Conférences – extraits sur la tempérance

Il n’y a d’exception que pour ce qui est bon on mauvais en soi et essentiellement, et ne peut se tourner en sens contraire. Telles la justice, la prudence, la force, la tempérance et les autres vertus; tels aussi, à l’opposé, les vices. Ce sont là des choses qui, par nature, ne peuvent devenir contraire à elles-mêmes, et demeurent formellement rebelles à tout changement. 1913 Les Conférences PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS

Dirons-nous qu’il soit un bien tout comme la justice, la prudence, la force et la tempérance, qui ne peuvent en aucune façon se tourner au sens opposé ? Ou bien est-ce une chose indifférente, qu’il soit parfois utile de faire, et parfois innocent de négliger; que l’on soit tantôt répréhensible d’avoir pratiquée, et tantôt digne d’éloge d’avoir omise ? 1921 Les Conférences PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS

Cherchons donc avec soin quel est ce bien par excellence que l’Apôtre n’a pu accomplir à sa volonté. Nous savons beaucoup de biens, dont on ne peut nier qu’il les ait eus de la nature ou qu’il ne les ait acquis par la grâce ainsi que les hommes d’un mérite égal au sien. La chasteté est bonne, louable est la continence, admirable la prudence, large l’hospitalité, circonspecte la sobriété, modeste la tempérance, tendre la miséricorde, sainte la justice. Assurément, toutes ces vertus ont existé chez l’apôtre Paul et les autres, si achevées, si parfaites, qu’ils enseignèrent la religion plutôt par leur sainte vie que par leur discours. Dirai-je encore le soin continuel de toutes les Églises et la constante sollicitude dont ils étaient consumés ? Quelle miséricorde, quelle perfection, de brûler pour ceux qui tombent, d’être faible avec les faibles (cf. 2 Co 11,29) ! 2303 Les Conférences TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS

Qu’est-ce que servir la loi du péché, sinon accomplir ce que le péché commande ? Mais quel est le péché, dont une sainteté aussi achevée que celle de l’Apôtre peut se sentir captive, sans douter pourtant que la Grâce du Christ ne la délivre ! Car il dit : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? La Grâce de Dieu par Jésus Christ notre Seigneur. Quelle sera, dis-je, à votre sens, cette loi dans nos membres, qui, en nous arrachant à la Loi de Dieu, pour nous captiver sous la loi du péché, fait de nous des malheureux, plutôt que des coupables ? Tellement, qu’au lieu d’être voués aux éternels supplices, nous soupirons seulement de voir s’interrompre la joie de notre béatitude, et nous écrions avec l’Apôtre, en quête d’un secours qui nous y rétablisse : Malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort ? Être emmené captif sous la loi du péché, qu’est-ce autre chose que demeurer dans les actes du péché ? Or, quel est le bien par excellence que les saints ne peuvent accomplir, sinon celui au prix de quoi tous les autres cessent d’être des biens ? Certes, il existe, nous le savons, des biens multiples en ce monde, et avant tout, la chasteté, la continence, la sobriété, l’humilité, la justice, la miséricorde, la tempérance, la piété. Mais ils ne sauraient aller de pair avec ce bien souverain. D’autre part, ils sont à la portée, je ne dirai pas des apôtres, mais des âmes médiocres. Aussi bien, si ou ne les accomplit, on sera puni de l’éternel supplice on des labeurs d’une longue pénitence; mais il ne faut point espérer sa délivrance de la Grâce quotidienne du Christ. 2427 Les Conférences TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS