le lieu où il mangera la Pâque avec ses disciples ? C’est l’esprit du nouvel l’homme lui-même, qui vient visiter l’âme humaine pour lui rendre la vie et la lumière, mais qui sachant que cette âme humaine est un être libre, ne veut habiter chez elle que de son propre consentement, malgré tous les biens et toutes les richesses dont il vient la favoriser. Nouvel Homme 60

« Alors l’esprit qui est à table avec nous prend le pain, et ayant rendu grâce, il le rompt en disant : Ceci est mon corps qui est donné pour vous, faites ceci en mémoire de moi. » Parce que de même que la rupture du pain annonce la rupture de son corps, de même la rupture de son corps annoncera la rupture et les douleurs de son esprit qui daigne abandonner le lieu de sa gloire pour venir habiter dans le séjour de notre misère. Nouvel Homme 60

Aussi à son imitation, l’esprit qui vient s’immoler en nous pour nous régénérer, ne craint point de « mettre la main au plat avec celui même qui le trahit, et qui soit le livrer au prince des prêtres ; » parce que cet esprit « qui vient s’immoler en nous, s’en va, selon ce qui a été écrit de lui… Mais malheur à celui par qui ce fils de l’homme est trahi ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne fût jamais venu au monde… Mais pour vous, je vous prépare le royaume comme mon père me l’a préparé. » Nouvel Homme 60

Quelle affliction pour cet esprit qui vient s’immoler dans nous, de savoir qu’il est trahi non seulement par celui qui doit concourir à lui faire consommer son sacrifice, mais encore par celui pour qui même il vient s’immoler, c’est-à-dire, que ce Simon qui est en nous, par cette pierre fondamentale sur laquelle se doit bâtir l’Eglise ! Car l’esprit lui dit en nous : « Simon, Simon, Satan vous a demandé pour vous cribler comme on crible le froment, mais j’ai prié pour vous, afin que votre foi ne défaille point. Lors donc que vous aurez été converti, ayez soin d’affermir vos frères. » Nouvel Homme 60

Dans l’ardeur de notre zèle, et dans l’ignorance où nous sommes de toute l’étendue de l’épreuve, nous lui disons : Seigneur, je suis tout prêt d’aller avec vous, et en prison, et à la mort même. Mais l’esprit qui nous connaît bien mieux que nous ne pouvons nous connaître, nous répond : « Pierre, je vous déclare que d’aujourd’hui le coq ne chantera que vous n’ayez nié par trois fois que vous me connaissiez, parce que l’esprit voit à découvert tous les plans des mouvements des êtres, parce que cet esprit voit notre faiblesse, et le penchant que nous avons à lui être infidèles, et que comme le péché primitif a eu un triple caractère, et qu’il a opéré en nous une triple mort, nous répétons ce triple péché, ou cette triple infidélité dans nos épreuves particulières, jusqu’à ce que le coq, ayant chanté trois fois, comme pour annoncer ce malheureux triomphe de la matière sur nous, nous rentrions en nous-mêmes, et que, comme fit Pierre, nous versions des larmes sur notre péché et sur notre lâcheté. Nouvel Homme 60

Mais l’esprit ne s’éloigne pas de nous, quoiqu’il voie ainsi en nous tous les plans de notre infidélité. Il continue son oeuvre ; il continue même de nous y associer, et nous dit : « Lorsque je vous ai envoyé sans sac, sans bourse, sans souliers, avez-vous manqué de quelque chose ? Non, mais maintenant, que celui qui a un sac ou une bourse les prenne, et que celui qui n’en a point, vende sa robe pour acheter une épée, car je vous assure qu’il faut encore qu’on voie accompli ce qui est écrit de moi : il a été mis au rang des scélérats ; parce que ce qui a été prophétisé de moi, est prêt d’arriver. » Nouvel Homme 60

Aussi l’esprit nous dit : « Mes petits enfants, je n’ai plus que peu de temps à être avec vous, vous me chercherez, et comme j’ai dit aux Juifs qu’ils ne pouvaient venir où je vais, je vous le dis aussi maintenant, parce que l’esprit est le maître, que nous ne sommes que les disciples, que nous ne pouvons recevoir que ce qui vient de lui, tandis que la source dans laquelle il demeure nous est toujours impénétrable, et parce que cet esprit va opérer l’oeuvre de la délivrance des captifs que nous pouvons ensuite répéter sur nous-mêmes, et sur nos frères en son nom, mais que nous n’aurions jamais pu opérer sans lui, et s’il n’avait commencé par l’opérer en nous. C’est pour cela qu’il avait dit aux siens précédemment : Vous pourrez boire le calice que je boirai. C’est pour cela aussi qu’il venait de les admettre à la participation du calice, et à la manducation de son corps dans le passage, pour les préparer à participer ensuite à toute l’activité de son oeuvre, parce que toutes ces paroles sont esprit et vie. Nouvel Homme 60

61. « Que votre coeur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit, car je m’en vais vous préparer le lieu. Et après que je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai, et vous retirerai à moi, afin que vous soyez où je serai. » Cette demeure qu’il devait préparer était celle que la puissance perverse avait usurpée dans l’univers, et dans l’homme à qui l’esprit venait la rendre pour l’accomplissement des décrets de l’amour, et de la justice du souverain être. Ces différentes demeures qui sont dans la maison de son père, sont les différents dons, et les différentes récompenses qui sont promises à ceux qui les auront fait valoir. Nouvel Homme 61

Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61

« Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous la donne pas comme le monde la donne… Que votre coeur ne se trouble et ne s’épouvante point… Vous avez ouï que je vous ai dit : Je m’en vais et je reviens à vous. » Il nous laisse la paix de l’espérance, et cette paix est réelle, puisque c’est la sienne elle-même. Il ne nous la donne point comme le monde la donne, puisque la paix du monde n’est qu’une obscurité qui nous conduit toujours par des routes ténébreuses pour ne nous faire arriver qu’à des déceptions ; au lieu que la paix du consolateur ou de l’esprit qui naît en nous est une paix vive, une paix de feu qui devient chaque jour plus claire, et qui ne doit se terminer que par la splendeur de la lumière. Nouvel Homme 61

« Si vous m’aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je vous ai dit, que je m’en vais à mon père, parce que mon père est plus grand que moi. » Désirons que notre consolateur particulier ou l’esprit qui doit naître en nous retourne promptement vers son père, puisque son père est plus grand que lui, et puisque par là nous devons obtenir de nouvelles forces, de nouvelles faveurs et de nouvelles consolations. Si nous l’aimons, nous devons désirer ce retour vers son père, puisque non seulement il doit par là faire notre bonheur, mais qu’il doit aussi faire le sien propre par son union avec sa source. Nouvel Homme 61

Mais je m’en vais afin que le monde connaisse que j’aime mon père, et que je fais ce que mon père m’a ordonné. Si nous aimons notre consolateur ou l’esprit qui doit naître en nous, nous ne cesserons de retourner vers lui, afin que tout ce qui est en nous connaisse que nous l’aimons, et que nous sommes fidèles au commandement qu’il nous a fait de le regarder comme la source de nos joies et le salutaire agent de notre délivrance. Nous ne cesserons de lui rendre des actions de grâces pour tous ses bienfaits, et c’est en nous approchant de lui le plus, qu’il nous sera possible que nous lui donnerons de véritables témoignages de notre reconnaissance et de notre amour. Nouvel Homme 61

62. Je suis la vraie vigne, et mon père est le vigneron. Il retranchera toutes les branches qui ne portent point de fruit en moi, et il taillera toutes celles qui portent du fruit, afin qu’elles en portent davantage. Ce que le Réparateur opère sur toute la famille humaine, l’esprit l’opère sur notre fils spirituel pour lui procurer une saine et robuste constitution, et pour lui faire produire des fruits nombreux ; et à son tour ce fils spirituel le doit opérer en nous sur tout notre être. Car ce fils spirituel est notre vraie vigne dont nos facultés sont les branches, comme tout notre être est une branche de la vigne universelle ou de l’éternel Réparateur. Nouvel Homme 62

« Comme la branche de la vigne ne peut point porter de fruit par elle-même, mais qu’il faut qu’elle demeure attachée au cep ; ainsi vous n’en pouvez point porter si vous ne demeurez en moi. Je suis le cep de la vigne, et vous en êtes les branches. Celui qui demeure en moi, et en qui je demeure, porte beaucoup de fruits, car vous ne pouvez rien faire sans moi. » C’est une chose douce et consolante de sentir véritablement que c’est de notre adhérence à l’esprit et à la parole que dépend notre fructification ; de sentir qu’il doit se former en nous un mariage réel de la parole avec notre être divin, et que c’est de là que résulte ce fils spirituel, et ce nouvel homme qui nous fait revoir les belles campagnes de la terre promise. Nouvel Homme 62

« Nul ne peut avoir un plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous serez mes amis si vous faites tout ce que je vous commande. » Qu’est-ce que l’esprit nous commande ? C’est de le laisser passer en nous, et se manifester par nous afin qu’il soit connu des nations, et que tout soit rempli de sa lumière et de sa plénitude. La manière dont nous devenons ses amis est qu’il ne peut passer en nous, sans y laisser des rayons de la vie dont il est la source, et sans se prononcer lui-même en nous selon notre propre mode, et selon toutes les formes de notre être. » Nouvel Homme 62

