A peine la vérité voit-elle naître le désir et la volonté dans le coeur de l’homme, qu’elle s’y précipite, avec toutes les ardeurs de sa vie divine et de son amour. Souvent même elle ne lui demande que de se priver de ce qui est nul, et pour ce sacrifice négatif, elle va le combler de réalités. Les principales de ces réalités, c’est de commencer par lui donner les signes d’avertissement et de préservation, afin qu’il ne soit plus dans le cas de craindre comme Caïn, et de dire : ceux qui me rencontreront me tueront. Ensuite elle attache sur lui les signes de terreur, afin que sa présence devienne redoutable, et qu’il fasse fuir ses ennemis ; enfin elle le décore des signes de gloire, afin qu’il puisse faire briller la majesté de son maître, et recevoir partout les honorables récompenses qui sont dues à un fidèle serviteur. Nouvel Homme
Pour coopérer à notre guérison, la vérité possède un médicament réel, et que nous sentons physiquement en nous, lorsqu’elle juge à propos de nous le faire administrer. Ce médicament est composé de deux ingrédients en conformité de notre maladie, qui est une complication du bien et du mal, que nous tenons de celui qui ne sut pas se préserver du désir de connaître cette fatale science. Ce médicament est amer, mais c’est son amertume qui nous guérit, parce que cette partie amère, qui est la justice, s’unit à ce qu’il y a de vicié dans notre être, pour lui rendre la rectification ; alors ce qu’il y a de régulier et de vif en nous, s’unit à son tour à ce qu’il y a de doux dans le médicament, et la santé nous est rendue. Nouvel Homme
2. Un secret à la fois immense et terrible a été communiqué dans L’homme de désir, n°146, page 217. Et ce secret est que le coeur de l’homme est le seul passage par où le serpent empoisonné élève sa tête ambitieuse, et par où ses yeux jouissent mme de quelque lumière élémentaire, car sa prison est bien au-dessous de la nôtre. Nouvel Homme 2
Ne te relâche donc point, homme de désir, car le Dieu des êtres lui-même ne dédaigne pas de venir faire alliance avec ton âme, il ne dédaigne point de venir opérer avec elle cette divine et spirituelle génération dans laquelle il t’apporte les principes de vie, et veut bien te laisser le soin de leur donner la forme. Si tu voulais t’observer avec attention, tu sentirais tous ces principes divins de l’essence éternelle, délibérer et agir puissamment en toi chacun selon leur vertu et leur caractère ; tu sentirais qu’il t’est possible de t’unir à ces suprêmes puissances, de devenir un avec elles, d’être transformé dans la nature active de leur agent, et de voir toutes tes facultés s’accroître et s’aviver par de divines multiplications ; tu sentirais ces divines multiplications continuer et s’étendre journellement en toi, parce que l’impression que les principes de vie auraient transmise sur ton être les y attirerait de plus en plus, et qu’à la fin ils ne feraient plus que s’attirer véritablement eux-mêmes en toi, puisqu’ils t’auraient assimilé à eux. Nouvel Homme 8
Mais celui qui a senti l’aiguillon du désir se lance courageusement dans cette carrière où les dangers et les puissances ennemies vont l’environner, et l’assaillir jour et nuit ; l’ardeur de la victoire lui cache la grandeur du péril et des fatigues ; il est déterminé à tout, parce qu’il sait que les récompenses qui l’attendent embrassent tout. Il doit donc compter qu’en entrant dans ce désert toutes les facultés de son être vont être éprouvées, et qu’il n’y en a pas une non seulement dans son corps, mais encore plus dans son âme et dans son esprit, qui ne doive verser des sueurs de sang, et en imbiber les différentes terres auxquelles appartiennent ces différentes facultés ; et cela continuellement jusqu’au jour de sa sépulture, parce que tant qu’il demeure sur cette terre de douleur, il est dans le règne du mensonge, et que celui qui y domine n’oublie rien pour faire prospérer son empire. Nouvel Homme 9
12. Puisque notre Dieu est un être effectif, tout doit être effectif dans ce qui l’approche, comme dans ce qui sort de lui. Ainsi, pourvu que nous le recherchions avec une pénitence effective, une humilité effective, un courage effectif, nous ne devons pas douter qu’il ne vienne à nous avec des puissances effectives, avec des dons effectifs, et qu’il n’imprime sur nous des témoignages effectifs de son intérêt et de son effectivité ; croyons en outre que si par cette effective influence Divine, nous nous trouvons dans une nouvelle situation effective de joie, de lumières, de forces, de vertus, de foi, de piété, de sainteté, enfin si nous nous trouvons effectivement dans une atmosphère réellement vive, nous pouvons espérer de produire cette même température effective dans tout ce qui nous environne, parce que la vraie et vive effectivité de notre Dieu ne cherche qu’à s’établir et se répandre, afin que selon son désir tout soit plein de lui. Nouvel Homme 12
