{{Lettres — 244 [à Basilissa].}} Il n’est pas bien, dans la pauvreté, de perdre courage pour l’existence, pas plus qu’il n’est sûr de s’enorgueillir dans l’abondance. C’est pourquoi il est excellent dans la prospérité de s’exercer à la modération, et dans l’adversité de pratiquer la constance, d’oublier l’abondance passée, de chercher à se suffire à soi-même, de se contenter de ce qu’on vous donne, d’espérer quelque amélioration et de supporter patiemment l’impuissance corporelle, de ne se plaindre et ne s’irriter de rien, mais d’être reconnaissant envers la Providence, quelle qu’elle soit, de cacher souvent les causes de ce qui arrive, mais de ne pas négliger ce qui touche à votre dignité, à laquelle vous avez à faire attention avant de dire ce que vous avez à dire ou de faire ce que vous avez à faire. 11 arrivera ainsi que vous n’aurez rien à regretter de ce que vous aurez dit ou fait. Ne cherchez pas la parure des vêtements extérieurs ; estimez que les vraies et solides richesses consistent dans l’exiguïté des besoins : la solidité de la richesse n’est pas dans le fait d’avoir beaucoup, mais bien de n’avoir pas besoin de beaucoup ; or ceci dépend de vous, et cela des choses de l’extérieur. Réglez votre vie par l’équité, vos mœurs par la tranquillité, votre langue par la brièveté de parole. Ainsi parez votre tête en la couvrant, vos sourcils en les tenant baissés, vos yeux en ayant des regards modestes, votre bouche en ne disant rien d’inconvenant, vos oreilles en ne les ouvrant qu’à ce qui est sérieux, tout votre visage en le colorant de pudeur. En tout et à travers tout gardez-vous sans souillure, comme un bien sacré. L’ornement qui convient en propre à la femme, c’est la gravité, l’équilibre, la prudence. Faites d’une nourriture frugale vos meilleures et faciles délices ; car elle est louable par elle-même, elle est souhaitable pour une vie de tempérance, très bonne pour la santé, et nullement inutile pour atteindre la juste mesure, le bon ordre et la discipline.