« Je ne vous appellerai plus maintenant serviteurs, parce que le serviteur ne sait ce que fait son maître, mais je vous appellerai mes amis parce que je vous ai fait savoir tout ce que j’ai appris de mon père. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis, et je vous ai établis afin que vous portiez beaucoup de fruits. » Voilà le véritable but de l’esprit sur nous, et tel est aussi celui du nouvel homme, et c’est pour cela que l’amour se propage, et que quand tout est ami en nous, nous devenons les amis du Seigneur. Nouvel Homme 62

« Mais quand le consolateur que je vous enverrai de la part de mon père sera venu, comme l’esprit de vérité qui procède du père, il rendra témoignage de moi. » Malheureusement ceux qui n’auront pas vu le père dans le fils, pourront n’y pas voir l’esprit davantage, et c’est alors que leur faute sera tellement constatée et confirmée, qu’ils seront sans aucune excuse, et que pour eux la justice, au lieu de se convertir en miséricorde et en amour, se convertira en jugement (Ps. 93:15). Nouvel Homme 62

« Je ne vous les ai pas dites dès le commencement parce que j’étais avec vous ; maintenant je m’en vais à celui qui m’a envoyé et nul de vous ne me demande où je vais ; mais parce que je vous ai dit ces choses, la tristesse a rempli votre coeur. » Ces scandales ne peuvent arriver que quand l’esprit de vérité est à demeure dans l’homme, parce qu’il éclaire tout ; c’est pourquoi l’homme s’afflige quand il prévoit des suspensions où il aura de la peine à démêler en lui-même la lumière d’avec les ténèbres parce qu’il sera seul. Mais il ne prévoit pas que ces suspensions ne sont que pour lui préparer les voies à l’accomplissement de son oeuvre, sans quoi il se remplirait de consolations. Nouvel Homme 63

Touchant le jugement, parce que le prince du monde est déjà jugé, et que la présence du consolateur fera connaître à ce prince du monde qu’il n’a plus rien à espérer, que ses projets sont déconcertés, que ses forces sont détruites, que la honte, la confusion, et les plus horribles châtiments vont tomber sur lui, et sur ses adhérents ; tandis que la lumière, et les consolations vont remplir ceux qu’il a voulu rendre ses victimes. Vous ne pouvez douter de l’existence de ces trois témoignages de l’esprit, puisque le nouvel homme qui est l’image de cet esprit peut vous les faire trouver tous les trois en vous-mêmes. Nouvel Homme 63

« J’ai encore beaucoup de choses à vous dire ; mais vous ne pouvez pas les porter maintenant. Quand l’esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. » Le nouvel homme découvre en lui chaque jour de nouvelles clartés dont les diverses intelligences de son être ne sont point encore susceptibles ; il est obligé de les renfermer en lui-même jusqu’à ce que ces intelligences aient acquis plus de forces, et plus de consistance, c’est-à-dire, jusqu’à ce que les rayons de l’esprit aient transformé leur substance incomplète, en une substance de réalité, et de vérité ; mais aussi il se remplit chaque jour d’une nouvelle espérance que ces salutaires effets s’accompliront, parce qu’en combattant ardemment l’apparence dont il est environné lui-même, il parvient à sentir en lui, comme le contact de la vie même, comme ce punctum saliens, dont il a tout lieu de croire qu’avec le temps, il ne peut résulter que des fleuves abondants qui ne laisseront dans la stérilité aucune des régions de son être. Nouvel Homme 63

« C’est lui qui me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est en moi, et il vous l’annoncera ; tout ce qu’a mon père est à moi, c’est pourquoi je vous ai dit qu’il prendra de ce qui est à moi, et qu’il vous l’annoncera. » Lorsque l’esprit prendra de ce qui est au fils, il prendra de ce qui est au père, puisque tout ce qui est au père, est au fils ; voilà pourquoi il glorifiera le fils, puisqu’il développera, et manifestera comme appartenant au fils, les merveilles dont le père est le dépositaire et la source. Voilà pourquoi la gloire du nouvel homme sera si grande quand toutes ses facultés auront été renouvelées par l’esprit, puisque cet esprit témoignera par là que le nouvel homme est lui-même rempli des merveilles du père, et que cette Divinité suprême a réellement passé en lui tout entière. Nouvel Homme 63

« Lorsqu’une femme enfante, elle est dans la tristesse parce que son heure est venue, mais après qu’elle a enfanté un fils, elle ne se souvient plus de ses maux dans la joie qu’elle a de ce qu’un homme est né dans le monde. » C’est cette joie que le nouvel homme seul peut connaître quand il sent qu’il est sorti de l’esclavage, et du lieu de ténèbres, et que l’esprit lui a donné la naissance ; il la sentira cette joie bien plus vivement encore lorsque cette naissance sera confirmée en lui par la présence du consolateur. Nouvel Homme 63

« Vous êtes donc maintenant, vous autres, dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Parce que l’homme que vous aurez mis au monde ne sera né ni de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté de l’esprit, et qu’ainsi cet homme sera nommé le fils de Dieu. Nouvel Homme 63

« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63

« J’ai fait connaître votre nom aux hommes que vous m’avez donnés après les avoir séparés du monde ; ils étaient à vous, et vous me les avez donnés, et ils ont gardé votre parole ; maintenant ils connaissent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous, parce que je leur ai donné les paroles que vous m’avez données, et ils les ont reçues, ils ont reconnu véritablement que je suis sorti de vous, et ils ont cru que vous m’avez envoyé. » Cette gloire que le Réparateur a eue dans son père avant que le monde fût, est si grande, que le nouvel homme la demande comme une récompense de ses travaux, comme un lieu de repos pour avoir manifesté la parole ; cette gloire doit en effet être le véritable lieu de repos pour l’esprit de l’homme qui, selon la loi de tout ce qui existe, ne peut trouver de repos que dans la génération de sa propre source en lui-même. Nouvel Homme 64

Ce grand prêtre de la loi du temps, feindra d’être scandalisé de tes paroles. Dans son hypocrite ignorance, il déchirera ses vêtements en disant : il a blasphémé, qu’avons-nous plus besoin de témoins ? Vous venez vous-mêmes de l’entendre blasphémer. Qu’en jugez-vous ? En étant remplis de l’esprit de leur chef, ils répondront : Il a mérité la mort. Alors tous les adhérents de ce chef ambitieux et jaloux se réuniront contre toi ; ils t’accableront d’insultes et d’outrages ; ils multiplieront contre toi les accusations afin de te troubler dans ton oeuvre, et surtout afin de t’empêcher de manifester les titres de la véritable royauté. Nouvel Homme 65

Tu te rempliras donc de l’esprit de l’intelligence pour pénétrer dans l’oeuvre et le sacrifice du Réparateur, et pour en faire ensuite l’application à ton sacrifice particulier. Tu verras pourquoi il y avait un jardin où ce Réparateur fut crucifié (Jean 19:41). Puisque tu as déjà compris pourquoi c’est dans un jardin qu’il fut arrêté, comme c’est dans un jardin que le premier homme est devenu coupable. Nouvel Homme 66

Tu verras pourquoi les trois Marie se trouvent au pied de sa croix pendant son supplice comme représentant les trois premiers principes élémentaires dont l’esprit de l’homme qui se régénère est censé être entièrement séparé pour entrer dans la région de l’esprit, la seule qui lui soit naturelle, puisque s’il ne l’avait pas abandonné autrefois, il ne serait jamais né des femmes. Nouvel Homme 66

C’est en ne t’écartant point de la contemplation de ces principes que tu comprendras pourquoi on lui donne du vinaigre à boire, car indépendamment de ce que les interprètes nous apprennent que c’était un usage de donner une potion amère aux criminels, tu verras que l’homme n’en pouvait trouver d’autre après s’être séparé de la source éternelle des eaux vives et pures ; et que le Réparateur en subissant corporellement une loi si rigoureuse à sa matière, donnait en même temps une profonde instruction à la pensée, et traçait la route à l’esprit de ceux qui désirent marcher dans les voies de la régénération. Nouvel Homme 66

C’est même là la dernière épreuve qui termine l’oeuvre visible de ce Réparateur ; et il semble que c’est à goûter cette amertume spirituelle, comme on l’a vu au commencement de cet écrit, que consiste réellement le sacrifice et tout le prix de l’expiation, puisque le Réparateur, après avoir pris le vinaigre qui lui fut présenté dans une éponge au bout d’un bâton d’hysope, dit : Tout est accompli. Et ayant baissé la tête, rendit l’esprit. Nouvel Homme 66

