{{Grande Epître.}} — Nous devons donc demander et savoir quelle est la meilleure manière pour celui qui s’adonne à l’oraison de soutenir le combat, chose si importante, avec une grande ardeur et une force entière ; car les grands combats nécessitent de grands labeurs, parce que le mal guette les hommes de toutes parts, s’insinuant, rôdant et cherchant à ruiner leur ardeur : de là le sommeil et la pesanteur du corps et la mollesse de l’âme, l’«acédie», la négligence, l’inconstance, et autres passions ou actions mauvaises, qui tuent l’âme après s’être emparées d’elle par quelque côté et l’avoir livrée à son ennemi. Il faut donc que la raison dirige l’oraison comme un sage guide, il faut ne jamais livrer notre intelligence aux agitations du mauvais esprit, ne pas nous laisser envahir par ses flots, mais regarder droit devant nous vers le port céleste et rendre notre âme intacte au Dieu qui la lui a confiée et la réclame. Car tomber à genoux et nous étendre pour prier à la manière de certains, cela n’a rien d’utile ou de conforme à l’Ecriture, alors que l’esprit erre loin de Dieu ; mais il faut bannir toute négligence des pensées et toute idée étrangère, et consacrer à l’oraison à la fois toute son âme et son corps. Et il faut que les supérieurs favorisent celui qui prie ainsi, et qu’ils emploient tout leur zèle et leurs avertissements pour encourager chez celui qui prie le désir de parvenir à ce but.