Nous avons vu ci-dessus avec quelle lenteur les différents sédiments se rassemblaient dans la terre pour y former le roc vif, et les masses de pierre ; mais nous voyons aussi de quelle immense utilité sont pour nous ces substances solides que nous extrayons du sein des rochers. Laissons, laissons donc aussi accumuler en nous avec un respectueux et prudent désir les influences vivantes, et les sédiments spirituels que la vérité dépose journellement dans notre sein. Non seulement nous pourrons un jour en extraire des pierres vives pour servir de base à nos édifices de tout genre, non seulement nous en ferons des remparts pour nos forteresses, non seulement nous pourrons en former des palais et des temples, mais nous pourrons en former aussi de longs aqueducs qui amèneront l’eau des endroits les plus éloignés dans les places et les lieux stériles, afin d’y rétablir la vie et la végétation ; enfin nous pourrons en former de solides et vastes ponts qui nous aideront à traverser en sûreté les fleuves et les torrents ; car le Dieu des êtres ne cherche autre chose que de réaliser dans nous toutes les lois vives dont la nature et le temps ne cessent de nous présenter des images passagères et matérielles. Nouvel Homme 19
C’était donc par cette étude de l’homme, par des encouragements réitérés à faire naître en lui un nouvel homme, et par la comparaison de ses divers états que l’on aurait dû travailler à ouvrir les yeux des hommes de désir sur la nature des révélations en général, sur la nature de nos révélations particulières, et sur la nature de la seule révélation, d’où puissent ressortir toutes les autres révélations quelconques, parce que cette révélation unique, ayant produit dans l’origine tout ce qui a été englouti par le crime, était aussi la seule qui pût arracher au tombeau et aux ténèbres, tout ce que le crime y tenait renfermé, et voilà pourquoi cette révélation du Réparateur a été, est et sera à jamais la révélation universelle. Nouvel Homme 20
La principale unité que nous devions chercher à établir en nous, c’est l’unité du désir, par laquelle l’ardeur de notre régénération devienne pour nous une passion si dominante, qu’elle absorbe toutes nos affections, et nous entraîne comme malgré nous, de manière que toutes nos pensées, tous nos actes, tous nos mouvements soient constamment subordonnés à cette dominante passion ; de cette unité fondamentale, nous verrons découler une multitude d’autres unités qui doivent nous gouverner avec le même empire, chacune selon sa classe ; ou pour mieux dire toutes ces diverses unités sont tellement liées les unes aux autres, qu’elles se succèdent et se soutiennent mutuellement, sans qu’elles soient jamais étrangères entr’elles. Nouvel Homme 21
26. Homme de paix, homme de désir, combien de fois ne t’es-tu pas oublié dans des occupations frivoles et illusoires, qui prenaient à tes yeux tellement l’apparence de la réalité, qu’elles effaçaient pour toi jusqu’à la passivité du temps ! Pourquoi ne pourrais-tu espérer la même jouissance, et la même victoire sur le temps, en t’abandonnant à la culture d’un objet réel, et dont les traces peuvent survivre à la puissance corrosive de tous les siècles ? La différence que tu y trouverais, c’est que ces objets illusoires te laissaient encore dans un plus grand vide, et dans les plus grandes ténèbres après que leur charme était passé ; au lieu que les objets réels prolongent leurs douces influences, longtemps après que leur action s’est approchée de toi. Nouvel Homme 26
