Dieu

Car la rosée que Dieu fait descendre dans l’homme est toute composée d’actions toutes vives, toutes formées, toutes complètes, comme autant de guerriers armés de pied en cap, ou comme autant de puissants médecins, portant dans leur main l’ambroisie, ou comme autant d’anges célestes tous rayonnant intérieurement et extérieurement, des saintes et pures lumières de la vie ; et l’homme destiné à être l’objet, et le réceptacle de tant de bienfaits aperçoit par l’intelligence, au milieu de cette rosée sacrée, la main suprême du Dieu resplendissant de gloire qui veut bien le prendre pour le terme de cette incomparable munificence, tant il est vrai que la parole divine ne peut venir en nous sans créer à la fois tout un monde. Nouvel Homme

Mon Dieu, je sais bien que vous êtes la vie, et que je ne suis pas digne que vous approchiez de moi, qui ne suis que souillure, misère, et iniquité. Je sais bien que vous avez une parole vive, mais que les ténèbres épaisses de ma matière empchent que ne la fassiez entendre aux oreilles de mon âme. Faites-en néanmoins descendre en moi une assez grande abondance de cette parole, pour que son poids puisse contrebalancer la masse du néant dans lequel est absorbé tout mon être, et qu’au jour de votre universel jugement, ce poids et cette abondance de votre parole, puissent me soulever hors de l’abîme, et me faire remonter vers votre sainte demeure ; placez dans les diverses régions et facultés qui me composent, nombre d’ouvriers habiles et vigilants qui désobstruent les canaux de toutes leurs immondices, et qui brisent jusqu’au roc vif qui s’oppose à la circulation des eaux, alors la vie de vos sources pures et actives entrera en moi, et remplira mes fleuves jusqu’aux bords ; alors vous créerez un monde d’esprits dans ma pensée, un monde de vertus dans mon coeur, et un monde de puissances dans mon opération, et c’est le tout-puissant, le sanctificateur universel qui entretiendra lui-même tous ces mondes en moi, et qui les nourrira continuellement de ses propres bénédictions. Nouvel Homme

C’est pour cela que J.-C. dit, dans saint Matthieu, 18 : Ne méprisez aucun de ces petits, car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon père qui est dans les cieux. Ils ne voient la face de Dieu, que parce que les enfants qu’ils accompagnent ont le coeur pur, et c’est le coeur pur de ces enfants qui sert d’organe à ces anges, puisqu’ils ne sont pas dans le ciel où est le père. Mais réciproquement le coeur de l’homme n’est pur que quand il est fidèle à la voix de son ange ; c’est-à-dire, en d’autres paroles quand l’homme est redevenu enfant, et qu’il fait en sorte que son ange ait la liberté de voir la face de Dieu. Nouvel Homme 2

Aussi y a-t-il un grand sens dans ces paroles de J.-C., même chapitre, verset 3 : si vous ne devenez comme de petits enfants, nous n’entrerez point dans le royaume des cieux. L’ange est la sagesse, le coeur de l’homme est l’amour ; l’ange est le récipient de la lumière divine, le coeur de l’homme en est l’organe et le modificateur. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre et ils ne peuvent être unis que dans le nom du seigneur, qui est à la fois l’amour et la sagesse, et qui les lie par là dans son unité. Nul mariage comparable à celui-là ; et nul adultère comparable à celui qui altère un pareil mariage ; aussi est-il dit, (Matthieu, 18), que l’homme ne sépare pas ce que Dieu a joint. Nouvel Homme 2

On peut aussi trouver dans cette grande vérité le sens de ce passage, aimez votre prochain, comme vous-même, et celui de l’autre passage qui nous apprend que c’est celui qui se fera le plus petit qui sera le plus grand. Tout est vif dans cette triple alliance, tout y est esprit, tout y est Dieu, tout y est parole : comment l’ennemi pourrait-il jamais en approcher ? Ô homme ! Si tu aperçois le moindre rayon de cette haute lumière, ne perds pas un moment pour accomplir toutes les lois qu’elle t’impose, et pour te rendre aussi vif, aussi actif, et aussi pur que les deux correspondances entre lesquelles tu te trouves placé ; ce sera le moyen d’accélerer ta régénération, et de te préparer d’avance un lieu de repos pour le temps à venir. Tu es la lampe, l’esprit est l’air, la chaleur et le feu de la lumière divine sont renfermés dans l’huile ; l’air souffle sur toi pour te mettre en activité et pour que tu lui transmettes la chaleur douce et vivante, et la sainte clarté de cette huile qui doit nécessairement passer par toi pour lui parvenir. Nouvel Homme 2

Y a-t-il donc rien au-dessus de la sublimité de notre sort qui nous destine à être le moyen de communication de la Divinité avec l’esprit ? Et pouvons-nous désormais nous permettre un moment de relâche dans une si sainte oeuvre, puisque chacun des moments que nous perdons retarde l’accomplissement de ce trinaire actif qui représente spirituellement et en caractères distincts le ternaire éternel ? Enfin puisque chacun de ces moments que nous perdons nous rend coupables envers Dieu, en ce que nous faisons manquer ses desseins ; envers l’esprit, en ce que nous le laissons sans nourriture ; et envers nous, en ce qu’indépendamment du tort que nous avons de ne pas remplir notre loi, nous nous détruisons nous-mêmes, en nous privant de la double subsistance qui nous est accordée dans cette sainte fonction ; savoir, de la subsistance divine, et de la subsistance spirituelle, lesquelles ne peuvent se passer en nous sans nous vivifier d’une manière secrète et cachée pour nous ? Nouvel Homme 2

Car lorsque la vie divine passe en nous, elle y attire l’esprit, et lorsque l’esprit vient en nous, il y attire la vie divine ; là Dieu se spiritualise, et l’esprit se divinise, et notre être reçoit alors cette nourriture ainsi préparée par la sagesse qui dispose toutes ses opérations pour le plus grand bien des êtres ; sans cela la Divinité nous consumerait, si elle y venait seule, et l’esprit ne nous nourrirait pas assez, s’il y venait seul à son tour, attendu que sans être Dieu, nous sommes cependant plus que l’esprit. Nouvel Homme 2

3. Lorsque nous avons dit dans le numéro 1, que l’homme était une espèce de texte dont toute sa vie devait être le développement et le commentaire, nous n’avons fait que présenter sous d’autres mots la proposition suivante ; à savoir, que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres. Nouvel Homme 3

Quelque idée que le lecteur ait prise jusqu’ici de la nature de l’âme de l’homme, il n’en doit pas moins être persuadé que cette âme est impérissable ; car, comment la pensée de Dieu pourrait-elle périr ? Nouvel Homme 3

Le matérialiste, l’athée même, s’il en existait ne pourrait infirmer ce principe, car en leur accordant ce qu’ils soutiennent, c’est-à-dire que tout est matière, il n’en serait pas moins vrai que nous serions impérissables comme cette matière qu’ils veulent faire éternelle et immortelle, enfin comme cette matière qu’ils veulent faire Dieu, et dont nous serions toujours une nécessaire modification ; parce que ce qui est éternel ne peut pas faire des modifications qui soient passagères. Nouvel Homme 3

Ceci est suffisant pour montrer que nous pouvons nous dispenser de nous arrêter plus longtemps aux objections secondaires, avec lesquelles les hommes inférieurs s’aveuglent mutuellement tous les jours ; nous avons un objet plus vaste à remplir que celui de nous occuper des obscurités volontaires qui ne viennent que de la frivole inattention du monde ; et cet objet, c’est de nous occuper des obscurités naturelles qui tiennent essentiellement à l’état terrestre de l’esprit de l’homme, mais bien plus encore de nous occuper des clartés et des lumières qui appartiennent à son indestructible essence ; car il y a plusieurs degrés dans les besoins de l’homme, et ce ne serait pas assez pour lui que de ne songer exclusivement qu’à celui de ses maux qu’il lui est possible de guérir lui-même, soit en se considérant de toute son attention, soit en usant des secours qu’on lui a déjà procurés. Répétons donc sans inquiétude cette assertion que l’âme de l’homme est une pensée du Dieu des êtres. Nouvel Homme 3

De cette sublime vérité, il résulte une vérité qui n’est pas moins sublime, savoir, que nous ne sommes pas dans notre loi, si nous pensons par nous-mêmes, puisque pour remplir l’esprit de notre vraie nature, nous ne devons penser que par Dieu, sans quoi nous ne pouvons plus dire que nous soyons la pensée du Dieu des êtres, mais nous nous déclarons être le fruit de notre pensée ; nous nous annonçons comme si nous n’avions pas d’autre source que nous-mêmes, et comme si nous avions été notre propre principe, de façon qu’en défigurant notre nature, nous anéantissions celui seul de qui nous la tenons : aveugle impiété qui peut éclairer sur la marche qu’ont suivie toutes les prévarications. Nouvel Homme 3

De cette sublime vérité que l’homme est une pensée du Dieu des êtres, il résulte une vaste lumière sur notre loi, et notre destination ; savoir, que la cause finale de notre existence ne peut être concentrée dans nous ; mais qu’elle doit être relative à la source qui nous engendre comme pensée, qui nous détache d’elle pour opérer au-dehors ce que son unité insubdivise ne lui permet pas d’opérer elle-même ; mais ce dont elle doit être cependant le terme et le but, comme nous sommes tous ici-bas le but et le terme des pensées que nous enfantons, et qui ne sont qu’autant d’organes et d’instruments que nous employons pour coopérer à l’accomplissement de nos plans dont notre nous est perpétuellement l’objet ; c’est pour cela que cette pensée du Dieu des êtres, ce nous doit être la voie par où doit passer la Divinité tout entière, comme nous nous introduisons journellement tout entier dans nos pensées, pour leur faire atteindre le but et la fin dont elles sont l’expression et pour que ce qui est vide de nous, devienne plein de nous ; car, tel est le voeu secret et général de l’homme, et par conséquent tel est celui de la Divinité dont l’homme est l’image. Nouvel Homme 3

Cette opération s’accomplit par des lois de multiplication spirituelle de la part de la Divinité dans l’homme, quand il lui a ouvert sa vie intégrale : et alors la Divinité développe en nous tous les produits spirituels et divins relatifs à ses plans, comme nous voyons que pour ce qui est relatif aux nôtres nous transportons constamment nos forces et nos puissances dans notre pensée, déjà produite, pour qu’ils puissent parvenir à leur parfait accomplissement ; mais avec la différence que les plans divins nous liant à l’unité même, nous ouvrent des sources intarissables lorsqu’ils veulent bien nous associer à eux ; et comme ils sont vifs par eux-mêmes, ils opèrent en nous une suite d’actes vifs qui sont comme des multiplications de lumières, des multiplications de vertus, des multiplications de joies qui vont toujours en croissant; c’est plus qu’une pluie d’or qui tombe sur nous, c’est plus qu’une pluie de feu, c’est une pluie d’esprits, de tout rang et de toutes propriétés ; car, c’est une vérité déjà connue, que Dieu ne pense point sans enfanter son image ; or, il n’y a qu’un esprit qui puisse être l’image de Dieu ; c’est par là, dis-je, que nous recevons en nous des multiplications de sanctification, des multiplications d’ordination, des multiplications de consécration, et que nous pouvons les répandre à notre tour, d’une manière active, sur les objets qui sont hors de nous et sur les personnes qui nous approchent. Nouvel Homme 3

Un des signes de notre avancement dans ce genre, c’est quand nous éprouvons sensiblement que les choses de ce monde ne sont point, et que nous pouvons les comparer physiquement avec les choses qui sont ; alors une seule sensation de la vie nous instruit plus que tous les documents, et renverse, comme par un pouvoir magique, tout l’échafaudage de la fausse philosophie ; car cette comparaison, quand nous avons le bonheur de la pouvoir faire, nous apprend quelle différence il y a entre une pensée vive du Dieu des êtres, et cet assemblage confus et ténébreux de toutes ces substances mixtes, errantes et muettes qui composent la région matérielle où nous sommes liés par les lois de notre corps. C’est là une opération indispensable pour être mis au rang des catéchumènes, et pour mettre le pied sur le premier degré de la ligne sacerdotale. Nouvel Homme 3

Ô mon ami, allons ensemble dresser les autels au Seigneur ; va d’avance préparer tout ce qui nous sera nécessaire pour célébrer dignement les louanges de sa gloire et de sa majesté ; sers d’organe à mon oeuvre pour l’annoncer au peuple, comme j’en dois servir à la Divinité pour annoncer à toutes les familles spirituelles les mouvements de la grâce, et les vibrations de la lumière. Et toi, Dieu de ma vie, s’il te plaît jamais de me choisir pour ton prêtre, que ta volonté soit faite ! Toutes mes facultés sont à toi. Je me prosternerai dans mon indignité en recevant le nom de ton prêtre et de ton prophète : aide-moi seulement à ne pas rendre tes grâces impuissantes, et à briser en moi tous les écueils que mes iniquités et mes faiblesses ont semés devant mon élection. Je n’oserai jamais de moi-même te demander que ta main reposât sur moi ; mais si par ta pure munificence tu veux bien faire reposer ta main sur moi, je n’aurai aucun doute que tu n’opères dans mon être tout ce qui lui manque pour être utile à tes desseins, et je n’ai dans ce moment d’autre soin à prendre que de t’offrir le dévouement de ma fidélité à ton service, et une universelle soumission à toutes les conditions que tu voudras mettre à notre alliance. Nouvel Homme 3

4. Homme qui, comme étant la pensée du Dieu des êtres, s’est observé au point d’avoir abandonné ses propres facultés à la direction et à la source de toutes les pensées, n’a plus d’incertitudes dans sa conduite spirituelle quoiqu’il n’en soit pas à l’abri dans sa conduite temporelle, si la faiblesse l’entraîne encore dans des situations étrangères à son véritable objet ; car dans ce qui tient à ce véritable objet, il doit espérer les secours les plus efficaces, puisqu’en cherchant à le poursuivre et à l’atteindre, il suit la volonté Divine, elle-même, qui le presse et l’invite de s’y porter avec ardeur. Nouvel Homme 4

C’est alors que l’homme se trouve être, en esprit et en vérité, le prêtre du Seigneur ; c’est alors qu’il a reçu la vivifiante ordination, et qu’il peut transmettre cette ordination sur tous ceux qui se consacrent au service de Dieu, c’est-à-dire, lier et délier, purifier, absoudre, plonger l’ennemi dans les ténèbres, et faire revivre la lumière dans les âmes ; car le mot ordination, vient du mot ordinare ordonner, qui veut dire remettre chaque chose à son rang et à sa place ; et telle est la propriété du verbe éternel qui produit continuellement tout selon le poids, le nombre, et la mesure. Tel est enfin le zèle de la parole pour cette oeuvre sublime qu’elle se transformerait en homme elle-même pour venir nous ordonner et nous consacrer, s’il ne se trouvait point d’hommes qui puissent nous imposer les mains ; parce qu’elle sait qu’il faut ici-bas que les organes de la vérité soient corporisés humainement pour nous être utiles. Nouvel Homme 4

Nous serions peu étonnés des merveilles sensibles et vives qui se passent en nous lors de notre régénération, si nous pénétrions un peu plus profondément que nous ne le faisons dans la connaissance et la nature de l’homme. Nous l’avons peint comme étant une pensée du Dieu des êtres, et nous avons dit que quand il parvenait à être régénéré dans sa pensée, il le devenait bientôt dans sa parole ; c’est donc à dire qu’alors il devient une parole du Dieu des êtres, comme il en était auparavant une pensée et cela nous apprend par conséquent que dans l’origine, il était à la fois une pensée et une parole du Dieu des êtres, et qu’il doit l’être encore aujourd’hui quand il a le bonheur d’être rétabli dans sa nature originelle. Nouvel Homme 4

Nous apercevrons, même dans cette occupation, une clarté aussi encourageante pour nous qu’elle est glorieuse pour le suprême auteur de notre existence ; c’est que si nous sentons que nous ne pouvons être régénérés qu’autant que nous sommes devenus une parole du Dieu des êtres, c’est une preuve que le Dieu des êtres est aussi par lui-même, une parole vive et puissante, puisque nous sommes son image ; et dès lors notre similitude avec lui se présente à nous de la manière la plus naturelle, la plus instructive et la plus douce, puisqu’à tout moment nous pouvons nous convaincre de cette similitude, et montrer que dans tous les instants nous tenons à Dieu, comme Dieu tient à nous. Or, ce qui manifeste entièrement la gloire de ce Dieu suprême, et la nature spirituelle de notre être, c’est que malgré la dignité et la puissance de la parole qui est en nous, nous ne pouvons en espérer la renaissance et le développement, qu’autant que la parole Divine, elle-même, vient ranimer la nôtre, et lui rendre son activité comprimée par les chaînes de notre prévarication ; c’est enfin de sentir irrésistiblement que la parole est absolument nécessaire pour l’établissement de la parole ; axiome qui a passé dans les sciences humaines, et dont l’empire indestructible s’est montré à ceux qui ne se sont même occupés que des langues conventionnelles. Nouvel Homme 4

5. Cette renaissance de notre parole interne ne se borne pas à un simple effet partiel, et concentré dans le seul point de notre être intérieur ; elle se propage dans toutes les régions qui nous constituent, et elle y ressuscite la vie à tous les pas ; elle semble donner les noms propres et actifs à toutes les substances spirituelles, célestes, élémentaires rassemblées en nous, et les rétablir dans la vivacité de leurs mouvements, et dans le puissant exercice de leurs fonctions originelles, comme autrefois Adam imposait des noms à tous les animaux, et introduisait sa vivante puissance dans toute la création, et dans toutes les oeuvres et productions de Dieu qui avaient été remises à sa libre administration. Or, ces deux témoignages, savoir, celui de notre expérience, et celui de la tradition nous apprennent que telle est la marche progressive de l’éternelle Divinité dans ses saintes opérations, restaurations, rectifications, où certainement la vie de sa parole Divine se répand successivement dans tous les êtres, et dans toutes les productions qu’elle veut régénérer, et qui ne résistent point à son action ; et si, par notre propre expérience et par la tradition des opérations d’Adam, nous savons que telle est la marche restauratrice de la parole Divine ; cela devient une nouvelle preuve pour nous que telle a été la marche créatrice de cette même parole, puisque les choses ne se régénèrent que par la même voie qui les a créées. Ainsi saint Pierre a raison de nous dire (actes 4) que nul autre nom, sous le ciel, n’a été donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés ; puisqu’avant St. Pierre, St. Jean nous avait déjà dit qu’au commencement était le verbe, et qu’il était Dieu, et que rien n’a été fait sans lui de ce qui a été fait ; ainsi, nous ne pouvons trouver de Dieu sauveur, de Dieu sanctificateur, et de Dieu fortificateur et revivificateur que dans le Dieu créateur, comme nous ne pouvons trouver de Dieu créateur que dans celui qui est par lui-même, dont la vie est l’éternité, et dont l’éternité est la vie, quoique ces diverses puissances aient agi en divers temps, et aient manifesté des propriétés différentes Nouvel Homme 5

Charge-toi, ô mon Dieu, de tout ce qui peut concerner mon élection ; je te dirai comme Moïse, que je ne puis que bégayer, et que tout mon être est dans une universelle impuissance pour l’accomplissement des devoirs que tu imposes à un élu ; j’admire la gloire de tes prophètes et de tes serviteurs, mon âme tressaille de joie en sentant les douceurs et les consolations qui les attendent, mais si tu ne délies toi-même ma langue, si tu ne mets ton feu dans mon coeur, et ta lumière dans mon esprit, si tu ne me traces ma route à chaque pas, et si tu ne me pousses toi-même dans ces sentiers que tu m’auras tracés, je demeurerai englouti dans ma faiblesse, et je serai un être entièrement inutile à tes plans. Nouvel Homme 5

Hommes qui croyez que l’homme est non seulement une pensée, mais aussi une parole du Dieu des êtres, vous ne pouvez vous dispenser de croire que l’homme est également une des opérations divines de cet être éternel. Si cela n’était pas ainsi, vous seriez des êtres incomplets ; vous ne seriez pas l’image parfaite de Dieu, puisque Dieu est à la fois la pensée, la parole, et l’opération éternelles ; enfin vous ne pouvez douter que vous ne deviez être une de ses opérations, puisque vous cherchez vous-mêmes continuellement à réaliser vos paroles par vos oeuvres, comme vous cherchez à réaliser vos pensées par vos paroles. Nouvel Homme 5

Mais de même que votre pensée, et votre parole ne peuvent renaître sans la pensée et sans la parole supérieure, de même votre opération spirituelle ne peut vous être rendue que par l’opération de l’esprit sur vous, et c’est ce que nous avons ci-dessus montré comme étant l’imposition des mains ; opération qui est un acte de restauration dans toutes les élections que Dieu a faites, en envoyant son esprit sur des hommes choisis ; mais qui est plus que restauratrice dans ce qui concerne votre essence, puisque c’est cette triple action de la divinité qui vous constitue, et qu’il ne suffit pas que la divinité pense l’homme, et qu’elle parle l’homme, mais qu’il faut encore qu’elle opère l’homme. Nouvel Homme 5

Ainsi nous ne devons être autre chose continuellement que l’effet réel de ces trois actes ; et la différence qu’il y a de Dieu à nous, c’est qu’il est un Dieu pensant, un Dieu parlant, un Dieu opérant, et que nous, nous sommes un Dieu pensé, un Dieu parlé, un Dieu opéré ; et telles sont les merveilleuses puissances, lumières, vertus, destinées à nourrir notre être. Enfin tels sont les trésors qui sont promis à notre âme puisque nous avons annoncé ci-dessus que la divinité devait nous traverser tout entière pour pouvoir s’étendre jusqu’à l’ami fidèle qui attend de nous cette divine nourriture, et pour qu’intérieurement et extérieurement nous puissions remplir les plans originels de notre principe. Nouvel Homme 5

6. Mais quelle terrible opération doit se faire en nous avant que cette divinité tout entière nous traverse dans sa splendeur et dans sa joie ! Il faut auparavant qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur ; il faut que le Dieu souffrant passe tout entier au travers de l’âme concentrée et comme pétrifiée par le crime et l’insensibilité. Âme de l’homme, abîme-toi ici, dans ta détresse, et prépare-toi à l’opération la plus douloureuse. Il faut que le Dieu souffrant te pénètre, et se fasse jour au travers de tes substances les plus épaissies et les plus dures, pour te rendre ta primitive existence ; tu ne pourras jamais être régénérée complètement si l’opération n’est pas universelle et si le Dieu souffrant dans sa pensée, dans sa parole et dans son oeuvre ne traverse tout entier ta pensée, ta parole, et ton opération. Nouvel Homme 6

Mais si avant que la divinité nous pénètre et nous traverse dans sa splendeur et dans sa gloire, il faut qu’elle nous traverse dans son ignominie et dans sa douleur, il est nécessaire aussi qu’elle fasse en nous une première opération, et cette opération, c’est de nous faire annoncer par l’ange que l’esprit saint doit survenir en nous, que la vertu du très haut nous couvrira de son ombre, et que c’est pour cela que le saint qui naîtra de nous sera appelé le fils de Dieu ; or pour que cette annonce puisse nous être faite, il faut que nous soyons renouvelés dans la véritable innocence, et que trois vierges plus anciennes que Marie nous aient purifiés dans notre corps, notre âme et notre esprit ; c’est-à-dire qu’elles nous aient rendus vierges comme elles. Lorsque par notre constance et nos efforts nous avons recouvré cette triple virginité, l’annonciation se fait en nous, et nous ne tardons pas à nous apercevoir que la conception sainte s’y est faite aussi, ce qui nous met dans le cas de chanter le cantique de Marie, lorsque nos proches nous saluent et nous bénissent sur le fruit de nos entrailles, comme Marie fut saluée et bénie par Élisabeth. Nouvel Homme 6

