chute

Le but du mystère de la nature est de nous élever par la découverte des lois des choses physiques, à la connaissance des lois et des puissances supérieures par lesquelles elles sont gouvernées. La connaissance de ce mystère de la nature et de tout ce qui la constitue ne doit donc pas nous être interdit même aujourd’hui, et malgré notre chute ; sans quoi le but final de ce mystère serait manqué. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Oui, l’homme, depuis la chute, a été posé de nouveau sur la racine vive qui doit opérer en lui toutes les végétations spirituelles de son principe. C’est pour cela que s’il s’élevait jusqu’à la source vive de l’admiration, il pourrait en communiquer, par sa seule existence, les vifs témoignages. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

L’univers est sur son lit de douleurs, et c’est à nous, hommes, à le consoler. L’univers est sur son lit de douleurs, parce que, depuis la chute, une substance étrangère est entrée dans ses veines, et ne cesse de gêner et de tourmenter le principe de sa vie ; c’est à nous à lui porter des paroles de consolation qui puissent l’engager à supporter ses maux ; c’est à nous, dis-je, à lui annoncer la promesse de sa délivrance et de l’alliance que l’éternelle sagesse vient faire avec lui. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Homme, le mal est encore plus grand. Ne dis plus que l’univers est sur son lit de douleurs ; dis : l’univers est sur son lit de mort ; et c’est à toi de lui rendre les derniers devoirs ; c’est à toi à le réconcilier avec cette source pure dont il descend, cette source qui n’est pas Dieu, mais qui est un des éternels organes de sa puissance, et dont l’univers n’eût jamais dû être séparé ; c’est à toi, dis-je, de le réconcilier avec elle, en le purgeant de toutes les substances de mensonge dont il ne cesse de s’imprégner depuis la chute, et à le laver d’avoir passé tous les jours de sa vie dans la vanité. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

C’est alors que ses crimes se sont accrus dans une mesure à laquelle il ne peut plus penser sans frayeur. Oui, homme, tu es devenu mille fois plus coupable depuis ta chute : dans ta chute, tu devins dupe et victime ; mais depuis ta chute, tu es devenu instrument universel du mal, tu es devenu l’esclave absolu de ton ennemi, et combien de fois même ne finis-tu pas par être son complice ? PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Le premier degré de la cure que l’homme a à opérer sur lui-même, est donc de séparer de lui toutes ces humeurs viciées et secondaires qui se sont accumulées sur lui depuis la chute ; et ces humeurs sont celles qui se sont fixées sur l’espèce humaine par les divers égarements de la postérité du premier homme ; celles que nous tenons de nos parents par les fausses influences des générations dépravées ; enfin, celles que nous laissons nous-mêmes accumuler sur nous par nos négligences et nos prévarications journalières. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Tant que nous n’avons pas chassé de nous toutes ces diverses humeurs, nous ne pouvons pas seulement commencer à marcher dans la ligne de notre restauration, qui consiste particulièrement à traverser l’épaisse région de ténèbres où la chute nous a précipités, et à faire renaître en nous l’élixir naturel avec lequel nous pourrions ranimer les sens de l’univers qui est évanoui. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Ainsi, homme, une nouvelle condition se présente ici, si tu veux poursuivre. Il ne s’agit plus de savoir si tu es convaincu de la nature spirituelle de ton être ; de tes rapports essentiels avec ton principe ; de ta dégradation par un écart, primitif volontaire ; de cet ardent amour de ta source génératrice qui l’a engagée, lors de ta chute, et qui l’engage encore tous les jours à venir te trier au milieu des immondices les plus dégoûtantes ; (merveille que l’homme du torrent, et qui ne se retourne point, ne saurait comprendre, quoiqu’il la sente, comme l’enfant qui fait une chute sent bien la main qui le relève, mais ne la peut voir sans se retourner) ; enfin, de l’immensité des témoignages de toute espèce qui déposent en faveur de ces vérités fondamentales, et prouvées par elles-mêmes ; il ne s’agit plus, dis-je, de s’arrêter à tous ces points, sans lesquels je t’avais prévenu de ne pas aller plus loin, et sans lesquels, par conséquent, tu ne serais pas probablement venu jusqu’ici. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Mais il s’agit de voir si tu as purgé ton être de toutes les immondices secondaires que nous amassons tous journellement depuis la chute, ou au moins si tu te sens l’ardeur de t’en délivrer à quelque prix que ce soit, et de ranimer en toi cette vie éteinte par le crime primitif, sans laquelle tu ne peux être ni le serviteur de Dieu, ni le consolateur de l’univers. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