Nous voyons que chaque jour le Soleil parcourt un arc de son grand cercle ; nous voyons que chaque jour cet arc est le seul qu’il parcourt pour nous, et nous voyons qu’il en suit tous les points avec une régularité parfaite. Prenons là l’exemple et la leçon que nous devons suivre. Regardons-nous tous comme des astres qui ont chacun un arc à parcourir dans la grand sphère de l’oeuvre de notre Dieu. Depuis le pôle jusqu’à la ligne, quelle que soit notre latitude, parcourons notre arc avec fidélité, et sans laisser échapper le moindre murmure, sans le moindre mouvement de jalousie, ni de désir d’avoir à paraître sur un climat plus fortuné que celui auquel nous sommes attachés. Parcourons notre arc comme fait continuellement le Soleil, sans examiner si nous brillons sur l’Arabie heureuse, ou sur les sables de l’Afrique, et sur les déserts de la Tartarie ; parcourons notre arc, comme lui, en purifiant les régions qui se trouvent sous nos pas, et en ne laissant jamais ternir notre éclat par les souillures et les influences infectes qui s’élèvent de ces régions. Nouvel Homme 28
Alors il dit au Seigneur : Ne laissez pas les hommes dans des voies qui nuisent à votre oeuvre même, que j’ai si grand désir de voir s’accomplir. Venez au secours de leur faiblesse, puisque vous seul pouvez les préserver de la mort, et leur donner les forces et tous les appuis qui leur manquent. Puis se tournant vers l’ennemi, il lui dit : Faut-il que le sang de mon esprit coule pour assouvir ta soif et te faire lâcher ta proie ? Le voici : laisse aller mes frères en liberté. Ce n’est pas seulement en mon nom que je te parle, c’est au nom de celui qui vient de me rendre à la vie; mais si tu ne veux pas croire en mon nom, ni au nom de celui qui m’a envoyé, crois au moins à l’oeuvre qu’il a faite dans mon être et dont tu ne peux nier la réalité puisqu’elle t’est prouvée par mon existence que ton oeil ne peut méconnaître et que tu ne peux t’empêcher de sentir. Nouvel Homme 29
Aussi, son désir et son zèle s’accroissent à ces douces expériences ; sa prière se transforme, pour ainsi dire en une sainte fureur, et il veut prendre le ciel par violence. Dieu de ma vie, viens donc vivre dans ma vie, afin que je puisse approcher la mort sans mourir, mais au contraire afin que je puisse à mon tour faire revivre la mort, comme tu m’as fait revivre moi-même lorsque j’étais mort. Nouvel Homme 30
Veille donc sans cesse, ô homme de paix, ô homme de désir, pour que le trône soit ferme et inébranlable, puisque si ce trône n’est pas en état, tu peux par ta négligence, retarder l’oeuvre et la manifestation des merveilles et des grâces du Seigneur. Que serait-ce donc si ce trône n’était pas érigé au nom de la vérité ? Dieu vous dirait, comme dans Amos (5:20, etc.) : « Je hais vos fêtes et je les abhorre ; je ne puis souffrir nos assemblées ; en vain vous m’offrirez des holocaustes et des présents, je ne les recevrai point, et quand vous me sacrifierez les hosties les plus grasses pour vous acquitter de vos voeux, je ne daignerai pas les regarder. Otez-moi le bruit tumultueux de vos cantiques ; je n’écouterai point les airs que vous chantez sur la lyre ; mes jugements fondront sur vous comme une eau qui se déborde, et ma justice comme un torrent impétueux. Maison d’Israël, m’avez-vous offert des hosties et des sacrifices dans le désert, pendant quarante ans ? Vous y avez porté le tabernacle de Moloch, l’image de vos idoles, et l’étoile de votre Dieu qui n’étaient que des ouvrages de vos mains. C’est pour cela que je vous ferai transporter au-delà de Damas, dit le Seigneur qui a pour nom le Dieu des Armées. » Nouvel Homme 30
Le nouvel homme ne veut pas d’un Dieu qui soit ainsi l’ouvrage de ses mains ; voilà pourquoi il n’a d’autre soin, d’autre désir que de laisser agir sur lui la main du Seigneur. Il la sent pénétrer jusque dans l’intérieur de son être. Elle commence par réveiller en lui la sensibilité spirituelle par son approche ; elle lui communique une nourriture douce et vivifiante, qui flatte son goût et qui répand des parfums délicieux pour son odorat ; ce sont là les premiers sens spirituels qui prennent naissance dans l’homme, par la main de l’esprit. Nouvel Homme 30
Cette entrée de Dieu en nous est le principal désir et l’objet essentiel de la Divinité ; aussi nous n’avons qu’une idée bien faible des efforts qu’elle fait pour remplir ce but ; et s’il y a quelque chose de lamentable dans notre existence, c’est de sentir, et d’éprouver que nous fermons nous-mêmes l’accès à cette Divinité, c’est de sentir physiquement qu’elle circule continuellement autour de nous, pour trouver un sentier par où elle puisse s’introduire jusque dans notre coeur, et que nous, au contraire, nous nous efforcions tellement de lui rendre la voie étroite, qu’elle soit obligée de se froisser, et de se mettre en sang pour pénétrer en nous, et nous apporter la vie ; c’est de sentir que l’amour qu’elle a pour nous lui rend supportables toutes ces douleurs, et qu’elle ne murmure point, qu’elle ne se rebute point de verser des larmes pourvu que le feu de sa charité perce les obstacles et triomphe dans la sainte gloire de son amour tandis que nous, dans nos abominables ténèbres et dans nos voies pleines d’iniquité, nous fermons l’oreille à ses sollicitations, et nous restons insensibles à sa tendresse. Nouvel Homme 31