Disons à notre ennemi : c’est le Dieu souffrant qui veut lui-même élever en moi son édifice ; c’est le Dieu souffrant qui veut le soutenir lui-même, tu ne pourras jamais le renverser. Plus le Dieu souffrant s’approchera de moi, plus je serai en sûreté contre tes attaques, parce qu’il prendra lui-même sur lui le fardeau que je ne pourrais pas porter ; quoique je sois suspendu au-dessus de l’abîme comme par un fil, quoique j’habite au milieu des lions voraces et des serpents sifflants et meurtriers, il est près de moi ce Dieu souffrant, il est conçu en moi ce Dieu souffrant, et d’un seul de ses mouvements, quelque faible qu’il soit, il me séparera lui-même de tous ces insectes, et reptiles venimeux dont tes iniques séductions ont fait revêtir corporellement la malheureuse postérité de l’homme. Ce Dieu souffrant ne cherche qu’à faire entrer en moi sa chair, son sang, son esprit, sa parole, pour y introduire enfin le nom puissant qui a tout créé, et qui veut aussi créer tout dans moi ; il veut me faire planer avec lui dans la région de la vie, afin que je sois dans l’impossibilité de retomber dans les précipices et dans les régions de la mort. Nouvel Homme 6

Pernicieux ennemi de l’homme, tu occasionnes bien aussi des souffrances, mais c’est en opérant une contraction de ta puissance désordonnée et mensongère contre les lois éternelles de la vérité, et contre l’ordre immuable des choses ; aussi tes succès, quand tu l’emportes, entraînent l’homme dans le néant, la mort et les ténèbres. Mais lorsque le Dieu souffrant s’approche de nous et nous occasionne des douleurs, c’est en opposant la mesure, l’ordre et la vérité, aux désordres et aux irrégularités que tu sèmes journellement dans les hommes, et que tu y entretiens. Aussi la contradiction que ce Dieu souffrant opère dans ceux qui la désirent et qui y concourent, se termine toujours par la joie le bonheur et la lumière. Nouvel Homme 6

C’est en effet par ces douces consolations que se terminera le cercle des choses pour ceux qui auront su laisser entrer en eux le Dieu souffrant : car le cercle des choses n’est composé que d’êtres en contraction et en souffrance, ce qui fait que l’univers nous montre le Dieu souffrant, aussi bien que le peut faire notre âme. C’est ce qui fait aussi que nous ne devrions considérer qu’avec respect et reconnaissance tous les objets que cette nature renferme, puisque le moindre d’entre eux est le fruit de la charité divine qui ne cesse de modifier son amour selon toutes les voies possibles, afin de faire parvenir sa force, sa vie et sa lumière jusque dans nos régions les plus matérielles et les plus ténébreuses. Heureux celui qui aura considéré l’univers sous cet aspect, et qui aura recueilli par ce moyen un assez grand nombre de ces étincelles divines, pour lui promettre un flambeau au dernier jour ! Nouvel Homme 6

7. La sagesse conduit l’homme par des degrés insensibles afin de ne pas l’effrayer par l’immensité de la tâche qu’il a à remplir. Aussi commence-t-elle par dire à l’homme qu’il doit servir d’organe et de passage à la Divinité tout entière, s’il veut que son ange jouisse de la paix et des félicités Divines. Cet avis est si consolant que l’âme de l’homme en est comme absorbée dans l’admiration et dans la joie. Elle pleure de regret, elle pleure d’espérance : c’est comme si l’image Divine elle-même était venue se dessiner sur toutes ses substances, et qu’elle eût senti la douce chaleur de la main qui a conduit le pinceau ; mais comme c’est là le terme final de l’oeuvre, cette sagesse nous apprend bientôt qu’avant d’atteindre à cet heureux terme, nous devons voir passer en nous le Dieu souffrant, puisque lui seul peut enchaîner tous les lions voraces, et tous les serpents qui circulent en nous, et ne cessent de nous effrayer par leurs sifflements, ou de nous empoisonner par leur venin. Nouvel Homme 7

La sagesse ne nous découvre ce grand combat que le dernier, afin qu’étant préparés d’avance par les douceurs qui nous sont promises dans le Dieu bienfaisant, et par les moyens qui nous sont offerts dans le Dieu souffrant, nous puissions nous lancer plus courageusement dans le champ de bataille, et nous flatter de remporter la victoire ; car ce n’est qu’après cette victoire que se tracent en nous les plans du temple et les différentes divisions qu’il renferme, parmi lesquelles il en est une par où le Saint des Saints se communique à nous, comme il se communiquait au grand prêtre dans le temple de Jérusalem ; ce n’est qu’alors que se confirme en nous, et l’annonciation de la part de l’ange, et la conception par l’opération de l’Esprit-Saint, d’où nous pouvons espérer un heureux enfantement Divin, si nous remplissons toutes les conditions dont nous avons déjà parlé à ce sujet, et qui nous sont imposées à la fois par la sagesse, et par le besoin de notre propre régénération. Nouvel Homme 7

Car, lorsque le premier homme fut créé, Dieu ne lui dit point de se lamenter, et de passer sa vie dans les larmes, il lui dit qu’il l’établissait sur tous les ouvrages de ses mains ; il lui dit de donner des noms à tous les animaux ; il lui dit de remplir la terre et de la dominer ; mais après sa chute, la terre est maudite, il ne doit plus manger son pain qu’à la sueur de son front ; ainsi la famille humaine n’a plus de ressource et de salut dans la supplication, et le recours à la miséricorde du Seigneur, d’autant que les nouvelles prévarications des générations successives, ne font qu’accroître les maux et la misère de l’homme. Nouvel Homme 7

8. Quand l’homme prie avec constance, avec foi, et qu’il cherche à se purifier dans la soif active de la pénitence, il peut lui arriver de s’entendre dire intérieurement ce que le réparateur dit à Céphas : tu es pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon église, et les portes de l’enfer ne prévaudront jamais contre elle. Cette opération de l’esprit dans l’homme nous apprend qu’elle est la dignité de l’âme humaine, puisque Dieu ne craint point de la prendre pour la pierre fondamentale de son temple ; elle nous apprend combien nous devons nous nourrir de douces espérances, puisque cette élection nous met à couvert des puissances du temps, et plus encore des puissances des ténèbres et des abîmes ; elle nous apprend enfin ce que c’est que la véritable église, et que, par conséquent, nulle part, il n’y a d’église où cette opération invisible de l’esprit ne se trouve pas. Nouvel Homme 8

En un mot, l’idée de cet être puissant doit désormais devenir aussi inséparable de notre oeuvre que la pensée l’est de nos paroles, et de toutes les opérations qui en sont les fruits. Lors même que nous sentons contrariés dans notre entreprise, ou que nos forces se ralentissent, nous avons le droit d’interpeller par ses propres paroles celui qui nous a dit qu’il voulait fonder sur nous son église ; nous avons droit de lui rappeler que sa parole ne peut pas passer ; comme l’a promis (Isaïe 55) ma parole qui sort de ma bouche ne retournera point à moi sans fruit ; mais elle fera tout ce que je veux, et elle produira l’effet pour lequel je l’ai envoyée. C’est honorer Dieu que de se servir ainsi des titres qu’il nous donne envers lui, et il ne demande pas de nous voir en faire un pareil usage ; et la preuve que c’est l’honorer que d’agir ainsi, c’est que nous ne tardons pas à recevoir le prix de notre confiance, et que la paix et la lumière renaissent bientôt dans notre être, quand nous avons employé ce moyen. Nouvel Homme 8

Réveille-toi donc, homme, chaque jour avant l’aurore pour accélérer ton ouvrage. C’est une honte pour toi que ton encens journalier ne fume qu’après le lever du soleil. Ce n’est point l’aube de la lumière qui devait autrefois avertir ta prière de venir rendre hommage au Dieu des êtres, et solliciter ses miséricordes, c’est ta prière qui devait elle-même appeler l’aube de la lumière et la faire briller sur ton oeuvre, afin qu’ensuite tu puisses du haut de cet orient céleste la verser sur les nations endormies dans leur inaction, et les arracher à leurs ténèbres. Ce n’est que par cette vigilance que ton édifice prendra son accroissement, et que ton âme pourra devenir semblable à l’une de ces douze perles qui doivent un jour servir de portes à la ville sainte. Nouvel Homme 8

Ne te relâche donc point, homme de désir, car le Dieu des êtres lui-même ne dédaigne pas de venir faire alliance avec ton âme, il ne dédaigne point de venir opérer avec elle cette divine et spirituelle génération dans laquelle il t’apporte les principes de vie, et veut bien te laisser le soin de leur donner la forme. Si tu voulais t’observer avec attention, tu sentirais tous ces principes divins de l’essence éternelle, délibérer et agir puissamment en toi chacun selon leur vertu et leur caractère ; tu sentirais qu’il t’est possible de t’unir à ces suprêmes puissances, de devenir un avec elles, d’être transformé dans la nature active de leur agent, et de voir toutes tes facultés s’accroître et s’aviver par de divines multiplications ; tu sentirais ces divines multiplications continuer et s’étendre journellement en toi, parce que l’impression que les principes de vie auraient transmise sur ton être les y attirerait de plus en plus, et qu’à la fin ils ne feraient plus que s’attirer véritablement eux-mêmes en toi, puisqu’ils t’auraient assimilé à eux. Nouvel Homme 8

Tu pourrais alors te faire une idée de ces joies futures dont tu goûterais déjà les prémices; tu aurais de délicieux pressentiments, que grâce aux miséricordieuses faveurs de celui qui t’a créé et qui veut bien te régénérer, ton entrée dans la vie t’est comme cautionnée par lui, et que tu peux dire avec une sainte sécurité inspirée par lui : Mon âme ne m’a point été donnée en vain ; il a daigné la faire renaître pour l’appliquer à l’oeuvre active à laquelle ma sublime émanation me donnait droit de prétendre, et il me promet encore de me faire recueillir un jour les fruits du champ que lui-même a bien voulu cultiver par mes mains. Que ce Dieu de toute puissance et de toute consolation soit à jamais honoré comme il devrait l’être, et comme il le serait des hommes, s’il leur était plus connu ! Nouvel Homme 8

Disons-nous sans cesse les uns aux autres : le médicament spirituel veut nous rendre la santé, et la vie ; le Dieu universel veut passer tout entier par notre être afin de parvenir jusqu’à l’ami qui nous accompagne ; il veut y passer souffrant, avant d’y passer dans sa gloire, il veut rompre les liens qui nous enchaînent dans la caverne des lions et des bêtes féroces et venimeuses, il veut régénérer notre parole par l’impression de sa propre parole, il veut fonder sur notre âme son église, afin que les portes de l’enfer ne prévalent jamais contre elle, il veut s’unir à nous pour opérer avec nous une génération spirituelle dont les fruits soient aussi nombreux que les étoiles du firmament, et puissent comme elles faire briller universellement sa lumière ; et tous ces biens qu’il veut nous procurer, il veut les réaliser en nous par l’annonciation de son ange, et par la sainte conception de son esprit, puisque c’est là le terme final de tous ses desseins et de toutes ses manifestations : louons-le dans la magnificence de ses merveilles, et dans l’abondance de ses trésors ; mais que ce soit dans le chemin et en faisant notre route que nous occupions ainsi notre pensée ; afin que ces saintes méditations nous servent à adoucir les fatigues du voyage, et non pas à nous arrêter. Nouvel Homme 8

Défie-toi donc, homme, de ces lumières précoces qui t’arrivent sur la nature de l’être qui veut te gouverner à ton insu. Il est le Dieu inconnu, il veut planer sur toi, comme le soleil plane sur les humbles plantes, et lorsqu’il te viendra de ces rayons brillants qui ont tant de pouvoir pour nous éblouir, dis-leur : vous me ravissez, vous m’éclairez, mais dès que je vous vois, vous n’êtes point mon Dieu, vous n’en êtes que les images. Mon Dieu est encore au-dessus de vous, parce que son action doit être éternellement une surprise et un miracle pour moi, sans quoi je ne serais pas son fils. Dis-leur que tu veux rester constamment et exclusivement dans la main de ce Dieu inconnu qui t’approche secrètement, et te soulève pour te faire voguer en sûreté au-dessus des abîmes, et te remplir par là de plus de joies et de consolations que si tous les trésors des cieux étaient ouverts devant tes regards. Car voilà la véritable renaissance ; voilà ce fils chéri qui vient de recevoir le jour. Nouvel Homme 10

Tremble Hérode, ton trône est menacé. Il vient de naître un roi des Juifs. Les bergers ont entendu les anges chanter la naissance de ce fils de l’homme ; les mages ont vu son étoile dans l’Orient, ils viennent le visiter, et leur offrir leur or et leur encens. Tu as beau faire exterminer les enfants de Rachel pour calmer tes craintes, ce fils est un fils qui ne s’extermine point par la main de l’homme, parce qu’il n’est point né de la volonté de chair, ni de la volonté de l’homme, ni de la volonté du sang, mais il est né de Dieu ; aussi le Dieu qui l’a formé saura veiller sur ses jours, et il le fera réfugier dans l’Égypte, jusqu’à ce que les temps de ta fureur soient écoulés, et que le temps de la gloire de son fils soit arrivé. Nouvel Homme 10

11. Lorsque Dieu voit qu’en nous donnant à lui, nous n’avons rien gardé de nous, il nous donne en retour une étincelle sacrée qui, à elle seule, est des millions de fois plus que notre être, et qui nous apprend combien nous avons gagné dans cet échange. Oui, notre Dieu est un Dieu effectif et réel ; ce qu’il opère alors en nous doit être effectif et réel comme lui. Ainsi ce n’est point une espérance mensongère que celle qui nous promet de nous faire sentir physiquement l’épée divine, le souffle divin, le feu du sanctuaire, et le contact vif de la puissance active et animante. Et même nous ne sommes que dans les ombres et dans les figures, tant que ce mouvement sacré et sensible ne s’est pas opéré en nous ; comme le feu des corps est nul en quelque sorte, tant qu’il n’est pas en contact et en conjonction avec tous les points de l’air libre, et de l’atmosphère vivante qui l’environne. Nouvel Homme 11

Je voudrais bien qu’ils me crussent, mes malheureux frères, je pourrais leur présenter sur cet objet des vérités bien consolantes. Je leur dirais : vous voyez que votre langue et votre palais ont le discernement des saveurs, et des diverses propriétés des sels ; vous voyez que les substances alimentaires sont soumises à ce discernement de votre organe matériel ; vous voyez que votre intelligence a le discernement des esprits, et que par elle vous pouvez les éprouver, les vérifier, les goûter, et les juger ; EH bien, descendez encore un peu plus au fond de vous-mêmes, vous allez trouver que votre coeur a le discernement des intentions, des facultés, des opérations, et des mouvements de votre Dieu lui-même ; et que vous êtes l’organe sacré auquel il veut bien laisser faire l’épreuve de tout ce qu’il daigne envoyer hors de son éternel centre ; c’est sur cette langue invisible, mais impérissable que se peut faire l’essai de tous les sels Divins que la sagesse envoie continuellement dans l’atmosphère l’esprit. Nouvel Homme 11

12. Puisque notre Dieu est un être effectif, tout doit être effectif dans ce qui l’approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi, pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu’il ne vienne à nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu’il n’imprime sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son effectivité ; croyons en outre que si par cette effective influence Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières, de forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement vive, nous pouvons espérer de produire cette même température effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive effectivité de notre Dieu ne cherche qu’à s’établir et se répandre, afin que selon son désir tout soit plein de lui. Nouvel Homme 12

Oui, Dieu de ma vie, tu m’appelleras, et je te répondrai en t’immolant des sacrifices effectifs dont les fruits et la récompense seront de vivre avec ton esprit, par ton esprit, et dans ton esprit. Tu veux bien ne pas dédaigner mon âme quelque misérable et quelqu’infirme qu’elle soit ; après lui avoir fait prendre le médicament d’amertume, tu lui feras connaître aussi le médicament de la joie, et de l’adoucissement ; et cet adoucissement, ce sera de t’emparer d’elle, de la presser par l’impulsion de ta main dans tous les mouvements qu’elle a à faire, et de ne pas la laisser un instant sans toi. Nouvel Homme 12

L’homme est tranquille au milieu des abîmes qui l’environnent ; il oublie que ses ennemis sont si redoutables, qu’il ne peut pas abattre le moindre degré de leur puissance, qu’autant que la force Divine, elle-même, se met en mouvement, et sans qu’il n’en coûte à Dieu, une opération, et un acte réel de sa force et de son action entière. L’ennemi ne l’ignore pas cette vérité ; aussi, il ne remue pas tant que nous ne mettons en jeu que nos puissances inférieures et particulières à l’homme ténébreux ; et un de ses grands secrets, c’est d’abuser les mortels par d’apparents succès fondés sur des prières faibles et illusoires, qui les font dormir dans le sommeil de la mort ; c’est par là qu’il dévore journellement toute la terre. Nouvel Homme 12

Si le conseil céleste doit délibérer jusque dans notre propre sein, il en résulte pour nous une loi puissante, et qui porte avec elle l’empreinte d’une terreur salutaire ; c’est que nous ne devrions pas nous permettre un acte, ni un mouvement qui ne fût la suite d’une délibération de ce conseil céleste que Dieu même ne craint point de tenir dans notre âme ; ainsi toutes nos oeuvres ne devraient être que l’accomplissement vif et effectif d’un décret Divin prononcé en nous, comme notre existence spirituelle est l’accomplissement continu du nom sacré qui nous a produits, et qui nous produit continuellement. Nouvel Homme 13

Ressouviens-toi aussi que tous les décrets de ce conseil céleste ne peuvent avoir pour but que la paix, la gloire, le bonheur, et l’extension du règne de la vie ; ainsi, dès que dans toi le conseil céleste veut bien prononcer de pareils décrets, chacun de tes pas et de tes mouvements doit être une victoire, une exécution de quelque jugement Divin, une délivrance de quelque esclave, et un accroissement du règne de la lumière ; et toutes ces oeuvres sont autant d’hymnes à la gloire de celui qui est venu en délibérer en toi, et les décréter, et qui veut bien t’en confier l’opération pour te transmettre, par ce moyen, des étincelles de cette joie Divine, et immortelle qui est l’élément primitif de ton existence. Prends courage, l’entreprise demande des soins et de l’attention, mais en peu de temps, tu te sentiras dédommagé de tes peines, et tu te diras : comment Dieu ne serait-il pas un être incompréhensible, puisque je sens que l’homme a aussi ce privilège, et que pour qu’il pût être connu de ses semblables, quand il est rentré dans sa loi, il faudrait que les cieux et la terre fussent renouvelés pour eux, sans quoi il n’est à leurs yeux qu’une masse muette et sans valeur ? Nouvel Homme 13

Mais si tu veux te mieux instruire encore de ta loi, réfléchis quelle est la première délibération de ce grand conseil céleste qui se passe en toi. La première, et pourra ainsi dire, la continuelle délibération qui s’y passe, est que le Dieu qui t’a formé, se rende pour toi le Dieu souffrant ; oui, perpétuellement Dieu y dit : Oublions ma gloire pour sauver l’homme, humilions-nous pour le relever, et portons les fardeaux qu’il ne peut plus porter lui-même. Nouvel Homme 13

Songe, âme de l’homme, que c’est le Dieu même qui pleure en toi, pour que tu puisses, par ses propres douleurs, parvenir aux consolations. Songe qu’il pleura avant de dire à Lazare : Levez-vous. Songe qu’il pleure à tout instant dans tout ton être, et qu’il ne cherche qu’à établir son propre jeûne ou sa propre pénitence dans ton centre élémentaire, dans ton centre spirituel, et dans ton centre Divin. Si Dieu pleure en toi, comment te refuserais-tu à pleurer avec lui, comment t’opposerais-tu à laisser librement circuler en toi, ces torrents enflammés de la pénitence sacrée, dans lesquels l’éternel amour t’engage à faire ta demeure avec lui-même, pour qu’ensuite tu fasses aussi ta demeure avec lui dans l’allégresse et dans la vie. Fais donc en sorte de n’être plus que douleur, que soupirs, que lamentations car ce n’est plus que de cette manière-là que tu peux aujourd’hui être l’image et la ressemblance de ton Dieu. Nouvel Homme 13

14. Quelle est cette âme qui paraît si joyeuse et si remplie d’allégresse ? C’est une âme que Dieu vient de visiter, et à qui il a laissé en présent, des gages précieux de son amour et de sa richesse. Vois-tu comme elle regorge de délices et d’abondance ? C’est qu’il a été envers elle exact et fidèle à la promesse qu’il a faite de se rendre auprès de ceux qui l’invoqueraient. Aussi, depuis qu’elle a reçu ces riches présents, elle va opérer la justice sur les prévaricateurs ; elle va rétablir l’ordre et la mesure sur la terre ; elle va s’affilier à toutes les sociétés spirituelles qui la reconnaîtront pour un de leurs membres ; elle va habiter à demeure dans l’Est Divin, sa première patrie, parce que le Seigneur a prononcé sur elle, le mot créateur qui a développé à la fois toutes les propriétés, tous les dons, tous les attributs dont elle est l’assemblage et l’agent. Il a promené sur elle son oeil vivificateur, et elle s’est trouvée régénérée dans tout son être, comme toute la nature se régénère aux regards vivifiants du soleil. Nouvel Homme 14

Bientôt aussi le Dieu de la vie vient visiter notre âme, et nous pouvons dire alors avec jubilation : Dieu vit en moi, Dieu va vivre dans ma pénitence ; il vivra dans mon humilité, il vivra dans mon courage, il vivra dans ma charité, il vivra dans mon intelligence, il vivra dans mon amour, il vivra dans toutes mes vertus ; parce qu’il a promis qu’il serait un avec nous, toutes les fois que nous nous réclamerions à lui au nom de celui qu’il nous a envoyé pour nous servir de signe, et de témoignage entre lui et nous. Ce signe ou ce témoignage est éternel comme celui qui nous l’a envoyé, assimilons-nous à ce signe et à ce témoignage, et nous participerons à sa Divine et sainte sécurité, et nous serons comme lui tellement pleins de la vie, que la seconde et la première mort demeureront loin de nous, et nous serons tout là fait étrangères. Nouvel Homme 14

Repose-toi sur cette loi qui est infaillible, et contre laquelle les illusoires prudences de l’ennemi ne doivent jamais obtenir ton acquiescement. Car la seule vertu que Dieu demande de nous, c’est la confiance ; ainsi le seul tort que nous puissions avoir envers lui, c’est la timidité, c’est la lâcheté. Mais aussi dès que tu as pris cette sainte résolution, et dès que tu as mis en usage les armes sacrées, regarde-toi comme engagé dans la milice Divine et spirituelle, et songe que la moindre négligence peut te rendre indigne de porter le nom de soldat de la vérité ; songe que la moindre négligence peut t’exposer à prendre le nom de Dieu en vain, songe enfin que ce sera pour toi un crime désormais que de manquer une seule occasion d’exercer tes fonctions saintes, et de faire un seul pas sans que tu n’emploies le nom du Seigneur, parce qu’il est dit : Heureux celui qui persévérera jusqu’à la fin. Nouvel Homme 14

