« Au commencement, Dieu fit le CIEL et la terre ». Quel est le commencement de tout, sinon notre Seigneur et « Sauveur universel », le Christ Jésus, « premier né de toute créature » ? Or c’est dans ce commencement, c’est-à-dire dans son Verbe que « Dieu fit le CIEL et la terre », selon ce que dit l’Évangéliste Jean au début de son Évangile : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement en Dieu. Tout par lui a été fait et sans lui rien n’a été fait. » L’Écriture ne parle pas d’un commencement temporel ; mais elle dit que c’est « dans ce commencement » qu’est le Sauveur, qu’ont été faits le CIEL et la terre et « tout ce qui a été fait ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
« Mais la terre était invisible et informe ; les ténèbres couvraient l’abîme et l’Esprit de Dieu se mouvait sur les eaux ». La terre était invisible et informe avant que Dieu eût dit : « Que la lumière soit », et avant qu’il eût séparé la lumière des ténèbres, selon que l’indique l’ordre du récit. Dans la suite, Dieu ordonne que le firmament soit, et il l’appelle « CIEL ». Quand nous en viendrons là, nous dirons la différence qu’il y a entre CIEL et firmament et pourquoi le firmament a été appelé Ciel; mais maintenant il est dit : « Les Ténèbres couvraient l’abîme. » Quel est cet abîme ? C’est celui dans lequel se trouveront « le diable et ses anges ». Il est clairement désigné dans l’Évangile quand il est dit du Sauveur que les démons qu’il chassait « lui demandaient de ne pas leur commander d’aller dans l’abîme ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Mais, selon le sens spirituel, voyons pourquoi Dieu, après avoir, dans ce « commencement » dont nous avons parlé plus haut, « fait le CIEL et la terre », après avoir dit : « Que la lumière soit », après avoir séparé la lumière et les ténèbres, appelé la lumière Jour et les ténèbres Nuit et dit qu’il y eût un soir et qu’il y eût un matin, voyons pourquoi Dieu a dit : «Ce fut un jour» et non pas : « Ce fut le premier jour.» Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Comme auparavant le CIEL, Dieu fait maintenant le firmament. Il fit d’abord le CIEL, dont il est dit : « Le CIEL est mon trône », et ensuite, le firmament, c’est-à-dire le CIEL corporel. Un corps présente évidemment de la fermeté et de la résistance ; c’est ce qui explique que le firmament « sépara l’eau qui est au-dessus du CIEL de celle qui est au dessous .» Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Comme tout ce que Dieu allait faire était constitué d’esprit et de corps, il est dit que le CIEL, c’est-à-dire la substance spirituelle, où Dieu repose en quelque façon comme « sur un trône », fut fait « dans le commencement » et « avant toutes choses ». Quant au firmament, c’est un CIEL corporel. Le premier CIEL, que nous avons qualifié de spirituel, c’est notre esprit (mens nostra) qui est essentiellement spirituel (spiritus est) ; autrement dit c’est notre homme spirituel qui voit et contemple Dieu ; et le CIEL corporel ou firmament, c’est notre homme extérieur, celui qui voit avec les yeux du corps. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Et de même que le CIEL a été appelé firmament parce qu’il sépare les eaux qui sont au-dessus de lui de celles qui sont au-dessous, ainsi l’homme, établi dans un corps, s’il peut réaliser une séparation entre « les eaux supérieures qui sont au-dessus du firmament et celles qui sont au-dessous », sera lui aussi appelé Ciel ou « homme céleste », selon la parole de l’Apôtre Paul : « Notre demeure est dans le CIEL. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
En participant à l’eau supérieure qui est au-dessus des cieux, le fidèle devient céleste : il s’applique aux choses supérieures et élevées, n’a aucune de ses pensées en la terre, mais toutes dans le CIEL et « cherche les choses d’en haut où le Christ se tient à la droite du Père ». Et c’est ainsi qu’il se rend digne de cet éloge de Dieu qui se trouve dans notre texte : « Et Dieu vit que cela était bon ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Ce qui est ensuite raconté au troisième jour a la même signification. L’Écriture dit : « Et Dieu dit : que l’eau qui est sous le CIEL se réunisse en une seule masse et que l’élément sec apparaisse. Et il en fut ainsi. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Nous donc, cherchons à réunir « l’eau qui est sous le CIEL » et à la chasser loin de nous, pour qu’apparaisse alors l’élément sec, c’est-à-dire nos oeuvres humaines, « afin que les hommes, voyant nos bonnes oeuvres, glorifient notre Père qui est dans les cieux ». Si nous ne nous séparons pas de ces eaux qui sont sous le CIEL, c’est-à-dire des péchés et des vices de notre corps, l’élément sec ne pourra pas apparaître en nous ni recevoir l’assurance de progresser vers la lumière. « Car celui qui fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, pour que ses oeuvres ne témoignent pas contre lui. Mais celui qui marche dans la vérité vient à la lumière, pour que ses oeuvres soient manifestées et qu’il apparaisse qu’elles ont été faites en Dieu. » Cette assurance ne nous sera donnée que si, comme les eaux, nous séparons et rejetons loin de nous les vices du corps qui sont les principes de nos péchés. Cela fait, l’élément sec en nous ne restera plus sec, comme nous allons le voir. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