C’est donc à l’holocauste et à la mort de ton esprit que doivent être consacrés tous tes efforts, et c’est à l’accomplissement de ce grand oeuvre que doivent s’employer sans cesse toutes tes intelligences et toutes tes puissances ; car si tu meures de mort dans ton esprit avant la mort de ton corps, tu dois craindre qu’après la mort de ton corps, ton esprit ne puisse plus vivre que de mort au lieu de vivre de la vie. Il faut donc qu’après avoir été le jouet du peuple ignorant qui est en toi, après avoir été conduit au supplice au milieu des voleurs et de l’iniquité dont tu t’es rapproché autrefois, enfin après avoir été appliqué sur la croix, et après avoir pris le vinaigre qui t’es présenté, tu dises comme le Réparateur : tout est accompli, et qu’ayant baissé la tête, tu rendes l’esprit comme lui. Nouvel Homme 67

Tes bourreaux ne rompront point tes os, comme ils n’ont point rompu ceux du Réparateur, ils ne diviseront point non plus ta robe, parce que tu es toi-même le sens et l’esprit dont toutes ces choses étaient le type et la lettre ; mais ils perceront ton côté, comme ils ont percé celui de son corps, afin que ton sang spirituel soit répandu, et que tu rendes à Dieu ce que tu avais pris à Dieu, comme le Réparateur rendit à la terre le sang matériel qu’il avait reçu de la terre. Mais de même que le sang matériel du Réparateur, vu sa pureté, a rectifié toutes les puissances des éléments universels, de même ton sang spirituel en se répandant doit couler sur toute ta personne et sur toutes tes puissances, pour leur rendre leur première vertu et leur premier caractère. Nouvel Homme 67

Voilà cet agneau sans tache qui est immolé en toi dès le commencement de ton monde particulier, comme l’agneau divin a été immolé depuis le commencement du monde général pour la rédemption de l’universalité des humains ; voilà cet agneau qui est engendré en toi par l’esprit, comme le Réparateur était engendré par Dieu ; enfin voilà cet agneau dont la crucifixion t’est aussi nécessaire et aussi indispensable pour opérer ta reconnaissance particulière, que la crucifixion corporelle du Réparateur pouvait l’être pour opérer la renaissance de toute la famille humaine. Nouvel Homme 67

Ta terre tremblera, parce que le sang de l’agneau particulier qui est égorgé en toi depuis le commencement de ton monde individuel va pénétrer jusqu’aux racines et aux fondements de tout ton édifice spirituel ; et comme ce sang est pur, en tant qu’il est engendré de l’esprit, il ne pourra tomber sur ces fondements, et sur ces racines qui sont impures, sans leur occasionner une violente fermentation, et un choc dont l’ébranlement se communiquera à tout ton être. Nouvel Homme 67

Les pierres se fendront, parce que le crime ayant tout épaissi, et comme coagulé en toi, le sang de l’esprit qui est beaucoup plus puissant que le crime, dissoudra par son approche toutes ces substances pétrifiées et les rompra, afin qu’après avoir renversé en toi le temple de Baal, il puisse se procurer par tout ton être un libre cours. Nouvel Homme 67

68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68

Voyons-le donc ce juge terrible descendre dans ses propres abîmes, voyons-le interroger successivement toutes les facultés qui le constituent, condamner à une exclusion absolue celles qui seront réfractaires à sa parole, et qui ne voudront pas profiter des grâces qu’il leur apporte ; voyons-le imprimer sur ces facultés réfractaires, l’impression de l’effroi, et de la terreur, comme étant armé de tous les pouvoirs de la vengeance ; voyons-le condamner à des suspensions, et à de nouvelles épreuves celles qui, sans être incrédules, auront été chancelantes, et auront différé de se renouveler dans l’esprit ; voyons-le exécuter lui-même tous ses jugements, rassembler autour de lui toutes les iniquités, et toutes les prévarications que le vieil homme a commises, et prononcer sur chacune d’elles, un arrêt sévère, et rigoureux, sans pouvoir se permettre d’user envers elles de la plus légère indulgence, sans quoi il ne remplirait pas sa mission, et mériterait d’être traité lui-même comme un serviteur infidèle. Nouvel Homme 68

Mais il se conduira à leur égard, comme l’esprit s’est conduit au sien, et comme le Réparateur s’est conduit à l’égard de ces esprits retenus en prison auxquels il est allé prêcher (1ère Saint-Pierre, 3:19). Il les engagera, comme on l’a engagé lui-même à s’immoler volontairement, et à reconnaître à la fois, et la justice, et la nécessité de leur sacrifice, de façon que tout son être entre librement dans la voie de son jugement et de sa régénération, puisque tout son être est entré librement autrefois dans la voie de l’injustice, de l’iniquité, et des ténèbres. Nouvel Homme 68

Nouvel homme, nouvel homme, voilà les douleurs que tu éprouveras dans le tombeau pendant le séjour plus ou moins long que tu y feras. Mais comme tu as mis le pied dans la voie, tu sauras à qui tu dois demander des secours pour t’y maintenir ; et celui qui t’a donné lui-même l’exemple, et le moyen d’entrer dans le tombeau de l’esprit sera aussi celui dont tu attendras toutes tes consolations, et tous tes développements. Oui, divin Réparateur, tu es le seul qui aies conservé dans sa justesse tous ces éléments de la régularité, et de la perfection, aussi ce n’est que dans toi seul, et par toi seul que nous pouvons être instruits de la marche des êtres, et de leurs différentes lois progressives pour retourner vers la lumière. Nouvel Homme 68

Ô combien l’homme régénéré, ou le nouvel homme est au-dessus de l’homme encore enseveli dans les illusions des éléments, puisque son corps aura acquis une agilité extraordinaire, et supérieure à tout ce que la loi de ces éléments peut manifester ! Et en effet, il est animé de la vie de l’esprit, et cette vie de l’esprit ne peut l’animer sans prolonger ses reflets, et ses rayons jusque dans son être apparent, pour lui offrir au moins quelques indices de cette primitive activité dont nous aurions joui si le crime ne nous avait pas appesantis. Nouvel Homme 69

Mais en passant de nouveau par cet être apparent, il fera comme le Réparateur que Dieu avait ressuscité le troisième jour ; il se montrera vivant, non à tout le peuple (actes 10:41), mais aux témoins choisis avant le temps de sa mission particulière ; afin que les témoins puissent prêcher, et attester ensuite devant tout le peuple, que c’est ce nouvel homme qui a été établi de l’esprit pour être dans son royaume individuel le juge des vivants et des morts. Il ne se montrera point à tout le peuple, qui est en lui, car tout le peuple qui est en lui n’est pas en état de contempler sa gloire, et de mettre à profit ses trésors. Nouvel Homme 69

Tu les sens cependant, ces vérités, quand elles s’approchent de toi, et si tu n’es pas coupable, et qu’elles n’opèrent pas ta réprobation à cause de tes crimes, elles te réchauffent, mais à ton insu, à cause de ton ignorance, et de tes ténèbres ; tu marches auprès d’elles, et avec elles, comme les disciples d’Emmaüs marchaient, et s’entretenaient avec le Réparateur sans le connaître, et sans savoir que c’était lui-même qu’ils cherchaient ; et ce n’est que quand ton heure est arrivée, et que tes facultés ont été ouvertes par le pouvoir de l’esprit que tu t’aperçois de ton illusion, et que tu te dis comme ces disciples d’Emmaüs : Notre coeur n’était-il pas tout brûlant en nous lorsqu’il nous parlait durant le chemin, et qu’il nous expliquait les Ecritures ? Or, cette heure n’arrive jamais pour toi tant que tu t’établis à demeure dans tes ténèbres, puisqu’il faut que tu sortes de ta propre illusion pour que cette lumière, elle-même, ne te paraisse pas une illusion. Nouvel Homme 69

Quand cette âme simple et aimante aura été ainsi préparée par l’influence et les discours des précurseurs, le nouvel homme se montrera lui-même à elle, et en l’appelant par son nom, il lui communiquera assez de sa propre lumière, pour qu’elle le reconnaisse, et lui dise : Rabboni, mon maître. C’est cette âme simple qui, avec ses compagnes, ira annoncer aux disciples, la résurrection de ce nouvel homme, et les préparera, à leur tour, à soutenir l’aspect de sa gloire, et les merveilles de sa puissance ; car depuis qu’il est ressuscité de l’esprit, son action s’est étendue et a acquis le pouvoir de ne se manifester que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Mais ce nouvel homme, ce fils de l’esprit, et de la sagesse éternelle, ce fils divin que l’âme humaine a le pouvoir d’engendrer, et par la naissance duquel elle doit se sauver, comme ses femmes qui, selon Paul à Timothée, se sauveront par les enfants qu’elles mettront au monde, ce nouvel homme, dis-je, sera bien plus empressé de régner sur l’âme humaine par son amour, que par des prodiges. Nouvel Homme 69

Ame humaine, ne t’afflige point si le nouvel homme te presse ainsi de lui déclarer ton amour, il n’a d’autre but que de t’unir à lui par cet amour, comme il est uni par ce même amour, à l’esprit dont il est le fils ; il ne répète cette tendre, et touchante question, que parce que tu lui as donné lieu avant son sacrifice, de suspecter ton amour pour lui ; et il la répète trois fois, parce que trois fois tu l’as renié lorsque tu l’as vu livré aux mains de ses adversaires, et que tu as craint de partager avec lui les épreuves et les dangers. Nouvel Homme 69

70. Ame humaine, ton réparateur particulier, ou le nouvel homme t’a ouvert l’esprit pour entendre l’accomplissement de ce qui a été dit de lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Car lorsque le Réparateur universel disait : c’est de moi qu’ils ont tous prophétisé ; il ne parlait pas seulement de lui-même, et il faisait entendre par ces paroles qu’ils avaient aussi prophétisé de toutes les âmes de désir, de tous ceux qui veulent devenir de nouveaux hommes, puisqu’il s’est nommé ton frère, et le frère de tous les élus. Nouvel Homme 70

En t’ouvrant l’esprit sur ta destination, il t’apprend que tu dois prêcher journellement en toi-même en son nom la pénitence, et la rémission des péchés dans toutes, les nations, en commençant par Jérusalem. C’est-à-dire, en commençant par cette pierre fondamentale qui est en toi, et d’où doivent rejaillir des sources vives capables de désaltérer tous tes peuples. Nouvel Homme 70

Lors donc que ces mouvements faux se feront connaître en toi, tu n’auras qu’à dire un mot, et ils seront précipités dans leurs abîmes, et tu auras le droit de dire aux Saphires et aux Ananies qui seraient en toi, et qui chercheraient à te tromper : « Comment Satan a-t-il tenté votre coeur pour vous porter à mentir au Saint-Esprit, et à détourner une partie de votre fond de terre ? Ne demeurait-il pas à vous si vous l’aviez voulu garder… ? Ce n’est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; voilà ceux qui viennent pour vous enterrer qui sont à la porte. Et à ta parole, ces imposteurs rendront l’esprit et seront portés en terre. » Nouvel Homme 70

Lors donc qu’en allant au temple, selon ta coutume, tu rencontreras de pauvres estropiés tu les regarderas pour juger de leur foi, et quand par le mouvement intérieur de l’esprit tu croiras pouvoir employer tes richesses en leur faveur, tu leur diras : Je n’ai ni or, ni argent, mais ce que j’ai je vous le donne, soyez guéris au nom du Réparateur et marchez. Alors ils se lèveront, ils se tiendront fermes sur leurs pieds, et entreront avec toi dans le temple, en marchant, en sautant et en louant Dieu. Nouvel Homme 70

Tu seras affranchie des entraves de la loi dès que tu seras admise au règne de l’esprit et si ta pieuse délicatesse te laisse encore des inquiétudes sur les ordonnances lévitiques, il te sera répondu par l’esprit comme à saint Pierre (Actes 10:15) : N’appelez pas impur ce que Dieu a purifié. Nouvel Homme 70

Tu ne devras point être surprise si, lorsque tu parleras avec foi et confiance aux peuples qui sont en toi et qui t’écouteront, l’esprit descend sur eux, comme il est descendu sur toi, à la parole du nouvel homme, et s’ils deviennent par là susceptibles de recevoir le baptême de ta main, comme tu l’as reçu de la main de ton Réparateur particulier, en raison de ce que tu es dépositaire des sept sources sacramentelles qui doivent jaillir de ta pierre fondamentale : car la promesse a été faite à toi et à tes enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur ton Dieu en appellera. (Actes 2:39). Nouvel Homme 70

« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71

Elle veut que cet homme se lave et se régénère perpétuellement, et en entier dans la piscine du feu, et dans la soif de l’unité ; elle veut qu’il fasse boire chaque jour ses péchés à la terre, c’est-à-dire, qu’il lui fasse boire toute sa matière, puisque c’est là son vrai péché ; elle veut qu’il tienne sans cesse son corps prêt à la mort et aux douleurs, son âme prête à l’activité de toutes les vertus, son esprit prêt à saisir toutes les lumières, et à les faire fructifier pour la gloire de la source d’où elles lui viennent ; elle veut qu’il se regarde dans tout son être comme une armée toujours sur pied, et prête à marcher au premier ordre qu’elle lui donnera ; elle veut qu’il ait une résolution et une constance que rien ne puisse altérer, et qu’étant prévenu qu’en avançant dans la carrière, il n’y peut trouver que des souffrances, puisque le mal va s’offrir à lui à tous les pas, cette perspective ne l’arrête point dans sa marche, et qu’il ne porte pas moins sa vue exclusivement sur le terme qui l’attend à la fin de la course. Nouvel Homme

Si elle le trouve dans ces dispositions, voici les promesses qu’elle lui fait, et les faveurs qu’elle lui destine. Car, à peine l’intérieur de l’homme s’ouvre-t-il devant elle, qu’elle est saisie d’un transport de joie, non seulement comme la mère la plus tendre pour un fils qu’elle n’avait vu depuis longtemps ; mais comme le plus sublime génie à la vue de la plus sublime production qui, d’abord, lui paraît neuve, étrangère à son esprit, et pour ainsi dire, effacée de sa mémoire, mais qui bientôt lui fait unir l’amour le plus vif à cette profonde admiration, quand ce sublime génie vient à reconnaître que cette sublime production est son ouvrage. Nouvel Homme

Cette opération s’accomplit par des lois de multiplication spirituelle de la part de la Divinité dans l’homme, quand il lui a ouvert sa vie intégrale : et alors la Divinité développe en nous tous les produits spirituels et divins relatifs à ses plans, comme nous voyons que pour ce qui est relatif aux nôtres nous transportons constamment nos forces et nos puissances dans notre pensée, déjà produite, pour qu’ils puissent parvenir à leur parfait accomplissement ; mais avec la différence que les plans divins nous liant à l’unité même, nous ouvrent des sources intarissables lorsqu’ils veulent bien nous associer à eux ; et comme ils sont vifs par eux-mêmes, ils opèrent en nous une suite d’actes vifs qui sont comme des multiplications de lumières, des multiplications de vertus, des multiplications de joies qui vont toujours en croissant; c’est plus qu’une pluie d’or qui tombe sur nous, c’est plus qu’une pluie de feu, c’est une pluie d’esprits, de tout rang et de toutes propriétés ; car, c’est une vérité déjà connue, que Dieu ne pense point sans enfanter son image ; or, il n’y a qu’un esprit qui puisse être l’image de Dieu ; c’est par là, dis-je, que nous recevons en nous des multiplications de sanctification, des multiplications d’ordination, des multiplications de consécration, et que nous pouvons les répandre à notre tour, d’une manière active, sur les objets qui sont hors de nous et sur les personnes qui nous approchent. Nouvel Homme 3

C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4

Ces fruits même ne paraissent plus avoir de bornes dès que le principe, après avoir été mis en activité, se transmet dans la même mesure, et sans altération, parce qu’il agit toujours par la même loi, et toujours sur la même espèce de désordre qui n’est autre chose qu’une subdivision ; aussi c’est le même esprit qui, au physique et au moral, fait par l’imposition des mains que l’aveugle voit, que le sourd entend, que le boiteux marche, que le malade est guéri, que le mort ressuscite, et que l’esclave est remis en liberté. Nouvel Homme 5

Charge-toi, ô mon Dieu, de tout ce qui peut concerner mon élection ; je te dirai comme Moïse, que je ne puis que bégayer, et que tout mon être est dans une universelle impuissance pour l’accomplissement des devoirs que tu imposes à un élu ; j’admire la gloire de tes prophètes et de tes serviteurs, mon âme tressaille de joie en sentant les douceurs et les consolations qui les attendent, mais si tu ne délies toi-même ma langue, si tu ne mets ton feu dans mon coeur, et ta lumière dans mon esprit, si tu ne me traces ma route à chaque pas, et si tu ne me pousses toi-même dans ces sentiers que tu m’auras tracés, je demeurerai englouti dans ma faiblesse, et je serai un être entièrement inutile à tes plans. Nouvel Homme 5

Hommes qui croyez à la vertu de la parole, et aux prodiges qu’elle opère dans l’âme de l’homme quand elle le veut employer à ses diverses manifestations, croyez aussi à la progression de ses puissances, et à l’accroissement quoiqu’invisible des diverses actions qu’elle a dessein de faire fructifier dans le champ de la mort que nous habitons. Car cette parole est vive par elle-même, et quoiqu’elle soit fixe, et en quelque façon immobile dans le centre de son essence, les mouvements qu’elle opère ne peuvent pas être bornés et fixés à demeure dans les localités du temps. Nous voyons combien cette vérité se démontre sur nous-mêmes par les progressions que notre esprit parcourt, et qui font que notre vie entière semble n’être qu’une suite d’accroissements, dans lesquels les dons et les vertus d’une époque disparaissent et sont remplacés par les dons et les vertus de l’époque suivante. Nouvel Homme 5

Disons à notre ennemi : c’est le Dieu souffrant qui veut lui-même élever en moi son édifice ; c’est le Dieu souffrant qui veut le soutenir lui-même, tu ne pourras jamais le renverser. Plus le Dieu souffrant s’approchera de moi, plus je serai en sûreté contre tes attaques, parce qu’il prendra lui-même sur lui le fardeau que je ne pourrais pas porter ; quoique je sois suspendu au-dessus de l’abîme comme par un fil, quoique j’habite au milieu des lions voraces et des serpents sifflants et meurtriers, il est près de moi ce Dieu souffrant, il est conçu en moi ce Dieu souffrant, et d’un seul de ses mouvements, quelque faible qu’il soit, il me séparera lui-même de tous ces insectes, et reptiles venimeux dont tes iniques séductions ont fait revêtir corporellement la malheureuse postérité de l’homme. Ce Dieu souffrant ne cherche qu’à faire entrer en moi sa chair, son sang, son esprit, sa parole, pour y introduire enfin le nom puissant qui a tout créé, et qui veut aussi créer tout dans moi ; il veut me faire planer avec lui dans la région de la vie, afin que je sois dans l’impossibilité de retomber dans les précipices et dans les régions de la mort. Nouvel Homme 6

