45. Or je pense que toutes les formes différentes de la vie religieuse se réduisent aux trois suivantes : la première, de vivre dans une solitude parfaite; la deuxième, de vivre dans le désert, mais avec un ou deux autres moines; la troisième, de vivre en communauté. Mais en tout il faut observer cet avis que nous donne Salomon : “N’allez, dit-il, ni à droite ni à gauche” (Prov 4,27) : suivez avec persévérance le chemin royal de Jésus Christ. La seconde espèce de vie religieuse semblerait cependant convenir à un grand nombre; le même Salomon nous dit encore : “Malheur à celui qui est seul, parce que, “S’il vient à tomber, il n’a personne pour lui aider à se relever.” (Ec 4,10). Que deviendrait donc le moine qui, étant seul, aurait le malheur de se laisser aller à l’ennui, ou au sommeil, ou à la paresse, ou au désespoir ? Il sera donc bon de se rappeler ces belles paroles de notre Seigneur : “Quand deux ou trois sont assemblées en mon Nom, Je me trouve au milieu d’eux.” (Mt 18,20). L’Échelle Sainte: PREMIER DEGRÉ
23. Mais Dieu, qui, dans nos divines Écritures, est appelé amour, est également appelé Équité. C’est ainsi que le sage dans le Cantique des cantiques, dit à l’âme pure : “Le Dieu de l’équité vous a aimée (Can 1,4)” (a); et David, père de Salomon, avait dit : “Le Seigneur est doux et droit” (Ps 24,8); et pour nous faire comprendre que ceux qui, par la douceur portent le même nom, seront sauvés, il dit ailleurs : “J’attends le secours du Seigneur qui sauve ceux qui ont le cœur droit (Ps 7,11)”; et encore : “Ses Yeux son attentifs à regarder le pauvre dont le cœur est droit, et son visage est tourné vers celui en qui règne l’équité.” (Ps 11,7) L’Échelle Sainte: VINGT-QUATRIÈME DEGRÉ
95. Ainsi comme ce sont nos yeux qui éclairent tous les membres de notre corps, nous pouvons de même assurer que c’est la discrétion qui est la lumière de toutes les vertus que nous devons pratiquer. C’est pourquoi un cerf pressé par la soif ne cherche pas avec plus d’ardeur les eaux rafraîchissantes d’une fontaine, que les âmes vraiment religieuses ne cherchent à connaître et à comprendre quelle est la Volonté du Seigneur sur elles, et surtout à discerner, non seulement les choses qui lui seraient directement contraires ou directement conformes, mais encore celles qui lui seraient contraires sous un rapport et conformes sous un autre. Or nous aurions beaucoup à dire surtout cela; mais la matière n’est pas facile. En effet il nous faudrait examiner ce que nous avons à faire sans retard et avec promptitude, d’après ces paroles de l’Écriture : Ne différez pas d’un jour à un autre, ni d’un moment à un autre, (Si 5,7-8), et ce que nous ne devons faire qu’avec retenue, sagesse et réflexion, ainsi que nous en avertit Salomon : La guerre, nous dit-il, ne doit s’entreprendre qu’après qu’on a pris les précautions nécessaires et qu’on a tout disposé; (Pro 24,6) et saint Paul, en nous disant que tout doit être fait avec décence et selon l’ordre. (1 Cor 14,40). Mais il n’est pas donné à tous; non, il n’est pas donné à tous de discerner sur-le-champ et avec clarté les choses dont le discernement est très difficile; car David, qui était rempli de l’esprit de Dieu et qui, par son inspiration, nous a dit tant et de si belles choses, ne cessait dans ses ferventes prières de lui demander ce don précieux de discernement : Enseignez-moi, Seigneur, à faire votre sainte Volonté, car vous êtes mon Dieu; et ailleurs : Conduisez-moi, ô mon Dieu, dans la voie de votre Vérité, et instruisez-moi, parce que vous êtes mon Dieu et mon Sauveur; (Ps 142,10) et encore: Faites-moi connaître la voie par laquelle je dois marcher, parce que j’ai élevé mon âme vers vous. (Ps 142,8). L’Échelle Sainte: VINGT-SIXIÈME DEGRÉ
17. La crainte de Dieu qui vient d’un sentiment profond du cœur, a coutume de laver et de purifier une âme de toutes ses souillures. C’est pourquoi le psalmiste adresse au Seigneur cette prière admirable : Transperce, ô mon Dieu, mes chairs de ta crainte comme avec des clous (Ps 118). Mais il en est que le saint amour de Dieu dévore et consume, selon cette parole de Salomon : Tu m’as percé le cœur, oui, tu m’as percé le cœur. (Cant 4,9). On en rencontre d’autres que l’amour de Dieu éclaire tellement de ses lumières qu’ils sont tout transportés de joie et d’allégresse, et s’écrient : Mon cœur a mis dans le Seigneur, toute son espérance, et j’ai été secouru, et ma chair a comme refleuri (Ps 27). Eh ! n’en soyons pas étonnés : la joie du cœur ne répand-elle pas sur le visage une fraîcheur semblable à celle d’une fleur ? Lorsqu’une personne a le bonheur d’être enflammée par les ardeurs de la charité, et, en quelque sorte identifiée avec cette vertu céleste, on voit dans elle, comme dans un miroir, la beauté de son âme. N’est-ce pas ce qui arriva au conducteur du peuple de Dieu ? Moïse, cet homme extraordinaire avait souvent contemplé la Face de Dieu, mais ne fut-il pas publiquement environné de sa Gloire ? L’Échelle Sainte: TRENTIÈME DEGRÉ