Ame humaine, ta seule expérience t’instruira plus sur cela que toutes les doctrines. Essaie de t’élever dans la région pure, simple, et Divine ; tâche d’y rester assez longtemps pour t’y pénétrer de l’éternelle, et douce influence qui la remplit, tu goûteras alors des joies si pénétrantes, mais en même temps si calmes et si paisibles que l’univers entier, malgré la beauté de ses lois et les puissances spirituelles qui le gouvernent, te paraîtra une sorte de superposition étrangère à la nature Divine ; tu sentiras que tu n’as pas besoin de la présence de l’esprit pour être heureux quand tu es en présence de Dieu, et que, par conséquent, c’est Dieu et non l’Esprit qui est ta source. Nouvel Homme 14

Porte néanmoins dans toutes ces diverses oeuvres la soumission la plus entière aux volontés de celui qui te les envoie ; tâche, ou plutôt, n’oublie pas que tu les dois faire toutes en son nom ; et si tu veux apprendre ici un profond secret, ne sors jamais en pensée, et en esprit de cette région suprême ; joins continuellement les trois noms éternels, et ceux qui ne sortent jamais de leur Divine enceinte, avec les trois noms temporels Divins qui dirigent les trois opérations temporelles, ce sera le moyen d’être à la fois comme Dieu dans l’éternité et dans le temps. Ce que je te propose est d’autant moins impossible que tu peux en faire toi-même la plus certaine expérience, en observant la similitude des facultés internes et externes de ton esprit, sujet qui, à lui seul, demanderait un ouvrage à part, et que, pour cette raison, nous ne traiterons point dans cet écrit. Nouvel Homme 14

Présente-toi avec la même assurance à la région divine, et la vertu attachée à l’arche sainte te fera ouvrir les portes éternelles, et fera descendre sur toi quelques écoulements de ces influences vivifiantes dont se remplissent à jamais les demeures de la lumière. Cette arche sainte en deviendra elle-même le premier réceptacle, et elle te fera jouir des promesses destinées à ceux qui auront fait un usage courageux du médicament d’amertume, d’où dépend notre universel renouvellement. Elle deviendra l’organe des oracles sacrés, et il suffira que tu te mettes en sa présence pour les entendre ; car la voix de notre Dieu est une voix vive qui ne s’interrompt plus dès l’instant qu’elle a commencé ; et les sons de cette voix ne tendent qu’à remplir toute l’universalité de leur douceur enchanteresse, et si incomparable, que nous ne pouvons la concevoir tant que tout notre être n’a pas acquis entièrement une nouvelle substance, et n’est pas transformé dans toutes ses parties en une espèce d’écho Divin. Nouvel Homme 16

Cette même arche sainte engagera le grand prêtre de l’ordre de Mélchisédech à te revêtir lui-même de tes habits sacerdotaux qu’il aura bénis auparavant, il te donnera de sa propre main les ordinations sanctifiantes par le moyen desquelles tu pourras, en son nom, verser les consolations dans les âmes, en leur faisant sentir par ton approche, par ton verbe purificateur, et par la sainteté de tes lumières, que nous passons dans l’esclavage, dans les ténèbres, et dans la mort tous les moments où nous ne sommes point directement dans l’atmosphère de notre Dieu ; et tu seras dans sa main, comme les soldats dans la main de ce centenier qui dit à l’un : allez là, et il y va ; venez ici, et il y vient. Nouvel Homme 16

Ainsi ce fils chéri qui t’est accordé n’est point présenté aux temples qui ne sont bâtis que de la main des hommes, il n’est point consacré sur les autels figuratifs, et sous les yeux des prêtres qui ne reçoivent leur caractère que dans le temps ; mais étant consacré à son père Divin, et sous les yeux du prêtre éternel qui, en opérant sa conception même, lui a imposé les mains de l’esprit, il n’est pas étonnant qu’il n’ait eu d’autre nourriture que l’esprit et le verbe ; il n’est pas étonnant qu’il croisse en sagesse, en âge et en grâce devant Dieu et devant les hommes ; il n’est pas étonnant que ceux qui l’entendent soient ravis en admiration de sa sagesse et de ses réponses. Nouvel Homme 17

L’homme ou l’esprit est l’extrait actif de toutes les puissances divines, puisque Dieu est vivant ; et cet extrait actif des puissances de Dieu, comme nous l’avons vu ci-dessus, est une parole, puisque Dieu est la parole éternelle. Mais Dieu est saint ; Dieu est l’éternelle sainteté toujours se prononçant elle-même ; il faut donc que l’homme, l’esprit, ou la parole extraite de cette parole éternelle, représente activement son principe, et que son existence soit réellement la sainteté prononcée, de façon que Dieu ne produise pas un seul être hors de son sein sans faire entendre hors de soi, par ce seul acte, le mot saint qui se prononce éternellement dans son centre divin. Nouvel Homme 17

Ainsi, l’homme, en recevant la naissance divine manifesta cette céleste parole qui produisit au-dehors la sainteté de Dieu ; ainsi lorsque depuis le crime la bonté souveraine veut bien régénérer l’homme, elle le met dans le cas de pouvoir répéter de nouveau, par sa propre existence, ce témoignage vivant et expressif de la source d’où il descend ; mais de même que l’homme ne put dans l’origine manifester ce témoignage actif, que parce qu’il était l’extrait universel des puissances et de la sainteté divine, de même aujourd’hui il ne peut recouvrer ce sublime privilège, et faire vraiment entendre dans sa plénitude, le nom de saint, que quand il a recouvré cette plénitude de rapports spirituels et divins qui lui rendent sa première nature. Nouvel Homme 17

Veux-tu savoir pourquoi l’homme n’est autre chose, par son origine, que ce mot saint prononcé par l’opération de Dieu ? Il faut pour cela que tu concourres avec moi, sans quoi cette preuve sera nulle pour toi. Essaie donc de te dépouiller de toutes tes entraves qui te retiennent dans les ténèbres, ramène-toi par des efforts et des prières constantes à ton unité spirituelle, et à ta simplicité originelle, tu entendras prononcer au-dedans de toi ce mot : saint, saint, saint, et tu auras par là un témoignage de la vérité de ce que je t’expose. Ne sois pas étonné qu’il te faille suivre cette marche pour retourner à ta nature primitive ; comme il n’y a que ton crime qui t’en a séparé, il n’y a que ta vertu, c’est-à-dire, ta fidélité aux grâces divines qui puisse t’y ramener ; mais aussi dès qu’en t’y ramenant, tu trouves au-dedans de toi ce mot saint, c’est une puissante démonstration que ce mot prononcé était autrefois tout ton être. Nouvel Homme 17

Je ne veux pas défigurer ce témoignage par un témoignage plus faible puisé dans les cris naturels de l’homme vers son Dieu quand il souffre, et qu’il est malheureux ; tu ne serais pas à portée de faire ton expérience sur des êtres dans leur nature, tu n’en vois autour de toi que d’altérés, et de manipulés par l’exemple et l’éducation ; d’ailleurs, les maux dont ils se plaignent ne sont pas ceux qui les obstruent le plus, et ils ne songent pas seulement à se délivrer de leurs vrais maux, qui seuls les empêchent de connaître leur vrai Dieu et de s’y réclamer. Néanmoins ne néglige pas ce que ton intelligence peut te faire apercevoir dans la conduite de l’homme le plus extraligné ; tu peux toujours y rencontrer quelque étincelle de vérité. D’ailleurs, si tu ne trouves sur ce point que des témoignages faibles dans l’homme qui souffre, tu en trouveras de plus frappants et de plus instructifs dans l’âme qui jouit et qui admire, et je te laisse le soin de les recueillir. Nouvel Homme 17

Dieu de force, Dieu de vie, Dieu de longanimité, aide-moi à accélérer ces temps si propices et si salutaires ! Aide-moi au moins à ne pas les retarder par ma défiance et ma lâcheté, aide-moi à préparer par la constante activité de ma pénitence l’empreinte sacrée de ton triple sceau sur toute ma personne, de ce triple sceau dont l’unité est un feu dévorant qui consume tout ce qui n’est pas né de l’esprit, de ce triple sceau qui n’abandonne plus l’âme humaine, dès qu’il a imprimé profondément sur elles ses vivifiants caractères, de ce triple sceau qui transporte aussitôt l’homme hors de cette sphère de langueur et de dégoût, où nous ne nous nourrissons que de la mort, au lieu de goûter les délices inexprimables du lieu de paix où nous avons puisé la naissance, et toi, sagesse sainte, qui devrais être notre aliment de toutes les heures, et de tous les moments, viens poser tes mains bienfaisantes sur ces signes sacrés que la bonté suprême a daigné attacher sur l’homme ; que tes mains soient comme autant de bandelettes qui contiennent et fixent le baume vivifiant qui a été appliqué sur mes plaies, et qu’elles en fassent pénétrer les sucs et les esprits régénérateurs jusque dans mes substances les plus corrompues, afin que le peu de vie qui y reste reprenne ses forces, et que mes membres reprennent leur agilité. Nouvel Homme 18

La loi du sort est infaillible quand elle vient visiter les prévaricateurs contre les ordonnances sacrées du Seigneur, et contre celles que l’homme de Dieu peut prononcer au nom de son souverain meure ; et si les hommes aveugles ont introduit cet usage dans leurs ténébreux jugements sur les simples prévarications inférieures, ils nous ont au moins montré qu’ils avaient conservé l’idée de ce redoutable pouvoir du sort, quoi-qu’ils ne pussent plus en faire qu’un usage faux, et abusif, dès qu’ils n’en possédaient plus l’esprit. Nouvel Homme 18

Songe donc que cette loi du sort, administrée par l’homme de Dieu, met par là l’esprit dans sa voie directe, au moyen de quoi elle ne peut manquer de conduire cet esprit à son but, comme un puissant remède que le savant médecin sait appliquer à propos, de manière que ce remède ne manque point d’aller chercher le mal dans ses plus profondes retraites, de le rencontrer, et de le frapper, quelque mélangé, et quelque combiné que ce mal soit avec des parties saines. Cette loi du sort de l’esprit est toujours en activité sur toi, et elle ne manquera point de découvrir d’abord quelle est celle de tes tribus qui se sera laissée aller à violer l’ordonnance de l’anathème, ensuite quelle est la famille de cette tribu qui renferme le prévaricateur, et enfin quel est l’individu de cette famille qui sera lui-même le coupable ; cette recherche ne cessera jamais ni pour toi, ni pour aucun homme, et c’est dans la grande vallée d’Achor qu’un jour à venir seront conduits les prévaricateurs, avec tout ce qu’ils auront réservé de l’anathème, et là ils seront lapidés par tout le peuple. Nouvel Homme 18

19. Faites place à l’esprit. Ne voyez-vous pas comme il se presse de fendre la foule ; c’est qu’il a à faire une oeuvre si importante, et il a tant de zèle qu’il craint de perdre un instant. Il a d’ailleurs un si grand espace à parcourir, qu’il craint de ne pas arriver jusqu’au terme, avant que le temps qui lui est donné pour cet objet ne soit expiré. Il faut qu’il se rende du lieu de sa demeure jusque dans les dernières profondeurs de l’homme ; faites place à l’esprit, et laissez-le arriver jusque dans les profondeurs de l’homme. Il n’y vient que pour y placer la parole de la sainteté, d’où l’homme verra croître en lui à la fois les sept vertus, qui seront les sept colonnes de cet édifice fondé sur le roc vif, et qui doit être l’éternelle église de notre Dieu. Nouvel Homme 19

Nous avons vu ci-dessus avec quelle lenteur les différents sédiments se rassemblaient dans la terre pour y former le roc vif, et les masses de pierre ; mais nous voyons aussi de quelle immense utilité sont pour nous ces substances solides que nous extrayons du sein des rochers. Laissons, laissons donc aussi accumuler en nous avec un respectueux et prudent désir les influences vivantes, et les sédiments spirituels que la vérité dépose journellement dans notre sein. Non seulement nous pourrons un jour en extraire des pierres vives pour servir de base à nos édifices de tout genre, non seulement nous en ferons des remparts pour nos forteresses, non seulement nous pourrons en former des palais et des temples, mais nous pourrons en former aussi de longs aqueducs qui amèneront l’eau des endroits les plus éloignés dans les places et les lieux stériles, afin d’y rétablir la vie et la végétation ; enfin nous pourrons en former de solides et vastes ponts qui nous aideront à traverser en sûreté les fleuves et les torrents ; car le Dieu des êtres ne cherche autre chose que de réaliser dans nous toutes les lois vives dont la nature et le temps ne cessent de nous présenter des images passagères et matérielles. Nouvel Homme 19

Ce sont ces temps silencieux et gouvernés par la prudence et la retraite, qui disposent l’homme à remplir un jour sa mission avec succès, pour la gloire de son maître, pour l’avantage de ses propres frères, et pour l’avancement du règne du Seigneur, en se remplissant ainsi chaque jour des forces nécessaires pour aller attaquer les ennemis de la vérité, et les plonger dans leurs ténébreux précipices. Ainsi saint Luc nous apprend-il que le réparateur, en attendant l’heure de la consommation, passait ses jours dans la prière et dans les déserts ; aussi Moïse, que l’on doit regarder comme un des précurseurs de ce Divin réparateur, passait-il ses jours dans les déserts de Madian, jusqu’au moment où il reçut ordre du Seigneur d’aller délivrer ses frères, et de commander à Pharaon de laisser aller le peu le de Dieu en liberté, afin qu’il pût offrir ses sacrifices à l’Eternel. Nouvel Homme 19

Ainsi, unité dans l’amour, unité dans l’oeuvre de la pénitence, unité dans l’humilité, unité dans le courage, unité dans la charité, unité dans le dépouillement de l’esprit de la terre, unité dans la résignation, unité dans la patience, unité dans la soumission à la volonté suprême, unité dans le soin de nous revêtir de l’esprit de vérité, unité dans l’espérance de recouvrer les biens que nous avons perdus, unité dans la foi que notre volonté purifiée et unie à celle de Dieu doit avoir son accomplissement dès ce monde, unité dans la détermination à dissiper les ténèbres de l’ignorance dont notre séjour nous enveloppe, unité dans la vigilance, unité dans la constance à la prière, unité dans la continuelle culture des écritures saintes, enfin unité dans tout ce que nous sentons être propre à nous purifier, à nous alléger de ce bas monde, et à nous avancer dans notre royaume qui est le royaume de l’esprit, et le royaume de Dieu ; voilà la loi que nous devons nous imposer. Nouvel Homme 21

Quoique ces différentes unités soient intimement liées ensemble, et appartiennent à la même racine, ce n’est point à dire pour cela qu’elles doivent toutes agir à la fois ; il n’y a que Dieu dans qui toutes les unités paisibles, et douces, soient dans une perpétuelle, et commune activité, parce qu’il n’y a que lui qui soit la vraie, et radicale unité. Nouvel Homme 21

Dieu suprême, comment nous flatter en effet que dans l’état d’opprobre et d’iniquité où nous languissons, nous puissions habiter en toi, et que tu daignes habiter en nous ! Comment ton unité universelle s’unirait-elle à des unités aussi incomplètes que celles qui se manifestent journellement dans l’homme ? Bien plus, comment s’unirait-elle à des nombres dont l’irrégularité est si manifeste ? Nouvel Homme 21

22. Si nous pénétrions davantage dans l’industrieuse sagesse de notre Dieu, nous suspendrions bientôt nos murmures contre les obstacles que nous rencontrons dans notre région terrestre. Tous ces obstacles, toutes ces difficultés, nous sont envoyés pour différer cette explosion divine, dont nous sommes si peu dignes, que, je le répète, nous chercherions à nous cacher dans les cavernes de la terre, si l’on nous en laissait connaître le moindre aperçu, avant notre terme. En même temps, ils servent à développer en nous toutes ces unités partielles dont nous avons parlé précédemment, et qui doivent nous aider à rétablir nos relations avec notre principe, et à nous rendre de nouveau son image. Car ce serait en vain que nous croirions nous être rendus de nouveau son image, si nous n’avons pas porté toutes nos unités jusqu’à la mesure où elles peuvent atteindre ; puisque c’est le complément, et la juste mesure de ces unités qui peut seule nous rendre les traits de notre ancienne ressemblance avec notre principe. Nouvel Homme 22

C’est donc à extraire les pierres des carrières, à les tailler, à les transporter, à les poser à demeure dans la place qu’elles doivent occuper dans l’édifice, que la sagesse et l’esprit du Seigneur s’occupent journellement à notre égard ; et les instruments qu’ils emploient pour cela, ce sont les mêmes obstacles, et les mêmes contrariétés spirituelles que nous rencontrons dans notre carrière, et dont l’homme novice aux secrets de Dieu ne connaît pas assez le prix pour sentir qu’il n’y a pas une de ces épreuves soutenues avec foi et courage, qui ne doive se terminer pour lui par la naissance et le développement d’une unité ; et que c’est par ces accumulations d’unités acquises par autant d’épreuves, et de victoires, qu’il doit voir s’élever en lui le nouvel homme ou l’édifice des élus. Nouvel Homme 22

Armons-nous donc de courage, et de confiance quand l’esprit juge à propos d’employer ses instruments sur notre être spirituel, et ne nous scandalisons point, ne nous rebutons point quelle que soit la forme sous laquelle ces instruments se présentent, et s’approchent de nous. Ayons continuellement devant les yeux le psaume 68:7-8, etc. : Que ceux qui attendent après toi, ô Seigneur, ne rougissent point à cause de moi, que ceux qui te cherchent ne soient point confondus à mon sujet, ô Dieu d’Israël ! Parce que c’est à cause de toi que j’ai supporté les reproches, et que la honte a couvert ma face. Nouvel Homme 22

S’il est donc vrai que l’esprit, que le Réparateur lui-même se soient cachés et se cachent tous les jours sous la forme de ces instruments salutaires, ne les repoussons pas à cause de l’âpreté ou de la bassesse des couleurs qu’ils empruntent ; ne nous laissons point gagner par la confusion malgré leur abjection ; parce que c’est à cause de Dieu que la honte couvre ainsi leur face, et que si nous manquons l’occasion qu’ils nous offrent de partager un jour la gloire qu’ils ont de vivre dans la grande unité, en partageant avec eux, ici-bas, les fatigues, et les reproches qu’ils essuient pour nous élever jusqu’à eux, nous ne jouirons ni de la même communion qu’eux avec la grande unité, ni du développement merveilleux de notre unité intérieure, ni de celui de nos unités particulières ; c’est-à-dire, que nous ne formerons point ce temple éternel dont l’homme trouve en soi tous les matériaux. Nouvel Homme 22

Ainsi donc, en descendant en lui-même, il trouvera un grand temple, où il entendra parler un zélé pasteur qui, sans qu’il le voie, lui criera de toutes ses forces : lamentation, exclamation, purification, sanctification, supplication, consécration, administration ; voilà à la fois ta tâche et les moyens de la remplir. C’est par là que s’accompliront les saintes promesses que l’Eternel a faites par serment à tes pères ; c’est par là que tu deviendras l’héritage du Seigneur après qu’il t’aura délivré de la fournaise de fer où l’on adorait les astres, qu’il t’aura pris pour son peuple au milieu des autres nations, qu’il aura voulu être lui-même ton Dieu au milieu de tous ces dieux passagers qu’honorent tous les autres peuples, et qu’il t’aura mis en possession de ce pays où tu seras assez plein de lui pour pouvoir jurer par son nom (Deutéronome, chap. 4 et chap. 6). Nouvel Homme 23

Pourquoi Dieu sollicite-t-il ainsi l’homme par tant de moyens si variés, si répétés, si soutenus et si continuels ? C’est pour qu’il soit en tout point l’image et la ressemblance de cette éternelle divinité ; car ce n’est point assez pour cette ressemblance que l’homme puisse lire dans les merveilles de la sagesse, ce n’est point assez qu’il puisse les peindre, et les exprimer par ses oeuvres, ce n’est point assez que sa parole puisse répéter autour de lui les oeuvres de cette divinité suprême, il faut que, comme elle, il puisse exercer de pareils droits volontairement, et par le privilège sacré de son saint caractère, afin que, partageant les puissances de son éternel principe, il en partage aussi la gloire, et soit ainsi la réelle image de ce principe, au lieu de n’en être, comme la nature, que l’image figurative ; et voilà pourquoi la sagesse divine le sollicite avec tant d’amour, et tant d’industrie, et évite avec tant de soin de le forcer, parce qu’elle considère, et respecte, pour ainsi dire en lui, ce privilège honorable dont elle-même l’a rendu dépositaire. Nouvel Homme 23

Lors donc, homme, que tu seras parvenu à cette terre que Dieu a promise par serment à tes pères ; aie grand soin d’y observer fidèlement les lois et les ordonnances du Seigneur, si tu veux te maintenir longtemps dans tes possessions, et si tu ne veux pas que les nations que tu dois vaincre te rendent elles-mêmes leur esclave. Car si le Seigneur considère, et respecte, pour ainsi dire, le privilège honorable dont il t’a rendu dépositaire, ce ne sera jamais que lorsque tu concourras avec lui à l’accomplissement de ses desseins, et à la manifestation de son nom ; et il ne prend pas moins le soin de sa justice que celui de sa gloire ; autant il cherche à ne te pas forcer dans tes oeuvres pures et glorieuses, autant il a de puissance pour t’arrêter dans tes oeuvres fausses, et pour résister aux efforts de ta volonté criminelle. Nouvel Homme 23

Qu’étais-tu, homme, lorsque l’Éternel te donnait la naissance ? Tu procédais de lui, tu étais l’acte vif de sa pensée, tu étais un Dieu pensé, un Dieu voulu, un Dieu parlé, tu n’étais rien tant qu’il ne laissait pas sortir de lui sa pensée, sa volonté, et sa parole. Il n’a pas changé de loi, il ne peut y avoir que lui qui t’engendre, et ce n’est que par lui que tu peux engendrer des oeuvres régulières. S’il n’engendre donc pas son nom en toi avant que tu dises : au nom du Seigneur, tu n’agis plus que de mémoire quand tu prononces ce nom, et voilà pourquoi tant d’hommes le prononcent en vain sur la terre, et nous prouvent d’une manière si affligeante que malheureusement, l’homme n’est, ne vit, et n’agit que dans la vanité et le néant. Nouvel Homme 23

Voyons donc ainsi croître en paix ce nouvel homme ; voyons-le sacrifier à tout moment tout ce qui n’est pas du ressort de la parole, et faire en sorte, par ce moyen, que la parole prenne en lui la place de tout ce qui la gênait, et l’empêchait de venir démontrer à cet homme qu’il est une pensée du Dieu des êtres, une parole du Dieu des êtres, une opération du Dieu des êtres. Voyons-le par ces sacrifices journaliers, et continuels, mourir par degrés dans la parole, et s’ensevelir tellement dans la confiance en cette parole, qu’elle puisse elle-même ressusciter en lui dans les mêmes mesures, et qu’elle finisse par y manifester complètement, et universellement son action de vie, lorsqu’il aura fini de son côté, par manifester en elle complètement, et universellement son action de mort. Nouvel Homme 24

