Les personnes qui sont dans la voie de la régénération, reçoivent et sentent ce médicament toutes les fois que l’ennemi les a touchées, et est venu vicier quelque chose dans leur être. Les autres ne le reçoivent ni ne le sentent, parce qu’elles sont dans un continuité de dérangement et d’infirmité qui ne permet pas au médicament de les approcher. Nouvel Homme
On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2
C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4
En effet, nous nous sommes laissé garrotter tout vifs et dans nos facultés, par les chaînes de l’ennemi : nous sentons que ces chaînes nous écrasent et nous ôtent tous nos mouvements ; si nous avions donc le courage de prononcer l’arrêt de cet ennemi, et de lui déclarer que, conformément aux intentions de la volonté suprême et bienfaisante, nous sommes déterminés à rompre tous les liens dont il se sert pour nous retenir captifs, si nous lui annoncions fermement qu’il doit s’attendre que son règne sur nous va être détruit, et qu’il nous est aussi aisé, par les secours divins qui nous environnent, de briser ce règne, qu’il nous est aisé de briser un brin de paille ; enfin, si cet arrêt étant prononcé nous n’oublions rien pour l’exécuter, et pour persévérer avec constance dans cette indispensable et nécessaire résolution, il n’est pas douteux que nous verrions bientôt tomber à nos pieds toutes ces entraves qui nous gênent si horriblement, et que nous sentirions y substituer en nous, à la fois, tous les transports de la vraie vie, lesquels seraient d’autant plus actifs et délicieux pour nous, que nous en aurions été plus dénués. C’est ce passage complet de la mort à la vie que l’âme de l’homme peut éprouver physiquement dans toute ses facultés quand, en imitant la douce et humble simplicité du verbe et de la parole, il parvient à en recouvrer la force, la chaleur et la lumière. Nouvel Homme 4
Un mot de plus pourra peut-être aider à notre persuasion, et augmenter notre courage pour travailler à cette grande entreprise ; ainsi nous ne le tairons point. L’homme sous les lois de sa matière est emprisonné et borné de tous les côtés ; il a fallu pour le lier ainsi, qu’on rassemblât, dans une sorte d’unité, les puissances, les forces et les facultés qu’il avait laissé sortir de lui-même, et qu’il avait disséminées dans toutes les régions, pour y opérer le désordre de ses plans impies et mensongers : l’ennemi appuie encore sur les chaînes dont on l’a chargé, et cherche par là à traiter comme son jouet et sa victime, celui qu’il a feint autrefois de vouloir traiter comme son ami. Mais ce double poids rassemblant et concentrant, de plus en plus, dans une unité, les puissances et facultés de l’homme, le rend, dans sa privation même, une nouvelle image de cette unité qu’il aurait dû représenter dans ses justes développements alors cette harmonie concentrée, recouvrant naturellement une sorte de rapport avec l’harmonie supérieure et libre, elle l’attire insensiblement à elle, et elle en reçoit les secours dont elle est susceptible, selon sa mesure gênée et restreinte. Nouvel Homme 4
Car dès que ces circonstances favorables en apparence t’arriveront, le même ennemi qui se défend, mettra dessus son tarif, et les diminuera, par là, au point de les rendre presque nulles, pour ne pas dire préjudiciables, en ce qu’elles te rendront son esclave et son tributaire, au lieu de l’état libre que tu en avais attendu. Mais si c’est hors de la région des ténèbres que tu ailles créer tes circonstances, l’ennemi ne peut y établir d’imposition, il ne sait pas même que ces circonstances existent, et tu le laisses errer dans son abîme, sans qu’il puisse apercevoir ni tes mouvements ni tes succès. Nouvel Homme 11
Car, ce n’est point assez que l’ennemi diminue par son tarif les circonstances favorables qu’il t’aura fait longtemps attendre ; il essayera, lorsqu’il te verra décidé à t’avancer, de te retrancher même celles dont tu jouissais, afin d’augmenter tes entraves ; ne sais-tu pas que les royaumes du monde lui appartiennent ? S’il ne les donne pas en entier à ceux qui l’adorent, au moins il les leur promet, et il ne retient pas toujours tout pour lui ; mais il les retranche à ceux qui ne le suivent pas, parce que ceux qui ne le suivent pas, ne se trouvant ni sous son action, ni sous celle du monde qui est la même chose, il n’est pas étonnant qu’ils soient comme étrangers à l’une et à l’autre, et même, c’est une grâce d’en haut quand on les en dépouille ; c’est une marque de leur avancement. Nouvel Homme 11
Mais quand nous avons le bonheur de ne pas nous reposer sur nos propres forces, quand enfin c’est cet être puissant, lui-même, qui agit et qui opère, l’ennemi tremble, et fuit dans ses antres obscurs, ne pouvant pas résister à la force invincible du lion de la tribu de Juda, à qui l’Eternel a juré par son nom redoutable, que tout empire lui serait donné ; c’est cette promesse irréfragable qui assure le triomphe à la seule présence de cet agent sacré, et qui fait sentir à l’ennemi la différence de la parole de vérité à une parole variable ou fausse. Nouvel Homme 12
Voilà ce que l’homme peut espérer quand il persévère avec constance dans sa prière, et qu’il ne s’arrête pas aux illusoires obstacles que l’ennemi lui présente sans cesse comme étant des obstacles insurmontables. Une ferme confiance dans le feu sacré qui nous anime ; une plus ferme confiance encore dans la source d’où ce feu dérive, et qui ne peut cesser de diriger ses regards, sa chaleur et sa lumière sur lui, font bientôt disparaître ces faibles attaques de notre ennemi, qui n’ont de forces que dans notre pusillanimité, et notre défaut de résolution. Nouvel Homme 14
Il y a une incertitude que l’ennemi cherche souvent à te suggérer, moins pour t’enrichir par la sagesse apparente dont il la colore, que pour t’arrêter dans ta marche, puisqu’elle doit lui être si contraire ; c’est de savoir si tu dois oser invoquer le nom du Seigneur, et le signe qu’il t’a envoyé, avant d’avoir dissipé entièrement tous les obstacles qui t’environnent, ou si tu dois te servir, pour combattre ces mêmes obstacles du nom du Seigneur, et de toutes les puissances qui y sont attachées. L’ennemi qui craint l’effet de ces armes t’insinue continuellement que tu n’es pas assez pur pour les employer ; il se met même en avant, quelquefois, sous des couleurs imposantes, afin d’effrayer ton courage, et d’arrêter tes résolutions ; d’autres fois, te sachant mal préparé, il te suggère d’invoquer le nom du Seigneur, pour te convaincre, par le peu de succès qui en résultera, que tu ne dois pas encore te livrer à une si sublime et si sainte entreprise, et que tu feras bien d’attendre un autre temps. Nouvel Homme 14
