Il est impossible que celui qui se fie à son propre jugement ne tombe point dans les illusions du diable. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 11
Il n’appartient donc à personne, pour savant qu’il soit, de s’aller gonfler d’un vain orgueil, et de se persuader qu’il saura se passer de conférer avec son frère. Les illusions du diable n’abuseraient-elles point son jugement, il n’échappera pas aux pièges plus redoutables de l’élèvement et de la superbe. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 12
Qui pourrait usurper une telle indépendance, sans courir à de mortels dangers ? Voyez saint Paul, en qui le Christ parlait, à ce qu’il déclare lui-même (Cf. 2 Cor 13,3). Il assure être monté à Jérusalem, uniquement en vue de communiquer aux autres apôtres, dans un examen privé, l’Évangile qu’il prêchait aux nations d’après la révélation et avec la coopération du Seigneur. Cet exemple est éloquent : la docilité aux règles que nous traçons, ne conserve pas seulement l’unanimité à la concorde; mais elle met encore à l’abri de toutes les embûches du démon, notre ennemi, et des pièges de ses illusions. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH CHAPITRE 12
Néanmoins, chez les commençants, dont le corps n’a pas encore été réduit par le long travail du jeûne, ces illusions semblent parfois servir une autre manoeuvre. C’est précisément alors qu’il les voit appliqués à des jeûnes plus intenses, que le démon tente de mettre à bas tous leurs efforts. Voici, en effet, son calcul. Éprouvant qu’ils n’ont rien gagné pour la pureté du corps à jeûner si sévèrement, mais que l’attaque en est devenue, au contraire, plus violente, peut-être prendront-ils l’abstinence en horreur, et considéreront comme une ennemie la maîtresse de l’intégrité, la nourrice de la pureté. Les Conférences: DEUXIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉODOSE CHAPITRE 3
Donc, afin d’obtenir le bien souverain, qui consiste à jouir de la vue de Dieu et rester perpétuellement uni au Christ, il souhaite de voir se briser les liens de son corps. Caduc comme il est, et empêché par les mille nécessités qui naissent de sa fragilité, il est impossible, en effet, que notre corps mortel ne soit quelquefois séparé de la société du Christ ? Il n’est pas jusqu’à l’âme elle-même, distraite par tant de soins, entravée de tant d’inquiétudes diverses autant que fâcheuses qui ne soit incapable de jouir sans cesse de la contemplation de Dieu. Quelle application si persévérante, quelle vie si austère, qui ne soit de temps en temps sujette aux illusions de l’insidieux et rusé adversaire ? S’est-il trouvé personne, passionné du secret de la solitude et appliqué à fuir le commerce des mortels, au point de ne jamais glisser dans les pensées superflues, ni déchoir, ou par la vue des choses d’ici-bas, ou par le souci des occupations terrestres, de la contemplation divine, qui seule est bonne ? Qui put jamais garder si bien la ferveur de l’esprit, que la pente trop facile de ses pensées ne l’ait parfois emporté loin de sa prière, et soudain précipité du ciel sur la terre ? À qui d’entre nous n’est-il pas arrivé, pour ne rien dire des autres moments de divagation, d’être saisi d’une sorte de stupeur et de tomber d’une chute profonde, à l’heure même qu’il élevait au ciel son âme pleine de supplications ? Offense involontaire, je l’accorde; c’était pourtant offenser Dieu, par où l’on pensait obtenir son pardon. – Qui est tellement exercé et vigilant, qu’il ne se laisse en aucune façon distraire du sens de l’Écriture, tandis qu’il chante un psaume à Dieu ? tellement entré dans l’intimité divine, qu’il puisse se réjouir d’avoir accompli un seul jour le précepte de l’Apôtre, de prier sans cesse ? Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS CHAPITRE 5
De la fable du barbier, qui fut inventée pour rendre manifestes les illusions du diable. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 13
Cependant, les faibles sont nécessairement victimes de ces illusions ruineuses. Mal assurés de leur salut, et ayant encore besoin de se former eux-mêmes à l’école d’autrui, l’artifice du diable les pousse à convertir et gouverner les autres. Mais réussiraient-ils à faire quelque profit, en en gagnant plusieurs, leur impatience et leur conduite mal réglée ne tarderont pas à l’anéantir. Et il leur arrivera ce que dit le prophète Aggée : Celui qui amasse des richesses, les met dans une bourse trouée (Ag 1,6). C’est, en vérité, mettre son gain dans une bourse trouée, que de perdre par son coeur intempérant et une continuelle distraction d’esprit, ce que l’on semblait avoir acquis dans la conversion d’autrui. Finalement, tandis qu’ils s’imaginent gagner davantage en instruisant les autres, ils ruinent tout le travail de leur propre réforme : Tels font les riches, qui n’ont rien, dit le Sage; et tels s’abaissent, qui possèdent de grands biens (Pro 13,7). Et encore : Mieux vaut un homme de condition vile, mais qui se suffit, que celui qui est dans les honneurs, et manque de pain (Pro 12,9). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 13
GERMAIN. – L’allégorie est heureuse; votre discours nous a rendu manifestes les illusions qui nous égaraient. Nous serions curieux d’en apprendre maintenant les causes et les remèdes, de savoir d’où nous est venue cette duperie. Il est bien certain que personne ne peut apporter remède au mal, hors celui qui en a révélé d’abord l’origine. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 14
Il se forgeait une idée toute semblable de notre Seigneur; et c’est pourquoi il Le tenta par les trois puissances de l’âme, puisque c’est par l’une ou l’autre de ces trois portes que tout le genre humain est fait captif. Mais toutes ses habilités insidieuses ne purent rien gagner. Il attaque la partie concupiscible, en disant : Ordonne que ces pierres se changent en pains (Mt 4,3); l’irascible, lorsqu’il Le pousse à convoiter la puissance du siècle présent et les royaumes de ce monde; la raisonnable, quand il dit : Si Tu es le Fils de Dieu, jette-Toi en bas (Ibid., 6). Cependant, ses illusions restent sans effet, parce que, contrairement à la conjecture qu’il avait formée faussement, il ne trouve rien en Lui de vicié : Le prince de ce monde vient, et il ne trouvera rien en Moi (Jn 14,30), dit le Seigneur. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 17
GERMAIN. – Parmi les illusions et les erreurs qui nous avaient enflammés du désir de revoir notre patrie, nous flattant, comme le regard exercé de votre Béatitude l’a bien reconnu, d’un vain espoir d’y trouver des avantages spirituels, ceci par-dessus tout nous poussait : les frères qui nous visitent de temps à autre, nous empêchent de nous ensevelir, comme nous le souhaiterions, dans une retraite continuelle et un long silence; de plus, nous sommes obligés, lorsqu’il en survient quelques-uns, de rompre le cours de notre abstinence quotidienne et de déroger à la mesure que nous y suivons; ce serait pourtant notre désir, d’y être fidèles sans interruption, afin de châtier notre corps. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 18
GERMAIN. – Puisque vous avez si bien apporté remède à toutes nos illusions, et que votre doctrine a su démasquer les tromperies diaboliques qui nous agitaient si violemment, nous vous prions de nous expliquer encore ce mot de l’Évangile : Mon joug est doux, et mon fardeau léger. Car il paraît assez opposé à ce que dit le prophète : À cause des paroles de tes Lèvres, j’ai gardé des voies dures (Ps 106,4). D’autant que l’Apôtre lui-même déclare : Tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus, auront à souffrir persécution (2 Tm 3,12). Ce qui est dur et semé de persécutions, ne peut être léger ni suave. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM CHAPITRE 22