L’Écriture dit en effet : « et l’eau qui est sous le CIEL se réunit dans son lieu et l’élément sec apparut. Et Dieu appela l’élément sec : Terre, et l’amas des eaux : Mer ». Or, de même que l’élément sec, une fois séparé de Peau, comme nous avons dit tout à l’heure, ne demeure plus l’élément sec, mais prend dès lors le nom de Terre, ainsi nos corps : qu’une semblable séparation s’opère en eux, ils ne resteront plus « secs », mais prendront le nom de Terre, parce qu’ils pourront désormais porter du fruit pour Dieu. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Après avoir « fait au début le CIEL et la terre », Dieu fit ensuite le firmament et l’élément sec ; il appela le firmament Ciel, lui donnant le nom du CIEL qu’il avait créé auparavant, et il appela l’élément sec : Terre, car il lui donna le pouvoir de donner des fruits. Si donc il en est qui restent encore délibérément secs, s’ils ne produisent aucun fruit, s’ils portent « des épines et des ronces » « bonnes à alimenter le feu », ils sont eux aussi, à voir ce qu’ils produisent, « bons à alimenter le feu ». Mais qu’un zèle attentif les ait séparés des eaux de l’abîme, qui sont les sens du démon, et qu’ils se montrent une terre fertile, ils doivent dès lors espérer que Dieu les introduira dans « une terre où coulent le lait et le miel ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Si nous écoutons la parole et si, après l’avoir entendue, notre terre produit aussitôt de l’herbe, et si cette herbe, avant d’être mûre et de porter du fruit, vient à se dessécher, notre terre sera appelée « caillouteuse ». Mais si la parole s’implante dans notre coeur avec des racines si profondes qu’elle produise le fruit des bonnes oeuvres et porte la semence des biens à venir, alors vraiment chacune de nos terres porte son fruit, l’une cent, l’autre soixante, l’autre trente pour un, selon ce qu’elle peut. Et remarquons bien que notre fruit ne doit comporter nulle zizanie ou ivraie, qu’il ne doit pas se trouver sur les bords du chemin, mais qu’il doit être semé dans le chemin lui-même, dans ce Chemin qui dit « Je suis la Voie », pour que les « oiseaux du CIEL » ne grappillent pas nos fruits ni notre vigne. Et même, s’il est donné à tel d’entre nous d’être une « vigne », que celui-là se garde de porter des épines au lieu de grappes : sinon cette vigne ne sera « ni taillée, ni cultivée » et les nuées n’auront pas l’ordre de « laisser tomber la pluie sur elle » ; elle deviendra un désert où croîtront les épines. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Après cela, c’est le moment, pour le firmament, d’être muni de luminaires. Dieu dit en effet : « Qu’il y ait des luminaires au firmament du CIEL pour qu’ils luisent sur la terre et séparent le jour et la nuit. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
De même qu’au firmament que l’on avait auparavant nommé CIEL, Dieu ordonne qu’il y ait des luminaires pour « séparer le jour et la nuit », ainsi en sera-t-il de nous pourvu que nous tâchions de porter le nom et la réalité du « CIEL » : en nous, les luminaires qui nous illumineront seront le Christ et son Église. Car le Christ est « la lumière du monde » et il éclaire l’Église de sa lumière. Et comme la lune reçoit, dit-on, sa lumière du soleil afin d’éclairer elle aussi la nuit, ainsi l’Église, recevant sa lumière du Christ, éclaire tous ceux qui se trouvent dans la nuit de l’ignorance. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
« Qu’ils soient des signes pour marquer les époques, les jours et les années ; qu’ils servent de luminaires au firmament du CIEL pour éclairer la terre. Et cela fut ainsi. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Comme ces luminaires que nous voyons au CIEL servent de signes « pour marquer les époques, les jours et les années », éclairant du haut du firmament ceux qui sont sur la terre, ainsi le Christ, illuminant son Église, fait dé ses commandements des signes par lesquels nous apprenions à éviter « la colère à venir » ; de la sorte, loin que « ce jour nous surprenne comme un voleur », nous pourrons parvenir à « l’année miséricordieuse du Seigneur ». C’est donc le Christ qui est « la lumière vraie qui illumine tout homme venant en ce monde », et l’Église, recevant sa lumière, devient elle-même « lumière du monde », illuminant « ceux qui sont dans les ténèbres », selon cette parole du Christ à ses disciples : « Vous êtes la lumière du monde ». D’où il ressort que le Christ est la lumière des Apôtres, et les Apôtres à leur tour la lumière du monde. Car les Apôtres « n’ont ni tache, ni ride, ni rien de semblable » ; ils sont l’Église véritable, selon cette parole de l’Apôtre que Dieu « a voulu faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, sans ride ni rien de semblable ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
« Et Dieu fit deux grands luminaires, le plus grand pour présider au jour, le plus petit pour présider à la nuit ; il fit aussi les étoiles. Et Dieu les plaça au firmament du CIEL pour luire sur la terre, pour présider au jour et à la nuit et pour séparer la lumière et les ténèbres. Et Dieu vit que cela était bon. Et il y eut un soir, et il y eut un matin, ce fut le quatrième jour. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
De même que le soleil et la lune sont, d’après l’Écriture, les grands luminaires au firmament du CIEL, ainsi, en nous, le Christ et l’Église. Mais Dieu a ajouté des étoiles au firmament ; il faut donc voir aussi ce qui en nous, c’est-à-dire dans le CIEL de notre coeur, tient lieu d’étoiles. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– « Et Dieu dit : que les eaux produisent des êtres qui rampent et des oiseaux de la terre qui volent sur la face du firmament du CIEL. Et cela fut ainsi. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
L’explication littérale, c’est qu’au commandement de Dieu les eaux produisent les êtres qui rampent et les oiseaux, et qu’ainsi nous connaissons l’auteur des choses visibles. Mais voyons aussi comment cela se passe au firmament de notre CIEL, c’est-à-dire dans la ferme réalité de notre esprit et de notre coeur. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Quant à ce qui est meilleur, c’est-à-dire aux oiseaux, laissons-les voler non seulement sur la terre mais au firmament du CIEL ; c’est-à-dire qu’il nous faut étudier le sens et la raison d’être des choses de la terre aussi bien que de celles du CIEL, et connaître les « êtres rampants » qui nous sont nuisibles. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Regardions-nous une femme avec concupiscence, nous voilà devenus « reptile » venimeux ; mais si nous avons le sens de la retenue, une Egyptienne aura beau s’éprendre de nous, nous sommes « oiseau » : laissant entre ses mains nos vêtements d’Egyptien, nous échapperons d’un coup d’aile à ses infâmes embûches. Nous laissons-nous tenter à l’idée de voler, c’est faire oeuvre de « reptile » détestable; mais si, quand bien même nous ne disposerions que de « deux petits sous », nous avons l’idée de les verser en aumône au « don de Dieu », c’est là agir en « oiseau » affranchi des choses terrestres et se dirigeant à tire d’ailes vers le firmament. Si nous nous laissons prendre à l’idée que nous ne devons pas aller jusqu’à endurer les souffrances du martyre, c’est là une pensée de «reptile» venimeux ; mais si nous consentons à l’idée d’avoir à combattre jusqu’à la mort pour la vérité, c’est là une pensée d’ « oiseau » qui nous détache de la terre et nous élève vers le CIEL. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
C’est que, pour les saints, les oppositions sont profitables, puisqu’ils peuvent les vaincre et que cette victoire leur mérite une gloire plus grande auprès de Dieu. Job, en effet, pour avoir soutenu les attaques du diable qui avait demandé pouvoir contre lui, acquit une gloire deux fois plus grande après la victoire. La preuve en est qu’il recouvra en double ce qu’il avait perdu en cette vie, image sans conteste de ce double qu’il devait recevoir dans le CIEL. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Tout à l’heure, le texte portait : « que les eaux produisent des êtres vivants qui rampent et des oiseaux volant sur la terre au firmament du CIEL », mais il porte maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes et des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce ». Pour ce qui est des êtres produits par l’eau, nous avons dit qu’il fallait les interpréter comme les mouvements et les pensées de notre esprit qui viennent de l’intime du coeur. Quant à ce qui est dit maintenant : « que la terre produise des êtres vivants selon leur espèce, des quadrupèdes, des êtres qui rampent et des bêtes de la terre selon leur espèce », je pense qu’il faut entendre par là les mouvements de notre homme extérieur, autrement dit de l’homme charnel et terrestre. Car là où il est question de la chair, il n’est pas fait mention d’oiseaux mais seulement de quadrupèdes, de bêtes qui rampent et de bêtes de la terre. Au dire de l’Apôtre, « le bien n’habite pas dans ma chair » et « la sagesse de la chair est ennemie de Dieu » ; aussi, ce que produit la terre, c’est-à-dire notre chair, c’est ce qui fait l’objet de ce commandement du même apôtre : « Faites mourir vos membres, ce membres de l’homme terrestre, la fornication, l’impureté, la luxure, l’avarice, l’idolâtrie » et le reste. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– « Et Dieu dit : faisons l’homme à notre image et ressemblance, et qu’il domine sur les poissons de la mer et les oiseaux du CIEL, sur les êtres vivants et sur toute la terre et sur tous les êtres qui rampent sur la terre. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
C’est sur l’ordre de Dieu que toutes les autres créatures ont été faites ; témoin l’Écriture : « Et Dieu dit : que le firmament soit », et « Dieu dit : que l’eau qui est sous le CIEL se réunisse en une seule masse et que l’élément sec apparaisse », « et Dieu dit : que la terre produise une herbe de gazon », et ainsi du reste. Mais voyons quelles sont les créatures que Dieu a faites en personne et, par elles, mesurons la grandeur de l’homme. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