Source divine, ô source divine, qu’est-ce qui rend ainsi tes plans si vastes, et ton abondance si inépuisable ? C’est cette sainte analogie que tu as daigné établir entre l’homme et toi. C’est parce que tu nous as placés immédiatement au-dessous de toi, que le fleuve de ta vie s’écoule en nous, comme s’il était entraîné par le poids de ses eaux dans la pente naturelle que tu leur as données toi-même, en nous accordant l’existence ; c’est parce que tu as donné à notre coeur la capacité de s’accroître à mesure que les eaux divines s’accumulent en lui, que tu aimes à faire descendre en nous ce fleuve sacré qui est aussi éternel que toi-même ; et tu cherches à diriger vers nous le cours de ces eaux, parce que tu sais que le coeur de l’homme est le seul qui puisse les recevoir dans toute leur mesure, les conserver dans toute leur virtuelle efficacité, et les employer à cette fertilisation, et à cette végétation universelle qui, dès avant les siècles, était le désir de ton être, et l’objet de ton existence. Nouvel Homme 33
Car cette loi ancienne étant circonscrite dans les mesures du temps, et proportionnée à l’état terrestre de la famille humaine, devait subir un terme, et ne pouvait manquer d’occasionner la satiété quand les besoins spirituels de l’homme auraient été plus développés, au lieu que la loi nouvelle, remplaçant l’homme dans la ligne de vie, devait lui procurer des jouissances toujours croissantes comme l’infini, et des trésors toujours plus doux, et plus abondants. Or il n’y avait que le Réparateur qui pût ainsi apporter le bon vin à la fin du repas ; et cette oeuvre fut l’occasion d’une grande joie dans la région supérieure et divine, car le grand monde ne peut manquer d’éprouver un ravissement lorsque le petit monde entre dans ses mesures particulières, vu le rétablissement des similitudes qui est le principal désir de ce grand monde. Nouvel Homme 35
« Bienheureux ceux qui sentent que nul autre qu’eux-mêmes ne peut leur faire une réelle offense, puisque nul autre qu’eux-mêmes ne peut percer jusqu’à leur essence ? Il seront uniquement occupés à leur propre surveillance, et à ne pas souffrir qu’ils se fassent eux-mêmes le moindre toit et le moindre outrage ; et cette sévérité sans borne les absorbera tellement, comme étant la seule nécessaire et la seule utile pour eux, qu’ils seront naturellement disposés à être miséricordieux envers les autres, puisque les autres ne peuvent pas les offenser. Par cette véritable et vivifiante indulgence envers les autres, le nouvel homme peut leur faire naître le désir de se surveiller eux-mêmes à leur tour, et les ramener par là à la vie de leur être qui consisterait à ne se faire à eux-mêmes aucune offense ; et voilà de quelle manière il obtiendra que Dieu soit miséricordieux à son égard, s’il était assez malheureux que de s’oublier au point de l’offenser. » Nouvel Homme 36
Ne vous arrêtez donc pas aux obstacles que les infidèles qui demeurent dans votre sein voudront opposer à votre oeuvre. Dites-leur : vous aurez beau rejeter ma parole, j’en étourdirai vos oreilles, et je vous poursuivrai jusqu’à ce que les ordres de mon maître soient exécutés, et que vous rendiez hommage à sa gloire. Est-ce à moi de mesurer, et de juger les voies du Seigneur ? J’ai accepté dans l’humilité de mon âme, le nom de son prophète, et de son envoyé, et plein du désir de faire honorer son nom, et sa puissance, je ne veux pas qu’il ait à me reprocher de n’avoir pas averti ceux qui s’égarent. C’est sur vous qui habitez en moi, et qui êtes les plus proches de mes semblables, que je dois manifester son empire, et à qui je dois annoncer son nom. C’est sur vous que je dois faire tomber toutes les plaies d’Egypte, jusqu’à ce que vous ayez rendu la liberté au peuple choisi. » Nouvel Homme 38