Ce n’est pas que par notre victoire sur ces animaux féroces qui tendent journellement à nous dévorer, nous les ayons entièrement séparés de notre cercle, et qu’ils ne soient plus liés à notre existence : non, ils y sont liés par la nature de notre chair et de notre sang ; et ils sont destinés à être entraînés avec tout notre être dans le cercle passager que nous parcourons, comme l’abîme est entraîné avec l’univers dans le vaste cercle du temps ; mais de même que cet abîme est entraîné avec l’univers sans lui nuire et sans gêner la marche de ces opérations et l’accomplissement de ses lois, de même la région de nos animaux dévorants, doit être entraînée avec nous sans se mêler aux fonctions de notre esprit, et comme occupant une demeure séparée, cette région n’existant pour nous, que comme l’abîme pour l’univers, c’est-à-dire pour faire le contrepoids, et pour que nous ne remontions pas dans la région de la vie, avant d’avoir eu le temps de purger nos éléments spirituels, sans quoi nous ne serions pas admis dans son sein. Nouvel Homme 7

Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8

Ainsi vicié dans son corps et dans son esprit avant même d’en avoir l’usage, il va entrer sous la fausse administration de ceux et celles qui l’environnent dans son premier âge, qui sèmeront en abondance des germes empoisonnés dans cette terre déjà empoisonnée elle-même, et s’applaudiront de lui voir produire des fruits analogues à cette atmosphère désordonnée devenue leur élément naturel. Nouvel Homme 9

La jeunesse, l’âge viril ne vont être qu’un développement successif de tous ces germes. Un régime physique, presque toujours contraire à la nature va continuer de presser à contre sens le principe de sa vie. Un régime moral destructif de toute morale va nuire encore plus à son être intérieur, et le dévier tellement hors de sa ligne, qu’il ne croira plus même qu’il en existe une pour lui ; des doctrines de tout genre vont repousser son esprit par leur contrariété, ou ne l’asservir qu’en le trompant ; des occupations illusoires vont absorber tous ses moments, et lui voiler sans cesse sa véritable occupation. Nouvel Homme 9

C’est ainsi qu’au milieu d’une tempête perpétuelle, il arrive au terme de sa vie ; et là pour achever de mettre le sceau sur le décret qui l’a condamné à venir dans cette vallée de larmes, l’on tourmente son corps par les procédés d’une médecine ignorante, et son esprit par des consolations maladroites, tandis que dans ces moments périlleux cet esprit ne cherche qu’à entrer dans sa voie et éprouve peut-être en secret toute la douleur de s’en voir écarté. Nouvel Homme 9

Mais celui qui a senti l’aiguillon du désir se lance courageusement dans cette carrière où les dangers et les puissances ennemies vont l’environner, et l’assaillir jour et nuit ; l’ardeur de la victoire lui cache la grandeur du péril et des fatigues ; il est déterminé à tout, parce qu’il sait que les récompenses qui l’attendent embrassent tout. Il doit donc compter qu’en entrant dans ce désert toutes les facultés de son être vont être éprouvées, et qu’il n’y en a pas une non seulement dans son corps, mais encore plus dans son âme et dans son esprit, qui ne doive verser des sueurs de sang, et en imbiber les différentes terres auxquelles appartiennent ces différentes facultés ; et cela continuellement jusqu’au jour de sa sépulture, parce que tant qu’il demeure sur cette terre de douleur, il est dans le règne du mensonge, et que celui qui y domine n’oublie rien pour faire prospérer son empire. Nouvel Homme 9

Et toi, homme, ne t’offense point de te voir naître dans une étable et parmi des animaux, tu ne nais que dans l’humiliation, tandis qu’auparavant tu existais dans des abîmes. Ces animaux vont faire pour toi, ce que tu aurais dû faire pour eux si tu eusses conservé tes droits ; ils vont te réchauffer de leur haleine, comme tu aurais dû les réchauffer de ton esprit, et leur conserver par là leur caractère, et leurs formes primitives. Car c’est aujourd’hui ta forme qui te préserve, au lieu qu’autrefois tu aurais dû préserver ta forme. Tu iras bientôt au temple pour y recevoir la circoncision, et Siméon chantera le cantique de joie en te prenant dans ses bras et en disant que tu es un enfant né pour le salut et pour la ruine de plusieurs. Nouvel Homme 10

D’ailleurs, veux-tu voir par toi-même les effets de cette science si respectable, et combien elle a peu profité aux hommes ? La terre est remplie des monuments de cette science Divine, et des immenses développements qu’elle n’a cessé de fournir depuis le commencement du monde ? Tout a été écrit, dit, publié ; il n’y a point de profondeur ici-bas qui n’ait été sondée, il n’y a point de secret qui n’ait été découvert, point de lumière qui n’ait été manifestée; les hommes regorgent de trésors en ce genre, ils en sont inondés, entourés, encombrés ; et cependant quel chemin leur vois-tu faire dans la carrière de la vérité et de la paix ? Ils croient leur coeur en sûreté, dès que leur esprit voit des rayons de lumière ; et ils ne songent pas que sans le secret et douloureux médicament, ils ne font, avec toutes leurs clartés, que se jeter plus sciemment dans le précipice. Nouvel Homme 11

Veux-tu savoir ce qui leur est nécessaire, et ce qu’ils peuvent attendre de la voie simple, cachée et naturelle ? C’est qu’une parcelle puisse se détacher de la grande mesure, et apporter sur tout leur être cet esprit de mesure, d’aplomb, d’équilibre, de justesse, de sécurité, de certitude, et de confiance animée et irrésistible dont elle est à la fois le foyer, la source, l’organe, le sceau, le signe, le caractère, et le continuel, majestueux, universel et triomphant effet : tâche de parvenir à ce degré à la fois délicieux et sanctifiant ; tâche qu’il n’y ait plus en toi qui ait quelque chose à toi ; car plus cette parcelle imperceptible, que j’ai appelée la mesure, trouvera en toi de choses qui lui appartiennent, plus tu seras plein de ces mesures si salutaires, et dont la seule présence peut servir de date à ta régénération. Nouvel Homme 11

Oui, Dieu de ma vie, tu m’appelleras, et je te répondrai en t’immolant des sacrifices effectifs dont les fruits et la récompense seront de vivre avec ton esprit, par ton esprit, et dans ton esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon âme quelque misérable et quelqu’infirme qu’elle soit ; après lui avoir fait prendre le médicament d’amertume, tu lui feras connaître aussi le médicament de la joie, et de l’adoucissement ; et cet adoucissement, ce sera de t’emparer d’elle, de la presser par l’impulsion de ta main dans tous les mouvements qu’elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi. Nouvel Homme 12

Car, si nous voulions courageusement faire pénétrer notre esprit vivant dans toutes les subdivisions et régions de notre être, pour y porter la vie et la renaissance, nous ne compterions pour rien les maux ordinaires auxquels notre nature et notre vie temporelle nous exposent ; et il n’y aurait plus de douleur qui pût se mettre en parallèle avec notre douleur ; mais aussi où seraient les joies qui finalement pourraient se mettre en parallèle avec nos joies ? Nouvel Homme 12

Porte néanmoins dans toutes ces diverses oeuvres la soumission la plus entière aux volontés de celui qui te les envoie ; tâche, ou plutôt, n’oublie pas que tu les dois faire toutes en son nom ; et si tu veux apprendre ici un profond secret, ne sors jamais en pensée, et en esprit de cette région suprême ; joins continuellement les trois noms éternels, et ceux qui ne sortent jamais de leur Divine enceinte, avec les trois noms temporels Divins qui dirigent les trois opérations temporelles, ce sera le moyen d’être à la fois comme Dieu dans l’éternité et dans le temps. Ce que je te propose est d’autant moins impossible que tu peux en faire toi-même la plus certaine expérience, en observant la similitude des facultés internes et externes de ton esprit, sujet qui, à lui seul, demanderait un ouvrage à part, et que, pour cette raison, nous ne traiterons point dans cet écrit. Nouvel Homme 14

Sachez donc qu’il en est de même du peuple chrétien pris en grand, et considéré comme la famille divine ; tant qu’il sera dispersé comme il l’est parmi toutes les nations, il éprouvera des servitudes et de honteux assujettissements ; mais il n’éprouvera point les attaques des ennemis en personne, puisqu’il ne forme point encore un corps de peuple. Tout ne doit-il pas être esprit et vie dans cette divine famille ? Or tout est-il esprit et vie dans les circonscriptions locales des peuples qui portent si hautement sur la terre le nom de chrétiens ? Des ennemis visibles, et humains pourraient donc attaquer ces circonscriptions nominales, et apparentes sans attaquer la famille divine des chrétiens qui est esprit et vie ; et par là même raison, il faudrait plus que des ennemis visibles, et humains pour attaquer cette famille divine qui est esprit et vie, si elle était rassemblée. Nouvel Homme 15