Le nouvel homme qui considérera ces paroles instructives, apprendra combien il est utile pour nous qu’il y ait plusieurs régions, afin que nous puissions être éprouvés de nouveau, et payer double dans les régions suivantes, si nous n’avons rien payé dans les régions antérieures ; il apprendra combien il est avantageux pour nous que nous subissions différentes servitudes dans ces diverses régions, puisque toutes ces servitudes, quand elles nous sont envoyées par la main du Seigneur, ne peuvent avoir pour but que notre amélioration. Car, même dans l’ordre de la nature, combien d’arbres n’ont-ils pas besoin d’être transplantés ? Et en effet, si nous n’avions pas besoin de passer par ces diverses purifications, il n’y aurait qu’une seule région ; et si nous n’avions pas besoin de ces diverses contemplations, il n’y aurait qu’un seul climat. Quelle superbe économie que celle de la sagesse de notre Dieu ! Il laisse régner au-dehors, sur son administration à notre égard, les couleurs rigoureuses de la justice, pour imprimer partout la terreur, et la crainte de sa puissance ; mais il dirige secrètement toutes les voies de cette administration vers notre utilité réelle, et vers notre véritable avancement, afin que, si nous avons dû commencer par le craindre, nous ne puissions nous empêcher de finir par l’aimer. Nouvel Homme 24

Jacob, prévoyais-tu les consolations dont serait comblée un jour ta postérité, lorsque tu descendais dans l’Égypte, et que tu pleurais sur la dureté de l’ordre du roi qui y avait fait descendre avant toi tes enfants ? Ta douleur même t’avait fait oublier les promesses que l’Éternel avait faites à Abraham, et que tu ne pouvais pas ignorer. Tu ne t’occupais que de la rigueur de ton sort, et tu ne songeais pas que d’après le serment de l’Eternel, ta postérité serait mise un jour en possession de la terre de Canaan, au milieu des prodiges, et des merveilles qui manifesteraient les desseins glorieux que ce Dieu souverain avait sur son peuple, en le préparant par la servitude de l’Égypte. Nouvel Homme 24

Et toi, Israël, lorsque tu fus envoyé à Babylone, espérais-tu voir la réédification de ton temple ? Et ne pris-tu pas même pour une dérision, et un mensonge le conseil que Dieu te faisait donner par ses prophètes, de te livrer avec soumission entre les mains du roi d’Assyrie, tant tu étais loin de te persuader que de Dieu eût sur toi des desseins bienfaisants et salutaires ? Enfin, peuple choisi, toi qui languis pour la troisième fois dans la servitude, ne te rappelles-tu pas les paroles de ton législateur, oh, s’ils savaient par où toutes ces choses finiront ! (Deutéronome 32, 29), et ne sens-tu pas que sans cette triple épreuve, tu n’aurais pas été assez pur pour soutenir la majesté de ton Dieu ? Nouvel Homme 24

25. Quelles étaient les menaces que Dieu faisait au peuple d’Israël en cas qu’il s’éloignât des préceptes, et des ordonnances que le Seigneur lui avait donnés par ses envoyés ? C’est qu’il serait déçu dans toutes ses espérances; c’est qu’il bâtirait des maisons, et qu’il ne les habiterait point, c’est qu’il épouserait des femmes, et que des étrangers les déshonoreraient, c’est qu’il aurait des fils et des filles et qu’il ne les élèverait point, c’est qu’il planterait des vignes et sèmerait des champs et qu’il n’en recueillerait point les récoltes. Nouvel Homme 25

Mais quelles sont au contraire les promesses que Dieu a faites à ce même peuple, s’il a soin de demeurer fidèle à sa loi ? Les voici (Deutéronome 6:10) : Le Seigneur, votre Dieu vous fera entrer dans la terre qu’il a promise avec serment à vos pères Abraham, Isaac et Jacob, et il vous donnera de grandes, et de très bonnes villes que vous n’aurez point fait bâtir, des maisons pleines de toutes sortes de biens, que vous n’aurez point fait faire, des citernes que vous n’aurez point creusées, des vignes, et des plants d’oliviers que vous n’aurez point plantés. Nouvel Homme 25

Mais parmi toutes les nations en est-il une qui porte en elle plus éminemment que l’homme le nom de ce Dieu suprême ? Et parmi les hommes, en est-il d’autre que le nouvel homme qui puisse être susceptible de manifester la gloire, et les avantages attachés à ce puissant privilège ? C’est donc en lui que nous devons apprendre à en admirer le merveilleux caractère. En effet, nous ne craindrons point de nous égarer en lisant, dans ce nouvel homme, la marche que le peuple hébreu a suivie lui-même sous les yeux de la suprême sagesse qui l’a arraché des mains de ses ennemis par des prodiges, et des signes si extra-ordinaires. Nouvel Homme 25

Oui, nouvel homme, nous pouvons voir en toi la montagne du Sinaï tout entière, avec toutes les merveilles qui s’y sont passées. Nous pouvons voir à ta naissance miraculeuse, ce lieu sacré se couvrir de nuages célestes d’où sortent des feux, et des éclairs ; nous pouvons voir les animaux trembler à cet aspect et le peuple lui-même n’oser en contempler l’éclat, et te prier, comme les Hébreux prièrent Moïse, de voiler ta face pour ne pas les éblouir ; nous pouvons te voir demeurer seul pendant quarante jours sur cette montagne, pour y recevoir tous les degrés de ton ordination dans la loi temporelle ; nous pouvons te voir recevant de Dieu les préceptes du Décalogue, et nous les exprimer par ton essence même encore plus que par ta parole ; nous pouvons t’entendre nous dire au nom de ce Dieu, dont tu as seul approché : Nouvel Homme 25

« Je suis le Seigneur votre Dieu qui vous ai tirés de l’Egypte, de la maison de servitude, Nouvel Homme 25

Vous ne les adorerez point, et vous ne leur rendrez point le souverain culte. Car je suis le Seigneur votre Dieu, le Dieu fort et jaloux, qui venge l’iniquité des pères sur les enfants jusqu’à la troisième et quatrième génération dans tous ceux qui me haïssent, Nouvel Homme 25

Vous ne prendrez point en vain le nom du Seigneur votre ‘Dieu, car le Seigneur ne tiendra point pour innocent, celui qui aura pris en vain le nom du Seigneur son Dieu. Nouvel Homme 25

Mais le septième jour est le jour du repos consacré au Seigneur votre Dieu. Vous ne ferez en ce jour aucun ouvrage, ni vous, ni votre fils, ni votre fille, ni votre serviteur, ni votre servante, ni vos bêtes de service, ni l’étranger qui sera dans l’enceinte de vos villes. Nouvel Homme 25

Honorez votre père et votre mère, afin que vous viviez longtemps sur la terre que le Seigneur votre Dieu vous donnera. Nouvel Homme 25

C’est ainsi qu’Ezéchiel, uni à une de ces réalités, se transporte de Babylone à Jérusalem pour y voir les abominations que les prêtres commettaient dans le temple, et les effrayer ensuite par les terribles menaces de la justice du Seigneur; c’est ainsi qu’Habacuc, uni à l’une de ces réalités, se transporte à Babylone pour porter de la nourriture au prophète Daniel ; c’est ainsi que Philippe, uni à l’une de ces réalités, est transporté sur le chemin de l’eunuque de la reine d’Éthiopie, pour lui dessiller les yeux de l’esprit des écritures saintes. C’est ainsi que saint Paul, uni à l’une de ces réalités, est transporté au troisième ciel où il entend des choses ineffables ; enfin c’est ainsi que Job, David, et tous les prophètes du Seigneur, unis à ces réalités, passaient leurs jours et leurs nuits dans les contemplations des merveilles de Dieu, dans la jubilation du sentiment de la grandeur de l’homme et même dans les nourrissantes douleurs de la charité quoiqu’elles soient mille fois plus aiguës que les douleurs qu’enfante le monde, font cependant l’ambition de l’homme de Dieu, parce qu’il sait qu’il y doit trouver la consolation et la vie. Nouvel Homme 26

Mais ne te livre point à l’impatience, comme les Hébreux dans le désert, si tes succès ne sont pas aussi rapides que tes désirs seront ardents ; souviens-toi « de tout le chemin par où le Seigneur, leur Dieu, les a conduits pendant quarante ans, pour les punir et pour les éprouver, afin que ce qui était caché dans leur coeur, fût découvert, et que l’on connût s’ils seraient fidèles ou infidèles à observer ses commandements ; souviens-toi qu’il les a affligés de la faim, et qu’il leur a donné pour nourriture la manne qui était inconnue à leurs pères, pour leur faire voir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ; souviens-toi enfin que le Seigneur, leur Dieu, s’est appliqué à les instruire et à les régler, comme un homme s’applique à instruire et à corriger son fils. » Nouvel Homme 26

D’ailleurs, homme mon frère et mon ami, par cette douce vertu, ne retraçons-nous pas une vive image de notre principe ? Que fait-il autre chose du haut de son trône, que de manifester une inaltérable longanimité par laquelle il se montre patient envers tous les obstacles, et envers toutes les résistances ? Formons-nous donc, comme lui, une sainte retraite au milieu des atmosphères corrompues dont nous sommes environnés. Soyons-y comme le passereau solitaire sur le toit, et que nos lamentations mêmes soient perpétuellement tempérées par l’espérance et par une sécurité inébranlable. Si nous sommes les enfants de notre Dieu, il ne nous perd pas de vue. Les suspensions et les langueurs doivent entrer aussi bien que les jouissances, dans les plans qu’il a formés sur nous, et nous devons être sûrs qu’il s’occupe assez soigneusement de nous, pour que nous le regardions toujours comme notre père, lors même que nous nous trouvons loin de lui. Nouvel Homme 26

Nouvel homme, ô toi enfant chéri de l’esprit, lorsqu’il t’arrivera « de mettre le pied dans cette terre promise, après que Dieu t’aura rendu maître de ce peuple d’une taille haute et surprenante, de ces enfants d’Enac que tu auras vus toi-même, que tu auras entendus, et à qui nul homme ne peut résister ; tu sauras que c’est le Seigneur lui-même qui passera devant toi comme un feu dévorant et consumant, qui les réduira en poudre, qui les perdra, qui les exterminera en peu de temps devant ta face, selon qu’il te l’a promis. Après que le Seigneur ton Dieu les aura détruits, devant tes yeux, ne dis pas dans ton coeur : c’est à cause de ma justice que le Seigneur m’a fait entrer dans cette terre, et qu’il m’en a mis en possession, puisque ces nations ont été détruites à cause de leurs impiétés, car ce n’est ni par ta justice, ni la droiture de ton coeur qui sera cause que tu entreras dans leur pays pour le posséder, mais elles seront détruites à ton entrée, parce qu’elles ont agi d’une manière impie, et que le Seigneur voulait accomplir ce qu’il a promis, avec serment, à tes pères Abraham, Isaac et Jacob ». Nouvel Homme 26

27. Nouvel homme, « Lorsque tu seras entré dans la terre promise, souviens-toi de n’y sacrifier à ton Dieu que dans le lieu qu’il aura choisi pour que tu lui rendes le culte qui lui est dû. Non seulement tu n’imiteras point ces nations impies qui ont dressé les autels sur tous les hauts lieux, sous des arbres touffus, et qui là offrent leurs sacrifices au Soleil, à la Lune, et à toute la milice du ciel, mais tu renverseras tous ces hauts lieux, tous ces autels et toutes ces idoles qui y sont honorées ; tu ne laisseras pas subsister la moindre trace de ce culte impie, selon que le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné, et tu viendras dans le lieu que le Seigneur t’aura indiqué pour lui immoler tes victimes. » Nouvel Homme 27

Mais, c’est dans ce fils chéri et conçu de l’esprit, c’est sur cette pierre fondamentale que tu dresseras ton autel au seul vrai Dieu, parce que c’est là seulement où il puisse être honoré, puisque ce n’est que là où il peut trouver un être qui soit réellement son image et sa ressemblance, et qui ait les facultés nécessaires pour entendre sa langue divine, et comprendre les oracles de sa sagesse éternelle : aussi ce n’est que là où tu pourras entendre sa voix sacrée, recevoir des réponses qui remplissent ton intelligence, et satisfassent à tous les désirs de ton coeur et à tous les besoins de ton esprit. Nouvel Homme 27

Compare les doctrines des autres dieux avec celle que tu pourras apprendre du Dieu unique, dans le sanctuaire unique, qu’il s’est choisi dans le coeur de l’homme. Ces autres dieux t’enseigneront des merveilles sujettes au temps, des merveilles qui, si elles s’accomplissent quelquefois, seront encore plus souvent le jouet des vicissitudes de la région mixte à laquelle ces dieux sont servilement attachés, des merveilles qui malgré leur accomplissement même s’effaceront de ta mémoire après que l’événement sera passé, et ne te laisseront pas plus de traces que les faits qui t’ont occupé dans ton enfance. Nouvel Homme 27

Avec le Dieu unique qui a choisi son sanctuaire unique dans le coeur de l’homme, et dans ce fils chéri de l’esprit que nous devons tous faire naître en nous, tu n’as point les mêmes dangers à craindre, et tu n’auras que des fruits salutaires à recueillir, parce qu’il est l’être simple, l’être vrai, le seul être qui soit impassible à toute influence qui ne serait pas celle de la vérité ; aussi s’est-il réservé à lui seul le pouvoir de la faire connaître, et de la manifester dans toute sa pureté ! Nouvel Homme 27

C’est là ce qu’il faisait enseigner au peuple hébreu sous des figures par son serviteur Moïse. La terre dont vous allez entrer en possession n’est pas comme la terre d’Egypte d’où vous êtes sortis, où après qu’on a jeté la semence, on fait venir l’eau par des canaux pour l’arroser, comme on fait dans les jardins (image des ces soins pénibles que demande le culte des dieux artificiels, et dont les faveurs dépendent des lois physiques de la nature qui peuvent suspendre le cours du Nil et plonger la terre dans la stérilité et la disette), mais c’est une terre de montagnes et de plaines, qui attend les pluies du ciel, que le Seigneur votre Dieu a toujours visitée et sur laquelle il jette des regards favorables depuis le commencement de l’année jusqu’à la fin. Si donc vous obéissez aux commandements que je vous fais aujourd’hui d’aimer le Seigneur votre Dieu, et de le servir de tout votre coeur, et de toute votre âme, il donnera à votre terre Les premières et les dernières pluies afin que vous recueilliez de vos champs le froment, le vin et l’huile. Nouvel Homme 27

Oui, nouvel homme, voilà ce vrai temple où seulement tu pourras adorer le vrai Dieu de la manière dont il veut l’être, puisque tous les temples représentatifs et figuratifs qu’il a permis à sa sagesse de t’accorder pendant ton passage dans les régions visibles ne sont que les avenues de ce temple invisible, auquel il désirerait voir arriver en foule toutes les nations de l’univers. Le coeur de l’homme est le seul port où le vaisseau lancé par le grand souverain sur la mer de ce monde, pour transporter les voyageurs dans leur patrie, peut trouver un asile sûr contre l’agitation des flots, et un ancrage solide contre l’impétuosité des vents. Nouvel Homme 27

Nouvel homme, c’est dans toi-même que se peuvent trouver tous ces parents infidèles, auxquels il t’est défendu de pardonner. N’en ménage aucun. Quand ce serait le plus cher d’entre eux qui tâcherait de s’insinuer dans ton esprit, et de t’attirer à un culte trompeur pour quelqu’autre portion de toi-même que celle où la voix de ton Dieu s’est fait entendre, lorsqu’il a allumé lui-même sa lampe vivante dans le sanctuaire de ton propre temple, rejette-le loin de ta fureur. Plus tu exerceras de sévérité envers ces parents séducteurs, plus tu assureras le règne et la gloire de ton maître, parce que plus tu conserveras par là l’unité, la simplicité et la sainteté de ce fils chéri qui doit le représenter sur la terre. Nouvel Homme 28

Aussi, que nous dit la sagesse quand nous voulons contempler nos voies, et les sentiers pénibles de notre retour vers la lumière ? Elle nous dit dissipez vos ténèbres matérielles, et vous trouverez l’homme ; dissipez vos ténèbres spirituelles, et vous trouverez Dieu. Quand le chaos de la nature se débrouilla, l’homme parut comme étant l’organe de la vérité pour l’administration de l’univers. Quand le chaos spirituel où l’homme coupable s’était plongé fut dissipé, le Réparateur se montra comme étant la vie de l’esprit, et le suprême agent de notre délivrance et de notre régénération. C’est alors que la source du fleuve put dire aux eaux qui s’écoulaient : Vous êtes ma génération. C’est alors que se prononcèrent réellement ces passages prophétiques et figuratifs, répétés si souvent dans les écritures : Vous connaîtrez que je suis le Seigneur ; je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple. Nouvel Homme 28

Si nous n’avons donc pas dissipé nos ténèbres matérielles pour trouver l’homme, et nos ténèbres spirituelles pour trouver Dieu, comment pouvons-nous sentir en effet s’accomplir cette vérité en nous, comment pouvons-nous de nouveau sentir Dieu engendrer notre âme, comment pouvons-nous connaître ce sabbat qui ne se trouve que dans Dieu, comment pourrons-nous voir paraître en nous le nouvel homme, comment pouvons-vous voir s’élever en nous cet édifice, et ce temple impérissable où le feu sacré doit brûler éternellement, et où les victimes ne doivent pas cesser d’être immolées pour la manifestation de la gloire et de la puissance du Dieu qui ne peut être connu et honoré que par l’organe de ceux qui sont saints ? Nouvel Homme 28

Cependant ne nous abusons point. Nous n’arrivons ici-bas à cet heureux terme que pour en jouir pour quelques moments passagers, et par intervalle, vu la privation à laquelle nous sommes condamnés ; et nous ne pouvons entendre d’une manière constante, et non interrompue la parole continue qui crée toujours. Mais n’est-elle pas assez grande cette vérité que nous pouvons apprendre dès ce monde, savoir: que le coeur de l’homme est la région que la Divinité a choisie pour son lieu de repos, et qu’elle ne demande qu’à venir l’habiter ? N’est-ce pas une assez grande vérité pour nous que de savoir que Dieu n’a choisi un semblable lieu de repos que parce que le coeur de l’homme est amour, tendresse, et charité, et que, par conséquent, ce secret nous découvre la véritable nature de notre Dieu qui est d’être éternellement amour, tendresse et charité, sans quoi il ne chercherait pas à habiter chez nous, s’il n’y devait pas trouver ces indispensables rapports ? Nouvel Homme 28

Nous voyons que chaque jour le Soleil parcourt un arc de son grand cercle ; nous voyons que chaque jour cet arc est le seul qu’il parcourt pour nous, et nous voyons qu’il en suit tous les points avec une régularité parfaite. Prenons là l’exemple et la leçon que nous devons suivre. Regardons-nous tous comme des astres qui ont chacun un arc à parcourir dans la grand sphère de l’oeuvre de notre Dieu. Depuis le pôle jusqu’à la ligne, quelle que soit notre latitude, parcourons notre arc avec fidélité, et sans laisser échapper le moindre murmure, sans le moindre mouvement de jalousie, ni de désir d’avoir à paraître sur un climat plus fortuné que celui auquel nous sommes attachés. Parcourons notre arc comme fait continuellement le Soleil, sans examiner si nous brillons sur l’Arabie heureuse, ou sur les sables de l’Afrique, et sur les déserts de la Tartarie ; parcourons notre arc, comme lui, en purifiant les régions qui se trouvent sous nos pas, et en ne laissant jamais ternir notre éclat par les souillures et les influences infectes qui s’élèvent de ces régions. Nouvel Homme 28

Mortels, ensevelis dans le sommeil, relevez-vous, et voyez combien cette fureur sera terrible puisqu’elle doit balancer, et emporter le poids des iniquités qui se seront accumulées pendant toute la durée des siècles, et apprenez d’avance que c’est vous qui déterminez vous-mêmes la mesure des fléaux et des vengeances que vous devez faire un jour tomber sur vous ; apprenez, dis-je, à ne plus blasphémer votre Dieu, parce que si vous devez vous attendre à trouver en lui une justice, et une puissance supérieures à toutes vos abominations, pourquoi ne croiriez-vous pas également y rencontrer une douceur, et des bienfaits supérieurs à vos vertus, et à vos mouvements les plus purs, et les plus animés du feu de l’esprit ? Si vous déterminiez vous-mêmes la mesure de vos maux et de vos tourments, vos avez également le droit de déterminer vous-mêmes la mesure de vos joies et de vos récompenses, et ne doutez pas que le coeur de votre Dieu n’aimât mieux mille fois vous récompenser que de vous punir. Nouvel Homme 29

Le nouvel homme ne connaît le besoin de ces secours indispensables, et c’est parce qu’il les a reçus, qu’il se remplit d’indulgence et de pitié pour ses malheureux concitoyens qui sont encore dans l’attente. Il sait que nous ne connaissons Dieu ici-bas que par les objets sensibles ; qu’à notre mort nous commençons à le connaître par les centres spirituels, mais que ce n’est qu’à notre entière réintégration que nous le connaîtrons par lui-même. Il voit que c’est une attente qui décourage les mortels, et qui les mène dans le désert par les sentiers de l’impatience. Il frissonne de douleur de savoir que la voie du retour n’est pas, à beaucoup près, si large que la font les hommes, avec toutes leurs doctrines qui semblent n’être que des recettes empiriques et de charlatans. Nouvel Homme 29

Aussi, son désir et son zèle s’accroissent à ces douces expériences ; sa prière se transforme, pour ainsi dire en une sainte fureur, et il veut prendre le ciel par violence. Dieu de ma vie, viens donc vivre dans ma vie, afin que je puisse approcher la mort sans mourir, mais au contraire afin que je puisse à mon tour faire revivre la mort, comme tu m’as fait revivre moi-même lorsque j’étais mort. Nouvel Homme 30

Veille donc sans cesse, ô homme de paix, ô homme de désir, pour que le trône soit ferme et inébranlable, puisque si ce trône n’est pas en état, tu peux par ta négligence, retarder l’oeuvre et la manifestation des merveilles et des grâces du Seigneur. Que serait-ce donc si ce trône n’était pas érigé au nom de la vérité ? Dieu vous dirait, comme dans Amos (5:20, etc.) : « Je hais vos fêtes et je les abhorre ; je ne puis souffrir nos assemblées ; en vain vous m’offrirez des holocaustes et des présents, je ne les recevrai point, et quand vous me sacrifierez les hosties les plus grasses pour vous acquitter de vos voeux, je ne daignerai pas les regarder. Otez-moi le bruit tumultueux de vos cantiques ; je n’écouterai point les airs que vous chantez sur la lyre ; mes jugements fondront sur vous comme une eau qui se déborde, et ma justice comme un torrent impétueux. Maison d’Israël, m’avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert, pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de Moloch, l’image de vos idoles, et l’étoile de votre Dieu qui n’étaient que des ouvrages de vos mains. C’est pour cela que je vous ferai transporter au-delà de Damas, dit le Seigneur qui a pour nom le Dieu des Armées. » Nouvel Homme 30