Tiens-toi sur tes gardes au milieu de toutes ces insinuations ; il y aurait là plus de paresse que de vertu, plus de défiance que de véritable courage, plus de ténèbres que de lumière ; remplis-toi d’abord de la profonde persuasion, que la vérité l’emporte sur le mensonge, comme la vie l’emporte sur la mort ; remplis-toi de la profonde persuasion que par ta simple conduite régulière et attentive, l’ennemi n’aura plus sur toi qu’une frêle influence en ce qu’elle ne trouverait plus de base pour s’y fixer, et s’y attacher ; remplis-toi de la profonde persuasion que tu es né dans la vie, que tu n’existes que dans la vie, et par la vie, et que tu dois retourner à la vie; enfin remplis-toi de la profonde persuasion que la vie universelle et sacrée, ne cherche sans cesse qu’à réchauffer tout ton être, et à la maintenir dans l’harmonie active et efficace de toutes les facultés qui le constituent. Nouvel Homme 14
Lance-toi ensuite courageusement dans la voie de la prière et de la supplication, sans songer seulement aux obstacles qui t’auraient arrêté faute de cette précaution, sans seulement descendre à t’en apercevoir ; porte-toi avec ardeur vers les différents lieux de tes sacrifices. Implore le père, invoque le père, conjure le père, unis-toi au père lorsque tu voudras offrir le sacrifice sur l’autel éternel d’où découle la source de la vie et de l’existence dans tous les êtres ; sers-toi avec confiance de son nom ; lui-même sera de moitié avec toi, puisque tu auras le dessein d’étendre son propre règne, et l’ennemi ne pourra s’opposer à ton oeuvre, il en sera à une trop grande distance ; il sera pour cette oeuvre et pour ton sacrifice, comme un être nul, et absolument étranger. Nouvel Homme 14
Si l’ennemi se réveille dans la jalousie de tes succès, tu auras acquis par là des forces pour le combattre avec plus d’avantage, que si tu fusses resté dans cette dangereuse timidité qu’il te suggérait à dessein, et tu pourras alors employer avec plus de fruit ces mêmes noms qui doivent sûrement autant te défendre qu’ils peuvent t’éclairer et te sanctifier ; car il a été dit que celui-là sera sauvé, qui invoquera le nom du Seigneur. Nouvel Homme 14
Repose-toi sur cette loi qui est infaillible, et contre laquelle les illusoires prudences de l’ennemi ne doivent jamais obtenir ton acquiescement. Car la seule vertu que Dieu demande de nous, c’est la confiance ; ainsi le seul tort que nous puissions avoir envers lui, c’est la timidité, c’est la lâcheté. Mais aussi dès que tu as pris cette sainte résolution, et dès que tu as mis en usage les armes sacrées, regarde-toi comme engagé dans la milice Divine et spirituelle, et songe que la moindre négligence peut te rendre indigne de porter le nom de soldat de la vérité ; songe que la moindre négligence peut t’exposer à prendre le nom de Dieu en vain, songe enfin que ce sera pour toi un crime désormais que de manquer une seule occasion d’exercer tes fonctions saintes, et de faire un seul pas sans que tu n’emploies le nom du Seigneur, parce qu’il est dit : Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin. Nouvel Homme 14
Faites-en l’expérience sur vous-même. Tant que vous laissez votre nom de chrétien languir, et ramper dans la servitude et l’ignominie chez les différents peuples qui vous assujettissent, ils vous laissent tranquilles, ils ne vous demandent rien, parce qu’ils vous ont dépouillés d’avance et qu’ils n’ont plus rien à rechercher en vous ; mais essayez de rassembler un instant vos forces dispersées ; rappelez ce peuple de toute nation, de toute tribu, et vous verrez bientôt l’ennemi s’opposer à ce rassemblement, et essayer par l’effort de toutes ses puissances d’opérer en vous une nouvelle dispersion, puisque c’est là seulement où son règne peut s’établir, et où il peut espérer des triomphes. Nouvel Homme 15
Attendez donc que les mesures soient comblées, attendez que le moment soit venu de rappeler de toute langue, de toute nation, et de toute tribu cette famille divine dispersée aujourd’hui chez tous les peuples. Quand ce rassemblement commencera, c’est alors que l’ennemi rassemblera ses forces à son tour pour venir en empêcher l’effet ; c’est alors qu’il réveillera ses puissances, et qu’il ne manquera pas d’organes, et d’instruments qui se rendront les ministres de ses projets pervers ; c’est alors que la famille divine des chrétiens sera réellement en souffrance parce qu’elle aura à soutenir de violents combats, dans lesquels elle paraîtra quelquefois vaincue, et dans lesquels la gloire de l’ennemi s’enflera au point qu’il croira avoir remporté complètement la victoire. Nouvel Homme 15
Cette voix suprême qui aura rassemblé la famille divine de toute langue, de toute tribu, de toute nation se mettra elle-même à la tête de cette milice sainte, et ne permettra pas qu’elle soit renversée ; elle lui communiquera sa propre force, et elle brisera par là tous les pièges que l’ennemi lui aura tendus ; elle renverra toutes ces nations barbares dans leurs régions, où elles retourneront couvertes de honte et de confusion pour avoir cru qu’elles l’emporteraient sur l’unité. En retournant ainsi dans leurs régions, elles n’y trouveront plus les différents membres de cette famille divine qu’elles avaient tenus sous le joug si longtemps et elles tourneront alors contre elles-mêmes la fureur, et la rage qu’elles auraient voulu exercer sur leurs victimes, et sur leur proie. Nouvel Homme 15
Indépendamment des expériences particulières que tu peux faire sur toi-même, ô âme humaine, de toutes ces vérités, les voies s’ouvrent temporellement devant toi pour servir de préparation et d’acheminement à ces grandes secousses ; mais elles ne sont pas encore dans leur activité ; tout ce qui se passe, et s’est passé sous tes yeux depuis quelques siècles, ne te présente que de puériles images de ce qui est réservé aux derniers temps ; l’ennemi n’y agit encore que par des ruses, des dissimulations, des subterfuges, parce que la famille divine des chrétiens n’est encore rassemblée que figurativement. Nouvel Homme 15
Lorsqu’elle sera rassemblée réellement, l’ennemi agira à force ouverte, et tout sera actif dans l’attaque comme dans la défense. Prépare-toi toujours à l’événement comme s’il devait arriver dans l’instant, car tu ne sais pas l’heure, et d’ailleurs cette heure peut arriver pour chacun en particulier dès l’instant qu’il a formé la sincère résolution de rassembler sa propre famille. Or, le meilleur moyen de te procurer la plus salutaire préparation, c’est de commencer par être toi-même ton plus cher prosélyte, et de ne te point quitter que par tes instances, tes efforts, et tes exhortations continuelles, tu ne sois parvenu à te faire rentrer dans le sein de l’Eglise, et de la vérité. Nouvel Homme 15
Rappelle-toi maintenant que ta parole étant l’image de la parole éternelle, ne doit pas plus manquer son effet que cette parole divine elle-même dont tu es l’image. Rappelle-toi que lorsque tu as prononcé un décret contre l’ennemi avec toute la sécurité, et toute la confiance de tes droits sur lui, il ne peut manquer de se voir chassé, et renvoyé dans ses abîmes, si tu sais accompagner ta résolution de toute l’opiniâtreté de la constance. Songe donc ici combien tes privilèges vont s’étendre, et s’augmenter. Cette même sécurité, cette même assurance, cette même opiniâtreté de constance qui n’est autre chose que le vif sentiment de la grandeur de ton être nourri, et éclairé par la vraie lumière, te doit suivre dans les autres détails de ton oeuvre, et dans les autres régions de ta circonférence. Nouvel Homme 16