Mais la même voix qui aura rassemblé cette famille divine de toute langue, de toute tribu, de toute nation, ne laissera point périr son ouvrage, parce que son ouvrage sera esprit et vie, comme notre être intérieur en qualité de famille divine, particulière, serait aussi esprit et vie sensiblement pour nous, si nous avions plus de confiance dans les forces, et dans les moyens efficaces que la sagesse, et la miséricorde divine ne cessent de nous prodiguer. Nouvel Homme 15

Il transportera l’unité jusque devant tes yeux, jusque dans ton coeur, jusque dans ton esprit, jusque dans les plus subdivises de tes facultés, il te la fera voir, et toucher sensiblement dans tout ce qui peut être l’objet de tes spéculations, et même il te fera avouer que tu ne connais de mesure et de perfection, qu’autant que cette unité règne dans les oeuvres que tu contemples, et que toi-même n’étais dans le trouble et dans les extralignements, que parce que cette unité n’était pas encore née pour toi, et dans toi. Nouvel Homme 17

Telle est cette unité intérieure à laquelle correspondent toutes nos unités particulières et sur laquelle l’unité universelle attend avec encore plus d’impatience que nous, qu’elle puisse se reposer en paix. Telle est cette mine inépuisable dans laquelle il n’y a point de richesses que nous ne puissions trouver ; mais qui est devenue comme étrangère à celui même qui en est le propriétaire, parce que les hommes avides des sciences externes ont porté à l’extérieur toutes les facultés de leur esprit, au lieu de les porter sur cet intérieur qui leur eût tout appris, et leur eût prodigué tous les trésors. Nouvel Homme 22

Celui au contraire qui aura eu le courage de contempler avec soin sa véritable essence, qui aura distingué soigneusement sa pensée d’avec l’être ténébreux dont nous sommes accompagnés pour un temps, qui, enfin, se sera conduit avec cet être inférieur, et subordonné comme avec ce serviteur de l’Évangile qui, en arrivant des champs est obligé de se ceindre, de préparer à manger à son maître, et d’attendre que ce maître ait fini son repas pour prendre le sien, c’est-à-dire, qui n’accordera jamais rien aux besoins de sa matière, avant que son esprit ne soit satisfait, comme étant le maître, et devant être le premier servi, celui-là, dis-je, trouvera de lui-même, non seulement quelle est la destination de l’homme, mais aussi quelle est la voie qui doit le conduire à en obtenir l’accomplissement. Nouvel Homme 23

Le nouvel homme dont la destinée est si élevée au-dessus de la sagesse commune doit, comme nous l’avons dit, mourir continuellement dans la parole, s’il veut que la parole vive en lui ; et il y doit mourir progressivement afin qu’elle puisse y vivre un jour dans toute sa force, et dans toute sa plénitude. Il faut qu’il voyage silencieusement sur les bords du fleuve, qu’il combatte à tous les pas les animaux qui se rencontrent, et qu’il surmonte les obstacles de chaque jour. Par là, il reçoit insensiblement une triple création qui purifie son corps, son âme et son esprit, qui les remplit du feu de la vie, parce que le feu le couvre, et le pénètre de la parole du témoignage. Nouvel Homme 24

Tu éviteras, avec grand soin, d’aller dresser un autel à tes pensées, ni aux tableaux si variables des spéculations de ton esprit. Nouvel Homme 27

Nouvel homme, c’est dans toi-même que se peuvent trouver tous ces parents infidèles, auxquels il t’est défendu de pardonner. N’en ménage aucun. Quand ce serait le plus cher d’entre eux qui tâcherait de s’insinuer dans ton esprit, et de t’attirer à un culte trompeur pour quelqu’autre portion de toi-même que celle où la voix de ton Dieu s’est fait entendre, lorsqu’il a allumé lui-même sa lampe vivante dans le sanctuaire de ton propre temple, rejette-le loin de ta fureur. Plus tu exerceras de sévérité envers ces parents séducteurs, plus tu assureras le règne et la gloire de ton maître, parce que plus tu conserveras par là l’unité, la simplicité et la sainteté de ce fils chéri qui doit le représenter sur la terre. Nouvel Homme 28

Accoutume-toi aussi d’avance à embrasser par un grand coup d’oeil le cercle que tu dois parcourir, et qui, non seulement comprend l’éternité, et le temps, avec toutes les causes de tout genre qui le font mouvoir mais encore toutes les lois que cette sagesse éternelle a envoyées à l’homme dès l’instant de sa chute, qu’elle déroule successivement devant lui, à mesure que tourne la roue des siècles, et dans lesquelles il peut toujours reconnaître le même esprit, le même amour, la même justice, la même bienfaisance, soit qu’il observe ces lois dans leur premier âge, soit qu’il les observe dans leurs divers états de développement ; car c’est l’unité qui les a dictées, c’est aussi l’unité qui les dirige, qui les fait croître, et qui leur fait manifester leur lumière, lorsque le temps en est arrivé. Nouvel Homme 28

C’est par ces voies fausses et erronées qu’il amène les hommes à n’avoir de facultés que pour des connaissances de l’ordre inférieur, qui ne sont elles-mêmes que des apparences mortes et mensongères ; c’est par là qu’il fait que ces sortes de lumières troubles et incertaines deviennent les seuls éléments de l’homme, et la seule mesure de son esprit. Aussi, quel effet peuvent opérer alors sur les hommes, les tableaux vifs et les allégories spirituelles envoyées par la vérité ? Cet effet est nul ou faux à leurs yeux, ils rapportent le tout à des sciences inférieures, ou à l’invention de l’historien ou bien ils n’y voient rien. Nouvel Homme 29

Alors il dit au Seigneur : Ne laissez pas les hommes dans des voies qui nuisent à votre oeuvre même, que j’ai si grand désir de voir s’accomplir. Venez au secours de leur faiblesse, puisque vous seul pouvez les préserver de la mort, et leur donner les forces et tous les appuis qui leur manquent. Puis se tournant vers l’ennemi, il lui dit : Faut-il que le sang de mon esprit coule pour assouvir ta soif et te faire lâcher ta proie ? Le voici : laisse aller mes frères en liberté. Ce n’est pas seulement en mon nom que je te parle, c’est au nom de celui qui vient de me rendre à la vie; mais si tu ne veux pas croire en mon nom, ni au nom de celui qui m’a envoyé, crois au moins à l’oeuvre qu’il a faite dans mon être et dont tu ne peux nier la réalité puisqu’elle t’est prouvée par mon existence que ton oeil ne peut méconnaître et que tu ne peux t’empêcher de sentir. Nouvel Homme 29

Cependant quelles sont les vues qu’elle a sur nous, c’est de nous appeler, et de nous faire relever du milieu des morts, c’est de nous délivrer de la fange, et de l’infection dans laquelle nous sommes étendus, c’est de nous rendre assez lumineux par le feu de son esprit, pour que nous puissions, les uns et les autres, nous servir de guides, et de points de ralliement dans nos abîmes, et nous arracher ensemble par sa divine puissance, à ce séjour sépulcral dans lequel nous ne sommes autre chose que de vrais cadavres. Nouvel Homme 31

C’est donc par cet esprit d’humilité, de justice, et de courage que le nouvel homme va être poussé dans le désert ; là, avec la lumière qu’il vient de recevoir, il va parcourir les plus profondes retraites de son être, et il ne se reposera ni jour ni nuit, qu’il n’en ait éloigné toutes les immondices, tous les malfaiteurs et tous les animaux nuisibles. Nouvel Homme 32

De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32

36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36

« Votre leçon entière est dans ces paroles : Les serviteurs que mon père aime, sont ceux qui le servent en esprit et en vérité. Ainsi ne vous en tenez pas à une simple croyance au principe divin dont votre âme immortelle a reçu la vie. Ne vous en tenez pas même à cette foi vive que par votre union avec lui vous pouvez tout opérer pour votre bien, et celui de vos frères qui demeurent avec vous dans votre temple particulier, mais faites en sorte de ne vous donner aucun repos jusqu’à ce que cette vive foi se soit convertie en actes positifs, et en faits réels. Us serviteurs que le père aime, ce sont ceux qui prouvent leur foi en la divinité de leur nature par la divinité des fruits qu’ils produisent, et par le soin qu’ils prennent que dans eux les triples nombres s’accomplissent ; sans quoi le cercle reste ouvert, l’oeuvre n’est pas achevée et reste incomplète, et vous ne pourrez pas dire que vous serviez Dieu en vérité, puisque vous ne le servez pas en oeuvres effectives. » Nouvel Homme 37

« Ceux qui ne servent leur Dieu qu’en intelligence, ne connaissent pas la vie réelle, puisqu’ils ne vivent que dans les images, aussi ne sont-ils récompensés que par des images. Il faut que votre coeur et toutes les propriétés de votre être deviennent autant d’agents et d’organes actifs sans aucune interruption, si vous voulez vivre dans les réalités et servir votre meure en esprit et en vérité. » Nouvel Homme 37

