Que dire d’un aveu si bref, et de l’incomparable, de l’infinie récompense que Dieu lui octroie, lorsque nous considérons comment le bienheureux Apôtre, regardant à la grandeur de la rétribution future, s’est exprimé sur les persécutions sans nombre qu’il avait souffertes : «Car notre légère tribulation d’un moment produit en nous le poids éternel d’une incommensurable gloire» (2 Co 4,17). Ailleurs, il déclare encore avec une belle constance : «Les souffrances du temps présent n’ont pas de proportion avec la gloire future qui sera manifestée en nous» (Rm 8,18). Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
Nous lisons que la divine justice a ménagé pareillement cette épreuve de la foi au plus magnifique des patriarches. «Et il arriva, après ces événements, que Dieu mit à l’épreuve Abraham.» (Gn 22,1) En effet, ce n’est pas la foi qu’il a lui-même inspirée que le Seigneur veut éprouver, mais celle qu’Abraham peut librement témoigner, dès lors qu’il a été appelé et éclairé d’en haut. Aussi sa constance est-elle ensuite à juste titre reconnue, lorsque la grâce lui revient, après l’abandon passager nécessaire pour l’épreuve : «Ne porte pas la main sur l’enfant, et ne lui fais aucun mal; je sais maintenant que tu crains le Seigneur, et que tu n’a pas épargné ton fils, ton unique, à cause de moi.» (Ibid. 12) Les Conférences: TROISIÈME CONFÉRENCE DE L’ABBÉ CHEREMON
La science vraie, la science spirituelle est bien éloignée de ce savoir profane que souille la boue des vices charnels : tellement, qu’on l’a vu fleurir merveilleusement chez des hommes qui n’avaient aucun don de parole et à peu près illettrés. C’est ce que l’on constate avec la dernière évidence pour les apôtres et nombre de saints. Ils ne ressemblaient guère à ces arbres qu’une végétation luxuriante couvre de feuilles inutiles; mais ils ployaient sous les fruits véritables de la science spirituelle; et d’eux il est écrit dans les Actes des apôtres : «Lorsqu’ils virent la constance de Pierre et de Jean, et qu’ils surent que c’étaient des hommes sans lettres et de petite condition, ils furent dans l’étonnement.» (Ac 4,13 Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ NESTEROS
Le sort d’une telle société, quelque magnanime et infatigable que l’un se montre à la conserver, est de se rompre à la fin par la pusillanimité de l’autre. Supposez chez les forts toute la constance qu’il vous plaira ils supporteront donc les infirmités de ceux qui poursuivent avec trop de tiédeur la santé de la perfection. Mais alors, ce sont les faibles eux-mêmes qui ne se supporteront pas. Car c’est dans leur propre fond que gisent les causes de trouble qui ne leur permettront pas de demeurer tranquilles. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
Mais ils méconnaissent absolument le sens de ce texte et l’objet qu’il se propose. Ils s’imaginent pratiquer la patience évangélique par le vice de la colère. Or, c’est précisément afin de le retrancher radicalement que, non content de nous interdire la pratique du talion et les provocations aux voies de fait, le Seigneur nous ordonne d’apaiser qui nous frappe, par notre constance à supporter l’injure, même redoublée. Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH
Si vous croyez que votre vie spirituelle a plus à gagner, en demeurant ici, qu’elle ne faisait dans les conditions de votre monastère, et que vous ne pouvez remplir vos engagements, sans vous priver d’immenses avantages, mieux vaut affronter le mensonge, et ne pas tenir votre promesse. Ce dommage, une fois passé, ne reviendra plus; il ne sera pas, de lui-même, une source de péchés nouveaux. Tandis que de revenir à une vie tiède vous causerait un détriment quotidien et sans fin. On est pardonnable, mieux encore, on mérite des éloges, lorsqu’on change une résolution prise à la légère, si c’est pour embrasser an parti meilleur. Ce n’est pas manquer de constance, mais corriger sa témérité, due de redresser un engagement défectueux. Les Conférences: SECONDE CONFÉRENCE DE L’ABBA JOSEPH
Les pères les plus illustres et les plus consommés de ce temps admiraient sa gravité, sa constance que rien ne déconcertait. En dépit de sa jeunesse, ils l’égalaient aux anciens pour le mérite de la vertu, et le jugeaient digne de prendre place au milieu d’eux. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN
Premièrement, considérons le calme inébranlable et la constance du bienheureux Paphnuce; et, puisque les machines dirigées contre nous par l’ennemi sont en comparaison si peu redoutables, pénétrons-nous d’autant plus des sentiments de la tranquillité et de la patience. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA PIAMUN
