Difficulté de connaître Dieu.

Hom. 7. Celui qui entreprend de définir par le discours ce qui n’a pas de limite cesse d’admettre que ce dont il parle est au-dessus de tout, puisqu’il croit que son discours a tant d’importance et d’envergure qu’il soit capable de le contenir : il ne sait pas que dans la croyance que Dieu dépasse la connaissance se trouve incluse la notion juste concernant celui qui est réellement ; car tout ce qui est dans la créature est en rapport avec ce qui lui est apparenté par nature… C’est pourquoi quand le discours en vient à ce qui dépasse le discours, alors il est temps de se taire et de garder caché dans le secret de la conscience l’émerveillement devant cette ineffable puissance, en sachant que les grands hommes ont parlé des œuvres de Dieu et non de Dieu lui-même ils ont dit : « Qui dira les hauts faits du Seigneur ? » ( Ps 105, 2 ), et: « Je raconterai vos œuvres » ( Ps 9, 2 ), et: « D’âge en âge on célébrera vos œuvres » ( Ps 144, 4 ). Voilà ce qu’ils disent, ils dissertent là-dessus et ils permettent au langage de faire connaître ce qui a été fait ; mais quand il s’agit de ce qui dépasse toute conception, ils imposent clairement le silence par cela même qu’ils disent. Car ils disent qu’il n’est pas de borne à sa magnificence, à sa gloire, à sa sainteté. O prodige ! Le discours a hésité à s’approcher de la gloire du mystère” divin, au point qu’il n’a pas même cherché à saisir le mystère de ce qui s’en manifeste à l’extérieur. Car il ne dit pas que l’essence de Dieu n’a pas de limite, estimant déjà présomptueux de seulement y penser ; mais par la parole il admire la magnificence qui se voit dans la gloire. De plus il n’a pas pu voit l’essence de cette gloire elle-même, mais il a été frappé de stupeur en considérant la gloire de sa sainteté. Combien il s’est abstenu de rechercher ce qu’est cette nature, lui qui n’était pas même capable d’admirer la dernière de ses manifestations ? Car ce n’est pas sa sainteté qu’il a admirée, ni la gloire de sa sainteté, mais c’est seulement la magnificence de la gloire de sa sainteté qu’il s’est proposé d’admirer, et devant laquelle il a défailli de stupeur. Il n’a pas embrassé par la pensée le terme de ce qui fait son admiration. C’est pourquoi il dit: Sa gloire, sa magnificence, sa sainteté n’ont pas de limite. Donc quand on parle de Dieu, si la recherche porte sur son essence, le temps est venu de se taire.