{{II.1.3}} Bien que l’état de l’univers soit composé de fonctions diverses, il ne faut cependant pas comprendre qu’il serait en désaccord et en désharmonie avec lui-même ; mais comme notre corps formé de membres nombreux est un et maintenu par une âme unique, de même à mon avis il faut concevoir l’univers comme un animal immense et énorme, gouverné par la Puissance et Raison de Dieu comme par une âme unique. Cela est indiqué, je pense, par la sainte Écriture quand elle dit par le prophète : Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre, dit le Seigneur, De même : Le ciel est mon trône et la terre l’escabeau de mes pieds. Et ces paroles du Sauveur lorsqu’il défend de jurer, ni par le ciel, parce qu’il est le trône de Dieu, ni par la terre, parce qu’elle est l’escabeau de ses pieds. Pareillement celles de Paul, prêchant devant les Athéniens : En lui nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes. Comment comprendre qu’en Dieu nous vivons, nous nous mouvons et nous sommes, si ce n’est qu’il enserre et maintient le monde par sa puissance ? Comment comprendre que le ciel soit le trône de Dieu et la terre l’escabeau de ses pieds, comme l’affirme le Sauveur lui-même, si ce n’est que dans le ciel et sur la terre sa puissance remplit l’univers selon ses paroles : Est-ce que je ne remplis pas le ciel et la terre, dit le Seigneur.
Dieu, le père de l’univers, remplit donc et maintient l’univers par la plénitude de sa puissance : je ne pense pas que quelqu’un fasse des difficultés à l’accepter à partir des textes que nous avons invoqués.
Mais puisque la discussion précédente a montré que les mouvements divers et les opinions variées des créatures raisonnables ont été cause de la diversité du monde, il faut voir s’il ne convient pas aussi d’attribuer à ce monde-ci une fin semblable au commencement. Il n’est pas douteux en effet qu’il trouvera encore sa fin dans une grande diversité et variété et que cette variété, surprise en cet état par la fin de ce monde-ci, sera la cause et l’occasion des diversités qui caractériseront l’autre monde qui viendra après celui-ci, la fin de ce monde-ci étant le début du monde futur.