« Au commencement Dieu fit le CIEL et la terre. » De même : « Il fit deux grands luminaires ». Et maintenant : « Faisons l’homme ». Ce sont seulement ces créatures, à l’exclusion de toute autre, qui composent l’oeuvre personnelle de Dieu. Dieu n’a fait que le CIEL et la terre, – le soleil, la lune et les étoiles, – et, maintenant, l’homme, tandis que tout le reste, dit l’Écriture, a été fait sur son ordre. Considérez par là quelle est la grandeur de l’homme : on l’assimile aux plus grands et aux principaux éléments ; on l’honore à l’égal du CIEL ; aussi bien a-t-il la promesse du « royaume des cieux ». On l’honore à l’égal de la terre ; aussi bien espère-t-il pénétrer dans une terre bonne, dans « la” terre des vivants où coulent le lait et le miel ». On l’honore à l’égal du soleil et de la lune ; aussi bien lui est-il promis de resplendir « comme le soleil dans le royaume de Dieu ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– Mais je distingue dans la condition de l’homme quelque chose de plus éminent encore, qui ne se trouve dit nulle part ailleurs : « Dieu fit l’homme et il le fit à son image ». Cela ne se trouve mentionné ni pour le CIEL, ni pour la terre, ni pour le soleil ou la lune. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Celui qui a été « fait à l’image de Dieu », c’est notre homme intérieur, invisible, incorporel, incorruptible et immortel. Car c’est à ces qualités-là vraiment que l’image de Dieu se reconnaît. S’imaginer que c’est l’être corporel qui a été fait à l’image et à la ressemblance de Dieu, c’est laisser supposer que Dieu lui-même est corporel et possède une forme humaine : une telle idée de Dieu est de toute évidence une impiété. Aussi quand ces hommes charnels qui méconnaissent la nature spirituelle de la divinité, lisent l’Écriture qui fait dire à Dieu : «le CIEL est mon trône et la terre, l’escabeau de mes pieds », ils croient que Dieu possède un corps si grand que, du CIEL où il est assis, il peut étendre les pieds jusque sur la terre. S’ils ont ces idées, c’est qu’il leur manque les oreilles qu’il faut pour écouter dignement les paroles de Dieu sur Dieu rapportées dans l’Écriture. La parole : « le CIEL est mon trône », doit convenablement s’interpréter de Dieu en sachant que Dieu repose et réside en ceux dont « la demeure est dans les cieux » ; quant à ceux qui nourrissent encore des désirs terrestres, en eux se trouve la partie la plus reculée de sa providence, comme c’est indiqué en figure par la mention des pieds. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Par conséquent ceux qui cherchent et s’appliquent à se rendre célestes par une vie parfaite et une compréhension profonde, deviennent eux-mêmes des « trônes de Dieu » et sont rendus célestes surtout à cause de leur manière de servir et de leur intimité ; ils disent : « Il nous a ressuscites avec le Christ et nous a fait asseoir avec lui dans les cieux ». Mais aussi ceux dont « le trésor est dans le CIEL » peuvent être appelés célestes et trône de Dieu, car « là où est leur trésor, là est leur coeur ». Dieu ne se contente pas de reposer sur eux, mais « il habite en eux ». Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Mais si l’Écriture dit en anticipant : « Et il les fit mâle et femelle », c’est peut-être aussi parce que toutes les oeuvres de Dieu, par ailleurs, vont par groupes et sont unies, comme le CIEL et la terre, le soleil et la lune ; l’Écriture a voulu montrer que l’homme est de même une oeuvre de Dieu et qu’il n’a pas été réalisé sans le complément ni l’union qui lui convenaient. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– « Dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du CIEL et sur tout animal qui est sur la terre et sur les êtres qui rampent sur la terre. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Nous avons déjà interprété cela au sens littéral dans le passage où Dieu dit : « Faisons l’homme, etc., qu’il domine sur les poissons de la mer et sur les oiseaux du CIEL, etc. » Mais, au sens allégorique, ce qui me semble indiqué par les poissons, les oiseaux, les animaux et les êtres de la terre qui rampent, c’est ce que nous avons déjà dit plus haut, c’est-à-dire, soit tout ce qui procède de l’âme et de la pensée du coeur, soit tout ce qui provient des désirs corporels et des mouvements de la chair. Les saints qui sont fidèles à la bénédiction de Dieu tiennent tout cela sous leur domination, car les saints conduisent l’homme tout entier selon la volonté de l’esprit ; les pécheurs au contraire sont sous la domination de ce qui provient des vices de la chair et des plaisirs du corps. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
– « Et Dieu dit : voici que je vous donne toute herbe portant semence à la surface de toute la terre et tout arbre qui porte un fruit d’arbre ayant semence ; ce sera pour votre nourriture et celle de tout animal de la terre et de tout oiseau du CIEL et de tout ce qui rampe sur la terre ayant en soi un souffle de vie. » Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Mais si la colère est déraisonnable, si elle punit des innocents, si elle bouillonne contre ceux qui n’ont pas failli, elle devient la nourriture des bêtes des champs, des serpents de la terre et des oiseaux du CIEL ; car c’est de ces nourritures-là que se nourrissent les démons qui se repaissent de nos mauvaises actions et qui les favorisent. Caïn nous en est un exemple, lui qui, par colère et par jalousie, trompa son frère innocent. Homélies sur la Genèse: I – LA CRÉATION Le premier jour.