Le nouvel homme ne veut pas d’un Dieu qui soit ainsi l’ouvrage de ses mains ; voilà pourquoi il n’a d’autre soin, d’autre désir que de laisser agir sur lui la main du Seigneur. Il la sent pénétrer jusque dans l’intérieur de son être. Elle commence par réveiller en lui la sensibilité spirituelle par son approche ; elle lui communique une nourriture douce et vivifiante, qui flatte son goût et qui répand des parfums délicieux pour son odorat ; ce sont là les premiers sens spirituels qui prennent naissance dans l’homme, par la main de l’esprit. Nouvel Homme 30

Cet ange fidèle, et rempli d’amour pour nous, désire sûrement avec beaucoup d’ardeur, opérer sur nous cette oeuvre salutaire, mais il le désire aussi pour son propre compte, parce que, selon ce qui a été dit précédemment, il ne peut jouir de la vie divine que par notre organe. Néanmoins, comme tout son être est humilité, il attend, dans sa douce patience, que les moments soient arrivés, que les mesures soient à leur point, et surtout, que l’ordre lui soit donné de remplir son oeuvre ; car il s’est dévoué à l’obéissance, nous offrant par là, le premier l’exemple de la manière dont nous devons nous conduire envers Dieu. Nouvel Homme 31

Lorsque ce baptême corporel est opéré sur nous par l’eau de l’esprit, alors le nouvel homme sort des eaux où il avait été plongé, et c’est quand il a mis le pied sur la terre qu’une voix du ciel se fait entendre, et dit : C’est mon fils bien-aimé dans lequel j’ai mis toute mon affection. Jusque-là ce nouvel homme était bien le fils de Dieu, puisqu’il avait été conçu par l’esprit et que par ce même esprit, il avait reçu la naissance ; mais son nom, et sa famille divine n’avaient point été promulgués, et tant que cette barrière qui devait céder à l’eau de l’esprit n’aurait point été rompue, le nouvel homme n’aurait pu recevoir de la part de son père cet aveu authentique par lequel il le reconnaît pour son fils, et lui assure par là, non seulement son existence parmi les nations, mais aussi les droits les plus constants à son légitime héritage. Nouvel Homme 31

Cette entrée de Dieu en nous est le principal désir et l’objet essentiel de la Divinité ; aussi nous n’avons qu’une idée bien faible des efforts qu’elle fait pour remplir ce but ; et s’il y a quelque chose de lamentable dans notre existence, c’est de sentir, et d’éprouver que nous fermons nous-mêmes l’accès à cette Divinité, c’est de sentir physiquement qu’elle circule continuellement autour de nous, pour trouver un sentier par où elle puisse s’introduire jusque dans notre coeur, et que nous, au contraire, nous nous efforcions tellement de lui rendre la voie étroite, qu’elle soit obligée de se froisser, et de se mettre en sang pour pénétrer en nous, et nous apporter la vie ; c’est de sentir que l’amour qu’elle a pour nous lui rend supportables toutes ces douleurs, et qu’elle ne murmure point, qu’elle ne se rebute point de verser des larmes pourvu que le feu de sa charité perce les obstacles et triomphe dans la sainte gloire de son amour tandis que nous, dans nos abominables ténèbres et dans nos voies pleines d’iniquité, nous fermons l’oreille à ses sollicitations, et nous restons insensibles à sa tendresse. Nouvel Homme 31

C’est pour cela qu’il va se jeter dans le désert ; non pas seulement dans le désert matériel des circonscriptions locales et terrestres, mais dans le désert de l’esprit, et dans le désert de bleu ; c’est-à-dire que, sentant combien il est peu digne de s’approcher encore de cet esprit, et de ce Dieu dont il a été rejeté si loin par le crime, il va se replier dans lui-même pour rassembler ses forces, et ses lumières dispersées, afin que quand il aura eu le bonheur de leur faire reprendre leur unité, il puisse s’offrir dans de plus justes mesures à celui qui est la mesure même. Nouvel Homme 32

De profondes doctrines nous ont déjà appris que dans ce désert il sera tenté en réalité de la manière dont le premier homme le fut dans le domaine primitif qui lui fut confié ; elles nous ont appris qu’il le sera dans son corps, dans son âme et dans son esprit en raison des trois principes qui nous constituent ; elles nous ont appris qu’il ne pourra jamais mieux se défendre qu’en opposant à son ennemi la parole qui sort de la bouche de Dieu, comme le Réparateur nous en a donné l’exemple, en ne répondant au tentateur que par des passages de l’Ecriture ; elles nous ont appris que cet homme, en épreuve doit passer quarante jours et quarante nuits dans le désert pour accomplir la rectification de ce quaternaire qui caractérise l’âme humaine, et qui a été défiguré par le péché ; ainsi nous n’appuierons point sur ces grands objets. Nouvel Homme 32

Voyez donc ce nouvel homme au milieu de sa solitude, tantôt errer dans les sentiers écartés, tantôt s’asseoir accablé d’amertume, et verser des torrents de larmes, tantôt s’absorber dans la profondeur de ses pensées, toujours gémir, toujours désirer, toujours attendre les moments de consolation, et de triomphe qui lui sont annoncés, toujours prier pour que son espérance ne défaille point malgré l’austérité de son désert, malgré l’âpreté de sa nourriture, et malgré les rudes épreuves qu’il doit subir à chaque instant ; voyez-le en même temps se défendre toujours par des moyens simples, et toujours puisés dans l’amour et le respect qu’il a pour son Dieu. Nouvel Homme 32

En effet, toutes les fois qu’un objet quelconque se présente à sa pensée, et cherche à lui faire naître des désirs, quelque légitimes qu’ils soient en apparence, avant de s’arrêter à cet objet il se retourne toujours vers Dieu, et dit : Nouvel Homme 32

J’ai senti que mon Dieu était le principe de toutes choses, qu’il n’y avait rien qui ne tint de lui sa force, ses propriétés, ses vertus, et tout son prix, je ne dois donc jamais me déterminer à livrer ma pensée et mon coeur à aucun objet, avant d’avoir cherché si mon Dieu n’a pas en lui de quoi me tenir lieu de cet objet ; car s’il a en lui de quoi me tenir lieu de cet objet, je serais insensé de ne pas me dévouer exclusivement à lui, de former d’autres alliances qu’avec lui, puisque tout autre objet que lui n’est que secondaire, et ne peut m’offrir qu’une joie passagère, et bornée, comme l’est l’essence particulière de cet objet, au lieu qu’en faisant une alliance exclusive avec mon Dieu, je trouverai en lui tous les objets secondaires qui existent hors de lui, quoique par lui, et je les y trouverai dans une existence durable, permanente et universelle, puisqu’ils seront liés là à la source éternelle et impérissable qui les créera et les engendrera continuellement, et sans qu’ils puissent jamais cesser d’être, et de me combler de joies et de délices. Nouvel Homme 32

Secondement, comme toutes ces forces et ces lumières ne peuvent se trouver dans le nouvel homme, qu’autant qu’elles y descendent de la voie supérieure par les diverses progressions de la sagesse, et par l’usage sacré que l’homme a le bonheur d’en faire, c’est encore le bon état du rempart de la place qui peut favoriser et seconder l’approche de ce secours ; car nous avons vu que notre Dieu était un être actif et effectif ; nous avons vu qu’il cherchait à faire pénétrer partout son activité et son effectivité ; mais, par la loi des analogies dont il est à la fois le modèle et la source, il ne peut s’unir qu’à de l’activité et qu’à de l’effectivité. Ainsi, ce n’est qu’autant que nous tâchons d’accumuler l’activité spirituelle et effective dans nos éléments par l’invocation du nom du Seigneur, que l’activité divine peut se communiquer à notre intérieur et s’y développer d’une manière utile et réelle. Nouvel Homme 32

Mais le Réparateur, au contraire, se conduit envers lui comme l’homme aurait dû le faire dans le temps primitif, comme le nouvel homme se conduira désormais, et comme tous les mortels devraient se conduire. C’est-à-dire, que se regardant seulement comme le ministre et le serviteur de Dieu, il ne peut prendre sur lui de se déterminer à céder à aucune proposition quelconque sans l’autorisation de son maître, et il se contente de rapporter la loi et les volontés de ce maître à celui qui veut le séduire ; il lui fait entendre par là qu’il ne peut se rendre légitimement à ce qui lui est suggéré, et que la volonté de son maître était sa première loi, il doit la consulter avant d’agir, et la suivre dès qu’elle lui est connue. Nouvel Homme 34

Mais il aurait dû faire cette citation, non pas comme la fit Eve en disant au serpent, en chancelant et déjà troublée : Dieu nous a commandé de ne point manger du fruit de l’arbre qui est au milieu du paradis, et de n’y point toucher, de peur que nous ne fussions en danger de mourir ; mais avec la ferme résolution de rester fidèle au précepte, et de s’opposer par une suite de cette fidélité à toutes les tentatives du prévaricateur. Voilà donc encore un des fruits que le nouvel homme peut communiquer à ses frères, en attendant les nombreuses récoltes qui sortiront de lui lorsqu’il aura terminé le cours de ses épreuves et de ses combats dans le désert. Nouvel Homme 34

Ce fruit est la manière dont nous pouvons nous délivrer de l’ennemi lorsqu’il nous tente par quelque proposition insidieuse, par des images illusoires et par des insinuations accoutumées. Disons-lui, comme le nouvel homme : Je ne suis pas mon maître, je ne suis que le serviteur de Dieu, c’est à lui que je le renvoie pour faire juger tes plans et tes propositions. L’ennemi ne tiendra pas contre ce langage ; ou, s’il a l’intention de poursuivre ses entreprises et ses tentatives, il viendra frapper contre la loi même qui le brisera et le couvrira de honte et de confusion. Nouvel Homme 34

Aussi ce nouvel homme vous dira comme Jérémie 15:15 : « Seigneur, vous qui connaissez le fond de mon coeur, souvenez-vous de moi, venez en moi, et défendez-moi contre ceux qui me persécutent… Votre parole est devenue la joie et les délices de mon coeur, parce que j’ai porté le nom de votre prophète : ô Seigneur, Dieu des armées… Je ne me suis point trouvé dans les assemblées de jeux et de divertissements…. Je me suis tenu retiré et solitaire… Pourquoi ma douleur est-elle devenue continuelle… ? C’est pourquoi voici ce que dit le Seigneur : Si vous savez distinguer ce qui est précieux de ce qui est vil, vous serez alors comme la bouche de Dieu. Je vous rendrai à l’égard de ce peuple comme un mur d’airain et inébranlable. Ils vous feront la guerre, et ils n’auront sur vous aucun avantage, parce que je suis avec vous pour vous sauver et pour vous délivrer… Je vous dégagerai des mains des méchants, et je vous préserverai de la puissance des forts. » Nouvel Homme 34

Rappelons-nous qu’il n’y a pas un seul point de l’être de l’homme sur lequel ces sublimes paroles ne doivent se prononcer, et que Dieu ne demande autre chose, sinon que le nouvel homme soit en état de les entendre continuellement. Nous avons été déjà trop loin pour être étonnés de cette merveilleuse miséricorde. La grandeur de l’homme est un témoignage évident de la grandeur de l’oeuvre de Dieu envers la malheureuse famille humaine; et réciproquement la grandeur de l’oeuvre de Dieu est une démonstration de la grandeur de l’homme. Cette oeuvre est telle qu’il suffirait de la contempler et de l’apercevoir pour renaître, et pour nous rétablir dans les régions saintes de l’amour et de la sagesse, de manière que non seulement le monde des ténèbres et des illusions disparût pour nous, mais que même tous les mondes de lumière semblassent se trouver dans notre âme, comme ils se trouvent dans la pensée de Dieu. Nouvel Homme 34

Ô nouvel homme, combien tu deviens respectable à tes propres yeux quand tu sens ce qu’opère pour toi l’auteur des choses ! Il est le Dieu unique, tu es son fils ; peut-il y avoir quelque chose qui ne soit divin dans l’oeuvre qui s’opère en toi et lui ! Peut-il y avoir quelque chose qui ne soit pas l’acte même de ton Dieu ! Aussi tu ne vivrais pas, et tu serais déjà mort, si tu ne croyais pas à celui qu’il a envoyé en toi. Nouvel Homme 34

36. Le Seigneur a choisi l’âme de l’homme pour y faire sa demeure ; il voudrait s’y promener à loisir dans les sentiers spacieux qu’il s’y est préparés. Il y déploie toute sa majesté, et pour qu’elle puisse être mieux aperçue, il y fait briller des astres éclatants dont la lumière répand une splendeur ineffable jusque dans les retraites les plus cachées de cet asile sacré. Il s’y est formé un temple où ses Lévites sont employés journellement au culte de leur Dieu, et à la pratique des cérémonies saintes. Chaque jour il y consacre l’huile de vie qui doit servir à renouveler perpétuellement les sources sacramentelles de tous les dons de son esprit. Il a placé dans le lieu le plus éminent de ce temple une chaire de vérité ; il y fait asseoir son envoyé pour annoncer aux nations la parole de joie qu’il puise dans la langue éternelle. Nouvel Homme 36

« Bienheureux ceux qui sentent que nul autre qu’eux-mêmes ne peut leur faire une réelle offense, puisque nul autre qu’eux-mêmes ne peut percer jusqu’à leur essence ? Il seront uniquement occupés à leur propre surveillance, et à ne pas souffrir qu’ils se fassent eux-mêmes le moindre toit et le moindre outrage ; et cette sévérité sans borne les absorbera tellement, comme étant la seule nécessaire et la seule utile pour eux, qu’ils seront naturellement disposés à être miséricordieux envers les autres, puisque les autres ne peuvent pas les offenser. Par cette véritable et vivifiante indulgence envers les autres, le nouvel homme peut leur faire naître le désir de se surveiller eux-mêmes à leur tour, et les ramener par là à la vie de leur être qui consisterait à ne se faire à eux-mêmes aucune offense ; et voilà de quelle manière il obtiendra que Dieu soit miséricordieux à son égard, s’il était assez malheureux que de s’oublier au point de l’offenser. » Nouvel Homme 36

« Bienheureux ceux qui auront assez purifié leur coeur pour qu’il puisse servir de miroir à la divinité, parce que la divinité sera elle-même un miroir pour eux ! Le nouvel homme ne doute pas que par ce moyen il ne parvienne intérieurement à voir Dieu, parce qu’il sait que tel était l’objet de l’existence de l’homme primitif ; en conséquence il posera des sentinelles à toutes les avenues de son être pour empêcher qu’aucune influence altérée ne pénètre jusqu’à lui, et ne ternisse l’éclat de ce miroir divin qu’il porte en lui. Ces sentinelles seront fidèles à garder leur poste, parce que c’est avec autorité que l’homme peut les placer, et qu’elles ne peuvent manquer de remplir avec soin leurs fonctions, lorsqu’il se détermine à leur en prononcer les ordres » Nouvel Homme 36

« Bienheureux ceux qui soupirent après la paix de l’esprit, et qui y marchent par le sentier des oeuvres pacifiques, en ne se livrant à aucun des partis opposés et furieux qui se battent journellement dans l’homme ! En se délivrant ainsi de la tourbe tumultueuse de leur propre monde, ils prendront pour leur père le souverain auteur de la tranquillité suprême, et de l’éternelle paix, et deviendront par là les légitimes enfants de Dieu, puisqu’ils manifesteront le caractère distinctif de cette source où ils ont puisé la naissance et qui ne peut manquer d’être calme, puisqu’elle est perpétuellement remplie du sentiment inaltérable de son infinité, de son éternité, de son universalité. Ainsi ils pourront dire à leurs ennemis : tremblez, fuyez, vous ne pouvez rien contre moi, parce que je porte en moi un nom qui signifie le fils de votre Dieu. » Nouvel Homme 36

« Votre leçon entière est dans ces paroles : Les serviteurs que mon père aime, sont ceux qui le servent en esprit et en vérité. Ainsi ne vous en tenez pas à une simple croyance au principe divin dont votre âme immortelle a reçu la vie. Ne vous en tenez pas même à cette foi vive que par votre union avec lui vous pouvez tout opérer pour votre bien, et celui de vos frères qui demeurent avec vous dans votre temple particulier, mais faites en sorte de ne vous donner aucun repos jusqu’à ce que cette vive foi se soit convertie en actes positifs, et en faits réels. Us serviteurs que le père aime, ce sont ceux qui prouvent leur foi en la divinité de leur nature par la divinité des fruits qu’ils produisent, et par le soin qu’ils prennent que dans eux les triples nombres s’accomplissent ; sans quoi le cercle reste ouvert, l’oeuvre n’est pas achevée et reste incomplète, et vous ne pourrez pas dire que vous serviez Dieu en vérité, puisque vous ne le servez pas en oeuvres effectives. » Nouvel Homme 37

« Vous pouvez honorer Dieu par vos prières, mais vous pouvez l’honorer encore plus par les services que vous vous rendrez à vous-mêmes en son nom, et dans l’esprit de sa gloire et de la manifestation de sa lumière, car ces sortes de services seront pour lui, au lieu que vos prières sont principalement pour vous, et comme des préservatifs contre les dangers qui vous menacent et des appuis contre les faiblesses qui vous rongent. » Nouvel Homme 37

« Ceux qui ne servent leur Dieu qu’en intelligence, ne connaissent pas la vie réelle, puisqu’ils ne vivent que dans les images, aussi ne sont-ils récompensés que par des images. Il faut que votre coeur et toutes les propriétés de votre être deviennent autant d’agents et d’organes actifs sans aucune interruption, si vous voulez vivre dans les réalités et servir votre meure en esprit et en vérité. » Nouvel Homme 37

« On vous a dit que le coeur de l’homme était la terre où Dieu voulait continuellement semer le grain. Vous avez donc la propriété de le faire fermenter et produire en y joignant les sucs nourrissiers et végétatifs dont vous êtes l’organe et le foyer. La vérité sème moins en vous qu’elle n’espère en recueillir, afin de vous laisser la gloire et le mérite d’avoir concouru à l’oeuvre, et le droit de demander votre rétribution lors de la récolte. Voyez combien la terre périssable que vous habitez rend de richesses et de fruits innombrables, pour quelques grains d’un blé corruptible que le laboureur sème dans son sein. Lors donc que le grain de l’éternelle vérité se sème dans la terre vive, jugez quelle immense moisson il en doit résulter, surtout si vous ne cessez de sentir que c’est de Dieu que viennent à la fois la terre vivante, le grain, et le laboureur. » Nouvel Homme 37

« Souvenez-vous que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’éternel auteur de ce qui est, il faut qu’elle ait en elle, à la fois, toutes les formes capables de contenir toutes les propriétés de cet être infini, selon toutes leurs vertus, actions, et subdivisions, sans quoi ce suprême et majestueux Créateur de tout ce qui existe, ne pourrait pas entièrement et librement habiter en elle. Souvenez-vous alors que si l’âme de l’homme est destinée à servir de temple à l’Eternel, vous n’avez plus un seul mouvement qui doive demeurer en votre possession, puisque le souverain auteur qui a produit ces formes pour lui servir de demeure et qui vient les habiter, doit être le seul à qui en appartienne la disposition ; c’est pourquoi le Réparateur nous a défendu de jurer par notre tête, puisque nous n’en pouvons rendre un seul cheveu blanc ou noir ; car pour jurer par quelque chose, il faut posséder quelque chose; or nous ne possédons rien, pas même notre être puisqu’il n’est que la forme, et le domaine de Dieu. » Nouvel Homme 37

« Vous avez appris du Réparateur, à dire : notre père ; et vous ne pouviez l’apprendre que de lui, puisque, jusqu’à lui, vous étiez sans Dieu en ce monde (Ephésiens 2:12) vu que vous n’étiez venus en ce monde que pour vous être séparés de Dieu ; et s’il ne s’était pas rendu fils de Dieu pour vous enseigner par ces paroles consolantes, et par sa personne, que l’homme est le fils de Dieu, vous auriez oublié à jamais, que Dieu est votre père. Vous n’auriez pu prononcer ce nom qu’il fallait reconnaître pour ouvrir la porte à votre réconciliation, et vous auriez été assimilés à celui qui ne se souvient plus qu’il a porté autrefois le glorieux titre de fils de Dieu. » Nouvel Homme 37

« Ce Réparateur vous a enseigné à demander à votre père, votre pain quotidien, et à être préservés du mal ; si votre âge l’eût permis, il vous eût découvert de plus grandes merveilles encore dans les miséricordes de votre Dieu, il vous eût découvert que ce Dieu ne cesse de vous offrir ce pain quotidien, en ne cessant de vous communiquer sa sainte et exclusive action qui devrait nous animer tous ; ainsi toute notre sagesse devrait se porter à ne pas refuser les secours qu’il nous offre journellement, et notre seule prière pourrait se réduire à lui demander la grâce de ne pas repousser, comme nous le faisons, les dons, et les faveurs dont il nous accable. Car le nouvel homme n’a de différence d’avec les imprudents, qu’en ce qu’il accepte ce pain quotidien, et qu’il s’en nourrit, tandis que les autres le rejettent, le dédaignent, et nient ensuite son existence. » Nouvel Homme 37

« Vous savez ce que le Réparateur déclara à ceux qui espéraient être reconnus comme enfants de Dieu pour avoir guéri des maladies, et chassé des démons en son nom ; il leur dit : le Seigneur répondra : Allez-vous en, je ne vous ai jamais connus. En effet, le nouvel homme vous apprendra que ces oeuvres sont au nombre des droits de votre être, et qu’elles ne sont pas, à beaucoup près, l’objet principal de votre renaissance. Les Juifs n’avaient-ils pas été traités avec colère ? Oui, ces oeuvres sont tellement au nombre des droits de votre être, qu’il vous est recommandé de vous purifier de vos péchés. Or, cette purification ne peut se faire qu’en chassant de chez vous l’ennemi, qui est le prince de l’iniquité, et de la souillure ; et quand vous serez parvenus à le chasser entièrement de chez vous, ne sera-ce pas une propriété naturelle de votre essence pure que de le chasser de chez les autres ?» Nouvel Homme 37

« Songez donc que l’objet véritable de l’oeuvre du nouvel homme est de se régénérer dans la vie divine, qui est l’amour, et la lumière : songez que vous ne pouvez obtenir de degré de jouissance sans que Dieu vous connaisse, et sans qu’il soit intimement uni avec vous, comme il le fut avec Moïse lorsqu’il l’appela, et qu’il le connut par son nom. Songez que vous ne pouvez être ressuscités (Romains 8:9) et être sauvés sans confesser que le Réparateur est ressuscité, parce que vous ne pouvez le confesser sans le savoir, sans le sentir, et dès lors, sans être ressuscités avec lui. Souvenez-vous ensuite que le Réparateur n’était pas encore ressuscité, lorsqu’il dit aux Juifs ces paroles que vous venez d’entendre sur le pouvoir de chasser les démons, et que c’est une preuve de plus que ce pouvoir n’est que secondaire dans l’ordre de votre régénération. » Nouvel Homme 37

« Quelles sont ces merveilles ? C’est de faire planer le nouvel homme au-dessus des mondes, d’être pour lui un signe perpétuel de gloire et de triomphe, et de le faire asseoir sous les portiques sacrés, pour y chanter éternellement les cantiques du Seigneur. Car, si vous êtes assez fidèles aux lois, et aux ordonnances du Seigneur pour que son nom vous remplisse, et se mette en possession de tout votre être, c’est ce même nom qui engendrera en vous toutes vos substances vives, ou toutes les formes des vertus divines ; vos facultés seront les agents, et les organes de ces formes, la sagesse les conservera dans leurs justes mesures, et dans leurs proportions, pour que tout ce qui est en vous manifeste l’harmonie du Père céleste qui vous a donné la vie ; ainsi votre Dieu tout entier passera en vous : et voilà comment vous deviendrez la ressemblance de votre principe, et l’image active du grand monde et de l’éternité. » Nouvel Homme 38

