eaux (Orígenes)

« Mais la terre était invisible et informe ; les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux ». La terre était invisible et informe avant que Dieu eût dit : « Que la lumière soit », et avant qu’il eût séparé la lumière des ténèbres, selon que l’indique l’ordre du récit. Dans la suite, Dieu ordonne que le firmament soit, et il l’appelle « ciel ». Quand nous en viendrons là, nous dirons la différence qu’il y a entre ciel et firmament et pourquoi le firmament a été appelé Ciel; mais maintenant il est dit : « Les Ténèbres couvraient l’abîme. » Quel est cet abîme ? C’est celui dans lequel se trouveront « le diable et ses anges ». Il est clairement désigné dans l’Évangile quand il est dit du Sauveur que les démons qu’il chassait « lui demandaient de ne pas leur commander d’aller dans l’abîme ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

« Et Dieu dit : Qu’il y ait un firmament entre les eaux et qu’il sépare les eaux d’avec les eaux. Et il en fut ainsi. Et Dieu fit le firmament. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Et de même que le ciel a été appelé firmament parce qu’il sépare les eaux qui sont au-dessus de lui de celles qui sont au-dessous, ainsi l’homme, établi dans un corps, s’il peut réaliser une séparation entre « les eaux supérieures qui sont au-dessus du firmament et celles qui sont au-dessous », sera lui aussi appelé Ciel ou « homme céleste », selon la parole de l’Apôtre Paul : « Notre demeure est dans le ciel. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Voilà ce que contiennent ces paroles de l’Écriture : « Et Dieu fit le firmament, et il sépara les eaux qui sont sous le firmament de celles qui sont au-dessus. Et Dieu appela le firmament Ciel. Et Dieu vit que cela était bon ; et il y eut un soir, et il y eut un matin, ce fut le second jour. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Nous donc, cherchons à réunir « l’eau qui est sous le ciel » et à la chasser loin de nous, pour qu’apparaisse alors l’élément sec, c’est-à-dire nos oeuvres humaines, « afin que les hommes, voyant nos bonnes oeuvres, glorifient notre Père qui est dans les cieux ». Si nous ne nous séparons pas de ces eaux qui sont sous le ciel, c’est-à-dire des péchés et des vices de notre corps, l’élément sec ne pourra pas apparaître en nous ni recevoir l’assurance de progresser vers la lumière. « Car celui qui fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, pour que ses oeuvres ne témoignent pas contre lui. Mais celui qui marche dans la vérité vient à la lumière, pour que ses oeuvres soient manifestées et qu’il apparaisse qu’elles ont été faites en Dieu. » Cette assurance ne nous sera donnée que si, comme les eaux, nous séparons et rejetons loin de nous les vices du corps qui sont les principes de nos péchés. Cela fait, l’élément sec en nous ne restera plus sec, comme nous allons le voir. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

L’Écriture dit en effet : « et l’eau qui est sous le ciel se réunit dans son lieu et l’élément sec apparut. Et Dieu appela l’élément sec : Terre, et l’amas des eaux : Mer ». Or, de même que l’élément sec, une fois séparé de Peau, comme nous avons dit tout à l’heure, ne demeure plus l’élément sec, mais prend dès lors le nom de Terre, ainsi nos corps : qu’une semblable séparation s’opère en eux, ils ne resteront plus « secs », mais prendront le nom de Terre, parce qu’ils pourront désormais porter du fruit pour Dieu. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Après avoir « fait au début le ciel et la terre », Dieu fit ensuite le firmament et l’élément sec ; il appela le firmament Ciel, lui donnant le nom du ciel qu’il avait créé auparavant, et il appela l’élément sec : Terre, car il lui donna le pouvoir de donner des fruits. Si donc il en est qui restent encore délibérément secs, s’ils ne produisent aucun fruit, s’ils portent « des épines et des ronces » « bonnes à alimenter le feu », ils sont eux aussi, à voir ce qu’ils produisent, « bons à alimenter le feu ». Mais qu’un zèle attentif les ait séparés des eaux de l’abîme, qui sont les sens du démon, et qu’ils se montrent une terre fertile, ils doivent dès lors espérer que Dieu les introduira dans « une terre où coulent le lait et le miel ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

– « Et Dieu dit : que les eaux produisent des êtres qui rampent et des oiseaux de la terre qui volent sur la face du firmament du ciel. Et cela fut ainsi. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