« Lorsque le Seigneur sème quelque grain en vous, commencez donc par le recouvrir précieusement de toutes les terres déjà remuées auparavant, c’est-à-dire de la confiance, de la vigilance, et de la constance à veiller à la conservation de ce dépôt précieux. Que jamais les séduisantes amorces de la contemplation ne laissent à votre esprit le temps d’interrompre votre coeur dans son oeuvre ; sans quoi vous mettrez le grain à découvert au lieu de le laisser fermenter dans la terre ; il se desséchera, ne pourra porter aucun fruit, ou bien il sera dévoré par les oiseaux » Nouvel Homme 37

« Toutes les fois que votre esprit se sentira dans l’indigence, et dans le besoin, présentez au Réparateur le dénombrement des grâces antérieures qu’il vous a faites. Dites-lui : « Je suis celui à qui vous avez remis telle et telle dette, je suis celui que vous avez fortifié dans telle occasion, je suis celui en qui vous avez développé telle lumière, je suis celui que vous avez préservé dans telles circonstances, je suis celui que vous avez étonné tant de fois par la douceur si inattendue de vos joies toujours nouvelles ; enfin je suis celui pour qui vous avez fait, et pour qui vous faites encore de continuels miracles de miséricorde, et d’allègement dans nos peines, dans nos dangers, et dans nos ténèbres. Il reconnaîtra ses propres oeuvres dans ce dénombrement que vous lui présenterez, et il s’approchera encore davantage de vous, afin que vous puissiez parvenir un jour à demander en son nom, à son père, tous vos besoins. » Nouvel Homme 37

Car pourquoi verrions-nous dans ces sources de restauration qui ont été ouvertes, une voie sacerdotale et lévitique, une voie spirituelle et prophétique, et une voie de liberté et de lumière qui ne peut être regardée que comme une voie divine ? Pourquoi verrions-nous dans cet ordre sacerdotal, des Lévites, des prêtres, et un seul grand prêtre ? Pourquoi verrions-nous dans le peuple hébreu qui nous représente toute la famille humaine, un état d’esclavage, un état de combat, et un état de victoires et de triomphes, si tous ces tableaux n’avaient pas pour but de nous donner une instruction qui étendît notre esprit, et qui nous fût applicable à nous-mêmes ? Nouvel Homme 44

Ame humaine, remplis-toi de confiance, et considère quels seraient tes avantages, si tu daignais les mettre à profit. L’ennemi n’a qu’une seule issue par où il puisse t’approcher, et cette issue, il t’est encore possible de la lui fermer à ta volonté. Mais pour toi, tes puissances peuvent se développer dans tous les sens, puisque tu es centre, et que tu tiens au centre universel. Car c’est de toi que parlait le Réparateur lorsqu’il disait : Comme mon père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par mon père, de même que celui qui me mange vivra par moi. Or, manger le Réparateur, c’est transmuer toutes tes substances dans les oeuvres et l’activité de son esprit, et faire en sorte que cet esprit éternel et divin, pénètre dans toutes tes facultés, comme les sucs de tes grossiers aliments pénètrent dans toutes les fibres de ton corps. Nouvel Homme 48

Dieu avait dit : « L’homme sera un centre où réfléchiront tous les rayons de ma gloire. Il a reçu de moi, dans son corps, la base de toutes les impressions, et de toutes les qualités des êtres sensibles, comme il a reçu de moi, dans son esprit, la base de toutes les impressions, et de toutes les propriétés supérieures. C’est pour moi que j’ai disposé et placé l’homme dans ce haut rang. J’ai eu pour but ma propre joie, ma propre gloire, et l’avancement de mes desseins. Et cependant l’homme a dédaigné mes présents. Il a dédaigné de travailler à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins. Comment traiterai-je ce serviteur infidèle ? Je le traiterai comme les nations qui auront pris les idoles pour leurs dieux. Mille univers entassés les uns sur les autres, ne déroberaient pas à mes yeux ces coupables ; leur crime osa frapper mon trône, et la secousse qu’il éprouva, ma justice s’en souvient encore. Hommes négligents, hommes insensibles à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins, remplissez-vous du zèle de ma maison jusqu’à ce que les murs de Jérusalem soient relevés, jusqu’à ce que vous soyez réellement convertis en une prière active, et en un sacrifice d’agréable odeur pour celui qui vous a créés. » Nouvel Homme 49

Nouvel homme, regarde-toi comme ce roi établi sur Sion, la sainte montagne du Seigneur, afin que tu annonces ses préceptes ; demande à Dieu tes propres nations pour ton héritage, et il étendra tes possessions jusqu’aux extrémités de la terre, et jusque dans les âmes de tes semblables. Car sa sagesse active, et invisible ne cherche qu’à faire pénétrer jusqu’a toi ses douces influences, et à te soutenir du haut de son trône, dans tes combats, afin de te faire remporter des victoires ; elle transportera ensuite auprès d’elle ton esprit triomphant, jusque dans ces paisibles régions où elle fait éternellement sa demeure, et où l’homme aurait dû demeurer aussi éternellement avec elle, s’il n’avait pas eu la faiblesse de les abandonner ; vérités qui pourraient être rebattues à toutes les pages de tous les livres, et qui ne devraient pas pour cela éprouver le reproche d’être trop répétées ; car comment accuserait-on les écrivains de trop dire une chose qui est la seule chose que l’on devrait dire ? Nouvel Homme 50

Si l’homme portait plus soigneusement sa vue sur son être intérieur, il parviendrait sûrement à découvrir en lui ce soleil radieux, et à le voir physiquement des yeux de son esprit comme il peut voir dans une glace la beauté de sa face avec ses yeux matériels ; car il a toujours, devant son être intérieur, un miroir vivant qui lui en réfléchirait la splendeur en nature. Il s’y verrait accompagné de la droite et de la gauche de Dieu, qui ne cessent de le préserver, et de le défendre, qui ont été opérantes temporellement dans les deux alliances, ou initiations spirituelle et divine, et qui ont été représentées corporellement aux trois disciples du Réparateur par les précurseurs de ces deux initiations : Moïse qui avait conduit le peuple jusqu’aux portes de la terre promise, et Elie qui était venu préparer les voies à l’alliance éternelle de la paix, et de la sainteté. Car le Réparateur ne montrait encore dans cette transfiguration, que les sentiers où l’homme devait passer pour retourner dans le royaume de la vie. Nouvel Homme 51

L’enfant qui vient de naître, quand est-ce qu’il peut jouir de la vue ? C’est quand la lumière a su se faire jour en lui, et ses yeux une portion d’elle-même, sur laquelle elle va réagir désormais ; jusque-là il est dans les ténèbres. Il en est de même de tous ses autres sens, relativement à la puissance qui doit les mouvoir. Il en est de même aussi de tous les sens de notre esprit, et de notre coeur. Nous serions à jamais restés dans l’engourdissement de toutes les facultés de notre être spirituel, si le divin Libérateur qui a été glorifié, n’avait dissous toutes les vapeurs malfaisantes dont tous nos organes étaient obstrués. Point d’intelligence, point de tact, point de mouvement, point de vie en nous, si ce suprême agent n’avait lancé, dans chacun nos organes intérieurs, et cachés un de ses rayons vivificateurs, sur lesquels il veut ensuite darder continuellement son action, pour nous maintenir avec lui dans cette divine activité dont il est la source, et qu’il nous a appelés à partager avec lui. Nouvel Homme 51

Vous y apprendrez comment seront traités un jour vos ennemis, ou cette Babylone, qui selon Isaïe (47), n’a point eu de miséricorde pour ses captifs, qui a aggravé son joug sur le vieillard, et qui a dit : Je dominerai éternellement… Il n’y a personne qui me voie… Je suis la seule, et après moi il n’y en a point d’autre. Vous y verrez que cette fille des Chaldéens ne sera plus appelée la reine du monde, que les deux maux dont elle se croyait à couvert, la viduité et la stérilité, lui viendront la fois dans le même jour, qu’elle ne saura point d’où lui tous ces maux. Et on lui dira: « Reste avec tes enchanteurs, avec la multitude de tes maléfices dans lesquels tu t’es exercée dès ta jeunesse, essaie s’ils te serviront à quelque chose, et si tu en deviendras plus forte… qu’ils demeurent et qu’ils te sauvent ces augures du ciel qui contemplaient les astres, qui supputaient les mois, afin de pouvoir t’annoncer les choses qui devaient t’arriver. Ils sont devenus comme de l’étoupe, le feu les a dévorés, ils ne délivreront point ton esprit des flammes ; ainsi périront tous les arts dans lesquels tu as employé tant de travaux ; ceux qui étaient tes agents dès ta jeunesse ont erré chacun dans leurs voies il n’en est pas un qui puisse te sauver. » Nouvel Homme 52