« De même que l’action continuelle de Dieu est de chasser loin de lui l’erreur et les ténèbres, et d’étendre perpétuellement le royaume de la vie, malgré tous les ennemis dont ce royaume est environné et menacé, de même lorsque ce Dieu s’unit à vous, il vous est possible d’opérer les mêmes oeuvres dans votre royaume particulier, puisque l’action de Dieu, en changeant de lieu, ne change ni de force, ni de pouvoir, et qu’elle ne fait alors en vous, que ce qu’elle fait sans interruption hors de vous. » Nouvel Homme 38

« Il vous a été dit de ne point vous mettre en peine pour le lendemain, et qu’à chaque jour suffisait son mal. Cela vous a été dit alors de la nourriture et du vêtement, et de toutes ces choses dont les païens se mettent en peine, comme si Dieu ne savait pas qu’ils en ont besoins, et qu’ils ne sût pas les donner par surcroît à ceux qui cherchaient premièrement le royaume de Dieu et la justice ; mais vous pouvez également appliquer ces paroles à la nourriture, et au vêtement de vos âmes, qui vous seront donnés en abondance, si vous cherchez réellement le royaume de Dieu, et sa justice ; car s’il est vrai qu’à chaque jour suffit son mal, à chaque jour aussi suffit sa consolation, puisqu’il est dit que votre père qui est dans le ciel fait lever son soleil sur les bons, et sur les méchants, et qu’il fait pleuvoir sur le champ des justes, et des injustes. Ainsi il n’y a pas de jour que le Soleil divin ne se lève pour vous sur la terre de vos âmes, de vos esprits, et de vos coeurs. » Nouvel Homme 38

« Il est écrit que si votre main droite vous est un sujet de scandale, et de chute, vous la devez couper, et la jeter loin de vous, parce qu’il vaut mieux qu’une partie de votre corps périsse, que non pas que tout votre corps soit jeté dans l’enfer. Ces paroles ne tombaient alors que sur les crimes où les désordres de votre matière pouvaient vous entraîner. Mais elles frappaient secrètement aussi sur les cupidités de l’esprit, et sur ces faux prophètes qui vous portent perpétuellement à rompre l’alliance que vous avez faite avec votre Dieu, et à en contracter avec des dieux qui ne sont point des dieux, qui se présentent à vous vêtus comme des brebis, et qui au-dedans, sont des loups ravissants. Car la porte de la vie est étroite, et il y en a peu qui la trouvent ‘ et qui y entrent, tandis que la porte de la perdition est large, et le chemin qui y mène est spacieux, et il y en a beaucoup qui y passent. » Nouvel Homme 38

39. Le nouvel homme entrera dans son temple aux jours septenaires, ou aux jours du sabbat de l’esprit, parce qu’il sera fidèle à la loi ; quand il sera entré et qu’il se lèvera pour lire, on lui présentera le livre du prophète Isaïe: et il l’ouvrira (61:1) où sont écrites ces paroles : L’esprit du Seigneur s’est reposé sur moi. C’est pourquoi il m’a consacré par son onction. Il m’a envoyé pour prêcher l’Evangile aux pauvres, pour guérir ceux qui ont le coeur brisé, pour annoncer aux captifs qu’ils vont être délivrés, et aux aveugles qu’ils vont recouvrer la vue, pour renvoyer libres ceux qui sont accablés sous leurs fers ; pour publier l’année des miséricordes, et des grâces du Seigneur, et le jour auquel Dieu rendra à chacun selon ses oeuvres. Nouvel Homme 39

Quand elle sera ainsi unie à la main vigilante du Seigneur, celles de ses facultés qui seront possédées des démons impurs ne pourront approcher d’elle sans que ces esprits de ténèbres ne jettent de grands cris, et ne lui disent : Laissez-nous, qu’y a-t-il entre vous et nous, âme nazaréenne ? Je sais qui vous êtes, vous êtes le saint de Dieu ; êtes-vous venue pour nous tourmenter avant le temps ? Mais elle leur répondra avec menaces : Taisez-vous, et sortez de moi, et ils en sortiront sans leur avoir fait aucun mal. Nouvel Homme 39

Aussi ces contradicteurs diront-ils que c’est par le prince des démons que tous ces ouvriers chassent les démons, aimant mieux se couvrir eux-mêmes de confusion par cette réponse insensée, que d’avouer leur défaite, et la supériorité de celui qui vient manifester leur ignorance. Car ils verront des hommes muets possédés du démon ; ils verront que c’est par la parole du nouvel homme que ces hommes muets recouvreront l’usage de leur langue, après qu’il les a délivrés de leur démon ; et cependant ils ne craindront pas de confondre celui qui guérit, avec celui qui occasionne la maladie; celui qui ôte la parole, avec celui qui la rend. Bien plus, ils ne craindront point de tomber en contradiction devant ces démons même qu’ils veulent regarder comme les princes de ces oeuvres puissantes, et merveilleuses, puisque ces démons reconnaîtront eux-mêmes la force, et le nom de celui qui les chasse, et lui diront : Vous êtes 1e nouvel homme, vous êtes le Christ, vous êtes le fils de Dieu (Luc, 4:41). Nouvel Homme 39

Alors les Pharisiens, et les docteurs de la loi, l’accuseront de blasphèmes, prétendant qu’il n’y a que Dieu qui puisse remettre les péchés, tandis que par leur loi même, dont ils sont les docteurs, et les princes, il y avait des sacrifices pour l’expiation, et pour le péché, et que ces sacrifices étaient offerts par la main d’un homme qui, dans cette circonstance, était l’intermède, l’organe, et l’agent de la divinité. Nouvel Homme 39

Le nouvel homme sera si constamment occupé de son oeuvre, qu’il pourra ramener ainsi tout son être à ses éléments primitifs, en travaillant sans relâche, à réaliser ce qui est dit dans les prophètes : Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est-à-dire, en faisant en sorte que chaque portion de son être exprime activement la sainteté de Dieu, et dise : saint, saint, saint, comme nous avons vu précédemment, que telle était la vraie propriété que nous découvrait l’analyse divine de notre être ; c’est-à-dire enfin, que tous les points de cet être qui est en nous, devaient être mûs par les consciences vives, et progressives des diverses régions de l’esprit, par où nous pouvons, et devons passer, jusqu’à ce que nous soyons universellement pleins de la conscience divine. Or, si l’être intérieur du nouvel homme arrivait à cet heureux terme, quels maux physiques pourraient, dans son corps, résister à sa puissance ? Et ne pourrait-il pas dire avec assurance, à tout ce qui sera paralytique, en lui : Levez-vous, je vous le commande, emportez votre lit, et vous en allez votre maison ? Nouvel Homme 39

C’est donc ici où nous pouvons nous remplir d’une espérance qui devrait nous faire tressaillir de joie, en lisant ces douces paroles qu’il n’y a rien de caché dans l’univers, dans l’homme et dans Dieu, qui ne doive être découvert rien de secret dans l’universalité entière qui ne doive nous être connu ; homme de paix, homme de désir, nouvel homme, si vous ne trouvez pas là de puissants encouragements, et comme autant d’immenses véhicules pour vous soutenir et vous faire avancer dans la carrière, vous n’êtes pas dignes d’y avoir mis le pied. Nouvel Homme 40

Que votre passion la plus active soit d’avancer ainsi le lumière dans tout votre être, afin que ce qui est encore caché en vous soit découvert, et que par vous ensuite se découvre et se manifeste ce qui est caché dans Dieu et dans l’univers ; parce qu’il est écrit : quiconque me confessera et me reconnaîtra devant les hommes (à commencer par tout ce qui dans votre intérieur), je le reconnaîtrai aussi devant mon père qui est dans le ciel ; et quiconque me renoncera devant les hommes, je le renoncerai aussi devant mon père qui est dans le ciel. Songez que ce père et ce ciel sont en vous, et que chaque jour de votre vie, ces paroles peuvent avoir pour vous leur accomplissement. Prenez donc garde de faiblir dans votre oeuvre, par la lâcheté, par des considérations inférieures, ou par le défaut de confiance en celui que vous devez reconnaître dans tous les points des facultés qui vous constituent. Il est dit : Celui qui ne prend pas sa croix, et ne me suit pas, n’est pas digne de moi, celui qui conserve sa vie la perdra, et celui qui perd sa vie pour l’amour de moi la conservera ; parce que les peines, les travaux, et les afflictions, sont cette violente compression par laquelle seule se peut exprimer de toutes parts la substance divine qui est en vous, et qui n’en peut sortir et se faire connaître que par une salutaire contraction. Nouvel Homme 40

Oui, vous pourrez dire : voilà cet ami fidèle qui ne m’a point quitté dans ma détresse et dans ma douleur, et qui a été mis en prison à cause de moi ; voilà celui dont le baptême spirituel et physique m’a rendu un nouvel homme, voilà le précurseur qui a crié dans le désert à tout mon peuple : rendez droites les voies du Seigneur. Il est plus qu’un prophète, puisque les prophètes n’ont annoncé la lumière que sous des voiles et des images qui n’en étaient que comme des ombres, au lieu qu’il a montré et indiqué lui-même cette lumière, et l’a fait toucher au doigt, comme saint Jean découvrit au monde le Réparateur, lorsqu’il dit en le voyant venir : Voici l’agneau de Dieu. Voici celui qui ôte les péchés du monde. Il est plus qu’un prophète en ce que, comme saint Jean, c’est par sa bouche qu’a passé l’annonce et le signalement du salut des nations. Nouvel Homme 41

C’est là où la vie suprême, touchée de sa misère, n’a pu s’empêcher de venir partager ses maux et ses privations, pour le mettre à même de partager ensuite avec elle, cette liberté qu’il avait perdue ; notre fidèle compagnon est descendu avec nous dans notre abîme, comme le Réparateur est descendu dans l’abîme universel ; il verse des sueurs de sang avec nous, pour nous aider à opérer cette transmutation qui eût été si visiblement au-dessus de nos forces ; cet ami fidèle, en travaillant avec tant de constance à notre régénération, a développé en nous le nouvel homme qui nous a appris combien nous pouvions devenir terribles pour nos ennemis, puisque nous étions la parole et le nom de Dieu, et qu’il n’y a rien de si terrible que la parole et le nom du Seigneur (Ps. 110:9). Nouvel Homme 41

Mais si ces interrogateurs qui naîtront en lui, lui paraissent pleins de la même persuasion que lui ; s’ils viennent à lui avec une conformité de confiance, et de désir qui tende à leur avancement spirituel, et à la gloire de leur commun maître, il n’hésitera pas à leur ouvrir tous ses trésors, parce qu’il y sera entraîné par le rapport, et la similitude qui se trouveront entre eux et lui, et en outre, il aura le vif espoir que ces êtres de désir, s’unissant à lui, ils obtiendront plus aisément, par leur réunion, les grâces, et les secours dont ils ont, et auront toujours besoin, comme n’étant que les serviteurs de Dieu ; il n’aura, dis-je, le vif espoir que cette réunion obtiendra plus facilement la manifestation des puissances divines, et que par là s’accroîtra le nombre des adorateurs du vrai Dieu. Nouvel Homme 42

Si la foi est réellement le nouvel homme, l’humilité en est réellement la nourriture. Aussi n’est-ce que dans l’humilité et dans une sainte frayeur que l’on sent Dieu, que l’on apprend ses secrets et que l’on peut apprendre à en faire un utile usage ; or, que pouvons-nous faire tant que nous ne sentons pas Dieu physiquement en nous ? Voilà pourquoi le Réparateur ne cessait de dire aux Juifs, « qu’il ne pouvait rien faire de lui-même, qu’il ne jugeait que selon ce qu’il entendait, mais que son jugement était juste, parce qu’il ne recherchait pas sa volonté propre, mais la volonté de son père qui l’a envoyé. » Voilà pourquoi aussi il ne cessait de leur donner les raisons de leur peu de foi, en leur reprochant qu’ils ne s’appuyaient point sur les véritables témoignages, et qu’ils tiraient toute leur gloire des hommes ; comment pourriez-vous croire, vous qui recherchez la gloire que vous vous donnez les uns aux autres, et qui ne recherchez point la gloire qui vient de Dieu seul ? (Jean 5:44). Nouvel Homme 42

Il se trouvera peut-être dans le nouvel homme des Juifs, qui lui demanderont, comme autrefois les docteurs de la loi et les Pharisiens demandaient au Réparateur : Pourquoi vos disciples violent-ils la tradition des anciens? Car ils ne lavent point leurs mains lorsqu’ils prennent leur repas. Lorsqu’ils ne seront pas susceptibles de s’élever à ces sublimes régions de l’esprit qui expliquent tout, il les fera tomber en confusion, en leur objectant leur propre conduite sur des points d’une plus grande importance ; et il leur dira : « Pourquoi vous-mêmes, violez-vous le commandement de Dieu pour suivre votre tradition ? Car Dieu a fait ce commandement : honorez votre père, et votre mère ; et cet autre : que celui qui outrage de paroles son père ou sa mère, soit puni de mort. Cependant vous dites : quiconque dira à son père ou à sa mère : tout don que je fais à Dieu vous est utile, satisfait à la loi, encore qu’après cela il n’honore, et n’assiste point son père ou sa mère, et ainsi vous avez rendu inutile le commandement de Dieu par votre tradition. Hypocrites que vous êtes, Isaïe a bien prophétisé de vous quand il a dit : ce peuple est proche de moi en paroles, et il m’honore des lèvres, mais son coeur est bien éloigné de moi… toute plante qui n’aura point été plantée par mon père qui est dans le ciel, sera arrachée. » Nouvel Homme 43

Recueillons-nous ici devant Dieu, devant cet éternel principe de toute vie et de toute existence, à qui seul puissent être offerts des hommages mérités, et qui n’appartiennent à aucun être. Recueillons-nous devant lui, dans notre respect, et dans notre admiration de ce qu’il a permis que l’âme de puisse partager ainsi la douceur de son existence divine, et l’administration de ses trésors sanctifiants ; recueillons-nous, dis-je, dans un saint tremblement, afin que notre essence immortelle rassemble ainsi toutes ses puissances pour ne pas recevoir en vain ce sacrement de la parole, et pour qu’elle puisse contenir les eaux de ce fleuve immense que ce sacrement couler en elle. Nouvel Homme 46

C’est afin qu’elle n’ordonne rien en vain que le nouvel bomme s’unira sans cesse aux hommes de Dieu, pour qu’ils oignent ses membres de l’huile sainte, et qu’ils les préservent d’être meurtris par l’ennemi, ou desséchés par la langueur ; il priera le grand prêtre de venir renouveler en lui les diverses alliances que Dieu veut toujours faire avec l’homme, et que l’homme s’efforce toujours d’annuler ; il le priera de venir à toutes les heures, et à tous les moments administrer dans le sein de son âme le sacrement de la renaissance et de la revivification. Car sans cela, comment pourrait-il rassembler les portions éparses du nom du Seigneur ? Or, voici comment la sagesse a distribué les organes du nouvel homme, afin qu’il puisse remplir sa destinée sainte, et rassembler les portions éparses du nom du Seigneur. Nouvel Homme 47

Le coeur est assis à la droite de l’âme, c’est lui qui doit l’aider à mettre tous ses ennemis sous ses pieds. L’esprit est à sa gauche, pour l’avertir de l’approche de l’ennemi. Quand il a le bonheur de faire triompher la loi, et de mettre ses ennemis sous ses pieds, alors l’esprit rentre dans la droite, et la droite rentre dans la ligne de l’unité. Le Réparateur qui est le modèle divin du nouvel homme, n’est-il pas annoncé partout comme étant la droite de Dieu ? L’esprit en est la gauche ; il est chargé de veiller contre l’ennemi et de promulguer les jugements de l’intelligence éternelle ; expressions qui n’ont lieu que pour le temps, et sur lesquelles l’homme éclairé ne peut pas faire de méprises ; parce qu’il sait qu’au-dessus du temps tous les noms ne font qu’un seul nom, comme ils n’expriment qu’un seul acte. Mais dans le tableau de cette disposition temporelle des oeuvres divines, le nouvel homme voit pourquoi on nous a dit que notre vie était cachée dans le Réparateur ; c’est que le Réparateur est la vie, et que nous ne vivons que par le coeur, et voilà une raison de plus pourquoi l’homme est à la droite du Seigneur. Nouvel Homme 47

Oui, le coeur est le ciel de l’homme, et son âme en est le Dieu. Le Dieu ne peut pas mourir, mais ces cieux peuvent s’obscurcir, ils peuvent se rouler comme un livre. Le seul moyen par lequel le nouvel homme empêchera ses cieux de s’obscurcir, et de se rouler comme un livre, c’est qu’il s’est fait un coeur à l’image de Dieu, c’est qu’il s’est identifié avec celui qui est la droite de Dieu, et par là, il est devenu semblable à la vie. Hommes de paix, voulons-nous que notre ciel ne s’obscurcisse pas non plus, et ne se roule pas comme un livre, faisons-nous un coeur qui ressemble à la droite de Dieu, qui combatte, comme elle, universellement les désordres ; qui comme elle par son propre poids, précipite l’iniquité ; qui, comme elle, laisse continuellement sortir de lui-même des rameaux de toutes les vertus, et briller jour et nuit le chandelier à sept branches ; qui comme elle, puisse suffire à notre propre sûreté, et aux besoins spirituels des indigents ; enfin qui, comme elle, soit toujours prêt à faire l’oeuvre de Dieu dans tous les genres, et dans toutes les occasions. Nouvel Homme 47

C’est pour cela que mon coeur a été frappé d’une plaie que rien ne peut plus guérir sur la terre, parce que cette plaie est semblable à celle qui a frappé le royaume de la vérité. Aussi je ne chercherai point sur la terre le remède à la plaie de mon coeur. Je le chercherai, ce remède, dans le royaume de la vérité, puisqu’il n’y a qu’elle qui ait pu résister à l’ennemi, et qui puisse guérir toutes les plaies. Le royaume des cieux lui-même pleure, et est rempli de tristesse depuis que le mal a versé son venin, et que le prince des ténèbres s’est assis sur le tribunal : comment le coeur de l’homme ne serait-il pas dans le deuil, et dans les lamies, puisque le royaume des cieux, et le coeur de l’homme sont unis par une alliance qui les rend comme inséparables ? C’est dans cette alliance qui les rend comme inséparables, que se trouve aussi la seule consolation qui soit faite pour l’homme ; car les pleurs du royaume de Dieu, en pénétrant mon être, lui rendront l’intelligence, comme les pleurs de la vigne rendent la clarté à nos yeux corporels. Nouvel Homme 47

48. L’homme de Dieu est obligé de se diminuer sans cesse, et de se proportionner, comme Élie, à la petitesse du fils de la veuve de Sarepta pour le ressusciter. C’est là ce qui rend son ministère si laborieux ; il faut que cet homme de Dieu soit toujours en contradiction, pour approprier les vertus divines à notre demeure impure, et souillée. Car l’homme de Dieu est établi pour être perpétuellement l’organe de ces vertus, soit dans la prière, soit dans l’instruction, soit dans les oeuvres. Nouvel Homme 48

Que le nouvel homme ne s’effraie pas de ces fatigues, le temps du repos les lui fera toutes oublier. Le nouvel homme est un homme de vérité, et l’homme de vérité ne connaît aucun obstacle. Au milieu même de ses travaux, et de ses épreuves, il a toujours devant les yeux ce passage de David : que toute la terre se réjouisse en Dieu. Servez le Seigneur avec joie, entrez et présentez-vous devant lui dans de saints ravissements. Sachez que le Seigneur est le vrai Dieu, que c’est lui qui nous a faits, et que nous ne nous sommes pas faits nous-mêmes. Aussi toute la terre du nouvel homme est dans la sécurité, et dans la joie, parce qu’il sent que ses os deviennent semblables aux os de la vie, et que la vertu de la chair céleste, et du sang spirituel Pénètre, et nourrit sa chair et son sang. Nouvel Homme 48

Hommes du torrent, vous voudriez connaître les volontés de Dieu dans les différentes situations où vous vous trouvez, comme si vous étiez unis à lui, tandis que rien ne se peut faire pour vous sans cette union ; vous voudriez être unis à Dieu, comme si vous étiez purifiés, tandis que cette union ne peut se faire qu’après votre purification ; vous voudriez être purifiés, comme si vous aviez fait tous vos efforts pour cela, tandis que votre purification ne peut avoir lieu, qu’après de longs, et de pénibles sacrifices. Vous voudriez que ces longs, et pénibles sacrifices fussent faits, comme si les objets de ces sacrifices étaient déjà disparus de devant vous, tandis que ces mêmes objets composent aujourd’hui toutes les substances de votre être. Nouvel Homme 48

Commencez par mettre un voile entre vous, et les objets informes qui vous ont déformé la vue, et l’intelligence ; ce premier pas vous conduira aux sacrifices, les sacrifices vous mèneront à la purification, la purification vous mènera à l’union avec le principe actif de votre être, et ce principe actif vous dévoilera, à tous les instants, les volontés de votre Dieu ; car votre Dieu est toujours rempli de ses plans, et de ses desseins sur les hommes ; et lorsqu’il s’unit réellement à nous, ce doit être d’une manière vive et agissante, qui développe activement tous nos rapports et toutes nos lois. Nouvel Homme 48

On nous a dit que Dieu était tout ; mais ce n’est point dans le langage d’une morale vague, et stérile que nous pouvons comprendre cette vérité, ce n’est que de lui, par lui, et dans lui qu’elle nous peut être intelligible. Hélas, que font les hommes du torrent au milieu de richesses si abondantes ! Au lieu de s’unir à cette action une, ils se laissent journellement attirer, et séduire par toutes sortes d’actions diverses, et multipliées qui les détruisent, et les décomposent à force de les abuser. Nouvel Homme 48

Dieu avait dit : « L’homme sera un centre où réfléchiront tous les rayons de ma gloire. Il a reçu de moi, dans son corps, la base de toutes les impressions, et de toutes les qualités des êtres sensibles, comme il a reçu de moi, dans son esprit, la base de toutes les impressions, et de toutes les propriétés supérieures. C’est pour moi que j’ai disposé et placé l’homme dans ce haut rang. J’ai eu pour but ma propre joie, ma propre gloire, et l’avancement de mes desseins. Et cependant l’homme a dédaigné mes présents. Il a dédaigné de travailler à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins. Comment traiterai-je ce serviteur infidèle ? Je le traiterai comme les nations qui auront pris les idoles pour leurs dieux. Mille univers entassés les uns sur les autres, ne déroberaient pas à mes yeux ces coupables ; leur crime osa frapper mon trône, et la secousse qu’il éprouva, ma justice s’en souvient encore. Hommes négligents, hommes insensibles à ma gloire, et à l’avancement de mes desseins, remplissez-vous du zèle de ma maison jusqu’à ce que les murs de Jérusalem soient relevés, jusqu’à ce que vous soyez réellement convertis en une prière active, et en un sacrifice d’agréable odeur pour celui qui vous a créés. » Nouvel Homme 49

