Dieu est divisible et indivisible

27 Juge donc ainsi, je t’en prie, et garde la simplicité divine, mais sans rejeter les processions naturelles comme si elles n’existaient point, ni croire que cette Lumière sans crépuscule ni succession ait eu un commencement, ni prétendre qu’il y aurait deux divinités, deux théarchies, deux puissances du bien, je veux dire la créée et l’incréée, puisque c’est ainsi qu’elles seraient, au sens propre, deux. En effet, s’il existe deux incréés, l’essence et l’énergie, rien n’empêchera qu’elles soient Un, comme les rayons et le soleil sont une seule lumière. Ne va pas non plus te figurer que cette divinité et cette royauté de Dieu soient créées, ce sont en effet des énergies naturelles de Dieu ; ni rabaisser la grâce déifiante au rang de créature, de peur qu’en même temps tu ne ravales avec elle celui qui, par nature, possède et accorde cette grâce ; ni démontrer qu’il n’a servi à rien que le Fils de Dieu se fasse semblable à nous : comment, en effet, aurait-il consenti à devenir, pour notre salut, notre semblable, si par là il ne nous avait pas donné part à l’Esprit saint, mais seulement à une réalité créée, ou pour mieux dire s’il ne nous avait point donné l’esprit d’adoption filiale (cf. Rom. 8 : 15), en échange de la chair qu’il a assumée d’une vierge, pour devenir Fils de l’homme ? Garde-toi aussi de transformer les temples de Dieu, c’est-à-dire les saints, en demeures de créatures, et de te réduire à cette infortune de rejeter la participation divine et déifiante, bien plus de perdre jusqu’à l’espoir de cette participation ; ne réduis pas non plus Dieu à cette faiblesse de ne pas pouvoir verser dans ses créatures rationnelles, une fois purifiées, sa sainte participation. Mais surtout ne fais point de lui un être sans essence et sans hypostase, en l’affirmant identique en tout à ses énergies qui, prises en elles-mêmes, sont sans essence et sans hypostase, c’est-à-dire qui ne sont ni des essences ni des hypostases. Ne fais pas non plus participable l’essence de Dieu – qui est au-dessus de toute substance et de tout nom, qui en elle-même échappe à toute participation et à toute manifestation – en appelant essence tout ce qui en Dieu est incréé. Ne te montre pas un nouvel Eunome, en appelant en lui « essences », sous prétexte qu’ils sont incréés, tous les caractères hypostatiques, par un prétendu respect de la divine simplicité ; ne deviens pas monothélite, en considérant que la divine nature du Christ est dépourvue d’énergie, ni non plus, par un autre détour, un nouveau Sabellius, en jugeant vides de contenu les noms employés à propos de Dieu, et en les appliquant tous à la seule essence comme s’ils désignaient une même réalité.

Voilà tout ce qui t’attend, si tu déclares créées les énergies de Dieu, avec cette fiction parfaitement vide d’une simplicité qui n’existe absolument nulle part : garde-toi de ces erreurs et crois avec moi que le même Dieu est divisible et indivisible, uni dans la distinction et distingué dans l’unité, sans qu’il se détache de lui-même dans ses processions, mais toujours en mouvement dans son immobilité, partagé sans division et participé en totalité, suivant l’image du rayon de soleil.