Or si l’homme n’a pas besoin de chercher plus loin que lui-même pour trouver la ville sainte avec ses habitants, à plus forte raison pourra-t-il trouver dans lui-même ce second, ce concitoyen avec lequel il peut s’unir au nom du Seigneur, pour lui demander tout ce dont son esprit peut éprouver la disette, et le besoin. Souvent même cette seule réunion leur procurera des secours inattendus, et dont ils seront tous surpris. Ainsi lorsque leur barque sera agitée par un grand vent, le Réparateur marchera près d’eux sur la mer, et dans leur frayeur il leur dira : c’est moi, ne craignez point ; qu’alors ils le prennent seulement dans leur barque et la barque se trouvera tout de suite au lieu où ils désireront aller. Nouvel Homme 54

Au lieu de remplir une aussi noble destination, son esprit, son coeur, son âme, toute sa personne est continuellement l’organe et l’esclave des signes étrangers qui dirigent tous ses mouvements. Il est comme ces rois dont toutes les facultés se sont concentrées et affaissées, et qui ne sont plus susceptibles que d’être le jouet perpétuel des opinions de leurs ministres passionnés. Nouvel Homme 54

Voilà ces puissances illusoires, ces puissances destructives dont le nouvel homme s’est séparé, et dont vous devez vous séparer comme lui, si vous voulez comme lui, devenir les serviteurs et les amis du Seigneur, au lieu de devenir ses adversaires. Prêtez-vous à l’action divine ; elle ne vous demande que de ne pas vous opposer à elle, et pour ce simple abandon de votre part, elle va se livrer à vous tout entière, et laisser en vous des témoignages vivants de son zèle. Elle va s’étendre dans tous les canaux de votre être, et se mouvoir dans votre esprit, comme la nature se meut dans votre être passager et sensible. Nouvel Homme 55

Ils ne s’en tiendront pas là. Ils enverront vers lui les Saducéens qui nient la résurrection. Ils s’approcheront de lui, et lui proposeront la question des sept maris. Mais comme les ténèbres des Saducéens, ne viennent que de ce que leur esprit n’est rempli que d’idées mortes, il leur fera connaître comment il est possible que la résurrection ait lieu sans que la difficulté qu’ils opposent, et qui les arrête, puisse avoir la moindre valeur. Nouvel Homme 57

« Prenez garde que personne ne vous séduise, parce que plusieurs viendront, sous prétexte de vous instruire, et de vous soulager ; mais comme ils seront eux-mêmes remplis de ténèbres, ils ne feront que vous égarer davantage ; et le signe auquel vous les reconnaîtrez, c’est lorsqu’ils vous proposeront d’autres Dieu, son esprit, et vous, et qu’ils voudront vous épargner travail pénible de puiser constamment et sans relâche dans celui qui vous a donné l’existence, et qui a mis en vous une universelle représentation de lui-même et de toutes ses oeuvres. » Nouvel Homme 59

Car la plus belle fonction de ce prophète éternel et divin qui est venu verser le sang de son corps et de son esprit, pour nous mettre à portée de rentrer par lui, dans notre état naturel, et primitif, a été de rendre notre sang efficace, et de nous donner, par là, une seconde vie après celle que nous avions perdue. Or, cette seconde vie qu’il nous donnait par là était la vie de la douleur, et devait infiniment plus lui coûter que la vie de l’amour, qui est celle qu’il nous avait donnée la première fois. Nouvel Homme 60

Aussi ne redoutons point la suspension où cet esprit nous laisse pour quelques moments. Nourrissons-nous de la paix et de l’espérance qu’il nous a données, et soyons sûrs qu’il ne retourne à son père que pour revenir vers nous chargé de plus nombreuses richesses et de plus grands trésors. Notre ennemi ne va-t-il pas lui-même chercher sept autres esprits pour s’emparer de la maison qu’il a laissée ? Comment le consolateur, et le prince de la paix et de la puissance n’aurait-il pas les mêmes pouvoirs dans l’ordre de la vérité ? Nouvel Homme 61

En ce jour-là, vous ne m’interrogerez plus de rien. Car comment pourriez-vous avoir besoin de m’interroger, puisque celui qui doit venir et vous enseigner toute vérité sera pour vous la continuelle expression du père, et du fils, et qu’il développera sans cesse à votre coeur et à votre esprit tous les trésors de la sagesse, et toutes les merveilles de l’unité. Nouvel Homme 63

« Je ne suis plus maintenant dans le monde, mais ils sont encore dans le monde, et je m’en vais à vous. Père saint, conservez en votre nom ceux que vous m’avez donnés, afin qu’ils soient un comme nous. » Le nouvel homme quoique sorti du monde en esprit, s’occupe des siens qui sont encore dans le monde parce qu’il sait qu’ils y sont encore en danger, jusqu’à ce que l’oeuvre soit entièrement accomplie sur eux ; et comme il sait ne pouvoir vivre que par son père, il emploie tout son amour auprès de ce même père qui les lui a donnés, et sans lequel il sait qu’ils ne peuvent pas plus vivre que lui-même. Nouvel Homme 64

65. Après avoir ainsi terminé ses instructions, le Réparateur se retire dans la vallée de Gethsemani, ou la vallée de l’Huile, et il entre dans le jardin des Oliviers où il allait ordinairement avec ses disciples. Ce nom de vallée d’Huile est lui-même analogue à l’oeuvre de paix que ce Réparateur venait opérer ; et c’est dans ce jardin de pacification où il va être trahi et livré, comme le fut autrefois le premier homme dans le jardin d’Eden, ou de délices, afin que, par ces frappantes correspondances, l’homme intelligent aperçoive les rapports qui existent entre ces diverses époques, et qu’il ne puisse plus douter que le Réparateur n’ait voulu absolument marcher par les mêmes voies que l’homme coupable, mais dans un autre esprit, et dans l’intention de rectifier ces voies, et de rétablir ce que cet homme coupable avait détruit. Nouvel Homme 65

67. Nouvel homme, applique promptement sur toi tous ces types que tu viens de parcourir. La mort corporelle du Réparateur devait être volontaire pour rendre à ton esprit la force de mourir volontairement à son tour ; et elle t’offre une oeuvre plus grande que celle de ta mort corporelle même ; aussi avait-il dit : Vous ferez de plus grandes oeuvres que les miennes. Nouvel Homme 67

Les premiers prévaricateurs firent mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer ; ils le firent mourir de mort, parce que n’étant pas matière, il ne pouvait pas mourir autrement. Les Juifs ont fait mourir le Réparateur qui venait les sauver ; mais ils ne l’ont pas fait mourir de mort, parce qu’il était au-dessus du péché. Mais toi nouvel homme, toi à qui le Réparateur vient de rendre la puissance sacerdotale pour immoler la victime, ne perds pas un instant pour exercer ton ministère. Tu. vois que les premiers prévaricateurs ont fait mourir de mort le premier homme envoyé pour les régénérer. Il faut donc que tu meures de mort une seconde fois, si tu veux payer le tribut à la justice, et si tu veux rentrer dans la vie de ton esprit, et cela sans attendre même la mort de ton corps laquelle doit, à la vérité, être toujours prête et résignée de ta part, mais qui ne doit point être volontaire, puisque celle du corps du Réparateur l’a été, et puisque ce n’est pas ton corps qui a péché. Nouvel Homme 67

Aussi ceux qui n’auront pas consommé l’oeuvre de leur crucifixion ne seront point admis au festin de l’agneau, et ne goûteront point de ce nouveau jus de la vigne qui est préparé pour le Réparateur, et pour tous ceux qui auront fait mourir leur esprit en son nom, et qui l’auront fait ensevelir dans ce sépulcre nouveau où personne avant lui n’avait encore été mis, parce qu’il n’y avait que lui qui pût pénétrer ainsi le premier jusque dans les sombres demeures de la mort, afin qu’après en avoir dissipé les ténèbres et la corruption, ceux qui voudraient ensuite mourir en lui, et s’ensevelir en lui n’y rencontrassent plus que la lumière, la pureté, et la vie. Nouvel Homme 67

Nouvel homme, si à l’exemple de ce Réparateur tu marches ainsi à ton sacrifice, et que tu aies le bonheur de l’accomplir, tu verras en toi s’opérer les mêmes prodiges qui parurent au moment où il subit la mort corporelle. Le soleil de la matière s’obscurcira, parce que ce soleil n’opère en toi que la mort de la vie, et que cet esprit qui naît en toi doit opérer la mort de la mort. Nouvel Homme 67

Les sépulcres s’ouvriront, et plusieurs corps des saints qui sont dans le sommeil ressusciteront, et sortant de leurs tombeaux après leur résurrection, ils viendront dans la ville sainte, et seront vus de plusieurs personnes. Tu sentiras tes substances spirituelles renaître en toi, et sortir de leurs tombeaux où elles te paraissaient ensevelies dans le sommeil de la mort ; elles reprendront leur activité, et viendront se réunir à l’action de ton esprit pour y puiser continuellement de nouvelles forces et une nouvelle vie. Elles viendront se promener dans les rues de cette Jérusalem sainte, qui a été construite en toi dès l’origine, mais dont toutes les avenues avaient été fermées par l’iniquité, et qui ne pouvaient être rendues libres que par la puissance de celui qui vient d’expirer en toi, et qui n’a pu y expirer, sans y opérer une explosion universelle. Nouvel Homme 67