charnelles (Orígenes)

Donc « Lot habita dans la caverne avec ses deux filles ». Ce sont sans nul doute ces deux filles que le prophète désigne quand il dit qu’Oola et Ooliba sont deux soeurs, Oola étant Juda et Ooliba Samarie. Séparé en deux, le peuple fait donc figure des deux filles de la Loi. Celles-ci, désirant propager la race charnelle et affermir les forces du royaume terrestre par une abondante postérité, assoupissent et endorment leur père (la Loi), c’est-à-dire qu’elles recouvrent et obscurcissent son sens spirituel, n’en retenant que le sens charnel. Ainsi conçoivent-elles et mettent-elles au jour des enfants que leur père ignore et ne reconnaît pas. Ce n’était ni la destinée ni la volonté de la Loi de produire des générations charnelles, et pour avoir une semblable descendance qui « n’entre pas dans l’assemblée du Seigneur », il faut que la loi se soit endormie. « Les Ammonites et les Moabites n’entreront pas dans l’assemblée du Seigneur, dit l’Écriture, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération et tant que durera ce siècle » ; ce qui veut dire que la descendance charnelle de la Loi n’entre dans l’Église du Christ ni à la troisième génération pour une raison tirée de la Trinité, ni à la quatrième pour une raison tirée des quatre évangiles, ni jamais, sauf probablement à l’issue du siècle présent, lorsque « la masse des Gentils sera entrée et qu’ainsi tout Israël aura été sauvé ». Homélies sur la Genèse: V – LES FILLES DE LOT Le premier jour.

Mais vous, si vous portez en vous « le fruit de l’Esprit qui est la joie, la charité, la paix, la patience », vous pouvez être Isaac, qui n’est pas né charnellement, mais est né en vertu de la promesse, -et vous êtes des fils de la femme libre, à condition toutefois que vous puissiez dire avec Paul : « Si nous marchons dans la chair, nous ne combattons pas selon la chair (car les armes avec lesquelles nous combattons ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes devant Dieu pour renverser des forteresses). Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s’élève contre la science de Dieu ». Si vous pouvez être ceux à qui s’applique cette parole de l’Apôtre : « pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais dans l’Esprit, si du moins l’Esprit de Dieu habite en vous », à cette condition vous n’êtes pas nés selon la chair, mais selon l’esprit en vertu de la promesse, et vous êtes les héritiers des promesses, selon ce qui est dit : « héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ. » Vous ne serez pas héritiers de celui qui est né selon la chair mais cohéritiers du Christ, car « si nous avons connu le Christ selon la chair, à présent, nous ne le connaissons plus ainsi ». Homélies sur la Genèse: VII – NAISSANCE ET SEVRAGE D’ISAAC Le premier jour.

Vous êtes ici, dans l’Église de Dieu, un grand nombre de pères à m’écouter. Voyons il y en a-t-il qui, au simple récit de cette histoire, aient acquis assez de fermeté et assez de force d’âme pour se proposer, au cas où la mort commune et inévitable leur ferait perdre un fils, ce fils fut-il unique et tendrement aimé, pour se proposer Abraham en exemple et se mettre sa générosité devant les veux ? On ne vous demande pas, il est vrai, le geste héroïque d’attacher vous-même votre enfant sur le bûcher, de le serrer, de préparer le glaive, d’écorcher votre fils unique. On ne réclame pas de vous tous ces offices. Du moins, ayez assez de résolution et de fermeté d’esprit pour offrir joyeusement, sans chanceler dans la foi, votre fils à Dieu. Soyez le prêtre de la vie de votre fils : un prêtre qui immole à Dieu ne doit pas pleurer. Voulez-vous être sûrs qu’on demande bien cela de vous ? Écoutez le Seigneur dans l’Évangile :« Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les oeuvres d’Abraham. » Eh bien ! voilà une oeuvre d’Abraham. Faites donc les oeuvres qu’Abraham a faîtes, et sans tristesse, « car Dieu aime celui qui donne avec joie ». Et si vous êtes, pour Dieu, autant que lui disponibles, on vous dira à vous aussi : « Monte sur un endroit élevé, sûr la montagne que je te montrerai ; et là, offre-moi ton fils. » « Offre-moi ton fils », non pas dans les profondeurs de la terre ni dans une « vallée de larmes », mais sur les sommets de montagnes élevées. Montrez que votre foi en Dieu est plus forte que vos affections charnelles. Car, au rapport de l’Écriture, tout en aimant son fils Isaac, Abraham préféra l’amour de Dieu à l’amour de la chair ; ce n’est pas dans les entrailles de la chair qu’il aima, mais « dans les entrailles du Christ », c’est-à-dire dans les entrailles du Verbe de Dieu, de la vérité et de la sagesse. Homélies sur la Genèse: VIII – LE SACRIFICE D’ABRAHAM Le premier jour.

Vous aussi, par conséquent, si vous vous mettez à fixer les regards, non sur « les choses visibles, mais sur les invisibles », c’est-à-dire non sur les choses charnelles mais sur les spirituelles, non sur les choses présentes mais sur les choses futures, on pourra dire de vous que « vous êtes allés interroger le Seigneur ». Si, vous arrachant à vos anciennes compagnies et à la fréquentation de ceux avec qui vous viviez indignement au su de tous, vous participez à des oeuvres de bien et à des actes de religion, si, quand on vous cherchera au milieu de vos vilains compagnons dans les bandes de vauriens, on ne vous y trouve plus, on dira également de vous : Il s’en est allé interroger le Seigneur. Homélies sur la Genèse: XII – RÉBECCA CONÇOIT ET ENFANTE Le premier jour.