Oui, c’est véritablement une loi de péché, celle que la prévarication du premier père sur le genre humain, lorsque, en punition de sa faute, le juste Juge porta contre lui cette sentence : La terre est maudite dans tes travaux, elle te produira des épines et des chardons, et c’est à la sueur de ton front que tu mangeras ton pain (Gn 3,17). C’est là, dis-je, la loi inhérente aux membres de tous les mortels, qui lutte contre la loi de notre esprit et nous éloigne de la contemplation de Dieu. Par elle, après que l’homme eut acquis la connaissance du bien et du mal, la terre, maudite dans nos travaux, a commencé de produire des épines et des chardons. Cependant, les semences naturelles des vertus s’étouffent sous ces rejetons maudits; impossible de manger autrement qu’à la sueur de notre front le pain qui descend du ciel (Jn 6,33) et fortifie le coeur de l’homme (Ps 103,15). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Charnels, condamnés aux épines et aux chardons, de par la malédiction première de Dieu; vendus par notre père dans nu marché inique : nous sommes donc impuissants de faire le bien que nous voulons. Occupés de la pensée du Dieu très-haut, la nécessité nous en arrache, pour songer aux besoins de l’humaine fragilité; brûlant d’amour pour la pureté, les aiguillons de la chair, que nous voudrions ignorer, nous blessent maintes fois malgré nous. Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS
Supposons un instant que, par cette loi des membres, ils se sentissent engagés en des crimes quotidiens : ce n’est pas la félicité qu’ils se plaindraient d’avoir perdue, mais l’innocence. L’Apôtre Paul ne dirait pas : Malheureux homme que je suis ! mais : Homme impur, scélérat que je suis ! Il ne souhaiterait pas la délivrance de ce corps de mort, c’est-à-dire de la condition mortelle, mais des hontes et des crimes de la chair. Or, au contraire, se voyant, de par l’humaine fragilité, tenu captif et entraîné vers les sollicitudes et les soins charnels, fruits de la loi du péché et de la mort, il gémit sur cette loi à laquelle il est soumis malgré lui et recourt sur-le-champ au Christ, dont la Grâce le sauve par une prompte délivrance. Tout ce que la loi du péché, racine féconde en épines et chardons de pensées et de soucis terrestres, vient à produire de sollicitudes au coeur de l’Apôtre, la Loi de la Grâce l’arrache sans tarder : Car, dit-il lui-même, la Loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus m’a délivré de la loi du péché et de la mort (Rm 8,2). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBA THÉONAS