Ainsi – mais c’est une parenthèse – remarquez qu’il faut peut-être comprendre le texte : « Maudit soit de Dieu tout homme qui est suspendu au bois » dans le même sens que celui-ci : « Maudit soit l’homme qui met son espoir en l’homme. » C’est à Dieu seul que nous devons être suspendus, à l’exclusion de tout autre, assurât-on même qu’il fût du jardin de Dieu, selon ce que dit Paul : « Quand nous-mêmes ou un ange du CIEL vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème. » – Mais remettons ce sujet à une autre fois. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Examinons après cela, pourquoi l’Écriture envisage séparément le bas « à double voûte » et le haut « à triple voûte ». Ne veut-elle pas suggérer par là, selon la parole de l’Apôtre, qu’ « au nom de Jésus tout genou fléchit au CIEL, sur la terre et dans les enfers » ? Ainsi, dans l’arche, ce qui se trouve le plus bas est justement ce que l’Apôtre met dans les enfers, ce qui vient immédiatement au-dessus est ce qu’il met sur la terre, et les parties supérieures « à triple voûte » sont tout ce qu’il met pêle-mêle dans le CIEL. Seulement, dans ce dernier cas, il faut faire une place à part à la conduite de ceux qui peuvent, selon l’Apôtre Paul, « mon-ter jusqu’au troisième CIEL ». Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
Quant aux cellules, dans l’arche, leur grand nombre fait penser qu’elles signifient qu’il y a « beaucoup de demeures auprès du Père ». Pour expliquer les animaux, les bêtes, le bétail et les divers autres vivants, quelle autre figure retenir que celle qu’Isaïe nous donne : « dans le royaume du Christ, le loup et l’agneau, le léopard et le chevreau, le lion et le boeuf iront ensemble au pâturage et leurs petits mangeront ensemble le même fourrage ; et même le jeune enfant – un de ceux, je pense, dont le Sauveur disait : « Si vous : ne vous convertissez et ne devenez comme l’un de ces petits, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux » – le jeune enfant introduira la main dans le repaire des aspics sans en éprouver aucun mal ». – On peut aussi évoquer cette autre figure, que l’Église réalise actuellement selon l’enseignement de Pierre, et qui nous rapporte la vision de Pierre où tous les quadrupèdes, toutes les bêtes de la terre et les oiseaux du CIEL apparaissaient contenus dans la nappe unique de la foi attachée par les quatre coins des Évangiles. Homélies sur la Genèse: II – L’ARCHE DE NOÉ Le premier jour.