Car le privilège du grand nom qui t’est donné est d’embrasser ainsi toute ta circonférence, attendu qu’il embrasse d’abord ton premier coeur, puis ta tête, puis ton second coeur, puis toute ta personne, dont il fait ainsi un quaternaire actif, dont il est toujours le centre, et qui est le type du quaternaire universel ; et comme il ne désire que de tenir tout ton être dans une entière activité, il te met dans le cas, à tous les moments de ta vie, de faire sortir de toutes tes diverses facultés autant de paroles d’ordre et de régularité qui tiennent l’ennemi dans un perpétuel tremblement en ta présence. Nouvel Homme 18
C’est à toi de marcher à la conquête qui t’est offerte, avec la ferme intention de t’y conduire conformément à la loi qui doit assurer tes succès : car si tu réserves la moindre partie de l’anathème, si tu ne livres pas au feu et à la destruction toutes les possessions des habitants, bien plus, si tu ne passes pas au fil de l’épée tous les habitants eux-mêmes, sans distinction d’âge ni de sexe, tu peux compter que non seulement tu ne parviendras pas au but de tes saintes entreprises, mais que même ceux que tu aurais dû soumettre deviendront tes vainqueurs et tes meures, et que tu seras continuellement exposé à être battu par l’ennemi, emmené en esclavage, et même exterminé, jusqu’à ce que tu aies confessé ton crime, jusqu’à ce que tu aies déclaré toi-même qu’elles sont les portions de l’anathème que tu as réservées, et jusqu’à ce que la justice ait tiré la plus éclatante vengeance de ta prévarication. Nouvel Homme 18
Alors il dit au Seigneur : Ne laissez pas les hommes dans des voies qui nuisent à votre oeuvre même, que j’ai si grand désir de voir s’accomplir. Venez au secours de leur faiblesse, puisque vous seul pouvez les préserver de la mort, et leur donner les forces et tous les appuis qui leur manquent. Puis se tournant vers l’ennemi, il lui dit : Faut-il que le sang de mon esprit coule pour assouvir ta soif et te faire lâcher ta proie ? Le voici : laisse aller mes frères en liberté. Ce n’est pas seulement en mon nom que je te parle, c’est au nom de celui qui vient de me rendre à la vie; mais si tu ne veux pas croire en mon nom, ni au nom de celui qui m’a envoyé, crois au moins à l’oeuvre qu’il a faite dans mon être et dont tu ne peux nier la réalité puisqu’elle t’est prouvée par mon existence que ton oeil ne peut méconnaître et que tu ne peux t’empêcher de sentir. Nouvel Homme 29
30. Un des plus merveilleux prodiges que l’homme puisse apercevoir, c’est celui qu’il sent se passer en lui-même, lorsqu’il fait quelque pas dans la carrière de sa régénération. Ce qu’il éprouve est comme si toutes les grâces qu’il a reçues se rassemblaient en une forte union, pour combattre et les obstacles que ses anciennes souillures ont pu élever en lui, et tous ceux que l’ennemi a élevés lui-même, et élève tous les jours sur ces bases qui sont ses propres oeuvres, et les fondements de son temple d’iniquité. L’homme sent que non seulement on le bénit dans toutes ses substances, mais encore que toutes ses substances deviennent bénissantes à leur tour, et qu’il peut par le secours de ces grâces divines qui descendent en lui, devenir un baume bienfaisant, et répandre partout la plus agréable odeur. Nouvel Homme 30
Il en peut apercevoir de solides raisons. D’abord, plus ce rempart est fidèlement gardé et maintenu dans ses justes mesures, moins il peut y avoir de communications et d’intelligences entre les ennemis qui sont au-dehors et ceux des habitants mal intentionnés qui pourraient être dans l’intérieur de la place ; peut-être même que faute de pouvoir communiquer avec l’ennemi, et frappés par l’exemple de ceux de leurs concitoyens qui restent fidèles, ils se rangeront d’eux-mêmes du côté de la bonne cause, et qu’ainsi toutes les forces se réunissant pour le salut commun de la forteresse, la prudence, la sagesse, les lumières, le courage se multiplieront parmi les habitants, et chaque jour ils découvriront de nouvelles clartés, et de nouveaux expédients pour décourager les assiégeants, et leur faire lâcher prise, et peut-être aussi pour les exterminer lorsque l’occasion se présentera de les combattre corps à corps. Nouvel Homme 32
Il faut, avant que cette activité divine puisse descendre en nous et s’y établir d’une manière profitable, qu’elle puisse y trouver des organes actifs et assez remplis de force pour pouvoir correspondre à tous ses mouvements, et réaliser dans leur mesure, les plans qu’elle tracera en grand dans la sienne. Enfin, on ne saurait trop le répéter, il faut que le nouvel homme se soit sacrifié, régénéré, spiritualisé, et même divinisé, pour que l’action divine puisse descendre avec joie en lui, comme étant sûre d’y trouver une demeure qui lui convienne, et où sa gloire, ses puissances et tous ses trésors ne soient pas exposés à rester sans fruits, ou à être dérobés par l’ennemi. Nouvel Homme 32
N’oublie pas qu’il y a deux portes dans le coeur de l’homme ; l’une inférieure, et par laquelle il peut donner à l’ennemi l’accès à la lumière élémentaire, dont il ne peut jouir que par cette voie ; l’autre, supérieure, et par laquelle il peut donner à l’esprit renfermé avec lui l’accès à la lumière divine qui ne peut ici-bas lui être communiquée que par ce canal. Si au lieu d’ouvrir la porte supérieure pour la consolation de l’ami qui est renfermé avec toi dans ta prison, tu ouvres la porte inférieure, et que tu donnes accès en toi à ton adversaire, tu deviens un champ de bataille où ton ami fidèle, déjà en privation par sa charité pour toi, est encore exposé tantôt à un combat cruel, tantôt à des attaques déchirantes, quand il voit que tu te déclares aussi contre lui, et toujours à une situation lamentable par l’horrible voisinage que tu lui as procuré, et par la malheureuse nécessité où il est par ta négligence, ou par tes crimes, de demeurer auprès de son ennemi, et du tien, de se trouver renfermé dans la même enceinte, de le voir journellement te corrompre par son infection, et d’être obligé de respirer ces influences pestilentielles. Nouvel Homme 33
Voilà en effet quelle est l’oeuvre du nouvel homme pendant son séjour dans le désert, c’est d’obtenir d’en haut une clef puissante pour lier l’ennemi dans ses cavernes ténébreuses, c’est de séparer le pur de l’impur, comme il avait été recommandé aux Hébreux, c’est de rendre la respiration de l’air céleste et divin à cet ami fidèle, à qui le premier homme fait continuellement respirer un air infect depuis le crime ; enfin, c’est d’arracher des mains de l’ennemi les portions des trésors divins, et les étincelles de la vérité même que nous lui avons laissé quelquefois dérober, en ouvrant si imprudemment notre porte supérieure, sans avoir pris la précaution de chasser l’ennemi dans ses abîmes, et de fermer soigneusement sur lui la porte inférieure. Nouvel Homme 33
Je le répète, ce dernier tableau serait trop affligeant et trop désespérant pour ceux qui n’auraient pas acquis les yeux, l’âge et la force du nouvel homme ; et ils ne pourraient considérer, sans danger, les horribles prostitutions auxquelles les fruits de l’arbre de vie ont été exposés par l’iniquité des mortels ; mais c’est à l’expiation et l’abolition de ces prostitutions que le nouvel homme est particulièrement occupé ; voilà pourquoi il ne peut plus jouir d’un seul moment de repos, puisque l’ennemi, non seulement se défend sans cesse et craint de rentrer dans ses abîmes, mais cherche au contraire à faire ouvrir, quand il le peut, la porte supérieure du coeur de l’homme, afin de multiplier de plus en plus les abominations qui doivent finir par inonder la terre, comme elles l’ont inondée avant le déluge. Nouvel Homme 33
34. Ces occupations et ces soins du nouvel homme sont si urgents et si importants qu’il va rester encore un temps dans le désert pour assurer les fondements de l’oeuvre. S’il a reçu la naissance spirituelle, s’il a été nourri du verbe jusqu’à l’âge de sa mission, c’était pour son propre avantage, et pour sa délivrance personnelle ; actuellement, il lui faut songer à l’oeuvre de son maître. Il lui faut tellement fermer la porte inférieure du coeur de l’homme, après en avoir chassé l’ennemi, que la porte supérieure et divine puisse s’ouvrir sans inconvénients, et sans craindre ces horribles prostitutions que cet ennemi ne cesse de projeter, et de machiner selon tous les moyens qui sont en lui. Nouvel Homme 34
Ce fruit est la manière dont nous pouvons nous délivrer de l’ennemi lorsqu’il nous tente par quelque proposition insidieuse, par des images illusoires et par des insinuations accoutumées. Disons-lui, comme le nouvel homme : Je ne suis pas mon maître, je ne suis que le serviteur de Dieu, c’est à lui que je le renvoie pour faire juger tes plans et tes propositions. L’ennemi ne tiendra pas contre ce langage ; ou, s’il a l’intention de poursuivre ses entreprises et ses tentatives, il viendra frapper contre la loi même qui le brisera et le couvrira de honte et de confusion. Nouvel Homme 34
Combien faudra-t-il d’efforts et de soins à ce nouvel homme avant qu’il ait fermé ainsi à l’ennemi toutes les issues ! Car il ne faut pas qu’il y ait un seul point de son être où cet ennemi puisse accomplir le moindre de ses projets séducteurs, et établir ces fausses joies avec lesquelles il enchaîne journellement les mortels. Ce sont là ces assemblées de jeux et de divertissements où Jérémie disait qu’il ne se trouvait point. Nouvel Homme 34
Que serait-ce donc si le nouvel homme était régénéré dans tout son être ? Il ferait de plus grandes choses que le Réparateur même, parce que le Réparateur n’a fait que semer les germes de l’oeuvre, et que le nouvel homme peut entrer en moisson, puisque chaque jour, la récolte se mûrit. Le Réparateur a ressuscité des morts individuels ; le nouvel homme pourra ressusciter des tribus entières. Le Réparateur a calmé les flots d’un lac, le nouvel homme pourra calmer les flots de l’océan. Le Réparateur a rendu la vie à quelques aveugles, le nouvel homme pourra ouvrir les yeux à tout ce qui l’entoure. Le Réparateur a délivré des hommes détenus corporellement par les liens de l’ennemi, le nouvel homme pourra rompre, à la fois, toutes les chaînes de tous les hommes de désirs. Nouvel Homme 35
Lisons ici une seconde raison pour laquelle le nouvel homme a acquis tant de droits et de propriétés si puissantes, et si merveilleuses. C’est que pendant le séjour qu’il a fait dans le désert, il a appris à connaître le nom de l’ennemi qui était attaché à sa poursuite ; il a connu sa région, ses facultés, sa puissance, les causes éloignées ou prochaines qui l’ont placé près de lui, le nom et l’autorité des chefs sous lesquels il agit, ses rapports, ses correspondances, les plans généraux et particuliers qui lui sont tracés, et les moyens qu’il emploie chaque jour pour tâcher de parvenir à ses fins désastreuses ; plus le nouvel homme a fait de profondes découvertes sur le mobile, et la marche de ce malfaiteur, plus il a été en état de déranger ses plans et de faire manquer tous ses pièges, parce que comme l’esprit de l’homme ne peut rester dans le néant, et dans le vide d’action, il ne peut non plus éloigner de lui l’influence fausse, sans que l’influence vraie ne le remplisse. Nouvel Homme 35
« Bienheureux ceux qui souffrent la persécution pour la justice ! Ils ressemblent à ceux qui sont pauvres d’esprit, et c’est la même récompense qui leur est réservée ; car il n ‘y a que le nouvel homme qui souffre de persécution pour la justice, attendu qu’il n’y a que lui qui soit affamé de la justice, et que l’ennemi laisse tranquille tous les autres, puisque les autres ne le troublent point, ne le révoltent point, et ne le gênent point dans ses mesures fausses et injustes ; mais quand la lampe est mise sous le boisseau, elle décèle les malfaiteurs qui s’étaient cachés dans la maison, et elle les oblige ou à fuir, ou à entrer en combat avec le maître du logis pour empêcher qu’il ne les dénonce, et qu’il ne les livre à la justice. Quelles persécutions, et quels combats le nouvel homme n’aura-t-il donc pas à éprouver puisqu’il allume des lampes dans tous les lieux de sa maison, et qu’il anime contre lui à la fois tous les malfaiteurs qui s’y étaient introduits et qui la menaçaient d’une grande ruine ? Mais aussi quelles réjouissances, et quelles consolations ne doit-il pas se promettre pour avoir si bien surveillé la maison qui lui a été confiée, puisque cette maison est la maison du Seigneur ? Le ciel même sera sa récompense, puisque le ciel n’attendait que le moment où cette maison serait ainsi nettoyée et purgée des malfaiteurs pour venir y faire son habitation. » Nouvel Homme 36
« Vous savez ce que le Réparateur déclara à ceux qui espéraient être reconnus comme enfants de Dieu pour avoir guéri des maladies, et chassé des démons en son nom ; il leur dit : le Seigneur répondra : Allez-vous en, je ne vous ai jamais connus. En effet, le nouvel homme vous apprendra que ces oeuvres sont au nombre des droits de votre être, et qu’elles ne sont pas, à beaucoup près, l’objet principal de votre renaissance. Les Juifs n’avaient-ils pas été traités avec colère ? Oui, ces oeuvres sont tellement au nombre des droits de votre être, qu’il vous est recommandé de vous purifier de vos péchés. Or, cette purification ne peut se faire qu’en chassant de chez vous l’ennemi, qui est le prince de l’iniquité, et de la souillure ; et quand vous serez parvenus à le chasser entièrement de chez vous, ne sera-ce pas une propriété naturelle de votre essence pure que de le chasser de chez les autres ?» Nouvel Homme 37
« Ayez donc constamment le soin de rompre la chaîne de vos crimes, et de la laisser à demeure sous vos pieds, afin que rien en vous ne repousse les trésors qui vous seront prodigués par la sagesse qui veille sur vous ; car elle vous en enverra de plus considérables encore que ceux que l’ennemi vous avait fait perdre, parce qu’elle est mille fois plus riche, et plus bienfaisante qu’il ne peut être méchant et pervers. Elle enverra des anges pour enlever les pierres de vos sépulcres, et après vous avoir fait sortir vivants de vos tombeaux, ils s’assoiront sur ces pierres comme un signe éternel que la mort ne reprendra plus ses droits sur vous. » Nouvel Homme 38
