« Mais la terre était invisible et informe ; les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux ». La terre était invisible et informe avant que Dieu eût dit : « Que la lumière soit », et avant qu’il eût séparé la lumière des ténèbres, selon que l’indique l’ordre du récit. Dans la suite, Dieu ordonne que le firmament soit, et il l’appelle « ciel ». Quand nous en viendrons là, nous dirons la différence qu’il y a entre ciel et firmament et pourquoi le firmament a été appelé Ciel; mais maintenant il est dit : « Les Ténèbres couvraient l’abîme. » Quel est cet abîme ? C’est celui dans lequel se trouveront « le diable et ses anges ». Il est clairement désigné dans l’Évangile quand il est dit du Sauveur que les démons qu’il chassait « lui demandaient de ne pas leur commander d’aller dans l’abîme ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Vous qui m’écoutez, appliquez-vous à loisir aux Saintes Écritures et vous trouverez que les nombres de « cent » et de « trente » cachent beaucoup de grandes réalisations. Joseph avait trente ans quand il sortit de prison et qu’il assuma le gouvernement de toute l’Egypte pour écarter, par une prévoyance miraculeuse, le fléau menaçant de la famine. Jésus avait trente ans, dit l’Évangile, quand il vint se faire baptiser et qu’ « il vit les cieux ouverts et l’Esprit de Dieu descendre sur lui sous la forme d’une colombe ». C’est alors que le mystère de la Trinité commença pour la première fois de se révéler. Et tant d’autres faits semblables que vous découvrirez. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Si la voix humaine se définit : de l’air frappé , c’est-à-dire renvoyé par la langue, la voix de Dieu peut aussi bien se définir : de l’air frappé par la force ou par la volonté divine. C’est ce qui fait que lorsqu’une voix divine se fait entendre, le son n’en parvient pas aux oreilles de tous, mais de ceux seulement y ont intérêt. Cela permet de se rendre compte que ce n’est pas le renvoi de la langue qui produit le son dans ce cas, – autrement on entendrait comme à l’ordinaire, – mais que le son est administré et dirigé par une volonté céleste. Cependant on dit souvent que la parole de Dieu fut adressée sans aucun son de voix aux prophètes, aux patriarches et aux autres saints, comme nous l’apprenons simplement par tous les livres saints. Dans ce cas, pour m’en expliquer brièvement, je dirai que l’esprit de Dieu illumine et impressionne l’esprit humain conformément au sens des paroles. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Il ne suffit pas de se payer de mots et de proclamer cette alliance en paroles seulement ; il faut encore en remplir réellement les conditions L’Apôtre Jean dit : « Tout esprit qui confesse que Jésus-Christ est venu dans la chair est de Dieu ! » Eh quoi ! un pécheur et un agent du mal qui « confessera que Jésus-Christ est venu dans la chair », paraîtra le faire dans l’esprit de Dieu ? Non, cela n’est pas porter l’alliance de Dieu dans sa chair, c’est la porter seulement dans ses paroles. Cet homme aussitôt s’entend dire : tu te trompes ô homme, «le royaume de Dieu ne consiste pas dans des paroles, mais dans des oeuvres ». Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Il y a encore une autre lutte, plus violente peut-être que toutes celles-ci : c’est la lutte que mènent ceux qui comprennent charnellement la loi contre ceux qui la comprennent spirituellement, une vraie persécution. Pourquoi donc ? Parce que « l’homme naturel ne reçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu, car elles sont une folie pour lui et il ne peut les comprendre parce que c’est par l’Esprit qu’on en juge ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Mais vous, si vous portez en vous « le fruit de l’Esprit qui est la joie, la charité, la paix, la patience », vous pouvez être Isaac, qui n’est pas né charnellement, mais est né en vertu de la promesse, -et vous êtes des fils de la femme libre, à condition toutefois que vous puissiez dire avec Paul : « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair (car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses). Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu ». Si vous pouvez être ceux à qui s’applique cette parole de l’Apôtre : « pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous », à cette condition vous n’êtes pas nés selon la chair, mais selon l’esprit en vertu de la promesse, et vous êtes les héritiers des promesses, selon ce qui est dit : « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. » Vous ne serez pas héritiers de celui qui est né selon la chair mais cohéritiers du Christ, car « si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent, nous ne le connaissons plus ainsi ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.
Tout cela ne vous frappe-t-il pas et ne comprenez-vous pas que cela a un sens spirituel ? Vous croyez peut-être que c’est un hasard si les Patriarches viennent toujours à des puits et si leurs unions se contractent toujours au bord des eaux ? Quiconque se l’imagine est « l’homme animal qui ne perçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». En reste là qui voudra, demeure « animal » qui voudra. Pour moi, à la suite de l’Apôtre Paul, je dis que ces choses sont « allégoriques », et je dis que les noces des saints représentent l’union de l’âme avec le Verbe de Dieu, car « celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Vous voulez encore voir une autre description de cette image ? Eh bien, il y a le billet que Dieu écrit et il y a celui que nous écrivons, nous. Écoutez l’Apôtre : « Détruisant l’acte qui était écrit contre nous dans les décrets et nous était contraire, il l’a fait disparaître en le clouant à la croix. » Cet acte dont il parle était un « reçu » de nos péchés. Car chacun de nous est débiteur de ses fautes et écrit le billet (de reconnaissance) de son péché. Au jugement de Dieu, que Daniel représente assis, il y a, dit-il, « des livres ouverts », pour contenir, sans doute, les péchés des hommes. C’est nous qui les avons écrits contre nous avec nos fautes. Et cela trouve une illustration dans l’Évangile, quand il est raconté de l’économe d’iniquité qu’il dit à chaque débiteur : « Prends ton billet, assieds-toi et écris : quatre-vingts » et la suite. C’est bien à chacun, n’est-ce pas, qu’il est dit : « Prends ton billet ». D’où il ressort que notre billet est un billet de péché ; tandis que le billet de justice, c’est Dieu qui l’écrit. En ce sens l’Apôtre dit : « Vous êtes ma lettre écrite, non avec de l’encre, mais par : l’Esprit de Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur vos coeurs. » Vous avez donc en vous le billet de Dieu et le billet du Saint-Esprit. Mais si vous péchez, vous signez contre vous l’acte écrit du péché. Remarquez , que lorsque vous êtes venus à la croix du Christ et à la grâce du baptême, votre écrit a été crucifié et a été effacé dans l’eau du baptême. N’écrivez pas à nouveau ce qui a été effacé, ne rétablissez pas ce qui a été supprimé : ne gardez en vous que le billet de Dieu, ne conservez en vous que l’écriture du Saint-Esprit. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.
Ainsi vous voyez quelle est la faim qui presse les pécheurs et la famine qui s’appesantit sur la terre : ceux qui sont de la terre, « qui n’ont de goût que pour les choses terrestres » et qui ne peuvent pas « recevoir les choses de l’Esprit de Dieu », Ont « faim de la parole de Dieu ». Ils n’écoutent pas les préceptes de la loi, ils méconnaissent les avertissements des prophètes, ils ignorent les encouragements des Apôtres, ils n’éprouvent pas les effets guérisseurs de l’Évangile. Aussi est-ce à juste titre qu’il est dit en parlant d’eux, que « la famine s’est appesantie sur la terre ». Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.