Cassiano: consolation

Nous en avons la marque évidente dans la variété des béatitudes évangéliques. Heureux ceux a qui appartient le royaume des cieux; heureux ceux qui posséderont la terre; heureux ceux qui seront consolés; heureux ceux qui seront rassasiés. Nous croyons néanmoins qu’il y a bien de la différence entre habiter les cieux et posséder la terre, quelle qu’elle puisse être; entre la consolation, et la plénitude et satiété de la justice; entre ceux qui recevront miséricorde, et ceux qui jouiront de la très glorieuse vision de Dieu : «Autre est l’éclat du soleil, autre l’éclat de la lune et autre l’éclat des étoiles; même une étoile diffère en éclat d’une autre étoile. Ainsi en est-il pour la résurrection des morts.» (1 Cor 15,41-42). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBA CHEREMON

Il est impossible d’éviter ce malheur, si l’on se lie à son propre sens. Mais il faut aimer et pratiquer la vraie humilité; il faut remplir, avec un coeur contrit, le voeu si pressant de l’Apôtre : «S’il est quelque consolation dans le Christ, s’il est quelque douceur et soulagement dans la charité, s’il est quelque tendresse et compassion, rendez ma joie parfaite; ayez une même pensée, un même amour, une même âme, un même sentiment; ne faites rien dans un esprit de contention ni par vaine gloire; mais tenez-vous en toute humilité pour supérieurs les uns aux autres.» (Phil 2,13). Il dit encore : «Prévenez-vous d’honneur les uns les autres.» (Rom 12,10). Les Conférences: PREMIÈRE CONFÉRENCE DE L’ABBÉ JOSEPH

C’est alors que je préférai suivre le mieux que je pourrais l’idéal cénobitique, plutôt que de languir dans une profession si sublime par la préoccupation constante des nécessités de la chair. Si je n’y trouvais plus la liberté ni les transports dont j’avais joui autrefois, du moins aurais-je la consolation d’accomplir le précepte évangélique, en rejetant absolument tout souci du lendemain; et la perte que je faisais d’une contemplation si haute, aurait sa compensation dans l’humilité, de l’obéissance. Enfin, c’est une chose déplorable, de faire profession d’un art, d’une carrière quelconque, et de ne point s’y rendre parfait. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA JEAN

Dans notre pays également, il existe des retraites charmantes : nous ne l’ignorons pas. L’abondance des fruits, l’agrément et la fertilité des jardins nous y fourniraient sans fatigue les choses nécessaires à la vie, si nous ne craignions que le reproche adressé au riche de l’Évangile, ne tombe aussi sur nous : Tu as reçu ta consolation pendant ta vie (Lc 16,25). Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM

Le moine est dans sa cellule : ses pensées, de même, s’y trouvent rassemblées, comme dans une étroite clôture. Rien d’étonnant, si la multitude de ses anxiétés l’oppresse. Il sort : elles se précipitent avec lui hors du logis qui les tenait captives, et incontinent se mettent a voltiger en tous sens, comme on voit galoper des chevaux sans frein. Sur l’heure, tandis qu’elles s’évadent ainsi du lieu qui les tenait enfermées, l’âme sent une brève et triste consolation. Mais il faut regagner la cellule : de nouveau toute la troupe des pensées accourt au gîte; et l’habitude même d’une licence invétérée fait surgir des aiguillons plus douloureux. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM

De là mille chaînes dont le démon nous tient attachés. La conséquence en est fatale : dès qu’il voudra nous séparer des joies spirituelles, il nous contristera par quelque diminution de notre avoir ou une perte totale. Car toutes ses ruses tendent à ce but : lorsque notre convoitise vicieuse nous aura rendu pesantes la douceur du joug du Sauveur et la légèreté de son fardeau, captifs ddes richesses que nous réservions pour notre repos et notre consolation, il nous torturera sans trêve avec les fouets des soucis terrestres, prenant en nous-mêmes de quoi nous lacérer. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM

Mais les saints jouiront seuls de ces services à juste titre et avec assurance, parce qu’ils auront d’abord tout abandonné, leur personne et leurs biens, pour le service des frères, par un volontaire sacrifice. Selon la Parole du Seigneur (cf. Mt 7,2), ils recevront sans crainte ce qu’ils auront eux-mêmes abandonné aux autres. Mais, pour celui qui n’aura pas tout sacrifié à ses frères, avec une sincère humilité, comment accepterait-il patiemment le don des autres ? Il sentira que leurs bons offices lui sont un fardeau, plutôt qu’une consolation, parce qu’il a mieux aimé être servi que servir. Les Conférences: CONFÉRENCE DE L’ABBA ABRAHAM