L’explication littérale, c’est qu’au commandement de Dieu les eaux produisent les êtres qui rampent et les oiseaux, et qu’ainsi nous connaissons l’auteur des choses visibles. Mais voyons aussi comment cela se passe au firmament de notre ciel, c’est-à-dire dans la ferme réalité de notre esprit et de notre coeur. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Je crois qu’une fois que notre esprit a été illuminé par le Christ, notre soleil, il lui est ordonné de se servir des eaux qui sont en lui pour produire des êtres qui rampent et des oiseaux qui volent, c’est-à-dire d’étaler au jour les bonnes et les mauvaises pensées pour opérer la sépa-ration du bien et du mal, puisqu’aussi bien l’un et l’autre viennent du coeur. C’est de notre coeur, en effet, que sortent, comme des eaux, les bonnes et les mauvaises pensées. Sur la parole et sur l’ordre de Dieu, étalons-les donc les unes et les autres au regard et au jugement de Dieu, afin qu’illuminés par lui nous puissions séparer ce qui est mal de ce qui est bien, autrement dit pour que nous puissions nous séparer de ce qui rampe sur la terre et donne des préoccupations terrestres. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

On tiendrait le même raisonnement pour tout autre péché ou vertu. Aussi faut-il séparer les « reptiles » des « oiseaux », puisque les eaux qui sont en nous ont reçu l’ordre de les produire au regard de Dieu pour les séparer. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

– « Et Dieu créa les grands animaux aquatiques et tout être qui rampe. Les eaux les produisirent chacun selon son espèce, et tout volatile ailé selon son espèce. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

– « Et Dieu vit que tout cela était bon, et il le bénit en disant : croissez et multipliez, remplissez les eaux de la mer et que les oiseaux multiplient sur la terre. Et il y eut un soir, et il y eut un matin, ce fut le cinquième jour. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

C’est dans la mer que les animaux produits par les eaux, les grands animaux aquatiques et tout être qui rampe, doivent demeurer, là où habite «le dragon que Dieu a formé pour se jouer de lui ». Mais les oiseaux doivent multiplier sur la terre ; et, comme nous l’avons dit, celle-ci était auparavant l’ « élément sec », tandis qu’elle est appelée maintenant Terre. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Or, il n’est pas écrit : « Et Dieu dit que cela était bon », mais : « et Dieu vit que cela était bon ». C’est que Dieu voyait les avantages des choses et ce qui leur permettrait, malgré ce qu’elles étaient, de mener les bons à la perfection. Aussi dit-il ensuite : « croissez et multipliez, remplissez les eaux de la mer et que les oiseaux multiplient sur la terre », autrement dit : que les grands animaux aquatiques et les êtres qui rampent soient dans la mer, comme nous avons dit plus haut, et les oiseaux sur la terre. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Tout à l’heure, le texte portait : « que les eaux produisent des êtres vivants qui rampent et des oiseaux volant sur la terre au firmament du ciel », mais il porte maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes et des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce ». Pour ce qui est des êtres produits par l’eau, nous avons dit qu’il fallait les interpréter comme les mouvements et les pensées de notre esprit qui viennent de l’intime du coeur. Quant à ce qui est dit maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes, des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce », je pense qu’il faut entendre par là les mouvements de notre homme extérieur, autrement dit de l’homme charnel et terrestre. Car là où il est question de la chair, il n’est pas fait mention d’oiseaux mais seulement de quadrupèdes, de bêtes qui rampent et de bêtes de la terre. Au dire de l’Apôtre, « le bien n’habite pas dans ma chair » et « la sagesse de la chair est ennemie de Dieu » ; aussi, ce que produit la terre, c’est-à-dire notre chair, c’est ce qui fait l’objet de ce commandement du même apôtre : « Faites mourir vos membres, ce membres de l’homme terrestre, la fornication, l’impureté, la luxure, l’avarice, l’idolâtrie » et le reste. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.

