6. Selon cette double interprétation, nous devons considérer toute cette liste de stations qui nous a été lue de manière que notre âme en tire doublement profit : apprenons comment doit être vécue la vie qui, renonçant à l’erreur, suit la Loi de Dieu, sachons quelle espérance, quelles promesses nous attendent après la résurrection. Ainsi, à mon avis, peut-on trouver dans ces textes un enseignement digne des Lois du Saint Esprit. Car de savoir comment s’appelle la partie du désert où campèrent à tel moment les fils d’Israël, quel intérêt cela présente-t-il pour moi, quel profit en pourraient tirer des lecteurs qui « méditent la Loi de Dieu jour et nuit » ? Or nous voyons le Seigneur attacher tant d’importance à relever la liste des stations que c’est la deuxième énumération qui en est donnée dans les Lois divines. Ces noms en effet ont été déjà mentionnés, quoique avec quelques variantes, quand nous avons vu les fils d’Israël quitter tel lieu ou camper en tel autre; mais maintenant, Moïse reçoit l’ordre de les énumérer de nouveau « à cause de la parole du Seigneur ». Le fait même que cette énumération est faite deux fois me semble concorder assez bien avec le mystère contenu dans l’interprétation que nous avons proposée; ces noms sont répétés deux fois, pour indiquer les deux voyages de l’âme: celui qu’elle accomplit durant son séjour dans la chair, quand elle cultive les vertus suivant la Loi de Dieu, quand elle parcourt, comme nous l’avons dit, par degrés l’échelle des progrès de vertu en vertu, et se fait des stations de ces progrès eux-mêmes; et celui qu’elle accomplira après la résurrection, pour monter aux Cieux, quand, au lieu de monter d’un seul coup, sans transition, au terme suprême, elle traversera mainte station, à chacune illuminée, recevant une splendeur toujours nouvelle, inondée à chaque étape de la lumière de la Sagesse, et parviendra enfin au « Père des lumières » lui-même. (Homélies sur les Nombres XXVII)