– Pour nous, nous tenons que Dieu est incorporel, tout-puissant, invisible. Et nous professons semblablement, selon un enseignement certain et invariable, que Dieu s’occupe des êtres mortels et que rien ne se fait ni au CIEL ni sur terre sans sa providence. Attention ! nous disons bien : sans sa providence, et non pas : sans sa volonté. Car si beaucoup de choses se font sans sa volonté, rien ne se fait sans sa providence. La providence est ce par quoi Dieu règle, gouverne et dispose toutes choses ; la volonté est ce par quoi Il veut ou ne veut pas quelque chose. Mais passons : ce sujet serait trop considérable et trop long. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
– Puisque nous en sommes à ce passage, je veux examiner si le Dieu tout-puissant, qui gouverne le CIEL et la terre, quand il voulut faire alliance avec un homme saint, fit consister l’essentiel d’une si grande affaire dans le retranchement d’un prépuce de chair chez cet homme et ceux de sa race. « Mon alliance, dit-il, sera dans ta chair. » La circoncision était-elle donc la chose que le « Maître du CIEL et de la terre » conférait comme gage d’éternelle alliance à l’homme unique choisi entre tous les mortels ? Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
Venons-en également, si vous voulez, à la circoncision des lèvres. J’estime qu’on a les lèvres incirconcises, quand on n’a pas rompu avec un langage et des plaisanteries de mauvais aloi, quand on dénigre le bien, quand on accuse ses proches, quand on intente des procès, quand on répand des calomnies, quand on brouille des frères entre eux en disant des mensonges, quand on dit des paroles vaines, déplacées, sentant le siècle, impudiques, inconvenantes, injustes, violentes, blasphématoires, bref tout ce qui est indigne d’un chrétien. Mais quand on interdit tout cela à sa bouche et « qu’on soumet ses paroles au jugement », quand on s’abstient de bavardage, quand on tient sa langue, quand on maîtrise ses paroles, alors on passe avec raison pour avoir les lèvres circoncises. Tandis que « ceux qui disent l’iniquité contre les hauteurs et dirigent leur langue contre le CIEL même », comme font les hérétiques, ne peuvent que passer pour impurs et incirconcis des lèvres. Au contraire, il est pur et circoncis, celui qui dit toujours la parole de Dieu et qui répand la saine doctrine étayée par les préceptes des Évangiles et des Apôtres. Telle est la circoncision des lèvres que confère l’Église de Dieu. Homélies sur la Genèse: III – LA CIRCONCISION D’ABRAHAM Le premier jour.
On dit que Dieu descend, quand il veut bien s’occuper de la faiblesse humaine. Et il faut entendre cela plus spécialement de notre Seigneur et Sauveur, qui « n’a pas retenu avidement son égalité avec Dieu, mais s’est anéanti lui-même en prenant la condition d’esclave ». Il est donc descendu. Car « nul n’est monté au CIEL si ce n’est celui qui est descendu du CIEL, le Fils de l’homme qui est dans le CIEL ». Le Seigneur est, en effet, descendu non seulement pour guérir nos maladies mais pour les porter ». « Car il prit la condition d’esclave », et, bien que par son égalité avec le Père il eût une nature invisible, il revêtit cependant une forme visible « et il a été reconnu pour homme par tout ce qui a paru de lui ». Homélies sur la Genèse: IV – L’APPARITION DE DIEU A ABRAHAM Le premier jour.
– « Et Abraham, dit l’Écriture, étendit le bras pour saisir le couteau et égorger son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du CIEL et lui dit : « Abraham, Abraham. Il répondit : me voici. Et l’ange lui dit : Ne porte pas ta main sur l’enfant et ne lui fais rien. Car je sais maintenant que tu crains Dieu. » Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Par ailleurs, remarquons-le, l’Écriture place cette parole dans la bouche d’un ange, et la suite nous montre clairement que cet ange est le Seigneur. J’en conclus que si, parmi nous autres hommes, « il a pris les dehors d’un homme », il a vraisemblablement, parmi les anges, pris les dehors d’un ange. Et les anges, à son exemple, dans le CIEL, se réjouissent « pour un seul pécheur qui fait pénitence », et tirent gloire des progrès des hommes. Car ils sont comme les administrateurs de nos âmes, eux à qui, « tant que nous sommes enfants », nous sommes confiés « comme à des tuteurs et à des intendants jusqu’au temps marqué par le Père ». Aussi, constatant nos progrès actuels, disent-ils de chacun de nous : « Maintenant je sais que tu crains Dieu. » Mais pourquoi donc ces paroles ont-elles été dites à Abraham, pourquoi avoir proclamé qu’il craignait Dieu ? C’est parce qu’il n’a pas épargné son propre fils. – Rapprochons de cela les paroles de l’Apôtre où il est dit de Dieu qu’« il n’a pas épargné son propre Fils mais qu’il l’a livré pour nous tous ». Voyez avec quelle magnifique générosité Dieu rivalise avec les hommes : Abraham a offert à Dieu un fils mortel qui ne devait pas mourir, Dieu a livré à la mort pour les hommes un Fils immortel. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.