Mais ce ne sont pas les moyens humains qui assurent la protection définitive de la porte. Car, quand la porte fut fermée et qu’il n’y eut plus personne hors de l’arche, comment aurait-on pu l’enduire de bitume de l’extérieur ? Pour que les eaux ne pénètrent pas par l’orifice dont le travail de l’homme n’avait pu assurer la sécurité, il fallut sans conteste une opération divine. Aussi, après avoir, pour tout le reste, dit que c’est Noé qui fit l’arche et qui y fit entrer les animaux et ses fils avec les femmes de ses fils, l’Écriture ne dit pas, quand il s’agit de la porte, que Noé ferma la porte de l’arche, mais que « le Seigneur Dieu, du dehors, ferma la porte de l’arche et alors le déluge eut lieu ». Remarquons aussi qu’après le déluge, quand Noé envoya « le corbeau pour voir si l’eau avait diminué sur la surface de la terre », l’Écriture ne fait pas ouvrir à Noé la porte, mais « la fenêtre ». Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Cependant, étant donné les conditions résultant des pluies et du déluge, on ne pouvait donner à l’arche une forme mieux appropriée que ce sommet étroit qui laissait ruisseler les eaux de pluies, comme un toit, et cette base rectangulaire bien assise sur les eaux qui empêchait l’arche de pencher ou de s’enfoncer sous la force des vents, le coup des flots et l’agitation des animaux. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Vous voudriez voir que l’Écriture divine connaît bien des bois qui sont raisonnables ? Rappelez-vous ce qui est écrit dans le prophète Ézéchiel : « La onzième année, au troisième mois, le premier jour du mois, la parole de Dieu me fut adressée en ces termes : Fils de l’homme, dis à Pharaon, roi d’Egypte et à sa multitude : A qui te compares-tu dans ta grandeur ? Voilà qu’Assur était un cyprès sur le Liban, à la belle ramure, à l’ombrage épais, ayant sa cime dans les nues. Les eaux l’avaient fait croître, l’abîme l’avait fait grandir, en faisant couler ses fleuves autour de lui et en envoyant ses ruisseaux à tous les arbres des champs. C’est pourquoi sa taille s’élevait plus haute que tous les arbres des champs. » Et peu après : « Les cyprès nombreux dans le jardin de Dieu et les pins n’égalaient pas ses branches, et les sapins ne leur ressemblaient pas. Aucun arbre dans le jardin de Dieu ne l’égalait en beauté, et tous les arbres du jardin des délices de Dieu lui portaient envie. » Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.

Quant à vous « qui êtes à la manière d’Isaac fils de la promesse », « buvez l’eau de vos sources, et que les eaux de vos puits ne se répandent pas au dehors, mais que vos eaux coulent sur vos places publiques ». Par contre, « celui qui est né selon la chair » boit l’eau de l’outre ; aussi l’eau lui manque et lui manque en grande quantité. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

Prenons garde, nous aussi, car nous sommes souvent à côté du puits d’eau vive, c’est-à-dire des divines Écritures, nous trompant sur elles. Nous possédons les livres et les lisons, mais nous n’allons pas jusqu’au sens spirituel. C’est pourquoi il faut des larmes et des prières incessantes, pour que le Seigneur nous ouvre les yeux. Les aveugles de Jéricho, assis sur le bord de la route, n’auraient pas eu leurs yeux ouverts s’ils n’avaient crié après le Seigneur. – Mais que dis-je, pour ouvrir les yeux ? Ils ont déjà été ouverts. Car Jésus est venu ouvrir les yeux des aveugles. Oui, nos yeux ont été ouverts et le voile de la lettre de la loi a été ôté. – Mais je crains que nous-mêmes ne les fermions à nouveau en un sommeil plus profond. Nous risquons de ne pas rester éveillés au sens spirituel et d’être négligents à secouer le sommeil de nos yeux pour contempler les choses spirituelles et ne pas nous tromper, comme le peuple charnel, alors que nous sommes placés tout près des eaux. Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