43. Le propre de l’esprit de ténèbres est de tenir l’homme dans la défiance de ses propres droits ; ou s’il ne peut empêcher qu’il en acquière quelquefois la connaissance, il a soin de les envelopper de couleurs illusoires qui retiennent ce malheureux homme toujours au-dessous de sa vraie mesure, et qui lui font continuellement immoler la réalité aux images et aux apparences. C’est par là qu’il est parvenu presque par toute la terre à faire substituer les traditions à la loi, la lettre à l’esprit, et les ténébreuses passions humaines aux lumières de vérité qui ont éclairé les prophètes. L’homme, depuis le crime, s’est trouvé entraîné dans la pente de cette région terrestre et morte qui ne tend qu’à s’affaisser, et qui ne peut qu’affaisser l’homme avec elle quand il cesse de se rappeler son illustre origine ; l’ennemi de l’homme ajoute encore journellement à ce poids déjà si qui faisait dire à Salomon : Cette demeure terrestre abat l’esprit dans la multiplicité de ses soins. (Sagesse 9:15). Nouvel Homme 43
Il n’y a point de vérité au-dessus de ces dernières paroles, et qui mérite plus l’attention du nouvel homme, parce que ces paroles embrassent à la fois toutes les lois, tous les temps, et tout le jugement ; voilà pourquoi ce nouvel homme s’en fera comme une armure avec laquelle il brisera sans cesse les traits de l’ennemi ; voilà pourquoi il commencera par lier le fort, afin de pouvoir entrer dans sa maison, et piller ses armes ; ayant sans cesse devant les yeux que s’il ne s’associe pas continuellement avec l’esprit, s’il ne s’efforce pas de naître continuellement de l’esprit, s’il ne met pas tous ses soins à être planté par l’esprit, enfin s’il n’est pas avec l’esprit, il sera contre l’esprit ; et s’il n’amasse point avec l’esprit, il dissipera. Nouvel Homme 43
Or qui ne frissonnera pas sur le petit nombre, qui puisse être traité comme lui ayant été fidèle, et sur la multitude que l’ennemi en a éloignés depuis l’origine, et qu’il en éloignera jusqu’à la fin par ses illusions de tout genre, et surtout, en leur faisant sacrifier la loi à la tradition, l’esprit à la lettre, et la réalité à l’apparence ? Qui ne frissonnera pas, dis-je, de voir à quel petit nombre seront réduits ceux qui feront, avec assez de fidélité, la volonté de l’esprit, pour qu’un jour on dise de chacun d’eux : celui-là est le frère, la soeur, et la mère de l’esprit. Nouvel Homme 43
44. Le vieil homme est tombé sous le joug d’une triple mort, que l’on désigne sous le nom de la mort du corps, la mort de l’âme, et la mort de l’esprit ; mais qui, ayant eu primitivement pour cause, et pour principe, la mort ou l’abolition de ses titres de pensée, parole, et opération de l’Eternel, doit se considérer sous le nom de la mort de son être divin, qui, en effet, est aujourd’hui comme enseveli dans un sépulcre, en comparant sa déplorable situation avec l’état glorieux dont il a joui ; il faut donc que le nouvel homme ait pour tâche de se procurer une triple résurrection, c’est-à-dire, qu’il arrache sa pensée, sa parole, et son action aux ténébreuses régions où elles sont en esclavage, qu’il retienne sa pensée, sa parole, et son action sur le bord du précipice, dans lequel l’ennemi cherche journellement à les entraîner, et qu’il prévienne pour l’avenir la mort de sa pensée, de sa parole, et de son action, dans toutes les circonstances où l’ennemi pourra les menacer. Nouvel Homme 44
Car, cette grande oeuvre, embrassant tous les temps, toutes les régions, et toutes les générations de la famille humaine, a dû agir dès l’origine pour arracher la proie à l’ennemi, qui l’avait déjà emportée dans la maison de servitude, ou dans le tombeau ; elle a dû agir depuis pour reprendre des mains de cet ennemi, les victimes qu’il saisissait journellement, et qu’il emmenait également dans ses sombres demeures ; enfin elle agira encore dans l’avenir, pour empêcher que cet ennemi ne puisse s’emparer si aisément de nouvelles victimes, ou qu’au moins il ne puisse venir les saisir jusque dans le bercail ; et ne doutons pas que ne se trouve là l’esprit des trois époques des lois de restauration parmi les hommes, l’esprit de la triple manifestation de la sagesse éternelle dans le temps, et le trinaire qui caractérise essentiellement toutes les opérations qui ont été ou accomplies, ou simplement annoncées, et figurées par les divers élus que cette sagesse éternelle a envoyés, en différentes fois, sur la terre, pour la délivrance des mortels, pour leur soulagement, et pour leur instruction. Nouvel Homme 44
La troisième résurrection sera celle qu’il opérera d’avance sur celles de ses pensées, de ses volontés, et de ses actions qui, à l’avenir, pourraient être exposées aux attaques de l’ennemi, et qu’il voudrait essayer de corrompre afin de les engloutir avec lui dans ses abîmes, parce qu’il ne suffira pas au nouvel homme de n’embrasser que les époques passées, et présentes, dans la manifestation de sa puissance, et de sa sagesse ; il lui faudra embrasser même les époques qui ne sont pas encore, puisque tel est le plus grand privilège de l’esprit ; aussi travaillera-t-il sans relâche pour obtenir que la main suprême l’environne, le soutienne, et le protège de manière à ce que l’ennemi ne puisse plus désormais avoir sur lui aucun empire, et il y parviendra lorsqu’il aura subjugué tout ce qui est en lui, et qu’il pourra dire de lui, ce que le Réparateur disait de la corruption extérieure : J’ai vaincu le monde. Nouvel Homme 44
47. Ce sacrement de la parole donne trois noms au nouvel homme, conformément aux trois facultés qui nous distinguent. Ainsi dans son action il s’appellera célérité de l’oeuvre ; dans son amour il s’appellera unité des reflets de l’affection divine ; dans sa pensée il s’appellera le matin perpétuel du plus beau jour, et tout son être en se développant ainsi fera sentir tellement ses forces à l’ennemi qu’il tremblera de frayeur en apprenant que le lion se réveille, et le menace de ne pas lui laisser un moment de repos, mais de le poursuivre jusqu’à ce qu’il ait lâché sa proie, et qu’il soit brûlé par le feu de la parole du nouvel homme. Nouvel Homme 47
C’est afin qu’elle n’ordonne rien en vain que le nouvel bomme s’unira sans cesse aux hommes de Dieu, pour qu’ils oignent ses membres de l’huile sainte, et qu’ils les préservent d’être meurtris par l’ennemi, ou desséchés par la langueur ; il priera le grand prêtre de venir renouveler en lui les diverses alliances que Dieu veut toujours faire avec l’homme, et que l’homme s’efforce toujours d’annuler ; il le priera de venir à toutes les heures, et à tous les moments administrer dans le sein de son âme le sacrement de la renaissance et de la revivification. Car sans cela, comment pourrait-il rassembler les portions éparses du nom du Seigneur ? Or, voici comment la sagesse a distribué les organes du nouvel homme, afin qu’il puisse remplir sa destinée sainte, et rassembler les portions éparses du nom du Seigneur. Nouvel Homme 47
Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47
C’est pour cela que mon coeur a été frappé d’une plaie que rien ne peut plus guérir sur la terre, parce que cette plaie est semblable à celle qui a frappé le royaume de la vérité. Aussi je ne chercherai point sur la terre le remède à la plaie de mon coeur. Je le chercherai, ce remède, dans le royaume de la vérité, puisqu’il n’y a qu’elle qui ait pu résister à l’ennemi, et qui puisse guérir toutes les plaies. Le royaume des cieux lui-même pleure, et est rempli de tristesse depuis que le mal a versé son venin, et que le prince des ténèbres s’est assis sur le tribunal : comment le coeur de l’homme ne serait-il pas dans le deuil, et dans les lamies, puisque le royaume des cieux, et le coeur de l’homme sont unis par une alliance qui les rend comme inséparables ? C’est dans cette alliance qui les rend comme inséparables, que se trouve aussi la seule consolation qui soit faite pour l’homme ; car les pleurs du royaume de Dieu, en pénétrant mon être, lui rendront l’intelligence, comme les pleurs de la vigne rendent la clarté à nos yeux corporels. Nouvel Homme 47
C’est donc le souffle doux de cette sagesse qui développera dans le nouvel homme sa véritable prière qui est l’action naturelle de son être ; car cette prière ne doit avoir d’autre but que de maintenir dans l’homme, l’ordre, la sûreté, la mesure ; elle doit faire que l’ennemi soit toujours tenu hors de la place, que le coeur de l’homme soit toujours abreuvé des sources des eaux vives, et que sa pensée soit comme un foyer où les lumières divines se réunissent pour se réfléchir ensuite avec plus d’éclat. Comme ce sont là les facultés primitives de l’homme, si elles parviennent à atteindre le but de leur destination, l’homme est réellement dans sa prière, ou pour mieux dire, l’homme est alors réellement la prière, et le sacrifice de la plus agréable odeur que le seigneur puisse recevoir. Mais où est-il celui qui s’est réellement converti en une prière, et en un sacrifice de la plus agréable odeur pour le Seigneur. Nouvel Homme 49
Il nous donnait même par là une instruction lumineuse sur la conduite que l’ennemi tient généralement envers tous les hommes ; il s’est rendu l’économe de nos facultés, et au lieu de diriger son administration au profit et à l’utilité du maître, il ne songe qu’à la sienne propre. Lors donc qu’il prévoit que le maître va lui faire rendre ses comptes et le chasser de son poste, il cherche à se ménager des personnes qui le reçoivent chez elles. Il fait venir chacun des débiteurs qui sont en nous, il dit au premier : « Combien devez-vous au maître ? Cent barils d’huile ? Reprenez votre obligation, asseyez-vous là, et faites-en vivement une de cinquante ». Il dit à un autre : « Combien devez-vous ? Cent mesures de froment ? Reprenez votre obligation, et faites-en une de quatre-vingts ». Nouvel Homme 56
Aussi on nous dira : Malheur à vous, Pharisiens, qui ressemblez à des sépulcres qui ne paraissent point, et que les hommes qui marchent dessus ne connaissent point. Parce que si nous écoutons l’ennemi, il aura soin de nous faire tenir net le dehors de la coupe et du plat, tandis que le dedans de nos coeurs sera plein de rapine et d’iniquité. Nouvel Homme 56
Qui est-ce qui pourrait soutenir la vue de la majesté de l’homme, s’il se montrait ainsi expliqué et développé par l’active influence des puissants trésors dont il est né pour être la fidèle expression, et dont il est sans cesse environné ! Qui est-ce qui pourrait soutenir l’éclat de la majesté de Dieu qui serait en lui, et qui le rendrait comme une parole universelle se promenant perpétuellement depuis l’orient jusqu’à l’occident, et depuis l’occident jusqu’à l’orient, afin que tout soit plein du nom du Seigneur, et que tous les sentiers de la vie et de la justice soient sans cesse éclairés de la lumière et de la vérité, dans la crainte que ceux qui s’y présenteraient pour y marcher ne fussent exposés aux pièges et aux embûches de l’ennemi qui ne tend qu’à retarder les pas de l’armée d’Israël vers la cité sainte ? Nouvel Homme 56
Mais il n’y a que les agitations opérées par la main de Dieu qui soient salutaires ; car les esclaves de l’ennemi sont aussi dans l’agitation, sans qu’ils en retirent aucun profit. Cet ennemi, après avoir remporté presque universellement la victoire, agit en maître et en tyran sur ses sujets. Il les vexe par des vives douleurs, pour leur faire sentir que la matière est son royaume. Il les punit d’avoir eu l’imprudence d’agir sans leur Dieu, en les tourmentant sur cette terre, comme dans un lieu où Dieu n’agit point. Nouvel Homme 58
« Quand vous verrez que l’abomination de la désolation qui a été prédite par le prophète Daniel, sera dans le lieu saint, et que l’ennemi sera dans ses jours de triomphe, par la puissance qui lui sera donnée d’en haut sur vous, à cause de la justice, et pour lui laisser combler la mesure de ses iniquités, fuyez alors sur les montagnes de la Judée. Si vous êtes sur le toit, n’en descendez point pour emporter quelque chose de la maison, et si vous êtes dans le champ, ne retournez point pour prendre vos vêtements. Mais faites comme Elie, cachez-vous dans la caverne jusqu’à ce que le temps de la colère soit passé ; « car ces jours où ces épreuves sont telles, que si elles n’avaient été abrégées, nul homme n’aurait été sauvé, mais elles sont abrégées en faveur des élus. » Nouvel Homme 59
C’est donc en effet le moment de réunir nos forces pour aider à notre maître de consommer son sacrifice. C’est le moment de transformer toutes nos facultés en courage pour résister à l’ennemi qui le doit attaquer, et pour obtenir que les forces d’en haut l’accompagnent, et le soutiennent dans le pénible combat qui va se livrer entre sa nature éternelle, et sa nature passagère et apparente ; de même que dans la terrible épreuve que va subir sa charité, quand il va être livré tout entier pour la délivrance de ses frères, et qu’il faudra faire couler, goutte-à-goutte, tout le sang de son être, et de son amour pour faire parvenir jusqu’à nous le fleuve de la vie. Nouvel Homme 60
Désormais je ne vous parlerai plus guère, car le prince du monde va venir, et il n’a rien en moi qui lui appartienne. La voix de la vérité ou de notre consolateur se tait lorsque la voix du mensonge s’approche pour nous faire subir notre épreuve ; elle se tait pour nous faire développer nos forces ; elle se retire parce que ce n’est point avec elle que l’ennemi a affaire, c’est avec nous. Nouvel Homme 61
Mon père, l’heure est venue, glorifiez votre fils, afin que votre fils vous glorifie, parce que la gloire, et l’intérêt de la louange de notre père, et notre maître doivent nous animer plus que notre propre gloire, et malheur à celui qui dans sa pensée, dans son amour, ou dans ses oeuvres, se compte lui-même un seul instant, puisque cet instant est perdu pour lui comme pour son maître ! Les temps antérieurs ont été sacrifiés à la consommation de notre vanité ; mais l’heure est venue où doivent se faire connaître à la fois la puissance du maître, la faiblesse de l’ennemi, la fidélité du serviteur. Nouvel Homme 64
Tu reviendras jusqu’à trois fois vers les tiens, et les trouvant chaque fois endormis, comme s’endormirent jadis les trois facultés du premier coupable, tu leur diras : Voici l’heure qui proche, et le fils de l’homme va être livré entre les mains pêcheurs. Dès lors tu recevras le baiser de Juda ; baiser semblable à celui que le premier coupable reçut de l’ennemi dans les fausses promesses d’une grandeur illusoire dont il berça son espérance ; et tu tomberas comme ce premier homme coupable, de celui qui te trahit. Mais le premier homme ne tomba ainsi au pouvoir de ses ennemis que parce qu’il suspendit ses puissances ; et toi, nouvel homme, c’est pour retomber au pouvoir de Dieu que tu vas suspendre les tiennes afin, que tous les ressorts de l’expiation puissent être mis en mouvement. Nouvel Homme 65
Mais la délivrance du coupable ne pouvait avoir lieu sans le sacrifice de l’innocent, puisqu’il fallait présenter un appât à l’ennemi sur lequel il pût décharger sa rage afin de le forcer par là à lâcher sa proie. Voilà pourquoi le Réparateur suspend toutes ses puissances spirituelles pour se livrer à la puissance temporelle des hommes. Il suspend toutes ses puissances spirituelles par son amour et par le désir qu’il a de rendre la vie à ses frères, comme le premier homme avait suspendu les siennes par un cupide orgueil, et par un inique aveuglement ; il se livre à la puissance temporelle des hommes dans un temps marqué où leur loi et leur coutume les autorise à délivrer un criminel ; et tandis qu’il a en lui tous les moyens pour s’arracher aux mains de ses ennemis, il se laisse condamner par eux, et laisse délivrer le voleur. Image temporelle de la délivrance spirituelle qu’il allait opérer sur toute la postérité humaine par la consommation de son sacrifice. Nouvel Homme 65
Nouvel homme, pourquoi le Réparateur marche-t-il ainsi au supplice au milieu de deux voleurs, si ce n’est pour montrer qu’il ne venait que pour briser l’iniquité ? Mais quelle est cette iniquité qu’il doit briser ? C’est toi-même, ô âme de l’homme qui t’es transformée en mensonge et en abomination ; car c’est par toi qu’il doit passer aujourd’hui pour aller attaquer l’ennemi comme autrefois il aurait passé par toi pour lui porter des secours et des lumières ; la loi n’a pas changé quoique l’objet de la loi ne soit plus le même. Et toi malheureux mortel, toi que le Réparateur ne craint pas de traverser quoique tu ne sois plus qu’iniquité, tu craindrais de traverser avec lui les iniquités qui t’environnent, ces iniquités que tu ne peux briser et dissoudre sans lui, ces iniquités qu’il vient lui-même dissoudre de concert avec toi, tandis qu’il ne te demande que de se laisser entrer en toi sous la figure d’un criminel, et marcher au supplice avec toi ! Nouvel Homme 66
Tu n’écouteras donc point cette voix mensongère qui voudrait t’arrêter dans ton oeuvre, et te faire descendre de ta croix, et tu t’animeras d’un zèle ardent qui ne connaîtra aucun obstacle et qui ne se donnera aucun repos, que ton oeuvre ne s’accomplisse, et que tes yeux spirituels ne soient dessillés par des prodiges cent fois au-dessus de tous ceux que la matière pourrait t’offrir. Par là tu déconcerteras entièrement les projets de l’ennemi de toute vérité, lequel ne cherche qu’à arrêter le progrès des mesures vraies, pour faire procéder ses mesures fausses. Nouvel Homme 66
Dès que cette conception est formée en nous, il n’y a pas de soins que nous ne devions prendre pour la conduire heureusement à son terme, comme dans l’ordre matériel nous veillons sur les jours et la santé d’une épouse chérie qui nous donne l’espoir qu’elle deviendra mère. Nous devons épier avec attention tous les mouvements qui se font en nous, et jusqu’aux moindres affections spirituelles et vraies qui nous sont suggérées ; nous devons n’en négliger aucune, et tout sacrifier pour les satisfaire, afin que par nos négligences, ou notre parcimonie qui n’est autre chose que notre paresse, nous ne soyons pas dans le cas de nuire à la croissance de notre fils ; mais défendons-nous aussi soigneusement de tous les mouvements faux qui ne tiennent qu’à la fantaisie ; car nous prêterions par là des puissances à notre ennemi qui ne manquerait pas de s’en servir pour poser ensuite son sceau et son caractère sur quelques parties du corps de notre reproduction. Imitons donc en tout la nature qui emploie tous nos efforts pour faire fructifier ses productions, quand par notre faute nous ne gênons pas ses opérations. Nouvel Homme 6
Disons à notre ennemi : c’est le Dieu souffrant qui veut lui-même élever en moi son édifice ; c’est le Dieu souffrant qui veut le soutenir lui-même, tu ne pourras jamais le renverser. Plus le Dieu souffrant s’approchera de moi, plus je serai en sûreté contre tes attaques, parce qu’il prendra lui-même sur lui le fardeau que je ne pourrais pas porter ; quoique je sois suspendu au-dessus de l’abîme comme par un fil, quoique j’habite au milieu des lions voraces et des serpents sifflants et meurtriers, il est près de moi ce Dieu souffrant, il est conçu en moi ce Dieu souffrant, et d’un seul de ses mouvements, quelque faible qu’il soit, il me séparera lui-même de tous ces insectes, et reptiles venimeux dont tes iniques séductions ont fait revêtir corporellement la malheureuse postérité de l’homme. Ce Dieu souffrant ne cherche qu’à faire entrer en moi sa chair, son sang, son esprit, sa parole, pour y introduire enfin le nom puissant qui a tout créé, et qui veut aussi créer tout dans moi ; il veut me faire planer avec lui dans la région de la vie, afin que je sois dans l’impossibilité de retomber dans les précipices et dans les régions de la mort. Nouvel Homme 6
Pernicieux ennemi de l’homme, tu occasionnes bien aussi des souffrances, mais c’est en opérant une contraction de ta puissance désordonnée et mensongère contre les lois éternelles de la vérité, et contre l’ordre immuable des choses ; aussi tes succès, quand tu l’emportes, entraînent l’homme dans le néant, la mort et les ténèbres. Mais lorsque le Dieu souffrant s’approche de nous et nous occasionne des douleurs, c’est en opposant la mesure, l’ordre et la vérité, aux désordres et aux irrégularités que tu sèmes journellement dans les hommes, et que tu y entretiens. Aussi la contradiction que ce Dieu souffrant opère dans ceux qui la désirent et qui y concourent, se termine toujours par la joie le bonheur et la lumière. Nouvel Homme 6
Voilà pourquoi nous ne devons méditer qu’en marchant et qu’en faisant notre chemin, les merveilles que le Seigneur veut bien faire briller de temps en temps dans nos ténèbres ; et sans la plus sérieuse vigilance, ces merveilles mêmes peuvent nous devenir funestes en ce que notre ennemi a le pouvoir de s’en emparer et de les employer à sa gloire, quand nous n’avons pas la sagesse de les employer à sa molestation ; mystère d’iniquité qui a comme inondé la terre. Nouvel Homme 9
