{{Crainte et amour.}} — Homélies sur le Cantique des cantiques
1. Celui qui veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité [cf. 1 Tim 2, 4] fait connaître ici le moyen parfait et bienheureux du salut, je veux dire celui de l’amour. Chez certains le salut est opéré par la crainte, lorsque considérant les menaces du supplice de la géhenne nous nous écartons du mal. Certains autres pratiquent la vertu dans l’espoir de la récompense destinée à ceux qui ont pieusement vécu : ils ne possèdent pas le bien par amour, mais dans l’attente de la rémunération. Mais celui qui a élevé son âme à la perfection rejette la crainte (car c’est une disposition servile, vu que ce n’est pas la charité qui la fait subsister en celui qui la possède, mais c’est la crainte des châtiments qui l’empêche de disparaître) ; il dédaigne les récompenses mêmes, ne voulant pas paraître estimer ces récompenses plus que celui qui les donne ; il aime de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces, non pas l’une ou l’autre des choses qui sont l’œuvre de celui-là, mais celui-là même qui est la source de tout bien.