Peut-être pensez-vous que ce sont là des fables et que, dans les Écritures, l’Esprit Saint conte des histoires. Mais il y a là une science et un enseignement spirituels pour les âmes. Vous vous y formez et vous y apprenez à venir chaque jour aux puits des Écritures a, aux eaux de l’Esprit Saint, à y puiser sans cesse et à en rapporter chez vous une pleine mesure. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Semblablement, la parole inspirée désaltère ceux qui ont soif, et pourtant on peut dire que ce sont ces derniers qui lui donnent à boire, quand elle est l’objet de la pratique et de l’étude de ceux qui s’intéressent à elle. Une âme qui fait ainsi tout avec patience, qui est entièrement disponible, qui s’applique à une connaissance si élevée et qui a pour règle d’aller au plus profond puiser les eaux de la science, une telle âme peut être prise par le Christ en mariage. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Remarquez l’importance des choses qui se passent près des eaux. Aussi vous invite-t-on à venir chaque jour près des eaux de la parole de Dieu et à vous tenir près de ses puits, comme faisait Rébecca, dont il est dit : « La jeune fille était très belle, elle était vierge et nul ne l’avait connue. » Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Les oreilles de Rébecca n’auraient donc pas trouvé leur beauté si le serviteur d’Abraham n’était venu les embellir ; et ses mains ne reçoivent d’autres parures que celles qu’a envoyées Isaac. Car elle veut recevoir dans ses oreilles des paroles d’or et tenir dans ses mains des actions toutes d’or. Mais elle n’aurait pu ni recevoir ni mériter tout cela, si elle n’était venue auparavant puiser de l’eau aux puits. Vous donc, qui ne voulez pas venir près des eaux, qui ne voulez pas recevoir dans les oreilles les paroles d’or des Prophètes, comment pourrez-vous porter la parure de la doctrine, la parure des oeuvres, la parure de la vie ? Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Tout cela ne vous frappe-t-il pas et ne comprenez-vous pas que cela a un sens spirituel ? Vous croyez peut-être que c’est un hasard si les Patriarches viennent toujours à des puits et si leurs unions se contractent toujours au bord des eaux ? Quiconque se l’imagine est « l’homme animal qui ne perçoit pas les choses de l’Esprit de Dieu ». En reste là qui voudra, demeure « animal » qui voudra. Pour moi, à la suite de l’Apôtre Paul, je dis que ces choses sont « allégoriques », et je dis que les noces des saints représentent l’union de l’âme avec le Verbe de Dieu, car « celui qui s’unit au Seigneur est un seul esprit avec lui ». Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

Vous le voyez, partout les mystères se répondent ; il y a accord des figures entre le Nouveau et l’Ancien Testament. Dans l’Ancien, c’est aux puits et à leurs eaux que l’on se rend pour trouver des épouses ; et c’est dans le bain de l’eau que l’Église s’unit au Christ. Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.

– Il y a donc les puits que les serviteurs d’Abraham ont creusés, mais les Philistins les ont comblés de terre. C’est eux qu’Isaac entreprend d’abord de déblayer. Les Philistins détestent les eaux et aiment la terre. Isaac aime les eaux; il recherche les puits, déblaye les anciens, en ouvre de nouveaux. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

Mais quels sont ceux qui remplissent les puits de terre ? – Ceux, à n’en pas douter, qui donnent à la loi un sens terrestre et charnel et lui interdisent un sens spirituel et mystique, en sorte qu’ils ne s’y abreuvent pas ni ne permettent aux autres de le faire. Écoutez ce qu’Isaac, notre Sauveur Jésus-Christ, dit dans l’Évangile : « Malheur à vous, Scribes et Pharisiens hypocrites, parce que vous avez enlevé la clé de la science ; vous-mêmes n’êtes point entrés et vous avez empêché ceux qui voulaient entrer. » Les voilà donc, ceux qui comblent de terre « les puits creusés par les serviteurs d’Abraham» ; ils enseignent la loi charnellement et ils souillent les eaux du Saint-Esprit. Ils possèdent des puits non pour en tirer de l’eau, mais pour y jeter de la terre. – Tels sont les puits qu’Isaac entreprend de creuser. Voyons maintenant comment il s’y prend. Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

A cela, je répondrai que toute terre contient des eaux, mais qu’un Philistin qui « n’a de goût que pour les choses terrestres » ne sait pas, en toute terre, découvrir de l’eau ; il ne sait pas en toute âme découvrir la raison (rationabilem sensum) et l’image de Dieu ; il ne sait pas qu’il peut y avoir chez tous foi, piété, sens religieux. A quoi vous sert l’instruction si vous ne savez pas vous en servir, et la parole, si vous ne savez pas parler ? Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.

Mais revenons à Isaac et creusons avec lui des puits d’eau vive. Les Philistins peuvent susciter des oppositions et des querelles, n’en persévérons pas moins avec Isaac à creuser des puits, jusqu’à ce qu’il nous soit dit : « Bois de l’eau de tes puits et de tes sources ». Creusons au point que les eaux du puits surabondent sur « nos places publiques », creusons au point d’arriver à une science des Écritures suffisante non seulement pour nous, mais pour enseigner les autres et les instruire, creusons pour que boivent les hommes, creusons pour que boivent aussi les troupeaux. Écoutez, sages, écoutez, simples : « Le docteur de l’Église est débiteur envers les savants comme envers les ignorants » ; il doit abreuver les hommes et il doit abreuver les troupeaux, car le Prophète a dit : « Seigneur, tu sauveras hommes et bêtes ». – Pour cela, daigne le Seigneur Jésus lui-même, notre Sauveur, nous illuminer et purifier nos coeurs, « Lui à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: XIII – LES PUITS D’ISAAC Le premier jour.