Dieu a créé toutes choses pour l’animal raisonnable.

IV. A tout cela, voici la conclusion que donne Celse : Ce n’est donc pas pour l’homme que tout a été créé, pas plus que pour le lion, ni pour l’aigle, ni pour le dauphin, mais afin que ce monde se réalise comme une oeuvre de Dieu, complète et parfaite dans toutes ses parties. Aussi toutes choses sont-elles accordées, non les unes aux autres, sinon secondairement, mais à l’ensemble. C’est de l’ensemble que Dieu prend soin ; jamais sa providence ne l’abandonne; il ne se détériore pas; Dieu ne le rappelle pas à lui après un moment, il ne s’irrite point à cause des hommes, pas plus qu’à cause des singes et des rats; il ne menace point ces êtres dont chacun a reçu son destin à sa place. Qu’on me permette une brève réponse. Je crois vraiment avoir démontré, par ce qui précède, comment toutes choses ont été faites pour l’homme et pour tous les êtres raisonnables. Car c’est principalement pour l’animal raisonnable que toutes choses ont été créées.

Libre à Celse de dire que ce n’est pas plus pour l’homme, que pour le lion et les autres animaux qu’il mentionne. Nous dirons : ce n’est ni pour le lion, ni pour l’aigle, ni pour le dauphin que le Créateur les a faites, mais il a créé toutes choses pour l’animal raisonnable, et afin que ce monde se réalise comme une oeuvre de Dieu complète et parfaite dans toutes ses parties. C’est là une belle pensée à laquelle il faut souscrire. Mais Dieu ne prend pas soin, comme le croit Celse, uniquement de l’ensemble, mais outre l’ensemble, de chaque être raisonnable en particulier. Jamais la Providence n’abandonnera l’ensemble. Au cas où une partie de l’ensemble se détériore par la faute de l’être raisonnable, Dieu pourvoit à le purifier et après un moment, à ramener vers lui l’ensemble. De plus, il ne s’irrite ni contre les singes, ni contre les rats, mais il fait subir aux hommes pour la transgression des tendances naturelles un jugement et un châtiment. Il leur adresse des menaces par ses prophètes et par le Sauveur qui est venu à l’ensemble du genre humain, pour que ceux qui prêtent l’oreille à la menace se convertissent, et que ceux qui négligent les appels à la conversion subissent les peines qu’ils méritent ; et il convient que Dieu, dans sa volonté de pourvoir au bien de l’univers, les inflige à ceux qui ont besoin de recevoir un tel traitement et une correction si sévère. Mais comme ce quatrième livre a pris une dimension suffisante, j’arrêterai ici le raisonnement. Et que Dieu accorde, par son Fils qui est Dieu Logos, Sagesse, Vérité, Justice et tout ce que la théologie des saintes Écritures dit de lui, de commencer encore le cinquième livre pour l’utilité des lecteurs et de le mener à bien avec le secours de son Logos qui habite dans notre âme.