C’est donc ici où nous pouvons nous remplir d’une espérance qui devrait nous faire tressaillir de joie, en lisant ces douces paroles qu’il n’y a rien de caché dans l’univers, dans l’homme et dans Dieu, qui ne doive être découvert rien de secret dans l’universalité entière qui ne doive nous être connu ; homme de paix, homme de désir, nouvel homme, si vous ne trouvez pas là de puissants encouragements, et comme autant d’immenses véhicules pour vous soutenir et vous faire avancer dans la carrière, vous n’êtes pas dignes d’y avoir mis le pied. Nouvel Homme 40
41. Il se trouvera peut-être en vous quelques êtres de désir qui, comme saint Jean, ayant appris dans sa prison les oeuvres que vous faites, enverra vous demander si vous êtes celui qui doit venir en vous, où si l’on doit en attendre un autre ; vous leur répondrez donc comme le Réparateur répondit à saint Jean : « Allez dire à Jean ce que vous entendez, et ce que vous voyez. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, l’Evangile est annoncé aux pauvres, et heureux celui qui ne prendra point de moi un sujet de scandale et de chute ! » Mais vous direz à votre tour en parlant à cet être de désir qui sera envoyé vers vous : « Qu’êtes-vous allé voir dans le désert ? Un roseau agité par le vent ? Un homme vêtu avec luxe et avec mollesse ? Un prophète ? Oui, certes, je vous le dis et plus qu’un prophète, car c’est de lui qu’il a été écrit, j’envoie devant vous mon ange qui vous préparera la voie ; je vous le dis en vérité qu’entre tous ceux qui sont nés des femmes, il n’y en a point de plus grand que Jean-Baptiste, mais celui qui est le plus petit dans le royaume du ciel est plus grand que lui. » Nouvel Homme 41
Mais si ces interrogateurs qui naîtront en lui, lui paraissent pleins de la même persuasion que lui ; s’ils viennent à lui avec une conformité de confiance, et de désir qui tende à leur avancement spirituel, et à la gloire de leur commun maître, il n’hésitera pas à leur ouvrir tous ses trésors, parce qu’il y sera entraîné par le rapport, et la similitude qui se trouveront entre eux et lui, et en outre, il aura le vif espoir que ces êtres de désir, s’unissant à lui, ils obtiendront plus aisément, par leur réunion, les grâces, et les secours dont ils ont, et auront toujours besoin, comme n’étant que les serviteurs de Dieu ; il n’aura, dis-je, le vif espoir que cette réunion obtiendra plus facilement la manifestation des puissances divines, et que par là s’accroîtra le nombre des adorateurs du vrai Dieu. Nouvel Homme 42
En effet, c’est à cette voie que se font connaître les récompenses promises à l’homme de désir qui s’est consumé dans la vigilance, et dans le zèle à garder la citadelle qui lui est confiée ; à cet homme de désir qui s’est promis de ne jamais se livrer à une spéculation de l’esprit, et de l’intelligence, sans avoir auparavant consacré des efforts, et un temps, à quelque oeuvre active de l’esprit ; tant il est persuadé que l’homme doit toujours craindre de ne pas assez agir, et ne jamais craindre de ne pas assez savoir ; et cette sage crainte de ne pas assez agir, établit en lui une vertu tout aussi salutaire, celle d’être toujours prêt à suivre les ordres de son maître, toujours plein de résignation à tous les événements où ses services le peuvent entraîner, enfin toujours heureux, dès qu’il peut se rendre intérieurement le consolant témoignage qu’il a été zélé pour la gloire de ce maître, et qu’il n’a point été en faute, ni en retard dans son service. Nouvel Homme 49
Mais il ne peut parcourir toutes ces régions soit intérieures, soit extérieures, sans éprouver un désir qu’il partage avec la sagesse même, puisqu’elle l’a éprouvé la première à son égard, c’est celui de voir goûter le même bonheur à ses semblables ; et c’est dans ce désir secret, puisé dans notre propre source, purgée de ses souillures, et de ses ténèbres, que nous découvrons la véritable destination du nouvel homme, et par conséquent celle de l’homme primitif. Nouvel Homme 50
Quel est donc le triste état de la postérité humaine, où l’homme de désir lui-même est réduit à pleurer en vain, et à voir ses frères ou liés par de fortes chaînes dans de ténébreux cachots ou transportés dans les sépulcres de la mort et de la putréfaction ! Et cela sans qu’il lui soit possible d’agir pour leur délivrance, ni de rien opérer pour eux ! Il n’est que trop vrai, malheureux homme, que le temps, et la mort sont les rois de ce monde. Tu as des désirs purs, tu as des désirs divins, tu as des désirs qui concourent avec ceux dont le coeur et la sagesse de Dieu même sont remplis, et cependant ces désirs ne s’accomplissent point ! Et cependant l’oeuvre vraie se voit comme forcée de céder le pas à l’oeuvre illusoire ! Et cependant notre Dieu, lui-même, enveloppe sa gloire, et parait comme contraint de différer jusqu’à un autre temps, pour en manifester les triomphes ! Nouvel Homme 50