Quant au nouvel homme, il s’est réellement converti en une prière active, et voici comment ses facultés ont recouvré les droits de leur destination originelle. Il a dit : « J’invoquerai Dieu au nom du Réparateur, j’invoquerai le Réparateur au nom de l’accomplissement de la loi, j’invoquerai l’accomplissement de la loi au nom de la foi, j’invoquerai la foi au nom de mes oeuvres et de la constance de mes saintes résolutions. » Voilà les quatre fleuves que ce nouvel homme a trouvés en lui ; il a trouvé aussi en lui le jardin d’Eden ; dès lors il s’est rempli de confiance, et de zèle, et les moissons sont devenues abondantes. Autrefois ces quatre fleuves ne faisaient qu’un, lorsque ce jardin d’Eden était encore dans sa fertilité primitive. Mais les catastrophes de la nature, en multipliant les montagnes et les vallées, ont divisé les sources des fleuves, et en ont multiplié les courants. Nouvel Homme 49

C’est pourquoi le nouvel homme a dit avec jubilation, et dans la plénitude de son espérance : « Quand le feu du Seigneur aura enflammé mon coeur, et brûlé mes reins ; quand les hommes de Dieu auront préparé tous les sens de mon âme, quand l’huile sainte aura accompli ma consécration extérieure, et intérieure, alors le Seigneur entrera en moi, il se promènera dans moi, comme autrefois il se promena dans le jardin d’Eden. J’entendrai mon Dieu, je verrai mon Dieu, je concevrai mon Dieu, je sentirai mon Dieu ; il aplanira lui-même les voies par où il voudra faire marcher sa sagesse, il disposera mon coeur pour y pouvoir habiter comme dans un lieu de repos, et quand je voudrai me nourrir des douceurs de la vertu, de l’empire des forces et des puissances, et de la délicieuse contemplation de la lumière, je considérerai le céleste habitant qui demeurera en moi, et il me procurera à la fois tous ces biens. » Nouvel Homme 49

Quel est donc le triste état de la postérité humaine, où l’homme de désir lui-même est réduit à pleurer en vain, et à voir ses frères ou liés par de fortes chaînes dans de ténébreux cachots ou transportés dans les sépulcres de la mort et de la putréfaction ! Et cela sans qu’il lui soit possible d’agir pour leur délivrance, ni de rien opérer pour eux ! Il n’est que trop vrai, malheureux homme, que le temps, et la mort sont les rois de ce monde. Tu as des désirs purs, tu as des désirs divins, tu as des désirs qui concourent avec ceux dont le coeur et la sagesse de Dieu même sont remplis, et cependant ces désirs ne s’accomplissent point ! Et cependant l’oeuvre vraie se voit comme forcée de céder le pas à l’oeuvre illusoire ! Et cependant notre Dieu, lui-même, enveloppe sa gloire, et parait comme contraint de différer jusqu’à un autre temps, pour en manifester les triomphes ! Nouvel Homme 50

Nouvel homme, regarde-toi comme ce roi établi sur Sion, la sainte montagne du Seigneur, afin que tu annonces ses préceptes ; demande à Dieu tes propres nations pour ton héritage, et il étendra tes possessions jusqu’aux extrémités de la terre, et jusque dans les âmes de tes semblables. Car sa sagesse active, et invisible ne cherche qu’à faire pénétrer jusqu’a toi ses douces influences, et à te soutenir du haut de son trône, dans tes combats, afin de te faire remporter des victoires ; elle transportera ensuite auprès d’elle ton esprit triomphant, jusque dans ces paisibles régions où elle fait éternellement sa demeure, et où l’homme aurait dû demeurer aussi éternellement avec elle, s’il n’avait pas eu la faiblesse de les abandonner ; vérités qui pourraient être rebattues à toutes les pages de tous les livres, et qui ne devraient pas pour cela éprouver le reproche d’être trop répétées ; car comment accuserait-on les écrivains de trop dire une chose qui est la seule chose que l’on devrait dire ? Nouvel Homme 50

Si l’homme portait plus soigneusement sa vue sur son être intérieur, il parviendrait sûrement à découvrir en lui ce soleil radieux, et à le voir physiquement des yeux de son esprit comme il peut voir dans une glace la beauté de sa face avec ses yeux matériels ; car il a toujours, devant son être intérieur, un miroir vivant qui lui en réfléchirait la splendeur en nature. Il s’y verrait accompagné de la droite et de la gauche de Dieu, qui ne cessent de le préserver, et de le défendre, qui ont été opérantes temporellement dans les deux alliances, ou initiations spirituelle et divine, et qui ont été représentées corporellement aux trois disciples du Réparateur par les précurseurs de ces deux initiations : Moïse qui avait conduit le peuple jusqu’aux portes de la terre promise, et Elie qui était venu préparer les voies à l’alliance éternelle de la paix, et de la sainteté. Car le Réparateur ne montrait encore dans cette transfiguration, que les sentiers où l’homme devait passer pour retourner dans le royaume de la vie. Nouvel Homme 51

Mais l’homme intérieur ainsi accompagné visiblement de la droite, et de la gauche de Dieu entend encore, au-dessus de lui, la Voix divine qui prononce ces paroles consolantes : C’est mon fils bien-aimé, dans lequel j’ai mis toute mon affection. Ecoutez-le ; de façon que, se trouvant placé entre le ternaire divin et supérieur dont il émane, et dont il est fils et le ternaire spirituel de ses propres facultés, ou de ses trois disciples, il découvre en lui-même le tableau universel de toutes les régions, des lois d’action, et de réaction qui ont agi pour l’émanation de l’homme et qui agissent journellement pour sa sanctification, et pour sa glorification. Et voilà les trésors qui se dévoilent aux yeux du nouvel homme. Nouvel Homme 51

Il leur fera le commandement de ne parler de cette vision à personne, jusqu’à ce qu’il soit ressuscité d’entre les morts ; car si leur vue avait eu tant de peine à en soutenir l’éclat, eux qui y avaient été préparés, comment des oreilles impures et grossières en auraient-elles soutenu le récit ? Il suffit, d’après cette transfiguration, que les disciples du nouvel homme le regardent comme étant le fils de la Divinité, et qu’ils s’attachent à son service avec autant de zèle que s’ils étaient en présence un Dieu. Instruction que le nouvel homme ne peut trop graver en eux pour les maintenir dans la vigilance, et pour que, travaillant de concert avec lui, ils emploient continuellement tous leurs efforts à conserver la mesure, l’ordre, l’activité, et l’amour dans toutes leurs oeuvres, et dans tous leurs mouvements, afin que lui avec eux, et eux avec lui, manifestent de plus en plus, dans une représentation toujours plus parfaite cette unité suprême, dont le nouvel homme, et ses trois facultés sont l’image. Nouvel Homme 51

C’est par cette marche toujours croissante que le Réparateur a développé le cours de ses manifestations sur la terre. La loi et les prophètes ont duré jusqu’à Jean ; depuis ce temps-là le royaume de Dieu est annoncé, et il souffre qu’on le prenne par violence. L’agneau sacré avait été figuré par les sacrifices de l’ancienne loi ; l’ecclésiastique et les prophéties nous l’avaient désigné comme devant rendre la paix à la terre. Jean est le premier qui (comme nous l’avons dit, n°41) ait fait connaître visiblement le Réparateur sous le caractère de l’agneau qui venait ôter les péchés du monde. C’est par sa bouche que sont passés l’annonce et le signalement des nations. Nouvel Homme 52

Ce même Jean dans l’Apocalypse nous montre cet agneau sous un rapport encore plus vaste. Il nous le montre immolé depuis le commencement du monde ; il nous le montre ouvrant les sept sceaux, siégeant sur le trône de Dieu, célébrant les noces divines, et servant de lampe et de lumière au temple du Seigneur. Nouvel Homme 52

enchanteurs la voie simple des Ecritures qui lie naturellement l’homme à Dieu. Qui pourrait compter sur les faits produits par des opérations forcées ? Ils sont enfantés par la violence, ils doivent disparaître lorsque le règne de la paix vient à se montrer ; mais avant cette époque, il leur faudra un temps pour qu’ils s’effacent, et que les opérants puissent rentrer dans la route des fruits naturels. Cette attente sera douloureuse, en ce qu’elle tiendra l’homme dans la privation. Heureux encore si ces fruits ne sont que prématurés, et s’ils ne sont pas viciés dans leurs éléments, ou piqués des insectes malfaisants ! Nouvel Homme 52

Hommes de Dieu, consolez-moi, consolez-moi, mon coeur est gonflé d’affliction, consolez-moi, il est plein de douleurs comme le coeur des prophètes ; car il embrasse la vaste étendue du crime, et les abîmes s’entrouvent devant moi. J’y vois les victimes qui y sont immolées journellement sur l’autel de l’iniquité ; j’y vois ces infâmes sacrificateurs égorger eux-mêmes les victimes malheureuses qu’ils ont séduites sous l’appât des plus grands triomphes, et des plus douces consolations. J’y vois les satellites de ces sacrificateurs parcourir tous les sentiers de la terre pour surprendre de nouvelles proies, et les entraîner dans la caverne du lion féroce, et je ne vois personne qui les défende, et qui les arrache à la mort. Hommes de Dieu, que ce soient vos pleurs qui coulent dans toutes mes veines en place de mon sang. Donnez-moi votre force, et j’irai prendre tous ces prophètes de mensonge qui s’emparent de l’esprit des rois d’Israël, et comme Elie sacrifia les faux prophètes de Baal et d’Astarté, je les précipiterai dans le torrent de Cison. Je foulerai aux pieds ces habitants d’Edom ; je les foulerai comme dans un pressoir, et leur sang rejaillira sur mes vêtements, et rougira les bords de ma robe (Isaïe 63). Nouvel Homme 53

Malheureux mortel, n’oublie donc plus que la Divinité doit passer en toi tout entière ; avant ton crime, elle n’y aurait passé qu’avec gloire, au lieu qu’aujourd’hui elle n’y peut passer qu’avec humiliation. Apprends à reconnaître au moins, par là, la grandeur de ton origine et de tes droits ; apprends à reconnaître ce que tu vaux, en considérant que le Dieu s’est rendu ton fils, afin de devenir ton père une seconde fois. Apprends à reconnaître la dignité et la sainteté de tes alliances, et si tu n’es pas assez plein de respect pour toi-même, pour ne point t’égarer sentiers de la justice, rentres-y promptement par l’honneur, et par vénération pour ceux à qui tu appartiens. Nouvel Homme 54

Consolez-vous hommes de paix, vous n’êtes pas non plus séparés de ceux de vos frères qui habitent une atmosphère pure ; la mort ne sépare que le méchant ; c’est à lui d’attendre que l’on vienne lui apporter des secours ; parce qu’en lui ôtant son enveloppe de mensonge, on lui a ôté ce qui était tout pour lui. Souvenez-vous de la parabole du mauvais riche ; il aurait désiré que Lazare eût pu seulement tremper son doigt dans ses abîmes, pour en tempérer l’ardeur dévorante, et cette consolation lui est refusée. Mais l’homme juste n’est jamais un instant sans que le doigt de Dieu ne se trempe dans son atmosphère ; aussi, tel que l’épi au milieu du champ il voit sans sourciller la faux du moissonneur tout renverser autour de lui, et s’approcher pour le renverser à son tour ; il sait qu’en quittant cette terre il entre dans l’atmosphère de la pureté, et que là, des yeux plus perçants encore que ceux de l’impie, le visiteront avec vigilance pour le préserver, et l’aider à son insu. Nouvel Homme 55

56. Voici le tableau des degrés par lesquels le nouvel homme peut monter sur le trône de la gloire ; son être corporel est maintenu en activité et en harmonie par les éléments, les éléments sont opérés par leurs puissances, leurs puissances sont dirigées par les esprits des régions, les esprits des régions sont excités à leur oeuvre par l’âme sensible et désirante du nouvel homme, son âme sensible et désirante est activée par l’esprit saint. Là, l’âme divine du nouvel homme reçoit une pétulante impulsion qui est l’aiguillon de feu et de vérité ; de là elle arrive au respect et à l’amour du fils, d’où elle s’élève à la sainte terreur du père qui la tient tout entière dans la sagesse, le zèle, et la vigilante opération, jusqu’à ce qu’elle soit réintégrée dans l’unité non subdivisée, où elle ne connaîtra que l’amour qui est le caractère essentiel et universel de celui qui est Dieu. Nouvel Homme 56

Le nouvel homme ne monte ces degrés que dans un tremblement continuel, parce qu’il sait que le feu de l’esprit peut s’enflammer jusqu’à nos mauvaises substances, et que par conséquent rien n’est comparable aux précautions que nous devons prendre pour ne pas faire entrer Dieu en nous, sans avoir mis hors de nous toutes ces substances fausses et susceptibles de s’enflammer pour notre destruction, au lieu de s’enflammer pour notre véritable perfectionnement. D’ailleurs s’il n’en résulte pas toujours un si funeste embrasement, il en peut résulter au moins un terrible danger ; celui de ne pas recevoir l’action de l’esprit en nous dans son abondance et dans sa plénitude. Si vous voulez être parfait, disait le Réparateur au jeune homme de l’Evangile, allez, vendez ce que vous avez, et le donnez aux pauvres, et vous aurez un trésor dans le ciel, puis venez et me suivez. Nouvel Homme 56

Heureux celui qui mangera du pain dans le royaume de Dieu ! disait un de ceux qui se trouvaient un jour à table avec le Réparateur (Luc 14:15). Mais que lui dit le Réparateur pour lui montrer combien peu d’hommes savaient non seulement chercher l’esprit dans sa plénitude, mais même le laisser entrer en eux quand il se présentait, et vendre ce qu’ils avaient pour lui faire place ? Il lui rapporte la parabole du festin et du grand souper auquel un homme avait invité plusieurs personnes ; il lui rapporte comment toutes ces personnes s’excusèrent sous divers prétextes, l’un pour une maison qu’il vient d’acheter, l’autre pour une femme qu’il vient d’épouser, etc. Il lui rapporte comment il dit à son serviteur de faire entrer alors les pauvres, les estropiés, les aveugles, et même tous ceux qu’il rencontrera dans les chemins et le long des haies, parce qu’il veut que sa maison soit pleine. Nouvel Homme 56

Nouvel homme, nouvel homme, viens dissiper ces sombres nuages ; nous t’avons vu tout à l’heure expliquer le nom du père, expliquer le nom du fils, expliquer le nom de l’esprit, c’est-à-dire, développer activement toutes les merveilles renfermées dans ces riches trésors. Pour quelle raison nous as-tu expliqué ou développé tous ces trésors ? C’est que ces trésors se sont eux-mêmes expliqués ou développés sur toi, c’est qu’ils ont fait briller sur ta tête le signe éclatant de leur lumière, et qu’ils ont embrasé de leur feu tout ton être ; c’est qu’ils ont expliqué et développé le germe sacré qui te constitue, et qu’ils ont rendu la voix à cette pierre fondamentale qui est en toi, et sur laquelle l’éternel Dieu des êtres a promis de fonder son église ; c’est qu’ils ont rendu la voix à tout ce qui te compose, afin que tout ce qui te compose pût célébrer la gloire du Seigneur, à l’image de la créature universelle qui dans chacun de ses mouvements, à chacun des actes de son existence, manifeste la puissance et la glorieuse domination de l’éternel souverain des êtres. Nouvel Homme 56

Qui est-ce qui pourrait soutenir la vue de la majesté de l’homme, s’il se montrait ainsi expliqué et développé par l’active influence des puissants trésors dont il est né pour être la fidèle expression, et dont il est sans cesse environné ! Qui est-ce qui pourrait soutenir l’éclat de la majesté de Dieu qui serait en lui, et qui le rendrait comme une parole universelle se promenant perpétuellement depuis l’orient jusqu’à l’occident, et depuis l’occident jusqu’à l’orient, afin que tout soit plein du nom du Seigneur, et que tous les sentiers de la vie et de la justice soient sans cesse éclairés de la lumière et de la vérité, dans la crainte que ceux qui s’y présenteraient pour y marcher ne fussent exposés aux pièges et aux embûches de l’ennemi qui ne tend qu’à retarder les pas de l’armée d’Israël vers la cité sainte ? Nouvel Homme 56

N’oublions plus que telle est la tâche de la postérité humaine, et que c’est pour cela que le nouvel homme s’appelle aussi fils de Dieu. Car, il a fallu pour qu’il devînt un nouvel homme que les puissances suprêmes se rassemblassent, se concentrassent dans leur force et dans leur unité, et qu’elles se résolussent à prononcer hautement leur nom sur lui. Nouvel Homme 56

C’est alors que les habitants de cette ville sainte qui attendaient ce divin prophète, étendent leurs habits, et jettent des branches d’arbre sous ses pieds, « c’est alors que tous les disciples en foule commencent à louer Dieu à haute voix en disant : béni soit le roi qui vient au nom du Seigneur. Paix soit dans le ciel, et gloire dans les lieux très hauts ! » Les Pharisiens ont beau murmurer, et prier le maître de faire taire ses disciples ; il leur déclare que si ceux-ci se taisent, les pierres même parleront. Nouvel Homme 57

Félicite-toi donc en effet, ô nouvel homme, de ce que le Réparateur a voulu accomplir en toi la promesse qu’il a faite à Abraham de ne jamais abandonner son peuple ; mais pleure sur le vieil homme, et sur tous ceux qu’il a subjugués, et dis-lui : « Ah, si tu avais reconnu au moins en ce jour qui t’est donné ce qui te pouvait apporter la paix! Mais maintenant tout ceci est caché à tes yeux ; car il viendra un temps malheureux pour toi, que tes ennemis t’environneront de tranchées, qu’ils t’enfermeront, et te serreront de toutes parts, qu’ils te raseront, et te déchireront entièrement, toi, tes enfants qui sont dans tes murs, et qu’ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n’as pas connu le temps auquel Dieu t’a visité. » Nouvel Homme 57

Ils lui demanderont donc s’il leur est permis ou non, de payer le tribut à César. Mais le nouvel homme, voyant leur malice, leur dira : « Pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi un denier. De qui est l’image et l’inscription qu’il porte ? De César ? Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu », réponse qui les rendra muets, et honteux, sans qu’ils percent cependant dans toute la profondeur qu’elle renferme ; car de même qu’ils n’ont pas pu dire si le baptême de Jean était des hommes ou s’il était du ciel, attendu qu’ils ne connaissent point les rapports de l’âme humaine avec Dieu, de même ils ne verront pas pourquoi ils doivent rendre à Dieu le tribut qui appartient à Dieu, puisqu’ils ignorent que le tribut n’est dû à Dieu que parce que l’âme humaine porte l’image de ce suprême souverain, comme le denier portait l’image et l’inscription de César. Nouvel Homme 57

Il leur dira : « Les enfants de ce siècle-ci épousent des femmes, et les femmes des maris. Mais pour ceux qui seront jugés dignes d’avoir part au siècle à venir, et à la résurrection des morts, ni les hommes n’épouseront plus de femmes, ni les femmes de maris ; car, alors, ils ne pourront plus mourir, parce qu’ils deviendront égaux aux anges, et qu’étant enfants de la résurrection, ils seront enfants de Dieu ; et quant à ce que les morts doivent ressusciter un jour, Moïse le déclare assez lui-même, lorsqu’étant auprès du buisson il appelle le Seigneur le d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob ; or, Dieu n’est point le Dieu des morts, mais des vivants, parce que tous sont vivants devant lui. » Nouvel Homme 57

Mais il n’y a que les agitations opérées par la main de Dieu qui soient salutaires ; car les esclaves de l’ennemi sont aussi dans l’agitation, sans qu’ils en retirent aucun profit. Cet ennemi, après avoir remporté presque universellement la victoire, agit en maître et en tyran sur ses sujets. Il les vexe par des vives douleurs, pour leur faire sentir que la matière est son royaume. Il les punit d’avoir eu l’imprudence d’agir sans leur Dieu, en les tourmentant sur cette terre, comme dans un lieu où Dieu n’agit point. Nouvel Homme 58

Malheureux, quand cesserez-vous vos blasphèmes ? Vous n’en pouvez proférer un qui ne coûte la vie ou la santé à nos frères. Mais le Dieu de paix et d’amour sera plus grand que leurs blasphèmes. Il inclinera ses yeux sur notre triste postérité, et sur notre propre maison, et malgré les malédictions des insensés, il laissera descendre jusqu’à nous la frange de son vêtement. Pour peu que nous venions seulement à la toucher, nous serons guéris de notre perte de sang. Nouvel Homme 58

Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58

« Prenez garde que personne ne vous séduise, parce que plusieurs viendront, sous prétexte de vous instruire, et de vous soulager ; mais comme ils seront eux-mêmes remplis de ténèbres, ils ne feront que vous égarer davantage ; et le signe auquel vous les reconnaîtrez, c’est lorsqu’ils vous proposeront d’autres Dieu, son esprit, et vous, et qu’ils voudront vous épargner travail pénible de puiser constamment et sans relâche dans celui qui vous a donné l’existence, et qui a mis en vous une universelle représentation de lui-même et de toutes ses oeuvres. » Nouvel Homme 59

Il attend l’heure favorable pour venir opérer dans l’âme ce salutaire sacrifice, parce que son amour pour nous l’a engagé même à s’assujettir à la loi des heures ; mais quand cette heure est arrivée, il se met à table avec nous, et il nous dit : « J’ai souhaité avec ardeur manger cette Pâque avec vous avant de souffrir ; car je vous déclare que je n’en mangerai plus désormais jusqu’à ce qu’elle soit accomplie dans le royaume de Dieu. » Parce qu’après la consommation du grand sacrifice du Réparateur, il fallait encore un temps pour la ratification, et pour que les fruits de ce sacrifice parvinssent à leur terme. Nouvel Homme 60

Aussi l’oeuvre étant déjà commencée pour lui, puisque le traître ayant reçu son morceau était déjà sorti, il annonce que maintenant le fils de l’homme est glorifié, et que Dieu est glorifié en lui ; et c’est alors qu’il leur donne les principales instructions relatives à l’oeuvre qu’il va consommer, et qu’ils doivent partager avec lui : « Je vous donne un commandement nouveau, de vous aimer les uns et les autres, afin que vous vous entr’aimiez comme je vous ai aimés. C’est en cela que tous connaîtrons que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » Afin qu’ils comprissent que l’oeuvre de ce maître était l’oeuvre de l’amour, et qu’ils ne pouvaient jamais être image et ressemblance de leur principe, qu’autant qu’ils se rendraient par leurs oeuvres, et par leur sacrifice, l’image et la ressemblance de cet amour. Nouvel Homme 60

61. « Que votre coeur ne se trouble point. Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon père. Si cela n’était pas, je vous l’aurais dit, car je m’en vais vous préparer le lieu. Et après que je m’en serai allé, et que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai, et vous retirerai à moi, afin que vous soyez où je serai. » Cette demeure qu’il devait préparer était celle que la puissance perverse avait usurpée dans l’univers, et dans l’homme à qui l’esprit venait la rendre pour l’accomplissement des décrets de l’amour, et de la justice du souverain être. Ces différentes demeures qui sont dans la maison de son père, sont les différents dons, et les différentes récompenses qui sont promises à ceux qui les auront fait valoir. Nouvel Homme 61

Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61

« Si vous m’aimez, gardez mes commandements, et je prierai mon père, et il vous donnera un autre consolateur afin qu’il demeure éternellement avec vous, l’esprit de vérité que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit point, et qu’il ne le connaît point ; mais pour vous, vous le connaîtrez, parce qu’il demeurera avec vous, et qu’il sera dans vous » ; c’est ce même fils spirituel, né de nous, et en nous par l’opération divine, qui devient notre consolateur, comme il est devenu notre libérateur, et cela en imitation, et en conformité du consolateur universel, et du libérateur éternel qui veut que nous répétions tous en nous-mêmes l’oeuvre qu’il a opérée dans tout notre cercle ; ce consolateur doit en effet demeurer éternellement avec nous dès qu’il est né de l’esprit de Dieu, au lieu que les autres enfants que nous laissons naître journellement dans nous-mêmes, ne voient point subsister leur race, parce qu’ils ont des enfants du monde. Voilà pourquoi ce consolateur particulier ne peut être reçu du monde, parce qu’il est étranger au monde, comme la lumière est étrangère aux ténèbres, et parce que le monde ne le voit point, et ne le connaît point. Nouvel Homme 61

63. « Je vous ai dit ces choses pour vous préserver des scandales et des chutes. lis vous chasseront de leurs synagogues, et le temps va venir que quiconque vous fera mourir, croira faire un sacrifice à Dieu. Ils vous traiteront de la sorte parce qu’ils ne connaissent ni mon père, ni moi. » Le scandale est la honte de l’intelligence, tant de la part de celui qui le donne, que de la part de celui qui le reçoit, parce que celui qui a les yeux ouverts s’observe dans ses propres mesures, et discerne trop bien celles des autres pour ne leur pas rendre ce qui leur appartient, soit l’intérêt du dévouement lorsqu’elles sont justes, soit celui de la condescendance et de la pitié lorsqu’elles ne le sont pas. Nouvel Homme 63

« Vous êtes donc maintenant, vous autres, dans la tristesse, mais je vous verrai de nouveau, et votre coeur se réjouira, et nul ne vous ravira votre joie. » Parce que l’homme que vous aurez mis au monde ne sera né ni de la chair, ni du sang, ni de la volonté de l’homme, mais de la volonté de l’esprit, et qu’ainsi cet homme sera nommé le fils de Dieu. Nouvel Homme 63

« Je vous ai dit ceci en paraboles. Le temps, vient que je ne vous entretiendrai plus en paraboles, mais que je vous parlerai ouvertement de mon père. En ce temps-là vous demanderez en mon nom, et je ne vous dis point que je prierai mon père pour vous, car mon père vous aime lui-même, parce que vous m’avez aimé, et que vous avez cru que je suis sorti de Dieu. » Le temps des paraboles est celui où nous sommes encore sous les ombres de notre région ténébreuse qui, comme l’ancienne alliance, ne nous permet de voir que des éclairs de la vérité ; lorsque l’âge de la maturité de l’esprit est arrivé pour le nouvel homme, il est au-dessus des paraboles, puisque la parole ou la bouche du père est ouverte pour lui, et que le père cherche à le récompenser de l’avoir reconnu dans la parole et la bouche de son fils. Nouvel Homme 63

« Vous lui avez donné puissance sur tous les hommes, afin qu’il donne la vie éternelle à tous ceux que vous lui avez donnés. Or, la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et le Réparateur que vous avez envoyé. » La puissance n’est donnée au nouvel homme sur toutes les régions de son être, qu’afin qu’il leur communique la vie éternelle dont il est rempli ; et cette vie éternelle peut-elle être autre chose que de connaître le suprême auteur de la vie dans celui qu’il a envoyé pour le manifester, et de sentir en nous-mêmes, comme cela est donné à tous, l’oeuvre effectif de cette naissance spirituelle par la naissance du nouvel homme en nous ; merveille qui pourrait nous combler de joie, mais qui ne devrait pas nous surprendre, si nous avions présent à la pensée, que nous devons être sous tous les rapports, l’image, et la ressemblance de Dieu. Nouvel Homme 64

« Mon père, je désire que là ou je suis, ceux que vous m’avez donnés y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde. » Nouvel homme, contemple ici la gloire que te prépare le Réparateur, afin que tu la prépares toi-même à ton tour à tous les tiens. Ce n’est rien moins que d’être là où est le Réparateur lui-même ; ce n’est rien moins que de contempler sa propre gloire, de percer par là jusqu’à cette lumière qui est au-dessus des temps, de sentir en t’élevant jusqu’à lui, ce que c’est que d’avoir été aimé de Dieu avant la création du monde ; et de reconnaître par ce moyen, l’immensité du vaste champ que peut embrasser ton antique origine, et ta sainte immortalité. Nouvel Homme 64

Tu reviendras jusqu’à trois fois vers les tiens, et les trouvant chaque fois endormis, comme s’endormirent jadis les trois facultés du premier coupable, tu leur diras : Voici l’heure qui proche, et le fils de l’homme va être livré entre les mains pêcheurs. Dès lors tu recevras le baiser de Juda ; baiser semblable à celui que le premier coupable reçut de l’ennemi dans les fausses promesses d’une grandeur illusoire dont il berça son espérance ; et tu tomberas comme ce premier homme coupable, de celui qui te trahit. Mais le premier homme ne tomba ainsi au pouvoir de ses ennemis que parce qu’il suspendit ses puissances ; et toi, nouvel homme, c’est pour retomber au pouvoir de Dieu que tu vas suspendre les tiennes afin, que tous les ressorts de l’expiation puissent être mis en mouvement. Nouvel Homme 65

Tant que le grand prêtre n’emploiera avec toi que la voix de ces faux témoignages, tu garderas le silence, non seulement parce que tu t’es dévoué, mais encore parce que tu sais que l’homme ayant lui-même faussé le témoignage qu’il devait rendre autrefois à la Divinité suprême, c’est une loi de la justice qu’il éprouve la peine du talion, et qu’il soit l’objet des faux témoignages. Mais quand le grand prêtre te commandera par le Dieu vivant, de lui dire si tu es le Christ fils de Dieu, tu montreras ton respect pour ce nom ineffable, et tu lui répondras que tu es l’oint du Seigneur pour opérer ta régénération particulière, comme le Réparateur est l’oint du Seigneur pour la régénération universelle. Tu ajouteras même pour lui faire connaître ta tranquillité au milieu de ses menaces, et ton espérance au milieu de tes tribulations, qu’un jour il verra le fils de l’homme assis à la droite de la majesté de Dieu, qui viendra sur les nuées du ciel. Nouvel Homme 65

Tu verras pourquoi les princes des prêtres, les sénateurs, les soldats, et tout le peuple qui passait par là l’accable de mépris, en lui disant que s’il était l’élu de Dieu envoyé pour sauver les autres, il se sauverait lui-même, et que s’il voulait qu’ils crussent en lui, il n’avait qu’à descendre de la croix ; parce qu’ils ignorent qu’il n’a que cette voie cruelle pour accomplir l’oeuvre de notre délivrance, puisque nous avons laissé crucifier par le sang et par la matière ce qui était à lui, et ce qui était sorti de lui, et parce que si le Réparateur descendait de la croix, l’oeuvre spirituelle serait manquée, quand même les yeux corporels de la multitude se promettraient d’être convaincus par ce prodige. Nouvel Homme 66

Tes bourreaux ne rompront point tes os, comme ils n’ont point rompu ceux du Réparateur, ils ne diviseront point non plus ta robe, parce que tu es toi-même le sens et l’esprit dont toutes ces choses étaient le type et la lettre ; mais ils perceront ton côté, comme ils ont percé celui de son corps, afin que ton sang spirituel soit répandu, et que tu rendes à Dieu ce que tu avais pris à Dieu, comme le Réparateur rendit à la terre le sang matériel qu’il avait reçu de la terre. Mais de même que le sang matériel du Réparateur, vu sa pureté, a rectifié toutes les puissances des éléments universels, de même ton sang spirituel en se répandant doit couler sur toute ta personne et sur toutes tes puissances, pour leur rendre leur première vertu et leur premier caractère. Nouvel Homme 67

Voilà cet agneau sans tache qui est immolé en toi dès le commencement de ton monde particulier, comme l’agneau divin a été immolé depuis le commencement du monde général pour la rédemption de l’universalité des humains ; voilà cet agneau qui est engendré en toi par l’esprit, comme le Réparateur était engendré par Dieu ; enfin voilà cet agneau dont la crucifixion t’est aussi nécessaire et aussi indispensable pour opérer ta reconnaissance particulière, que la crucifixion corporelle du Réparateur pouvait l’être pour opérer la renaissance de toute la famille humaine. Nouvel Homme 67

Toutes tes autres substances qui auront été témoins de ton sacrifice seront dans l’étonnement ; et à l’image de ce centenier, et de ceux qui étaient avec lui pour garder le corps du Réparateur, elles diront : Cet homme était vraiment le fils de Dieu. Car ayant vu le tremblement de terre, et tout ce qui se passera en toi, elles seront saisies d’une extrême crainte. Il n’y a pas une portion de toi-même qui ne doive éprouver cette extrême crainte à la vue des prodiges qui s’opéreront à ton supplice, et qui ne doive dire : Cet homme était vraiment le fils de Dieu, puisque lors de la prévarication, il n’y a pas eu une portion de toi-même qui n’ait été dans une orgueilleuse sécurité, et qui n’ait refusé alors de reconnaître Dieu pour ton père. Nouvel Homme 67

68. Pierre nous apprend (Epître 1ère ch. 3:19) : « que le Réparateur étant ressuscité par l’esprit, alla prêcher aux esprits qui étaient retenus en prison, qui autrefois avaient été incrédules, lorsqu’au temps de Noé ils s’attendaient à la patience et à la bonté de Dieu… » Puisque le nouvel homme doit être pour lui-même un réparateur particulier à l’imitation de celui qui est venu lui tracer la voie et qui a opéré pour l’universalité, il faut donc que ce nouvel homme après avoir consommé son sacrifice, descende dans ses propres abîmes pour y opérer un jugement terrible sur tous les prévaricateurs qui en lui ont été incrédules, et ne se sont pas maintenus fidèles à la vérité ; et ce jugement ne sera pas le moment le moins pénible de son oeuvre. Car, quelle est l’éponge qu’il ne faille pas presser après qu’elle a été imbibée des eaux corrompues ? Et sans cela la nature serait-elle l’éponge du péché ? L’homme serait-il l’éponge de la nature ? Le Réparateur serait-il l’éponge de l’homme ? Nouvel Homme 68

Car c’est là le moment d’opérer dans toutes les régions de son essence le renouvellement qui s’est déjà opéré en lui-même, et qui devait commencer à partir de son coeur, ou de son propre centre, pour s’étendre ensuite aux extrémités les plus éloignées, comme la réparation universelle est partie du coeur de Dieu pour se répandre ensuite sur toutes les nations. Aussi pourquoi le Réparateur universel fût-il resté trois jours dans le tombeau, si ce n’était pour purifier, et scruter rigoureusement les trois régions qui composent tout l’univers visible et invisible ? Nouvel Homme 68

Or, quel autre objet peuvent avoir ces différentes stations, si ce n’est de ramener, s’il est possible, jusqu’aux derniers restes des tribus éparses d’Israël, en leur faisant naître le désir d’entrer librement dans la voie de leur délivrance, de se précipiter avec courage dans la Mer Rouge, et de traverser douloureusement tous les déserts qui leur restent à parcourir, pour rentrer du lieu de leur esclavage, et de leur servitude dans la terre promise, et dans la Jérusalem sainte qu’ils ne pourront jamais occuper tant qu’ils ne se seront pas livrés avec ardeur, et résignation à ces pénibles voyages, et à ces périlleuses entreprises. Car si la nature est l’éponge du péché, si l’homme est l’éponge de la nature, si le Réparateur est l’éponge de l’homme, Dieu seul est le lieu de repos de tous les êtres, et c’est là cette Jérusalem à laquelle sont convoquées toutes les tribus d’Israël, tant dans l’ordre universel de l’espèce humaine, que dans l’ordre particulier des individus. Nouvel Homme 68

Mais en passant de nouveau par cet être apparent, il fera comme le Réparateur que Dieu avait ressuscité le troisième jour ; il se montrera vivant, non à tout le peuple (actes 10:41), mais aux témoins choisis avant le temps de sa mission particulière ; afin que les témoins puissent prêcher, et attester ensuite devant tout le peuple, que c’est ce nouvel homme qui a été établi de l’esprit pour être dans son royaume individuel le juge des vivants et des morts. Il ne se montrera point à tout le peuple, qui est en lui, car tout le peuple qui est en lui n’est pas en état de contempler sa gloire, et de mettre à profit ses trésors. Nouvel Homme 69

Tu verras cet Etre infini verser continuellement sur nous dans tous les genres, l’abondance de ses puissances, de sa majesté, et de son infinité ; car notre volonté pestilentielle a beau faire, l’Eternel ne cesse de nous en démontrer la borne, et l’impuissance en nous faisant constamment nager dans son universelle immensité. Ne t’afflige donc point, âme humaine, si ton nouvel homme, après t’avoir bénie, s’est séparé de toi, et a été enlevé au ciel. Imite l’exemple des disciples du Réparateur universel qui après l’avoir « vu se séparer d’eux, et monter au ciel, s’en retournèrent comblés de joie à Jérusalem, où ils se tinrent sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu, » parce qu’ils étaient pleins de confiance en ses promesses. Nouvel Homme 70

En effet tu connaîtras les langues de toutes les substances qui te constituent ; tu entendras leur langage, et elles entendront le tien, afin que vous concouriez toutes ensemble à manifester chacune les dons particuliers qui vous sont propres, pour étendre de plus en plus le règne de votre Dieu, il ne se passera pas un mouvement en toi dont tu n’aies l’intelligence, et auquel tu ne sentes en même temps le jugement que tu en dois porter, et l’usage que tu dois en faire. Si ces mouvements sont faux, ils entendront ta langue aussi bien que les mouvements vrais, mais ils ne l’entendront que pour leur condamnation, car ta langue deviendra l’épée à deux tranchants. Nouvel Homme 70

Lors donc que ces mouvements faux se feront connaître en toi, tu n’auras qu’à dire un mot, et ils seront précipités dans leurs abîmes, et tu auras le droit de dire aux Saphires et aux Ananies qui seraient en toi, et qui chercheraient à te tromper : « Comment Satan a-t-il tenté votre coeur pour vous porter à mentir au Saint-Esprit, et à détourner une partie de votre fond de terre ? Ne demeurait-il pas à vous si vous l’aviez voulu garder… ? Ce n’est pas aux hommes que vous avez menti, mais à Dieu ; voilà ceux qui viennent pour vous enterrer qui sont à la porte. Et à ta parole, ces imposteurs rendront l’esprit et seront portés en terre. » Nouvel Homme 70

Lors donc qu’en allant au temple, selon ta coutume, tu rencontreras de pauvres estropiés tu les regarderas pour juger de leur foi, et quand par le mouvement intérieur de l’esprit tu croiras pouvoir employer tes richesses en leur faveur, tu leur diras : Je n’ai ni or, ni argent, mais ce que j’ai je vous le donne, soyez guéris au nom du Réparateur et marchez. Alors ils se lèveront, ils se tiendront fermes sur leurs pieds, et entreront avec toi dans le temple, en marchant, en sautant et en louant Dieu. Nouvel Homme 70

Tu seras affranchie des entraves de la loi dès que tu seras admise au règne de l’esprit et si ta pieuse délicatesse te laisse encore des inquiétudes sur les ordonnances lévitiques, il te sera répondu par l’esprit comme à saint Pierre (Actes 10:15) : N’appelez pas impur ce que Dieu a purifié. Nouvel Homme 70

Tu ne devras point être surprise si, lorsque tu parleras avec foi et confiance aux peuples qui sont en toi et qui t’écouteront, l’esprit descend sur eux, comme il est descendu sur toi, à la parole du nouvel homme, et s’ils deviennent par là susceptibles de recevoir le baptême de ta main, comme tu l’as reçu de la main de ton Réparateur particulier, en raison de ce que tu es dépositaire des sept sources sacramentelles qui doivent jaillir de ta pierre fondamentale : car la promesse a été faite à toi et à tes enfants, et à tous ceux qui sont éloignés, autant que le Seigneur ton Dieu en appellera. (Actes 2:39). Nouvel Homme 70

Voyons-le ainsi tracer d’avance en lui le tableau de ces derniers temps, où l’espérance sera abolie, et où il ne restera que la consolation ou le désespoir, que la jouissance parfaite ou la privation absolue. Voyons-le prendre les sept trompettes pour appeler en lui au jugement dernier toutes les nations qui sont soumises à sa puissance, pour examiner celles « qui auront adoré la bête ou son image, qui en auront reçu le caractère sur leur front ou dans la main, afin qu’elles boivent du vin de la colère de Dieu, de ce vin tout pur, préparé dans le calice de sa colère, et qu’elles soient tourmentées dans le feu et dans le soufre devant les saints anges, et en présence de l’agneau. » Nouvel Homme 71

Voyons-le d’un autre côté « debout sur la montagne de Sion, et avec lui les cent quarante-quatre mille personnes qui auront le nom de l’agneau et le nom de son père écrits sur le front, et qui chanteront le cantique nouveau devant le trône, comme ayant été rachetés de la terre ; car leur voix sera semblable à un bruit des grandes eaux, et au bruit d’un grand tonnerre, et ne formera que comme un seul son de plusieurs joueurs de harpe qui touchent leurs harpes. Et il ne s’est point trouvé de mensonge dans leur bouche parce qu’ils sont purs et sans tache devant le trône de Dieu. » Nouvel Homme 71

Voyons-le ensuite prendre dans le temple du tabernacle du témoignage les sept coupes d’or pleines de la colère de Dieu qui vit dans les siècles des siècles. Nouvel Homme 71

Voyons-le verser les quatre premières coupes sur la terre, sur les fleuves, et sur le soleil pour opérer la dissolution de la région fantastique et illusoire qui le retient dans les ténèbres, et pour faire « que les hommes qui auront le caractère de la bête soient frappés d’une plaie maligne et dangereuse, que la mer devienne comme le sang d’un mort, que les fleuves et les sources des eaux soient changés en sang ; et les hommes étant frappés d’une chaleur dévorante, blasphèmeront le nom de Dieu, qui a ces plaies en son pouvoir, refusant de faire pénitence pour lui donner gloire. La cinquième coupe se répandra sur le trône de la bête, et son royaume deviendra ténébreux. La sixième coupe se versera sur le grand fleuve d’Euphrate, et son eau sera séchée pour ouvrir le chemin aux rois qui doivent venir de l’Orient. La septième coupe se répandra dans l’air, et une forte voix se fera entendre du temple comme du trône, et qui dira : c’en est fait. » Nouvel Homme 71

Après tous ces effroyables prodiges le nouvel homme « prendra la bête et avec elle le faux prophète, et les jettera tout vivants dans l’étang de feu et de soufre » et il sortira du trône une voix qui dira : « Louez notre Dieu, vous tous qui êtes ses serviteurs, et qui le craignez, petits et grands, parce que ses jugements sont véritables et justes, qu’il a condamné la grande prostituée, qui a corrompu la terre par sa prostitution, et qu’il a vengé le sang de ses serviteurs que ses mains ont répandu. Nouvel Homme 71

Ame humaine, quand ces redoutables jugements seront prononcés, et exécutés en toi, c’est alors qu’il y aura pour toi un nouveau ciel, et une nouvelle terre, car le premier ciel, et la première terre auront disparu, et la mer ne sera plus ; alors tu verras « la ville sainte, la nouvelle Jérusalem, qui venant de Dieu descendra du ciel en toi, étant parée comme une épouse qui se pare pour son époux ; et tu entendras une grande voix qui viendra du trône, et qui dira : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et il demeurera avec toi, et tu seras son peuple, et tes yeux, et la mort ne sera plus. » Ame humaine, veux-tu connaître les proportions de cette ville sainte, de cette Jérusalem qui descendra en toi, étant parée comme une épouse qui se pare pour son époux, transporte-toi sur la grande, et haute montagne qui est en toi. Tu verras que cette ville sainte est illuminée de la clarté de Dieu, que la lumière qui éclaire, est semblable à une pierre précieuse, à une pierre de jaspe transparente comme du cristal. Nouvel Homme 71

Tu verras qu’elle est bâtie en carré, qu’elle est égale dans sa longueur, et dans sa largeur, et que la mesure de la muraille est de cent quarante-quatre coudées de mesure d’homme, pour te faire comprendre que c’est sur les propres dimensions à la fois ternaires, quaternaires, et septenaires de ton essence sacrée, que doit s’élever cette ville éternelle de la paix, et des consolations ; parce que tu es la seule avec qui l’éternelle source de toutes les mesures, et de tous les nombres, ait des rapports assez rapprochés, pour avoir voulu faire de toi son représentant parmi les peuples, et parmi toutes les régions de l’univers visible, et invisible ; tu reconnaîtras que tu es toi-même le tabernacle de Dieu avec tous ceux qui habitent en toi, et que c’est pour cela qu’il veut demeurer en toi, afin que tu sois son peuple, et que, demeurant lui-même en toi, il soit ton Dieu. Nouvel Homme 71

« Aussi tu ne verras point d’autre temple dans cette ville sainte, et dans cette céleste Jérusalem, parce que le Seigneur Dieu est tout puissant, et l’agneau en est le temple ; et cette ville n’a point besoin d’être éclairée par le soleil ou par la lune, parce que c’est la lumière de Dieu qui l’éclaire, et que l’agneau qui est en toi en est la lampe. Les nations marcheront à la faveur de sa lumière, et les rois de la terre y porteront leur gloire et leur honneur. » Nouvel Homme 71

Tu verras aussi dans la ville sainte un fleuve d’eau vive, claire comme du cristal, qui coulera du trône de Dieu et de l’agneau, car tu n’ignores plus que l’homme est lui-même un ruisseau émané de ce fleuve, et devant par conséquent couler éternellement comme celui qui lui donne sans interruption la naissance. Nouvel Homme 71

« Tu trouveras également au milieu de la place de la ville, des deux côtés du fleuve, l’arbre de la vie qui porte douze fruits, et donne son fruit chaque mois, et les feuilles de cet arbre sont pour guérir les nations. » Car cet arbre de vie, c’est cette lumière de l’esprit qui vient de s’allumer dans la pensée du nouvel homme qui doit désormais remplir de toutes ses sagesses l’universalité du temps. Ces feuilles qui doivent guérir les nations, ces sont les oeuvres de ce nouvel homme qui répandront sans cesse autour de toi et l’harmonie et le bonheur, comme tu aurais dû les répandre autrefois en vertu de ces trois dons sacrés qui te constituent à la foi l’image et le fils du Dieu des êtres. Nouvel Homme 71

Ne te donne donc point de relâche que cette ville sainte ne soit rebâtie en toi, telle qu’elle aurait dû toujours y subsister, si le crime ne l’avait renversée, et souviens-toi tous les jours de ta vie que le sanctuaire invisible où notre Dieu se plaît d’être honoré, que le culte, les illuminations, l’encens dont la nature et les temples extérieurs nous offrent des images instructives et salutaires, qu’enfin toutes les merveilles de la Jérusalem céleste peuvent se retrouver encore aujourd’hui dans le coeur du nouvel homme, puisqu’elles y ont existé dès l’origine. Nouvel Homme 71