Mais cependant après être avertis sur cela comme nous le sommes, ouvrons aussi nos coeurs à l’espérance et à la joie, et ayons la confiance que la même main qui nous aura poussés dans le désert, la même main qui nous aura choisis pour servir de fondement à son église, la même main qui aura fait opérer en nous une conception spirituelle daignera nous accompagner dans l’épreuve, et ne permettra pas que notre ennemi altère et souille en aucune manière les jouissances qu’elle nous réserve. Car ces jouissances doivent être aussi incalculables, que le sont pour nous les dangers et les fatigues de l’épreuve que nous avons à subir ; et même elles doivent en faire plus que la compensation, parce que la miséricorde l’emporte toujours sur la justice. Nouvel Homme 9
Cet ennemi de toute vérité a des puissances à ses ordres qu’il envoie devant lui comme des espions dès qu’on le poursuit et qu’on l’attaque dans son pays ; il a à ses ordres des chiens, des loups qui observent s’ils ne pourront pas dévorer le cavalier et sa monture, et ensuite faire main basse à leur aise sur toute la bergerie. Mais sitôt qu’ils aperçoivent ou seulement qu’ils sentent le lion de la tribu de Juda, ils fuient à toutes jambes, tant ce lion de la tribu de Juda a des armes tranchantes et à l’épreuve de tout. Ses armes n’ont pas même besoin de se mouvoir ; il approche et tout tremble devant lui. Nouvel Homme 12
Lorsque tu voudras offrir ton sacrifice sur l’autel de la régénération spirituelle pour sanctifier ton être, le purifier, et le remplir des trésors de l’amour, implore le nom du fils, invoque le nom du fils, conjure le nom du fils, unis-toi au nom du fils, et ton coeur sera changé en une victime de consolations, de façon qu’il ne croira plus même aux pouvoirs affligeants de ton ennemi, et que tu sentiras ton vaisseau porté légèrement sur les vagues par les vents les plus favorables, sans la moindre apparence de dangers ni d’écueils. Nouvel Homme 14
De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32
Juge donc ce que ce serait, si après avoir laissé introduire en toi cet ennemi de toute vérité, tu ouvrais ensuite la porte supérieure de ton être, et que la vérité elle-même fût dans le cas d’y descendre en raison de sa pente naturelle ! Détournons les yeux de ce tableau, ou du moins ne le contemplons qu’autant qu’il nous sera utile et nécessaire pour appeler en nous une plus grande force que celle qui nous reste, après les torts considérables que nous aurions déjà eus envers notre fidèle ami ; appelons cette force supérieure pour qu’elle vienne se joindre à celle de cet ami fidèle, et à la nôtre, afin que cette triple puissance tombe comme une foudre sur le déprédateur, et le funeste ennemi que nous avons laissé entrer en nous, afin qu’elle le fasse rentrer dans ses abîmes, et qu’elle referme ensuite sur lui d’une manière sûre cette porte inférieure que nous n’aurions jamais dû lui ouvrir. Nouvel Homme 33
« Bienheureux ceux qui sont assez pauvres d’esprit pour se laisser dérober par leur ennemi secret leur gloire et leurs avantages temporels, et laisser leur propre monde briller au-dessus d’eux, et les plonger dans l’obscurité, parce qu’étant exclusivement occupés à la recherche de leur principe et de leur rapprochement de la vérité, ils se rendront assez semblables à elle pour qu’elle vienne les visiter, et les rendre par là possesseurs du royaume des cieux, dans le temps même que leur propre monde, où l’homme de péché qui est lié à eux les croira dans l’indigence et, l’ignominie ! » Nouvel Homme 36
Ce n’est que l’homme menteur et lâche qui craint de se lancer sur la plage pour se rendre aux régions éloignées. Il se dit : La mer est si grosse ! Les vents la tourmentent si fort ! Elle est remplie de tant d’écueils ! Irai-je risquer de faire naufrage, et de m’engloutir ? Irai-je risquer d’être battu par la tempête, au point d’être obligé de me réfugier dans quelque port ennemi ? Non, j’attendrai prudemment que les vents se calment ; je resterai à l’ancre jusqu’à ce que le temps me permette d’espérer une navigation favorable. Nouvel Homme 54
C’est ainsi que cet industrieux ennemi se conduit avec nous, cherchant à diminuer nos dettes à nos propres yeux, à diminuer notre confiance par des bienfaits injustes, et par une criminelle indulgence, et à nous lier à lui par notre faiblesse, et par l’art avec lequel il a soin d’atténuer nos obligations. Mais si la justice est imprescriptible, ni lui, ni nous ne pourrons jamais frauder les droits du maître, et d’après les paroles de ce maître, il est plus aisé que le ciel et la terre passent, que non pas qu’une seule lettre de la loi manque d’avoir son effet (Luc 16:17). Nouvel Homme 56
« Il y a aussi en vous cinq vierges folles, et cinq vierges sages, parce que telle a été la division qui s’est faite dans les puissances lors de la chute du premier prévaricateur, et qui s’est répétée lors de la prévarication de l’homme ; les unes non seulement on consumé leur huile, mais elles cherchent encore à consumer celle que les vierges sages ont conservée, et à les entraîner avec elles dans leurs ténèbres et dans leurs funestes imprudences, comme a fait votre ennemi envers l’homme lorsqu’il l’engagea à lui livrer sa force, sa puissance et sa parole ; et si vous ne veillez avec le plus grand soin, cet ennemi peut répéter chaque jour envers vous cette ancienne et criminelle entreprise, et vous séduire comme il a séduit le premier homme, jusqu’à vous faire dissiper en vain toute votre huile, et vous faire éteindre votre lampe. Alors vous serez confondus avec les vierges folles elles-mêmes, et lorsque vous vous présenterez pour entrer aux noces avec l’époux, la porte sera fermée, et l’époux vous dira qu’il ne vous connaît point. » Nouvel Homme 59
60. La fête des pains sans levain approche ; cette fête annonce au nouvel homme une nourriture qui n’est point sujette à la fermentation et à la corruption de la matière. Or, comme cette fête se nomme le passage ; et comme c’est au passage de la renaissance spirituelle que se trouvent les plus grands dangers pour l’âme humaine, c’est aussi le moment de ce passage que choisissent les princes des prêtres et les docteurs de la loi, pour se saisir de la personne du nouvel homme, et où son ennemi s’offre à eux pour le leur livrer moyennant le prix dont ils conviennent ensemble, et qui remplit de joie ces princes des prêtres et les capitaines, parce qu’ils craignent le peuple, et ne peuvent employer que des ruses et des trahisons… Nouvel Homme 60
Aussi ne redoutons point la suspension où cet esprit nous laisse pour quelques moments. Nourrissons-nous de la paix et de l’espérance qu’il nous a données, et soyons sûrs qu’il ne retourne à son père que pour revenir vers nous chargé de plus nombreuses richesses et de plus grands trésors. Notre ennemi ne va-t-il pas lui-même chercher sept autres esprits pour s’emparer de la maison qu’il a laissée ? Comment le consolateur, et le prince de la paix et de la puissance n’aurait-il pas les mêmes pouvoirs dans l’ordre de la vérité ? Nouvel Homme 61