Mais vous, hommes de désir, qui suivez les traces du vieil homme, vous aurez le discernement de préférer aux Nouvel Homme 52
53. Si tu demandes au nouvel homme quand est-ce que tu pourras comme lui goûter les consolations dont il ne cesse de te parler, il te répondra : C’est lorsque tu ouvriras ton oreille aux gémissements de ceux qui soupirent après les sentiers ; les voix de tous ces hommes de désir, forment une longue chaîne de sons lugubres et douloureux qui est comme l’annonce des beaux jours d’Israël. Cette longue chaîne, le nouvel homme en a mesuré toute l’étendue ; et cette mesure se trouve dans l’intervalle du sabbat septenaire au sabbat huitenaire ou dominical. Nouvel Homme 53
Homme de désir, dites donc sans cesse avec le nouvel homme : Seigneur quelle est la parole dont les sons s’élèvent jusqu’à toi ; c’est celle que tu réveilles dans l’homme, en descendant jusqu’au fond de son être : tu frappes et tu t’insinues jusque dans les bases de son temple, et tu fais sortir de lui des cris de louange, des cris de jubilation ou des cris de douleur, selon les substances qu’il a laissé s’accumuler ou se développer en lui, et qui se présentent à ton action. Nouvel Homme 53
Coeur de l’homme, c’est toi qui es toi-même cette mer orageuse, et couverte des débris de tous les naufrages que les navigateurs ont faits depuis le commencement. Combien de richesses n’as-tu pas englouties dans ton sein! Combien d’hommes de désir n’ont-ils pas trouvé en toi leur sépulcre, au lieu d’y trouver un hospice et un lieu de consolation ! Combien d’animaux voraces ne se promènent-ils pas sans cesse dans tes parages pour attendre leur proie ? Oui, tant que tu n’offriras au vaisseau qu’un élément aussi perfide, et qu’une destinée aussi funeste, il fera mieux de rester à l’ancre, que de s’exposer à une perte certaine. Nouvel Homme 54
Qu’a fait le nouvel homme ? Il ne s’est pas levé un seul jour que ce ne fût avec le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de lui offrir assidûment des sacrifices, jusqu’à ce qu’il eût reçu d’elle les témoignages de son intérêt pour lui ; il ne s’en est pas tenu même à ces témoignages, il a persévéré dans ses assiduités, jusqu’à ce que cette vertu fût, pour ainsi dire, identifiée avec lui, et que lui-même fût comme naturalisé, et marié avec elle. C’est par là qu’il a fait germer en lui les fruits vivants de la vérité, de la miséricorde, et de la justice, et qu’il a établi dans le centre de son être la consommation de la sanctification, et de sa liberté. Nouvel Homme 54
Telle est encore notre loi malgré notre chute, et telle serait encore notre espérance, si, comme le nouvel homme, nous ne nous levions pas un seul jour sans que ce fût dans le désir, et la résolution d’élever un autel à une vertu, et de ne point abandonner l’oeuvre, jusqu’à ce que cet autel fût consacré, et que les cérémonies saintes y fussent en pleine activité. Nouvel Homme 54
Il lui dira : Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération et les oeuvres de mes mains, et que mes mains ne deviennent comme gonflées par l’abondance de la justice, et par le zèle de votre service ; je ne doute point que vous ne mettiez en consécration l’opération intérieure de mon désir et de mon amour, et qu’ils ne deviennent semblables à votre désir et à votre amour. Je ne doute point que vous ne mettiez en consécration mon intelligence, et ma conception, et que vous ne les rendiez propres à recevoir dans leur pureté les vifs rayons de votre lumière, et de votre vérité, parce que vous avez fait l’âme de l’homme pour être votre voie et votre organe ; et que toute souillée, et tout impure qu’elle puisse être, vous ne dédaignez pas de vous plonger dans ses souillures pour la purifier, et afin qu’après avoir passé en elle dans votre humiliation et votre souffrance, vous y passiez dans votre joie et dans votre gloire. Nouvel Homme 55
Et vous, hommes aveugles, hommes égarés, s’il vous restait le moindre vestige de sentiment sur la nature de votre être et sur sa destination, ne verseriez-vous pas des larmes de sang sur vos insensibilités passées ? Ne seriez-vous pas tourmentés de la honte d’avoir accumulé dans la voie du Seigneur tant de décombres et tant de puissants obstacles, et ne seriez-vous pas pressés du désir d’épargner au Seigneur ces terribles et violentes épreuves auxquelles vous avez exposé son amour ? Nouvel Homme 55