Ainsi, quoique nous ignorions la génération des choses, cependant toutes les connaissances auxquelles nous tendons, et dont nous nous prévalons quand nous les avons obtenues, n’ont que l’essence vraie pour base et pour objet : ainsi les beautés de la nature, et les propriétés utiles et suaves, qui depuis que Dieu l’a retenue dans sa chute, se trouvent encore dans cette nature, malgré sa dégradation, tiennent aussi à cette essence vraie, et peuvent encore lui servir d’organe, de cadre et de conducteur. PREMIÈRE PARTIE – De la Nature

D’après cela, lorsque, depuis la chute nous demandons l’accomplissement de la volonté divine, cette demande a un sens très profond et en même temps très naturel, puisque c’est demander que le contrat divin reprenne toute sa valeur, que tout ce qui est désir et volonté provenant de Dieu vienne à son terme ; et, par cette raison, c’est demander que l’âme de l’homme refleurisse de nouveau dans son désir vrai, et dans sa volonté originelle qui la ferait participer au développement du désir et de la volonté de Dieu, de façon que nous ne pouvons demander à l’Agent suprême que sa volonté arrive, sans demander par cette prière, que toutes les âmes des hommes soient remises dans la jouissance de leur primitif élément, et en état d’être réintégrées dans le ministère de l’Homme-Esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Car ce n’est pas seulement à l’instant de sa chute que Dieu a été obligé de recommencer l’homme, ou de renouveler son contrat divin avec lui, c’est encore à toutes les époques des lois de restauration qu’il nous a envoyées, et qui chacune devenant comme inutile par le peu de respect que nous portions à ses présents et par le peu de fruits que nous en tirions, avait besoin d’être remplacée par une autre époque plus importante encore que la précédente ; mais qui ne voyait naître de notre part que de nouvelles profanations, et qui par là nous retardait d’autant, au lieu de nous avancer, et sollicitait de nouveau l’amour divin de nous recommencer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Lorsque nous tombons de quelque endroit élevé, notre tête tourne si fort pendant la chute, que nous ne nous apercevons de rien ; ce n’est qu’au moment du choc que le sentiment vif de la douleur vient nous pénétrer ; encore souvent demeurons-nous sans mouvement et sans connaissance. Telle a été l’histoire de l’âme humaine lors de la prévarication. Elle perdit de vue la région glorieuse d’où elle se précipitait par sa chute, et l’homme tout entier se trouva comme mort et privé de l’usage de toutes les facultés de son être. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Mais la marche de notre traitement curatif fut aussi la même que dans notre science médicinale humaine. De même que quand un homme fait une chute ou éprouve quelque autre accident qui le blesse grièvement, le médecin prudent le fait saigner avec abondance, pour prévenir l’inflammation ; de même après la terrible chute de la famille humaine, la sagesse divine retira à l’homme presque tout son sang c’est-à-dire, toutes ses forces et toutes ses puissances ; sans quoi, ce sang, ne trouvant plus les organes en état de concourir à son action, aurait achevé de les briser. Il est vrai que cette précaution indispensable de la part du médecin peut bien diminuer, par la suite la longueur de la vie du malade, qui, sans cela, eût peut-être été plus grande. C’est par cette même raison que Dieu a abrégé nos jours, comme il abrège la durée du monde en faveur de ce que l’on appelle les élus ; sans quoi nul homme n’aurait été sauvé. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Mais si c’est d’en haut que l’homme a reçu et tient tout ce qu’il trouve de meilleur pour l’administration de ses semblables, il devrait donc penser que plus il lirait en haut, plus il y découvrirait d’excellentes choses pour son bien-être et celui de toute la nature humaine ; comme c’est d’en haut qu’ont dû lui venir toutes les voies restauratrices que l’amour suprême a dû lui offrir pour sa réhabilitation depuis sa chute. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Peut-être même cela nous conduira-t-il à reconnaître que dans l’état primitif et avant la chute, l’homme aurait eu aussi à remplir le ministère des sacrifices, non pas, il est vrai, des sacrifices d’expiation, puisqu’il était pur, mais des sacrifices de gloire pour son principe ; non pas non plus des sacrifices sanglants, mais des sacrifices des merveilles divines renfermées dans tous les êtres, et qu’il aurait eu le pouvoir de développer devant Dieu qui lui aurait confié ce ministère, parce que l’homme était comme établi dans le centre de la création universelle. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Or, si c’est de lui que ces diverses actions attendaient que son administration sage les maintint dans leur ordre et dans leur emploi primitif, c’est-à-dire, qu’il développât et manifestât en elles les merveilles divines dont elles étaient dépositaires, et qui devaient servir aux sacrifices de gloire, il faut qu’en s’étant égaré lui-même, sa chute ait pu entraîner toutes ces diverses actions ou puissances dans un état d’assujettissement et de violence pour lequel elles n’étaient pas faites, et qui est pour elles comme une espèce de mort. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Car dans l’exemple que l’on vient de citer, c’est toujours l’homme qu’il faut avoir pour objet ; seulement il faut faire attention que les doubles types qui le concernent sont partagés sur deux nations différentes, les Égyptiens et les Hébreux, dont l’une peint l’homme dans sa chute et sa réprobation, et l’autre le peint dans sa loi de délivrance et de retour vers ce poste sublime dont il est descendu. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Sa destinée première était d’être lié à toute la nature, pendant toute la durée de l’oeuvre qu’il aurait eu à remplir s’il se fût maintenu dans son poste. Malgré sa chute, il se trouva toujours lié à cette même nature dont il ne pouvait pas sortir, et dont le poids douloureux était encore augmenté par l’empire que l’homme avait laissé prendre sur elle et sur lui à son ennemi. Ainsi l’homme n’était lié alors à cette nature que par le supplice qu’elle lui causait, et étant lui-même pour ainsi dire identifié avec la puissance des ténèbres. Enfin, lorsque la voie de retour lui fut ouverte, ces moyens salutaires ne pouvaient agir que par l’organe et le canal de cette nature, dans laquelle il s’était enseveli au lieu de la dominer. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Au temps de sa chute, il devint la victime de ces mêmes animaux, ainsi que de toute la nature. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Le premier homme dans son état de grâce y paraît revêtu d’une entière autorité sur la nature, et particulièrement sur les animaux ; puisque même il lui fut départi le don de leur appliquer les noms essentiels et constitutifs qui leur appartenaient ; après sa chute, la terre fut maudite, et l’inimitié fut mise entre la femme et le serpent. Mais à peine est-il envoyé à la culture de la terre, et à peine sa génération commence-t-elle à s’étendre, que nous voyons les sacrifices d’animaux en usage dans sa famille, indice puissant qui nous laisse fortement présumer qu’il les a pratiqués lui-même, et qu’il a transmis cette pratique à ses enfants, d’où ensuite elle s’est répandue sur toute la terre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Mais en le livrant ainsi à lui-même, l’esprit lui laissa pour guide, et les paroles des prophètes, et la mémoire des événements qui venaient de se passer ; comme après son élection et la sortie d’Égypte on lui laissa la loi lévitique, l’histoire de sa délivrance et de ses pénibles voyages dans les déserts ; comme aussi après le déluge on avait laissé aux enfants de Noé les instructions de leur père, et les traditions de ce qui s’était passé depuis Adam jusqu’à eux ; et enfin comme on avait laissé à Adam, après sa chute, le souvenir de son crime, et du sacrifice d’amour que la bonté suprême avait bien voulu faire en sa faveur pour l’arracher aux abîmes. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Quant aux abus de l’anthropomorphisme religieux par lequel les temples se remplissent de statues humaines qui deviennent si aisément des objets d’idolâtrie et d’adoration pour les hommes simples, ils tiennent au mouvement même qui s’est fait dans le coeur de Dieu, à l’instant de notre chute pour la restauration de l’espèce humaine, mouvement par lequel ce coeur divin s’est transmué en Homme-Esprit. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

C’est ici, surtout, où il faut nous souvenir de la onzième heure ; mais aussi il faut voir que si celui qui y fut appelé reçut même beaucoup plus que son salaire, c’est parce qu’il avait au moins travaillé pendant cette onzième heure, sans quoi il n’aurait rien reçu du tout, et ainsi nous n’aurions rien à prétendre au salaire, si cette onzième heure qui nous reste après avoir passé en vain les autres heures, nous ne la remplissions pas en travaillant à l’oeuvre de l’esprit. Depuis la chute, nous ne pouvons être tous que des ouvriers de la onzième heure, qui a commencé en effet à l’instant où nous avons été déchus de nos droits. Les dix heures qui précèdent cette époque sont restées loin de nous et comme perdues pour nous, de façon que notre vie terrestre toute entière n’est réellement pour nous que la onzième heure de notre éternelle et véritable journée, qui embrasse le cercle universel des choses. Jugeons d’après cela si nous avons un instant à perdre. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Mais après avoir admiré cette source inépuisable, dont les trésors avaient été prodigués à l’homme lors de son origine, et par le contrat divin, et qui depuis sa chute se sont accumulés et s’accumulent encore continuellement autour de nous, quelle impression pénible tu éprouveras, quand, malgré ces trésors, tu verras l’homme languir dans la détresse et dans une telle privation, que sa demeure ténébreuse semble ne reposer que sur deux éléments : le désespoir et la mort ! SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Indépendamment de ces impérieuses calamités, l’état de nature nous fait honte, en ce que nous sommes obligés de pourvoir à nos besoins d’une manière qui n’est plus conforme à la dignité de notre être ; en ce que notre désir n’est plus suffisant pour cela, et que notre parole active ne s’y montre plus ; en ce que tous ces soins temporels, et tous les avantages passagers que nous cherchons à nous procurer sans cesse, sont le signe de notre réprobation, et en même temps de notre défiance à l’égard de notre principe dont nous ne méritons plus les secours vivifiants et créateurs, depuis la chute ; enfin, en ce que nous injurions en quelque façon par là la vérité suprême, puisque nous ne nous occupons qu’à nous passer d’elle pour le maintien de notre existence, tandis qu’il n’y a qu’en elle seule, et que par sa vive puissance, que devraient se maintenir l’existence, le mouvement et la vie de ce qu’elle a créé et fait sortir de son universel foyer générateur. SECONDE PARTIE. De l’Homme.

Voilà comment elles laissent se propager la mort qui a étendu partout son empire depuis la chute ; tandis que c’était à elles à seconder la vie ou la parole, qui, depuis la grande altération ne saurait faire un pas sans avoir un combat à livrer. En effet, toute génération, toute végétation, toute action restauratrice, toute opération, toute pensée tendant vers la région de la lumière, forment autant de résurrections et de véritables conquêtes sur la mort. Celui qui pourra percer jusqu’à concevoir et sentir la résurrection continuelle de la grande parole, aura par là de grandes grâces à rendre, et je serais bien étonné s’il n’était pas à la fois attendri et stupéfait d’admiration. Et vous donc puissances célestes, spirituelles et divines, quelle joie pour vous, lorsque vous parvenez à engendrer dans le monde de la vérité et de la lumière, un homme qui vous ressemble, et qui soit votre fils chéri ! TROISIÈME PARTIE. De la Parole.

Vous cherchez, dites-vous, à exciter dans nos âmes et dans nos coeurs de vives émotions qui les transportent. Où en trouveriez-vous de plus vives que dans le grand drame de l’homme, dans ce drame qui ne cesse d’être en action depuis l’origine des choses ; enfin dans le tableau de ces réelles douleurs, et de ces dangers imminents qui assiègent sans relâche la famille de l’homme insouciante depuis sa chute ? Vous trouveriez là des scènes toutes faites et cependant toujours nouvelles, et par conséquent pouvant avoir plus de prise sur nous que toutes celles que vous nous composez au prix de vos sueurs, et qui ne vous repaissent, ainsi que nous, que de l’image factice des véritables émotions que vous auriez droit de faire naître en nous. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.

Le christianisme n’est que l’esprit même de Jésus-Christ dans sa plénitude, et après que ce divin réparateur a eu monté tous les degrés de la mission qu’il a commencé à remplir dès la chute de l’homme, en lui promettant que la race de la femme écraserait la tête du serpent. Le christianisme est le complément du sacerdoce de Melchisédec ; il est l’âme de l’évangile ; c’est lui qui fait circuler dans cet évangile toutes les eaux vives dont les nations ont besoin pour se désaltérer. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.

Par son origine l’homme aurait pu se dire prédestiné à manifester l’être divin, cependant il n’en a rien fait. Depuis sa chute, quand il est appelé à l’oeuvre, il ne fait que rentrer dans sa destination naturelle ; et si dans ces cas-là, il se trouve supérieur à ses semblables comparativement, il ne fait néanmoins que rentrer dans la ligne primitive dans laquelle il aurait dû toujours marcher, et par conséquent il ne mérite pas le nom de prédestiné dans le sens reçu du vulgaire ; car il est même encore bien au-dessous de ce qu’il aurait été s’il fût resté dans sa gloire, et bien au-dessous de ce qu’il sera à la fin des temps s’il y arrive régénéré. TROISIÈME PARTIE. De la Parole.