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Cassiano: sainteté

13. J'appelle “moine” l'homme, qui conserve son corps dans la sainteté, sa langue dans la pureté, et qui orne son esprit des lumières du saint Esprit; L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ

20. Eh certes ! ne sommes-nous pas forcés d'avouer que ceux qui, avec un corps de péché, ont résolu de monter jusqu'au ciel, sont obligés de se faire la plus grande violence et les plus grands efforts, et de se dévouer généreusement à la mortification la plus austère et aux travaux les plus pénibles, surtout au commencement de leur conversion, jusqu'à ce que l'amour des plaisirs auxquels ils étaient accoutumés, que la paresse dans laquelle ils languissaient, et que l'insensibilité de leur coeur pour la vertu, se changent, par une pénitence proportionnée, en un ardent amour pour Dieu et pour les bonnes oeuvres, et en une sainteté parfaite. L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ

18. Enfin, on les voyait tous dans l'immobilité fixés sur la pensée de la mort, se dire à eux-mêmes : Que nous arrivera-t-il au moment de notre dernière heure ? Quel sera notre jugement ? Que deviendrons-nous pendant l'éternité ? De cette terre d'exil passerons-nous au ciel, notre chère patrie ? Peut-il encore y avoir quelque espérance pour de misérables pécheurs ensevelis dans les ténèbres et couverts de confusion ? Nos prières et nos larmes ont-elles pu monter jusqu'au trône de la divine Miséricorde ? Ah ! Que nous avons de motifs de penser et de croire qu'elles ont été rejetées, méprisées et frappées d'un ignominieux dédain ! Et, si elles ont été reçues favorablement, ont-elles été capables d'apaiser la juste Colère de notre Juge ? De combien ont-elles fait avancer l'heure de notre réconciliation avec Dieu ? Dans quel état nous ont-elles mis en sa sainte Présence ? Quelles faveurs et quelles grâces nous ont-elles procurées ? Hélas ! nos bouches impures et criminelles, nos corps de péchés ont certainement bien pu paralyser leur efficacité. Nous auraient-elles entièrement, ou seulement un peu, réconciliés avec notre souverain Juge ? Serions-nous au moins déchargés de la moitié de nos iniquités et guéris de la moitié de nos plaies spirituelles ? Ah ! qu'elles sont énormes les dettes que nous avons contractées ? Et quels travaux n'avons-nous pas à supporter! Quelles satisfactions à offrir pour nous en acquitter ? Est-ce qu'enfin nos anges gardiens, que nous avions si indignement chassés, se sont rapprochés de nous ? N'en seraient-ils pas encore fort loin ? Hélas ! tant que ces esprits célestes ne daigneront pas revenir auprès de nous, nos efforts et nos travaux ne nous serviront de rien, nous serons toujours sans espérance d'être délivrés et de recouvrer la précieuse liberté des enfants de Dieu (cf Rom 8.21), nos prières ne pourront nous inspirer aucune confiance bien fondée, elles n'auront pas la sainteté requise pour arriver vers le trône du Seigneur; car il est nécessaire que ce soient nos anges, devenus de nouveau nos amis, qui les présentent à Dieu avec leurs, mains pures et saintes. L’Échelle Sainte: CINQUIÈME DEGRÉ

9. Il est louable de penser tous les jours à la mort, comme si chaque jour elle devait nous frapper; mais c'est une marque de sainteté, de la désirer et de l'attendre. L’Échelle Sainte: SIXIÈME DEGRÉ

20. Je ne peux pas non plus ne pas vous raconter ce qui est arrivé à un solitaire, du nom d'Hésychius, de la montagne de l’Horeb. Ce pauvre solitaire eut le malheur de passer les trois premières années de sa retraite dans l'oubli entier de son salut, et de négliger tous les exercices de la vie religieuse. Enfin Dieu le frappa d'une maladie si grave, que pendant une heure entière, on crut qu'il était mort. Mais revenu à lui-même, il nous conjura tous avec instance de nous retirer, et de le laisser seul. Nous lui obéîmes, et aussitôt il ferma sur lui la porte de sa cellule, et y demeura tellement reclus, que pendant l'espace de douze ans qu'il vécut encore, il n'échangea jamais aucune parole avec personne, et ne se nourrit que d'un peu de pain et d'eau qu'on lui apportait; il était toujours assis à la même place et n'en changea jamais; il repassait si fortement dans son esprit les choses terribles qu'il avait vues dans la vision qu'il avait eue, que son corps fut toujours dans la même position et la même attitude, et que toujours frappé de la même terreur et hors de lui-même, il gardait le silence le plus parfait, et pleurait à chaudes larmes. Enfin comme, nous connûmes qu'il touchait à sa dernière fin, nous enfonçâmes la porte de sa cellule, pour entrer et lui demander plusieurs choses que nous désirions savoir. Mais ce fut en vain : nous ne pûmes avoir de lui que cette seule parole : Pardonnez-moi, mes frères; je ne peux rien vous dire, sinon qu'il est impossible qu'il ose pécher celui qui aura la pensée de la mort fortement gravée dans l'esprit. Cette réponse nous frappa d'étonnement, et nous ne pouvions pas assez admirer comment un homme dont nous avions dans le temps tous connu la paresse et la négligence, eût été si promptement changé et transformé en un autre homme, et qu'il eût acquis une si grande perfection et une sainteté si prodigieuse. Il mourut, et nous l'ensevelîmes dans le cimetière qui était auprès du monastère. Le lendemain nous allâmes visiter son tombeau, pour voir le saint corps de ce solitaire; mais il n'y était plus. C'est sans doute pour donner aux hommes une excellente leçon, que Dieu permit cette merveille : il voulut faire comprendre à ceux qui, après avoir abandonné la vertu et négligé leur salut, se convertissent avec sincérité et embrassent une nouvelle vie, combien la pénitence de ce solitaire lui avait été précieuse et agréable, et par conséquent, combien il agréerait le repentir et la pénitence de tous les pécheurs. L’Échelle Sainte: SIXIÈME DEGRÉ

68. Le Seigneur, dont la justice égale la sainteté, récompense, par le sentiment d'une componction pleine de foi, le moine qui, dans la solitude, vit selon la foi et les règles de la sainteté, comme il récompense, par d'ineffables consolations, le moine qui, pour des motifs louables, demeure dans un monastère pour y vivre saintement sous l'autorité et l'obéissance d'un supérieur. Mais celui qui, sincèrement et selon Dieu, n'embrasse pas l'un ou l'autre de ces deux genres de vie, se prive misérablement du don des larmes. L’Échelle Sainte: SEPTIÈME DEGRÉ

17. J'en ai connu qui, en secret et sans témoin, avaient commis des fautes exécrables; et, le croiriez-vous ? Ils se fiaient tellement à la bonne opinion qu'ils savaient qu'on avait de leur sainteté et de leur innocence , qu'ils insultaient et attaquaient vivement la réputation de ceux qui avaient fait publiquement quelques légères fautes. L’Échelle Sainte: DIXIÈME DEGRÉ

16. Il est une espèce d'abstinence qui convient à ceux qui ont conservé leur innocence, et il en est une autre qui regarde ceux qui l'ont perdue, et qui par les salutaires rigueurs de la pénitence cherchent à la recouvrer; car les personnes qui ont heureusement gardé leur innocence, se mortifient selon qu'elles voient qu’elles en ont besoin pour résister aux mouvements de la concupiscence; au lieu que celles qui sont tombées dans des fautes mortelles, doivent jusqu'à la fin de leur vie, sans relâche et sans adoucissement, faire souffrir une chair qui leur a fait perdre le trésor des trésors, afin de pouvoir le retrouver. Ainsi les premiers se proposent dans leur mortification de conserver l'heureux état de justice et de sainteté, et les derniers font tous leurs efforts pour se rendre Dieu propice par leur pénitence et par leurs larmes. L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ

Or dis-nous, infâme et cruelle maîtresse du genre humain, toi qui, pour nous rendre tes esclaves, nous a malheureusement achetés avec de l'or, par le désir insatiable de manger, dis-nous donc par quelles voies tu as pu arriver jusqu'à nous; dis-nous ce que tu nous as donné et fait depuis que tu as fixé ta cruelle demeure en nous; apprends-nous toi-même qu’elles sont les moyens efficaces que nous devons employer pour te chasser et nous délivrer de la servitude. Irritée par ces questions fatigantes, enflammée de fureur et frémissant de rage, elle va nous faire entendre, malgré elle, les réponses suivantes : “Pourquoi me chargez-vous d'injures et de reproches ? oubliez-vous que vous êtes mes esclaves ? comment vous est-il même venu en pensée que vous puissiez vous séparer de moi ? Ignorez-vous que c'est la nature elle-même qui vous a enchaînés et qui vous retient sous mon esclavage ? Vous voulez savoir comment je me suis rendue maître de vous ? et bien je vous le dirai : C'est par la quantité de la nourriture plus ou moins délicieuse que vous prenez l'habitude d'user de cette nourriture a produit en vous cette insatiable avidité que vous éprouvez, et cette habitude, accompagnée de l'endurcissement du coeur et de l'oubli de la mort, me conserve et me fait demeurer au milieu de vous. Vous voulez encore connaître les noms et le nombre des enfants auxquels j'ai donné le jour ? mais si je vous les nommais tous, les grains de sable qui sont sur la terre seraient à peine suffisants pour les compter. Écoutez seulement quels sont ceux que j'ai mis les premiers au monde et pour lesquels je conserve une affection particulière : l'aiguillon de la chair est mon premier-né et mon premier ministre; le second, est l'endurcissement du coeur; le troisième, est l'amour du repos; après ceux-ci viennent le déluge des pensées impures, le principe de toutes les corruptions et de toutes les souillures spirituelles, et un abîme d'infamies secrètes et exécrables. Mes filles sont la paresse, la démangeaison de parler, l'audacieuse présomption, la plaisanterie, la bouffonnerie, la contradiction, l'opiniâtreté, la stupeur du coeur, la captivité de l'esprit, l'insolente ostentation et l'inclination pour plaire au monde. Ce sont elles qui troublent la ferveur et souillent la sainteté de la prière qui occasionnent des tourbillons dans les pensées, et qui frappent par des accidents subits et des malheurs inattendus; enfin ce sont elles qui produisent le désespoir, le plus affreux et le plus grand de tous les maux. L’Échelle Sainte: QUATORZIÈME DEGRÉ

13. Il ne faut rien moins qu'une vertu parfaite, une grande générosité, et un courage héroïque pour être capable de supporter et de digérer avec patience les injures et les outrages dont on nous accable; mais il faut une sainteté extraordinaire pour ne pas nous laisser prendre aux douceurs empoisonnées des louanges. J'ai vu des personnes qui pleuraient leurs péchés, et qui, se voyant louées par quelques frères s'emportaient contre eux; mais elles tombaient ainsi d'un défaut qu'elles voulaient éviter, dans un autre, auquel elles ne pensaient pas. L’Échelle Sainte: VINGT-UNIÈME DEGRÉ

18. Ne vous élevez pas dans votre coeur, vous qui n'êtes que boue et corruption; rappelez-vous qu'une infinité d'esprits célestes, créés dans la sainteté, ont été impitoyablement chassés du ciel à cause de leur orgueil. L’Échelle Sainte: VINGT-DEUXIÈME DEGRÉ

9. En effet, à moins que la lumière divine ne s'obscurcisse dans une âme, et qu'elle ne tombe dans les ténèbres d'une nuit funeste, les démons sont dans l'impuissance de lui enlever sa sainteté et son innocence, de l'immoler à leur fureur et de la perdre. Oui, je le répète tant qu'une âme en cette vie est éclairée des rayons du soleil de justice, les démons sont privés du pouvoir de lui faire du mal. Or les démons ravissent à une âme le trésor précieux de son innocence, en la soumettant, sans qu'elle s'en aperçoive, sous leur esclavage; ils l'immolent à leur fureur, lorsqu'ils étouffent en elle toutes les lumières de la conscience, de sorte qu'ils la précipitent dans des crimes honteux et détestables; enfin ils achèvent de la perdre, lorsqu'après l'avoir fait tomber dans le péché, ils la livrent aux horreurs du désespoir. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

29. Si Dieu, par les bonnes œuvres que sa grâce nous fera pratiquer, se montre dans notre cœur, aussitôt tous nos ennemis, qui sont les siens, seront dissipés et mis en déroute; et si, par la sainteté et la ferveur de nos prières, nous L'appelons à notre secours, tous ceux qui, selon l'expression de David, haïssent le Seigneur, prendront la fuite en sa présence (cf. Ps 67,2), et nous pouvons ajouter : à la nôtre. 30. N'oublions pas que ce ne sera point avec des paroles vaines et stériles, que nous apprendrons les choses célestes; mais par nos travaux, nos efforts et nos sueurs. Il ne s'agira pas en effet à la fin de notre vie de présenter au souverain Juge des paroles, mais des œuvres. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

56. Ce n'est pas sans raison que nos pères font consister la sainteté de la vie dans la pratique de l'humilité et de la tempérance, vertus qui, aux yeux des hommes, semblent être bien ordinaires et bien communes. En effet, la tempérance nous prive des plaisirs des sens, et l'humilité nous conserve dans cette privation et empêche aux voluptés charnelles de pousser en nous de nouveaux bourgeons. C'est pour la même fin que la pénitence a deux effets salutaires : elle efface en nous nos péchés, et nous fait acquérir l'humilité. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

104. Il est essentiel pour nous de bien considérer devant Dieu la fin que nous nous proposons dans les choses qu'il nous faut faire de suite, et dans celles que nous pouvons différer; car tout ce que nous faisons avec une intention droite et pure, pourvu que ce soit une chose bonne en elle-même, si nous le faisons vraiment et uniquement pour Dieu, et jamais pour une autre fin, quand même ce ne serait pas d'une sainteté parfaite, Dieu nous en tiendra compte, n'en doutons pas. Mais nous ne serons pas sans courir des dangers, si nous avons l’imprudence de vouloir faire ce qui est au dessus de nos forces. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ

34. D'où est-il arrivé qu'il n'y a pas eu autant d'hommes extraordinaires en lumières et en sainteté dans le monastère de Tabenne que dans celui de Scété. Comprenne qui pourra. Je ne peux en parler, ou plutôt, je ne désire pas le faire. L’Échelle Sainte: VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ

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