Oui, Seigneur, c’est en prononçant votre nom sur l’homme de désir que vous renouvelez tout son être, et c’est en prononçant votre nom sur lui que vous le rendez à nouveau votre image, votre ressemblance, et votre propriété, comme ces substances sur lesquelles nous apposons nos sceaux et nos signes pour faire connaître celui à qui elles appartiennent ; l’homme ne devient ainsi votre image et votre ressemblance que parce qu’en prononçant votre nom sur lui, vous rassemblez aussi son propre nom dans son essence et dans son unité, et qu’ainsi vous le rendez susceptible d’opérer dans son enceinte la manifestation des merveilles que vous opérez dans l’universalité de tous les règnes et de toutes les régions. Nouvel Homme 56
Si nous marchons avec cet humble et vivant désir d’être animés du zèle de notre propre maison, le Seigneur marchera vers nous par la voie rapide de son amour, et de ses innombrables richesses, qui consistent dans une universelle activité ; et il ne tardera pas de nous associer à cette universelle activité, puisqu’il nous associera avec lui-même. Nouvel Homme 58
Justifie-toi donc, homme de désir, ou plutôt ne te laisse point ébranler sur ta base. Ta vie procède de la vie. Que ta seule existence démontre que tu es le fils de Dieu. La vie ne procède-t-elle pas toujours ? Qui pourrait nuire à ta stabilité si tu ne perdais jamais de vue que tu es le fils de Dieu, et que tu es sa pensée, sa parole, et son opération, et si par ta constance, et par la force de ta foi tu parvenais à en donner la preuve à l’ignorance ? Quand tu te sentiras affaibli, tourne les yeux vers celui qui vient te consacrer jusque dans ton intérieur, pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et tu te verras alors élevé jusqu’aux cieux. Nouvel Homme 58
« Le roi dira ensuite à ceux qui sont à gauche : Retirez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel qui est préparé pour le diable et pour ses anges. Car j’ai eu faim et vous ne m’avez pas donné à manger, j’ai eu besoin de logement et vous ne m’avez pas logé, j’ai été sans habit et vous ne m’avez pas revêtu, j’ai été malade et en prison et vous ne m’êtes pas venu voir. Et les méchants lui diront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons refusé toutes ces choses ? Et il leur répondra : Je vous dis en vérité qu’autant de fois que vous avez manqué à rendre ces assistances aux moindres de ces petits, vous avez manqué à me les rendre à moi-même, parce que ces petits ne faisant qu’un avec moi dans leurs souffrances, n’auraient aussi fait qu’un avec moi dans leurs joies, et parce que si vos vierges sages ne concourent pas au rétablissement du nombre représentatif, en corrigeant les imprudences de vos vierges folles, et en subvenant à leurs nécessités, vous contrariez directement le désir, la faim et la soif de la sagesse éternelle. » Nouvel Homme 59
Vous savez bien où je vais, et vous en savez la voie. Je suis la voie, la vérité, et la vie. Nul ne vient au père que par moi. Parce que nous avons vu que s’il ne naissait pas un fils en nous, jamais notre être ne serait ni connu, ni manifesté ; et tous les êtres de désir qui s’élèvent en nous, n’atteindraient jamais jusqu’à notre être fondamental et constitutif, sans l’intermède de ce fils qui doit naître en nous, si nous voulons que l’harmonie universelle s’y rétablisse. Nouvel Homme 61
Mais s’ils avaient travaillé à faire naître un fils en eux, c’est à eux que s’adresserait cette parole : « Quoique vous demandiez à mon père en mon nom, je le ferai afin que mon père soit glorifié ; en vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais, et en fera encore de plus grandes, parce que je m’en vais à mon père, » et que par ce moyen (comme il a été indiqué dans L’Homme de désir), l’action que ce Réparateur enverra, sera plus abondante et plus puissante dès qu’elle proviendra à la fois de l’action du père et de l’action du fils réunies, puisque sur la terre il n’a agi que comme homme, dans la puissance de l’esprit, au lieu que par sa réunion avec son père, il agira comme Dieu, et par la puissance de l’unité même, image parfaite de deux lois que nous avons déjà souvent observées, et dont la dernière est celle qui peut seule compléter notre réconciliation, en nous réunissant à notre vraie source, comme le Réparateur, après son oeuvre temporelle, s’est réuni avec son père. Nouvel Homme 61