GERMAIN. — Nous sommes justement de ceux qui ont recherché la solitude avec une formation cénobitique insuffisante, et avant d’avoir expulsé tous leurs vices. Quel remède nous secourra, nous, et nos pareils pour la fragilité comme pour le flegré médiocre de l’avancement ? Le moyen d’obtenir la constance d’une âme qui ne connaît plus le trouble, et l’inébranlable fermeté de la patience, maintenant que nous avons prématurément abandonné, avec notre monastère, l’école même et le lieu authentique de ces exercices ? C’est là que nous aurions dû parfaire notre première éducation et la conduire à son terme. Solitaires aujourd’hui, comment acquérir la perfection de la longanimité et de la patience ? Comment le regard de notre conscience, qui explore les mouvements intérieurs de l’âme, discernera-t-il en nous la présence ou l’absence de ces vertus ? N’est-il pas a craindre que, séparés du commerce des hommes et n’ayant jamais rien à souffrir de leur part, une fausse persuasion ne nous abuse, et ne nous fasse croire que nous sommes parvenus à l’inébranlable tranquillité de l’âme ? Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA JEAN
Quelque jour, une invitation l’appellera à l’assemblée des frères : ce qui ne peut manquer d’arriver aux solitaires même les plus stricts. S’il s’aperçoit que son âme s’est émue dans cette circonstance, et pour des riens, qu’il se fasse le censeur impitoyable de ses mouvements secrets. Il se remontrera sur-le-champ les injures extrêmes par lesquelles il s’exerçait tous les jours à la parfaite patience, et il ira se gourmandant et s’invectivant soi-même : «Est-ce toi, ô grand homme de bien, qui, durant que tu t’exerçais dans ta solitude, te flattais de vaincre tous les maux par ta constance; qui naguère, lorsque tu te représentais à l’esprit les plus âpres invectives et, mieux encore, des supplices intolérables, te croyais assez fort pour demeurer inébranlable à toutes les tempêtes ? Comment la plus légère parole, te frôlant de son aile, a-t-elle confondu cette patience invincible ? Ta maison était, à ce qu’il te semblait, puissamment assise sur le roc solide : comment le moindre souffle l’a-t-il fait trembler ? Rempli d’une vaine assurance, tu appelais la guerre au milieu de la paix : où sont les belles paroles que tu redisais si haut : «Je suis prêt, et je ne me suis point troublé »? (Ps 118,60). Avec le prophète, souvent tu t’écriais : «Éprouvez-moi, Seigneur, et sondez-moi; faites passer au creuset mes reins et mon coeur»; (Ps 25,2). «Éprouvez-moi, Seigneur, et connaissez mon coeur; interrogez-moi, et connaissez mes sentiers, et voyez s’il est en moi une voie d’iniquité .» (Ps 138,23-24). Cet appareil de combat si formidable, comment une ombre d’ennemi l’a-t-elle mis en déroute ? Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA JEAN
Au surplus, si l’on veut parvenir à une perpétuelle et ferme patience, il est un principe qu’il faut tenir avec une constance inébranlable. Nous n’avons pas le droit, nous à qui la loi divine interdit, non seulement de venger nos injures, mais encore de nous en souvenir, nous n’avons pas le droit de nous abandonner à la colère pour quelque tort ou contrariété que ce soit. Quel plus grave dommage peut-il advenir à l’âme, que d’être privée par l’aveuglement subit où son trouble la jette, de la clarté de la vraie et éternelle lumière, et de se retirer de la contemplation de Celui qui est «doux et humble de coeur »? (Mt 11,29) Qu’y a-t-il, je vous le demande, de plus pernicieux, qu’y a-t-il de plus laid que de voir un homme perdre le sentiment des bienséances, oublier les règles et les principes du juste discernement, et commettre, sain d’esprit et à jeun, ce qu’on ne lui pardonnerait pas en état d’ivresse et privé de sens ? Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA JEAN
Comparez donc les coutumes de votre pays avec celles du nôtre; puis, considérez séparément, de part et d’autre, le degré de vigueur morale des habitants, résultat de la persévérance dans la vertu ou le vice. Ce qui est dur et impossible à un homme de telle contrée, une habitude invétérée a pu en faire pour d’autres comme une seconde nature. Il existe des peuples, séparés par une grande diversité de climat, qui savent endurer, sans vêtements qui les protègent, l’extrême rigueur du froid ou les ardeurs brûlantes du soleil. Mais ceux qui n’ont pas l’expérience d’un ciel aussi inclément, demeurent incapables de supporter ces températures excessives, quelque robustes qu’ils soient. Votre cas n’est-il pas tout pareil ? Vous mettez, ici, la dernière énergie, physique et morale, à combattre en bien des points le naturel, si je puis dire, de votre patrie. Mais examinez si, dans vos régions, roidies dans une torpeur d’hiver, à ce qu’on dit, et comme glacées par le froid d’une excessive infidélité, vous pourrez supporter l’espèce de nudité que vous voyez chez nous. Car, pour ce pays, l’ancienneté de la vie monastique lui a rendu de quelque façon naturelle cette force dans le saint propos. Si vous découvrez en vous une constance égale et une même vertu, vous n’êtes pas obligés non plus à fuir vos parents ni vos frères. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM