Voici encore ce que me raconta l’économe de ce monastère célèbre. “Lorsque, me dit-il, j’étais jeune, et que j’étais chargé de prendre soin des animaux de la maison, j’eus le malheur de faire une faute énorme; mais, comme je m’étais accoutumé à ne jamais tenir caché dans mon coeur le serpent qui s’y était glissé, je pris celui-ci par la queue, aussitôt que je le sentis, et le montrai au médecin spirituel de mon âme; je lui découvris donc de suite la méchante action dont je m’étais rendu coupable. Me regardant avec un visage riant et me donnant un léger soufflet, il m’adressa ses paroles : Allez, mon fils, continuez vos exercices ordinaires comme auparavant, et ne craignez rien. Je me confiai entièrement à sa parole; et quelques jours après, je fus assuré de ma guérison, et je marchai dans les voies de Dieu avec une grande joie, mais néanmoins avec crainte et tremblement.” L’Échelle Sainte: QUATRIÈME DEGRÉ
21. Nous ne saurions trop prendre de précaution contre une si infâme conduite : c’est un serpent dont il faut nous défier sur toute chose; c’est un démon qui, semblable au démon de l’impureté, veut nous perdre, en favorisant les inclinations de la nature corrompue. L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
33. Il y a une différence essentielle entre la victoire que de jeunes convertis remportent sur la colère, en se servant des armes d’une humble pénitence, et l’immobile tranquillité d’âme de ceux qui sont parvenus à la perfection de la douceur, car dans les premiers, les larmes, comme une espèce de chaîne, lient et répriment la colère; tandis que dans les derniers, la tranquillité et le calme de leurs coeurs insensibles aux injures, a donné la mort à cette passion, comme une épée la donnerait à un serpent. L’Échelle Sainte: HUITIÈME DEGRÉ
Que les personnes dans le coeur desquelles le démon se serait ainsi caché, s’appliquent tout de bon à combattre et à tuer ce serpent dangereux; qu’elles le chassent loin de leur coeur par une profonde humilité, afin que, délivrées de ses morsures cruelles et empoisonnées, et dépouillées de ces tuniques de peau dont elles étaient couvertes, elles puissent enfin chanter à la louange du Seigneur un cantique de triomphe et de victoire, et, réunies aux enfants qui ne se sont jamais souillés par des choses contraires à la chasteté, répéter l’hymne de la pureté. Mais elles ne sauraient le faire, nous le répétons, si elles se contentent de se défaire des tuniques dont nous venons de parler, et qu’elles ne se revêtent pas des vêtements de l’innocence et des habits d’une profonde humilité. L’Échelle Sainte: QUINZIÈME DEGRÉ
8. Le Christ, comme on le sait, est la fin de la loi et des prophètes pour la justification de tous ceux qui croient en Lui mais là vaine gloire et l’orgueil sont la fin de toutes les passions impures pour la perte de ceux qui négligent de les combattre et de s’en corriger; comme la biche est l’ennemie mortelle des serpents, de même l’humilité est l’ennemie mortelle des passions et des vices. C’est elle qui préserve ou délivre de leur poison funeste tous ceux qui la prennent pour leur compagne fidèle et constante. En effet, avec elle vit-on jamais le venin de l’hypocrisie et de la médisance ? Le serpent infernal demeura-t-il jamais dans un coeur où règne l’humilité ? N’est-ce pas cette admirable vertu qui l’arrache de notre coeur, le tue et l’anéantit ? Ceux qui la possèdent, ne donnent aucun signe de haine, de contradiction, d’arrogance, ni de tergiversation; et, si on les voit s’animer quelquefois, ce n’est que lorsqu’ils s’aperçoivent que la foi est en danger. L’Échelle Sainte: VINGT-CINQUIÈME DEGRÉ
142. Dieu n’est ni l’auteur, ni le créateur du mal; ils se trompent, ceux qui prétendent que certaines passions sont naturelles à l’âme, ignorant que nous avons changé en passions les qualités constitutives de notre nature. Par exemple, la nature nous donne le sperme pour la procréation; mais nous l’avons perverti l’employant à la luxure. La nature a mis en nous la colère contre le serpent, mais nous nous en servons contre notre prochain. La nature nous anime de zèle pour l’émulation dans la vertu, mais c’est pour le mal que nous en usons. Il y a dans l’âme, du fait de la nature, le désir de la gloire, mais de celle d’en-haut. Il nous est naturel d’être arrogant, mais contre les démons. La joie aussi nous est naturelle, mais à cause du Seigneur et du bien qui arrive à notre prochain. La nature nous a aussi donné le ressentiment, mais contre les ennemis de l’âme. Nous avons reçu le désir d’une nourriture agréable, mais non des excès de table. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
16. Comme il est impossible que le serpent se dépouille de sa vieille peau, s’il ne passe par quelque ouverture fort étroite; de même il nous est impossible de nous corriger de nos mauvaises habitudes, de renouveler la jeunesse de notre âme, de nous débarrasser de la tunique du vieil homme, si nous ne passons nous-mêmes par le sentier étroit et difficile du jeûne, des mépris et des humiliations. L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