Examinons donc les paroles qu’on nous a lues. « Et l’Ange du Seigneur appela du CIEL Abraham une seconde fois, disant : Je l’ai juré par moi-même, dit le Seigneur, puisque tu as accompli ma parole et que tu n’as point épargné ton fils bien-aimé à cause de moi, je te bénirai et je te multiplierai. Ta race sera nombreuse comme les étoiles du CIEL et comme les grains de sable de la mer qu’on ne peut compter. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Elles présentent une nouveauté : « L’Ange du Seigneur appela Abraham du haut du CIEL une seconde fois. » Mais ce qui suit n’est pas nouveau, car il avait été déjà dit : « Je te bénirai », et déjà promis : « Je te multiplierai », et déjà déclaré : « Ta race deviendra nombreuse comme les étoiles du CIEL et comme le sable de la mer. » Qu’y a-t-il donc maintenant de plus dans ce second appel qui vient du CIEL ? Quel est le nouvel objet qui s’ajoute aux anciennes promesses ? Quelle augmentation de récompense y a-t-il à dire : « parce que tu as accompli cette parole », autrement dit : parce que tu as offert ton fils, parce que tu n’a pas épargné ton fils unique ? – Je ne vois rien d’ajouté : ce sont les mêmes promesses qu’auparavant qui sont reprises. Mais alors, pensera-t-on, n’est-il pas inutile de revenir plusieurs fois sur les mêmes choses ? Pas du tout ; c’est nécessaire, car tout ce qui arrive, arrive en mystère. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
L’Écriture répète, semble-t-il, les mêmes choses ; elles sont pourtant bien différentes. Les premières promesses, celles qui concernent le premier peuple, ont été faites sur la terre. L’Écriture dit en effet : « Il l’amena dehors – c’est-à-dire en dehors de la tente – et lui dit : Regarde les étoiles du CIEL et vois si tu peux les compter dans leur multitude, et il ajouta : Ainsi en sera-t-il de ta race. » Mais quand la promesse est faite à nouveau, l’Écriture remarque que c’est « du haut du CIEL » que vient la voix. Ainsi la première promesse vient de la terre et la seconde du CIEL. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Ne semble-t-il pas qu’il y ait là une évidente allusion à cette parole de l’Apôtre : « Le premier homme tiré de la terre est terrestre, le second homme venu du CIEL est céleste » ? La promesse qui concerne le peuple de la foi vient du CIEL, l’autre de la terre. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Enfin, lors de la première promesse, l’Écriture ne dit pas la raison pour laquelle est faite la promesse, mais seulement que la voix conduisit Abraham dehors, «lui montra les étoiles du CIEL et lui dit : Ainsi en sera-t-il de ta descendance ». Dans la seconde promesse, au contraire, Dieu donne la raison, et c’est pourquoi il appuie par un serment la fermeté de la promesse : « Car tu as, dit-il en effet, accompli ma parole et tu n’as pas épargné ton fils. » Par là il montre que c’est à cause de l’offrande et de la passion du fils que la promesse est fermement assurée et il insinue clairement que c’est à cause de la Passion du Christ que la promesse demeure fermement assurée au peuple des Gentils, « qui appartient à Abraham par la foi ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
L’Apôtre dit, comme nous l’avons déjà rappelé : « Le premier homme sorti de la terre est terrestre, le second homme venu du CIEL est céleste. Tel est le terrestre, tels sont aussi les terrestres ; et tel est le céleste, tels sont aussi les célestes. De même que nous avons porté l’image du terrestre, nous porterons aussi l’image du céleste. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Dieu renouvelle donc ses promesses pour vous montrer que vous devez, vous aussi, vous renouveler. S’il ne demeure pas, lui, dans les vieilles choses, c’est que vous ne devez pas demeurer, vous, de « vieux hommes ». Et s’il prononce ses paroles « du haut du CIEL », c’est pour que vous receviez, vous aussi, « l’image de l’homme céleste ». Car à quoi bon, pour vous, que Dieu renouvelle ses promesses, si vous ne vous renouvelez pas ? qu’il parle du haut du CIEL, si c’est à la terre que vous prêtez l’oreille ? A quoi bon qu’il se lie par un serment, si vous écoutez tout cela en passant comme une histoire ordinaire ? Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Quoi qu’il en soit, l’Apôtre explique notre texte en disant : « Dieu a donné la promesse à Abraham et à sa descendance. Il n’a pas dit : et à tes descendants, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais il dit : et à ta descendance, comme ne parlant que d’un seul qui est le Christ. » C’est donc du Christ qu’il est écrit : « Je multiplierai ta descendance et elle deviendra aussi nombreuse que les étoiles du CIEL ou que les grains de sable sur le bord de la mer. » A qui est-il besoin d’expliquer comment la descendance du Christ se multiplie, quand on voit la prédication de l’Évangile s’étendre « d’une extrémité de la terre à l’autre » et qu’il n’y a presque plus de lieu qui n’ait reçu la semence de la parole ? D’avance, cette vérité avait été figurée au début du monde, quand il avait été dit à Adam : « Croissez et multipliez », car c’est de cela que l’Apôtre énonce que « ce fut dit par rapport au Christ et à l’Église. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Quant à la parole : « Aussi nombreux que les étoiles du CIEL », et celle qui suit : « Comme les grains de sable sur le bord de la mer qu’on ne peut compter », on dira peut-être que la figure du nombre céleste convient au peuple chrétien, et celle du sable de la mer au peuple juif. Je préfère néanmoins penser qu’on peut appliquer aux deux peuples l’un et l’autre exemple. En effet, dans le peuple juif, il y a eu beaucoup de justes et de prophètes qu’on peut assimiler à bon droit aux étoiles du CIEL ; dans notre peuple, en revanche, il y en a beaucoup « qui n’ont de goût que pour les choses terrestres » et dont la folie « est plus pesante que le sable de la mer » ; j’estime qu’il faut surtout ranger parmi eux la masse des hérétiques, sans toutefois nous croire nous-mêmes en sécurité, car les exemples terrestres doivent s’appliquer à quiconque n’a pas dépouillé « l’image de l’homme terrestre » et revêtu « l’image de l’homme céleste. » Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Mais, je vous le demande : est-ce que le Seigneur a commis une injustice en arrachant les peuples à la puissance de ses ennemis et en les ramenant à la foi en lui et en son pouvoir ? Pas le moins du monde. Car autrefois « Israël était la portion du Seigneur », mais ses ennemis entraînèrent Israël dans le péché loin de son Dieu, et c’est à cause de ses péchés que Dieu lui dit : « Voici que vous avez été divisés par vos péchés. » Mais il leur dit encore : « Quand bien même vous auriez été dispersés d’un bout du CIEL à l’autre, je vous rassemblerai, dit le Seigneur. » C’est parce que les « princes de ce monde » avaient envahi l’héritage du Seigneur, que le « bon pasteur » a dû laisser dans les hauteurs les quatre-vingt-dix-neuf brebis et descendre sur la terre chercher celle qui était perdue ; il lui fallait la trouver, la charger sur ses épaules et la ramener à la haute bergerie de la perfection. Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
Que chacun de nous veuille donc bien faire ce qu’il faut pour que, dans notre âme comme dans notre corps, le Christ soit victorieux de ses ennemis, qu’il se les soumette et qu’il prenne triomphalement possession de la cité de notre âme. De la sorte, nous deviendrons sa portion, sa part de choix, comparable « en éclat aux étoiles du CIEL », et nous pourrons recevoir, nous aussi, la bénédiction d’Abraham par le Christ notre Seigneur, « à qui appartiennent la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il ». Homélies sur la Genèse: IX – SECONDES PROMESSES FAITES A ABRAHAM Le premier jour.
– « Isaac grandissait », dit l’Écriture, et il se fortifiait ; c’est-à-dire que la « joie » grandissait pour Abraham, à qui n’importaient pas « les choses visibles, mais les invisibles ». Abraham ne tirait pas sa joie des choses présentes, ni des richesses du monde, ni des événements du siècle. Voulez-vous savoir pourquoi Abraham était joyeux ? Écoutez ce que le Seigneur dit aux Juifs : « Abraham votre père a désiré voir mon jour, il l’a vu et il s’est réjoui. » La vision du jour du Christ et l’espérance qu’elle contenait comblaient de joie Abraham et faisaient donc grandir Isaac. Plût au CIEL que vous deveniez d’autres Isaac et que vous soyez la joie de votre Mère l’Église ! Homélies sur la Genèse: X – RÉBECCA Le premier jour.
Qui peut connaître et pénétrer la vision « qu’eut Isaïe, fils d’Amos » ? Qui peut connaître la vision de Nahum ? Qui peut pénétrer le contenu de la vision qu’eut Jacob à Béthel lorsqu’il allait en Mésopotamie et où il dit : « Voici la maison de Dieu et la porte du CIEL » ? Celui qui peut connaître et pénétrer chacune des visions qui sont dans la loi ou dans les prophètes, celui-là habite « près du puits de vision ». Homélies sur la Genèse: XI – ABRAHAM ÉPOUSE CÉTHURA – SÉJOUR D’ISAAC AU PUITS DE VISION Le premier jour.
– Voyons plutôt maintenant ce que signifie cette parole :, « Rébecca s’en alla interroger le Seigneur ». Elle s’en alla. Où alla-t-elle ? D’un lieu où le Seigneur n’était pas à un lieu où il était ? C’est bien ce que semblent indiquer ces mots : « Elle s’en alla interroger le Seigneur. » Mais le Seigneur n’est-il pas partout ? N’a-t-il pas dit lui-même : « Je remplis le CIEL et la terre » ? Où donc s’en alla Rébecca ? Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.
C’est cette considération, je pense, qui, longtemps après cette époque, a fait dire au prophète : « J’ai été jeune et me Voilà vieux, je n’ai pas vu le juste abandonné ni sa postérité mendiant son pain » ; et ailleurs : « Le Seigneur ne fera pas périr le juste de faim. » Tous ces textes montrent que les victimes de la famine, c’est la terre et « ceux qui sont attachés aux choses de la terre. » Mais ceux dont « la nourriture est de faire la volonté du Père qui est dans les cieux » et qui nourrissent leur âme « du pain qui est descendu du CIEL », ceux-là ne souffriront jamais des privations de la famine. Homélies sur la Genèse: XVI – JOSEPH ACQUIERT POUR PHARAON LES TERRES DE L’EGYPTE Le premier jour.