107. Dans le monde, les médisances et les calomnies produisent ordinairement des querelles et des animosités; dans un monastère l’intempérance donne la mort à toutes les vertus, et inspire l’horreur pour la vie religieuse. Si donc il vous est donné de réduire en esclavage cette maîtresse tyrannique, vous jouirez partout de la paix et de la tranquillité de l’âme; mais si elle établit son emprise sur vous, votre salut sera, jusqu’à la mort, dans un péril éminent. QUATRIÈME DEGRÉ
137. Quiconque est vraiment possédé du désir d’acquérir la paix et la tranquillité de l’âme, et de trouver Dieu, croit faire une perte énorme, si, dans sa vie, il se passe un seul jour où il n’ait quelque humiliation à souffrir. QUATRIÈME DEGRÉ
3. Le silence, au contraire, est sage et prudent; il donne l’esprit d’oraison, délivre l’âme de la captivité, conserve le feu de l’amour divin, veille sur les pensées de l’esprit, observe attentivement le mouvements des ennemis du salut, soutient et nourrit la ferveur de la pénitence, se plaît dans les larmes, rappelle sans cesse l’image de la mort et le souvenir des supplices éternels, fait considérer les Jugements de Dieu avec une crainte salutaire, est très favorable à la sainte tristesse du coeur, combat l’esprit de présomption, favorise la tranquillité de l’âme, augmente la science du salut, nous forme à la contemplation des vérités surnaturelles, nous perfectionne dans les bonnes oeuvres et nous fait monter jusqu’à Dieu. ONZIÈME DEGRÉ
37. Le jeûne est une violence que nous faisons à la nature. C’est lui qui nous fait renoncer aux délices de la sensualité, qui éteint en nous les flammes de la concupiscence, qui nous délivre des mauvaises pensées, nous préserve des songes importuns et rend nos prières saintes, ferventes et agréables aux Yeux du Seigneur ; c’est lui qui éclaire notre âme, prend soin de notre esprit, dissipe les ténèbres de notre intelligence, veille sur notre coeur, lui ouvre la porte de la componction, lui fait pousser des gémissements salutaires, le console et l’encourage dans les travaux et les douleurs de la pénitence, empêche notre langue de tomber dans la démangeaison de parler, nous inspire l’amour de la retraite et de la solitude, conserve en nous l’esprit d’obéissance, adoucit les rigueurs de nos veilles, procure et entretient la santé de nos corps, nous donne la paix et la tranquillité de l’âme, efface nos péchés, nous ouvre la porte du ciel, et nous introduit dans la possession des plaisirs, des joies et des délices éternelles. QUATORZIÈME DEGRÉ
Il faut du courage pour triompher de l’intempérance ! mais celui qui vient heureusement à bout de remporter la victoire sur cette passion, se prépare un droit chemin à la tranquillité de l’âme et à une suprême chasteté. QUATORZIÈME DEGRÉ
3. Le véritable ami de la vie érémitique forme des résolutions fortes et inébranlables, veille sans cesse à la porte de son coeur pour en interdire l’entrée à toutes les mauvaises pensées ou pour les y étouffer. Il doit sûrement me comprendre, celui qui est arrivé à ce précieux repos du coeur; mais il est bien loin de savoir en quoi consistent la paix et la tranquillité de l’âme, celui qui ne fait que d’entrer dans les voies de la piété, et qui n’en a pu encore goûter ni savourer les merveilleuses douceurs. Le solitaire prudent et expérimenté n’a pas besoin qu’on lui adresse de longs discours est assez éclairé par les bonnes actions de sa vie. VINGT-SEPTIÈME DEGRÉ
1. Voici que, malgré mon ignorance profonde, malgré les ténèbres épaisses que mes passions répandent sur mon esprit, malgré enfin les ombres de la mort de mon corps, j’ai la témérité et la hardiesse de parler du ciel terrestre. Or si les étoiles sont le superbe ornement du firmament, les vertus sont celui de la tranquillité du coeur. C’est pour cette raison que je pense et dis que la paix ou la tranquillité de l’âme n’est rien d’autre sur la terre qu’un véritable ciel dans lequel une âme qui le possède, ne considère plus les ruses et la méchanceté des démons que comme des jeux et de vains amusements. VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ
3. Certains soutiennent que cet heureux état de l’âme est une résurrection, c’est-à-dire un retour de l’âme à son véritable état, avant la résurrection du corps qu’elle anime. Il en est d’autres qui vont jusqu’à dire que la paix et la tranquillité de l’âme donnent de Dieu une connaissance semblable à celle que les anges en ont. VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ
Eh ! n’était-ce pas de la tranquillité de l’âme que voulait parler saint Paul, en disant : Quel est l’homme qui a connu l’Esprit du Seigneur (1 Co 2,16) ? N’était-ce pas encore cette vertu que voulait signaler un solitaire d’Égypte, en disant qu’il n’avait plus de crainte du Seigneur ? Voulait-il marquer une autre chose que la paix de l’âme, ce religieux qui priait Dieu de lui permettre d’être encore éprouvé par le feu des tentations ? Quelle est donc encore la personne qui, avant la gloire future, puisse être jugée plus digne de cette tranquillité du coeur, que ce Syrien qui, tandis que David, si illustre parmi les prophètes, disait à Dieu : Accorde-moi , Seigneur, dans le cours de mon pèlerinage, quelque relâche et quelque repos, afin de recevoir quelque rafraîchissement avant que je parte de ce monde (Ps 38), disait lui même : Modère, Seigneur, les effusions surabondantes de grâces et de consolations dont Tu inondes mon âme ? VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ
11. Mais que pouvons-nous dire de plus ? quiconque possède cette suréminente tranquillité de l’âme, n’est-il pas autorisé à dire avec saint Paul : Je vis, mais ce n’est pas moi qui vis, c’est Jésus Christ qui vit en moi (Ga 2,20), et à dire encore avec le même apôtre : J’ai combattu le bon combat, j’ai achevé la course, j’ai gardé la foi. (2 Tm 4,7) VINGT-NEUVIÈME DEGRÉ