« Je ne prie pas seulement pour eux, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole. Afin qu’ils soient un, tous ensemble, comme vous, mon père, êtes en moi, et moi en vous, qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. » Quel autre désir que celui de l’expansion de l’unité peut se faire connaître à celui qui est plein de la vie de l’unité ? Aussi les traits les plus vifs que le nouvel homme éprouve dès qu’il entre dans la voie de sa régénération, ce sont ceux du zèle, et de l’ardeur pour cette expansion de l’unité ; c’est la douleur qui lui occasionne la vue des campagnes d’Israël abandonnées et désertes, de même que le spectacle de tous ceux de ses frères qui sont emmenés en captivité, et languissants dans l’esclavage, et c’est sur lui-même qu’il trouve à éprouver toutes ces diverses impressions, puisque nous ne devons plus oublier que l’homme est à lui seul un univers tout entier, et nous ne devons plus douter que si, à l’image du Réparateur universel, il se trouve en chacun de nous un libérateur particulier, ce n’est que parce qu’il s’y trouve aussi des rois d’Égypte, et de Babylone, qui ne manquent pas de trouver également en nous un peuple coupable qu’ils emmènent journellement en servitude ? Nouvel Homme 64
Mais la délivrance du coupable ne pouvait avoir lieu sans le sacrifice de l’innocent, puisqu’il fallait présenter un appât à l’ennemi sur lequel il pût décharger sa rage afin de le forcer par là à lâcher sa proie. Voilà pourquoi le Réparateur suspend toutes ses puissances spirituelles pour se livrer à la puissance temporelle des hommes. Il suspend toutes ses puissances spirituelles par son amour et par le désir qu’il a de rendre la vie à ses frères, comme le premier homme avait suspendu les siennes par un cupide orgueil, et par un inique aveuglement ; il se livre à la puissance temporelle des hommes dans un temps marqué où leur loi et leur coutume les autorise à délivrer un criminel ; et tandis qu’il a en lui tous les moyens pour s’arracher aux mains de ses ennemis, il se laisse condamner par eux, et laisse délivrer le voleur. Image temporelle de la délivrance spirituelle qu’il allait opérer sur toute la postérité humaine par la consommation de son sacrifice. Nouvel Homme 65
Or, quel autre objet peuvent avoir ces différentes stations, si ce n’est de ramener, s’il est possible, jusqu’aux derniers restes des tribus éparses d’Israël, en leur faisant naître le désir d’entrer librement dans la voie de leur délivrance, de se précipiter avec courage dans la Mer Rouge, et de traverser douloureusement tous les déserts qui leur restent à parcourir, pour rentrer du lieu de leur esclavage, et de leur servitude dans la terre promise, et dans la Jérusalem sainte qu’ils ne pourront jamais occuper tant qu’ils ne se seront pas livrés avec ardeur, et résignation à ces pénibles voyages, et à ces périlleuses entreprises. Car si la nature est l’éponge du péché, si l’homme est l’éponge de la nature, si le Réparateur est l’éponge de l’homme, Dieu seul est le lieu de repos de tous les êtres, et c’est là cette Jérusalem à laquelle sont convoquées toutes les tribus d’Israël, tant dans l’ordre universel de l’espèce humaine, que dans l’ordre particulier des individus. Nouvel Homme 68
Tu n’es occupé qu’à repousser sans cesse ce poids, ce nombre, et cette mesure qui te cherchent, et à devenir le jouet journalier des puissances irrégulières qui fuient comme toi la régularité, et la voie du retour, et qui impriment continuellement sur toi le poids injuste, le nombre faux, et la mesure inexacte qui sont devenus leur seul élément. Aussi qui pourra jamais calculer ton retour vers la lumière, et la durée des épreuves qu’il te faudrait subir si tu formais le désir de rentrer dans la régularité ! Nouvel Homme 68
70. Ame humaine, ton réparateur particulier, ou le nouvel homme t’a ouvert l’esprit pour entendre l’accomplissement de ce qui a été dit de lui dans la loi de Moïse, dans les prophètes, et dans les psaumes. Car lorsque le Réparateur universel disait : c’est de moi qu’ils ont tous prophétisé ; il ne parlait pas seulement de lui-même, et il faisait entendre par ces paroles qu’ils avaient aussi prophétisé de toutes les âmes de désir, de tous ceux qui veulent devenir de nouveaux hommes, puisqu’il s’est nommé ton frère, et le frère de tous les élus. Nouvel Homme 70