D’une prière plus sublime que le Pater.

{{Conférences — 9, 25.}} Quoique cette prière semble renfermer toute plénitude de perfection comme ayant été composée et prescrite par le Seigneur lui-même, elle élève néanmoins ceux qui se la rendent familière à cet état encore plus sublime dont nous avons parlé précédemment : elle les conduit à cette prière toute de feu, qui est connue ou éprouvée de si peu de personnes, ou qui, pour mieux parler, est ineffable : celle-ci dépasse tout sentiment humain ; elle ne se forme point par le son de la voix, ni par le mouvement de la langue, ni par la prononciation des paroles ; mais l’âme, toute baignée de la lumière d’en-haut, ne se sert plus du langage humain, toujours infirme ; c’est en elle comme un flot montant de toutes les affections saintes à la fois : source surabondante d’où sa prière jaillit à pleins bords et s élance dune manière ineffable jusqu’à Dieu. Elle dit tant de choses en ce court instant qu’elle ne pourrait aisément ni les exprimer ni même les repasser dans son souvenir, lorsqu’elle revient a soi.