{{Pédag., II, 1.}} Pour moi, je les plains, j’ai pitié de leur maladie ; eux, au contraire, ne rougissent pas de célébrer leurs folles délices. Murènes du détroit de Sicile, anguilles du Méandre, chevreaux de Mélos, mulets de Sciathos, coquillages de Pilore, huîtres d’Abydos, mendoles de Lipare ; que dirai-je encore ? radis de Manlinée, bettes d’Ascrée, pétoncles de Méthymne, plies d’Attique, grives de Daphné, figures de Chélidoine (objet de convoitise pour ce malheureux roi de Perse qui se mit à en chercher dans la Grèce à la tête de cinquante mille hommes) ; enfin, oiseaux du Phase, francolins d’Egypte, paons de Médie, ils amassent tout, ils achètent tout. Puis les voilà bouche béante devant ces ragoûts qu’ils accommodent avec toutes sortes d’ingrédients. Tout ce qui marche sur la terre, tout ce qui nage dans les eaux, tout ce qui vole dans les espaces immenses de l’air, suffit à peine à leur gloutonnerie. En vérité, à les voir si avides et si insatiables dans leurs recherches, vous croiriez qu’ils veulent envelopper le monde entier de leur volupté comme d’un réseau….. On peut dire de pareils hommes qu’ils sont tout bouche et tout mâchoire.